Only know you love her when you let her go ❤ PRIALYA

« Il vaut mieux avec deux bébés à la maison ! » J'avais investi dans une bonne machine pour ne pas tomber en rade au bout d'une cinquantaine de machine ou même plus. J'avais quand même deux petits machins à habiller et à changer tous les jours, plus moi, parce que même si je ne me vomis pas dessus ou que je ne mets pas mon diner sur mes vêtements je me change tous les jours alors voilà. Dans un appartement de fille, il faut une bonne machine et c'était le cas. « C'était ça, et je crois que tu peux accoupler impulsif à jaloux... Mais change pas, j'aime bien ces défauts moi. J'aime entendre tes petits grognements pour donner ton avis, j'ai adoré - ironie bien sûr - te voir sortir de tes gonds quand un mec entrait dans le périmètre de sécurité et j'attends moi aussi avec impatience de voir comment tu vas gérer ce dernier défaut au restaurant, voir comme tu vas attendre qu'on soit tous les deux pour... Tu me donneras le secret pas vrai ? » Dans chaque défaut il y a quelque chose de mignon, quelque chose de touchant et c'est pour ça que je ne veux pas qu'il change. Le plus gros défaut étant surement la jalousie mais actuellement j'en avais besoin pour me rassurer. Je pense qu'il pourrait même m'étouffer, me couper du monde que je ne dirais rien actuellement tellement j'étais heureuse d'être avec lui et que j'avais l'impression d'être dans un rêve.

« A quoi va servir la partie de petits chevaux ? Si je gagne tu viens dans mon lit, si tu gagnes je viens dans le tien ? Le mien est plus confortable autant gagner du temps... » Oui, oui, je suis aussi une grande impatiente surtout lorsqu'il s'agit de le retrouver et d'obtenir son attention, sa tendresse. Des petits chevaux et du lit, on passe au sujet Brynn. C'est lui qui l'a ramené sur le tapis, pas moi et c'est lui qui s'excuse à nouveau ce que je ne veux pas. « Priape arrête de t'excuser à propos de ça s'il te plait. Tu as fait ce que tu voulais faire, tu savais que je le vivrais mal mais tu n'allais pas t'arrêter de vivre pour ne pas me blesser alors que tu n'imaginais pas de seconde chance à notre couple non ? » Certaines femmes auraient sauté sur l'occasion pour se défouler sur lui, pour lui dire qu'il était été un sacré con d'y aller avec cette fille et de laisser transparaitre son attachement alors que de mon côté seul mon attachement pour lui et ma peine se voyaient, pas mes coucheries avec deux autres personnes sans importance. Non ce n'était pas ma réaction, je ne voulais pas du tout cela puisque si je fonctionnais comme ça alors je me fermais au dialogue en allant sur une pente d'agressivité et on tuerait dans l'oeuf notre départ à zéro. Je l'écoutais me vanter les qualités de l'ancienne cabot que je n'avais pas pu déceler chez elle, j'avais toujours été la menace et il fallait bien croire qu'elle avait eu raison de me voir comme tel puis Priape me demanda si j'avais des questions. Sur le coup j'allais dire non puis je me mordis la langue pour me laisser un petit temps de réfléxion avant de lui demander droit dans les yeux : « Pourquoi elle t'a quitté ? Qu'est ce qu'il s'est passé ? » Il avait été vague et au final je ne savais toujours pas ce qu'il s'était passé. Mais j'ajoutai rapidement : « T'aurais pu le faire toi ? Je veux dire la quitter ? Ou t'aurais pu vraiment tomber amoureux d'elle ? » Avec le temps et sans moi dans le paysage... J'en sais rien. En fait je ne suis même pas sûre de savoir si je veux avoir la réponse à ma question ou non. « Je veux juste comprendre, ne t'énerve pas et ne réponds pas si tu ne le veux pas. » Lui dis je doucement alors que l'une de mes mains lâchait la carte pour aller se glisser dans la sienne.

