« Par amour pour toi, je serais prêt à faire n’importe quoi » lui confiais-je en toute honnêteté. Thaïs était la femme de ma vie, je ne pouvais vivre sans elle et je savais que quoiqu’il arrive, je ferais toujours tout pour la retrouver où qu’elle aille. Sans elle, je n’étais pas complet. Alors l’idée qu’elle puisse mettre arrachée m’était tout simplement insupportable. Cependant, je devais bien reconnaître que j’en faisais beaucoup trop mais j’avais tellement peur. « D’accord, deal ! » répliquais-je toutefois avant de la serrer brièvement dans mes bras avant d’hocher la tête. « Ok… J’essaierai mais je ne peux rien te promettre, tu sais combien je suis têtu » terminais-je par répondre avant de lui prendre la main, payant la consultation avant de sortir de cet hôpital. Je n’étais pas plus mal dehors, à l’air libre ! « Tu veux commencer par quoi ? Les vêtements ou le marché ? » lui demandais-je. L’un comme l’autre, je sentais qu’on allait dépenser une petite fortune et que nous échapperions pas à la taxe pour surplus de poids dans nos valises.
« Oh mais j’en suis la première consciente amour et tu sais que c’est réciproque ! » Caleb n’était pas uniquement l’homme de sa vie, il était son âme sœur, sa première danse, son premier baiser. Son tout, en quelque sorte. Thaïs n’imaginait pas une seconde que leur famille puisse s’éparpiller et c’est ce qui la faisait se dominer pour être aussi raisonnable que possible. Le jeu en valait la chandelle puisque dans quelques mois, ils allaient accueillir un beau petit garçon dans leurs bras… « Mais je tâcherai de te tempérer, tu peux compter sur moi ! Tu sais bien que je suis têtue aussi… ceci dit pour te répondre, je veux bien commencer par les vêtemeeeents !! » sautilla-t-elle littéralement une fois à l’extérieur de l’hôpital, se sentant revivre maintenant qu’elle pourrait respirer à l’air libre. « Au fait, il était beau notre p’tit bout sur le moniteur ? J’ai hâte de le sentir bouger… » Vérité universelle : Thaïs ne tenait pas en place, une vraie gamine.
Oh oui, je savais combien c’était réciproque. Thaïs avait amené tant d’amour dans ma vie, comblant un déficit que je n’avais même pas deviné en moi. Je veux dire, elle avait été présente dès le départ, de manière plus ou moins discrète, attendant presque dans l’ombre que je la remarque sans rien demander en échange. Cette femme était une perle, et elle était à moi. Cela pouvait sonner primitif, macho ou je ne sais quoi d’autres mais la réalité était que je lui appartenais bien plus qu’elle m’appartenait. J’étais totalement à elle pour le meilleur et pour le pire. Je présume que c’est que les âmes sœurs ressentaient un jour ou l’autre. « Alors va pour les vêtements » souriais-je en glissant mon bras autour de ses épaules, commençant à marcher dans les rues de Bombay comme un parfait touriste. « Euh… oui il est beau mais je n’ai pas vu s’il avait les yeux bleus ou pas » plaisantais-je avant de rigoler. « J’étais en train de me dire que j’espérais pour lui, qu’il n’aurait pas la même touffe qu’Eventine ! » ajoutais-je pince sans rire, essayant de me contrôler pour ne pas lui dire d’arrêter de sautiller.
« En théorie je crois que les bébés ont tous les yeux bleus au départ… j’espère que ce sera un beau brun comme toiiii ! » fanfaronna-t-elle car même si Thaïs n’avait souvenir que d’un jeune garçon de treize ans, à force de toucher son visage et son corps, elle se figurait bien plus l’évolution de Caleb que la sienne en pratiquement sept ans. Elle avait d’ailleurs grande hâte de pouvoir le voir de ses propres yeux… « Tu sais que je vais prendre peur tellement t’es sexy quand je vais revoir ? » plaisanta-t-elle de bon cœur car pour cela aussi, elle avait du mal à patienter. A croire que son impatience soit définitivement bloquée en mode on ! « Bah j’aime bien la touffe d’Eventine moi ! Puis t’as les cheveux un peu frisouillés amour donc c’est possible… ça sent bon par ici… c’est déjà le marché ? » fit-elle sans être capable d’arrêter de sautiller.
« Tant qu’après, tu me fais une jolie blonde aux yeux bleus histoire que je puisse traumatiser quelques prétendants… Quoi, il faut bien que je m’amuse un peu » plaisantais-je avant de lever les yeux au ciel. « Imagine que je suis pas à ton goût et qu’effectivement, tu prennes peur ! D’un côté, j’ai envie que tu retrouves la vue mais de l’autres… C’est un peu bizarre de me dire que tu m’as jamais vu concrètement » avouais-je car je craignais réellement de ne pas lui plaire. C’était une pression supplémentaire en somme. Je crois que j’étais tout simplement trop cynique et pessimiste mais on ne me referait pas. « Je plains sincèrement notre fils s’il a la même touffe que lui, on va se ruiner chez le coiffeur ! » râlais-je pour la forme avant de déposer un baiser sur sa tempe. « Non, c’est un vendeur ambulant, apparemment il vend des spécialités indiennes. Tu veux en goûter quelques-unes ? » lui proposais-je ayant remarqué non loin de là, une petite boutique pour enfant.
« Tu veux une petite blonde aux yeux bleus juste pour terroriser ses prétendants ? » s’étonna Thaïs juste pour l’emmerder car elle savait très bien que Caleb en serait le premier gaga et incapable de lui refuser quoi que ce soit. Déjà qu’il était papa poule avec la jolie irlandaise, on pouvait facilement imaginer comment il serait avec ses enfants. Du moins Thaïs se plaisait-elle à l’imaginer avant de froncer violemment les sourcils d’un air profondément désapprobateur. « Tu as peur de ne pas me plaire ? Caleb regarde-moi. Tu m’as plu au-delà des mots quand j’avais treize ans au point que je refuse de partir d’Allemagne avant de t’avoir retrouvé, et aujourd’hui, rien que d’imaginer ta plastique j’en ai presque des titillements, tu ne devrais vraiment pas avoir peur moi je sais par avance que tu es le seul qui me plaira toujours » lui assura-t-elle après l’avoir arrêté dans leur marche et s’être exprimée avec un sérieux incroyable. « Vendeur ambulant, Anna m’avait déconseillé pour l’hygiène, je vais museler mes envies de femme enceinte le temps de faire nos emplettes t’en fais pas je me vengerai sur un plateau qu’on se fera monter dans la chambre ! »
« Si elle te ressemble, je risque de ne pas savoir lui dire non alors autant trouver des avantages à avoir une fille non ?! Et puis, je suis certain que tu vas adorer quand je jouerai l’ours mal luné froid comme la glace » rétorquais-je avec un léger sourire au coin des lèvres. Sourire que je perdis légèrement quand vint le sujet de mon physique. Je savais que je plaisais aux femmes, je n’étais pas con mais la situation était si peu évidente. J’étais marié à une aveugle qui, dans quelques mois, recouvrirait peut-être la vue. La pression était quand même énorme même si Thaïs me rassura légèrement. « Au moins, l’avantage c’est que lorsque