 C’est une fois au restau qu’un autre trait de mon caractère s’exprima : mon côté joueur. Et par chance, la demoiselle était dotée du même. Concernant la partie de petits chevaux donc, il nous fallait un enjeu. Je proposais de reprendre le même enjeu, Talya objectait que ça ne servait à rien. « J’ai pas trop envie qu’on dorme ensemble dans la chambre de Mila… » L’extincteur direct là. Autant le faire au milieu du jacuzzi ne m’aurait pas gêné, autant le faire dans un lit avec ma fille endormie dans son berceau à seulement quelques mètres c’était juste inenvisageable… Ou alors ça nous promettait une nuit sage. C’était peut être la bonne solution pour respecter la règle du sol américain… Mais en fait, je proposai un autre deal : « Celui qui gagnera la partie obtiendra le droit de tout décider pour le reste de la nuit ? La chambre où on dormira, le côté du lit de chacun… » Et tout le reste, bien sûr pas la peine de s’attarder là dessus, mon sourire en disait suffisamment assez long sur le fond de ma pensée. Sauf que le sourire s’effaça, car la discussion avait ensuite pris un virage vers le sérieux. Brynn. C’était moi qui avais amené le sujet sur le tapis en plus. On m’accusera pas de faire de la rétention d’informations ce coup ci. Talya me confia que je devais arrêter de m’excuser, que j’avais fait ce que je voulais, je n’allais pas m’arrêter de vivre à cause de son mal être à elle. J’hochai lentement la tête avant d’avouer malgré tout : « Je m’en veux quand même… Si y’avait pas eu tout ça, peut être que tu aurais pas… fait tout ce que tu as fait. » Coucher avec son cousin, coucher avec maxime, embrasser Matthéo. Et ça avait eu un sacré nombre de conséquences néfastes pour elle aussi, dispute avec Isaac, avec Cora, avec Andrea… Je ne pouvais pas porter sur mes épaules le poids de ses erreurs c’était sur, mais n’empêche que si cet été, déjà après le SC et notre coucherie, je m’étais écouté un peu plus, on aurait pu éviter cela, et éviter que je fasse du mal à Brynn au passage parce que la jeune femme avait quand même eu l’air bouleversée quand on avait rompu. C’est sur cette séparation, ce moment, que Talya m’interrogea d’ailleurs finalement, ses yeux plantés dans les miens. « C’était après le nouvel an. Je… » Sérieusement j’étais obligé de faire ça ? Bref, continuons. « Je dormais chez elle. » Et là je savais très bien que Talya allait se faire la scène, nous imaginant Brynn et moi dans le même lit, et que ça allait lui faire de la peine… Mais puisqu’elle voulait savoir, vraiment savoir, autant être franc et lui raconter exactement les faits. « Je devais surement être en train de me refaire notre scène dans la salle de bain, me rejouer mentalement notre dispute, je m’en rappelle pas parce que j’étais endormi, que j’avais un peu bu alors… Mais elle m’a secoué d’un coup, elle a allumé la lumière pour me réveiller et elle m’a dit de dégager. Elle est partie en vrille, je ne comprenais rien. » Je me souvenais encore du flou total dans lequel je baignais à ce moment là. « J’ai compris qu’elle était en train d’essayer de me larguer, je devinais que c’était à cause de toi, mais je ne pigeais pas pourquoi là, d’un coup, au milieu de la nuit, alors qu’on était rentrés ensemble et que tout allait bien. Y’avait bien eu notre aparté dans la salle de bain, mais puisqu’elle ne me l’avait pas reproché avant je ne saisissais pas pourquoi ça revenait maintenant. J’ai essayé de la rassurer là dessus, de lui affirmer que l’on s’était disputés toi et moi, qu’à part ta main sur ma joue il n’y avait rien eu de compromettant, mais elle m’a ensuite fait sentir que le problème n’était pas là. » Je marquais une pause en repensant à ce moment. Ca avait douloureux, de perdre Brynn, de voir filer mes espoirs concernant notre relation comme du sable entre mes doigts, mais ça avait été un mal nécessaire. La prise de conscience qu’il me fallait pour réaliser que j’aimais Talya et que ma place n’était pas dans le lit de l’ex cabot, malgré toute l’affection que j’avais pour elle. « Elle m’a répété ce que j’avais dit en dormant. Apparemment quelque chose comme –je t’aime Talya-. Alors j’aurais pu rattraper le coup en lui disant que c’était faux, que je l’aimais elle, mais tu me connais je sais pas mentir alors je n’ai pas nié mes sentiments pour toi, et j’ai juste réussi à lui affirmer que je tenais à elle malgré tout. » Et Talya se questionnait avec justesse sur l’avenir qu’on aurait pu avoir en tant que couple sans ça, sans cette rupture, et si j’aurais été en mesure d’y mettre un terme. J’haussais les épaules. « Je sais pas… Je crois que j’aurais bien été obligé de me rendre à l’évidence un jour. » L’évidence c’était que j’étais fou amoureux de Talya et que je pouvais pas vivre sans elle. Et sa main qui se glisser dans la mienne m’arracha un petit sourire. « Je crois que ça aurait mal fini… » Je serais venu ici en Ukraine, pour la ramener, j’aurais avec mon grand self contrôle et ma grande moralité usé de d’autres arguments que mes sentiments pour la faire revenir, mais comme Talya m’attirait comme un aimant, les choses auraient pu finir par déraper. La preuve en était sa main sur ma joue et l’irrépressible envie de l’embrasser que j’avais eu alors qu’on se disputait dans cette salle de bain au nouvel an, pendant que j’étais encore en couple avec Brynn… Donc oui, ça aurait mal fini, et je n’aurais surement pas supporté de tromper Brynn, de faire endurer à quelqu’un ce qui m’avait un peu détruit moi même l’an passé. Donc au final, la manière dont s’étaient passées les choses, c’était surement pour le mieux. Ce moment de confession fut interrompu par l’arrivée du serveur qui revint prendre les commandes. Ma main se détacha un instant de la sienne et je laissai la chef se charger de choisir. Et une fois à nouveau seuls, mes doigts retrouvèrent les siens et je me lançai à mon tour dans une question périlleuse : « Et toi alors… Raconte. Pour eux. » Joachim, Maxime, Matthéo. Crevons l’abcès maintenant pour repartir sur de bonnes  bases.

(Invité)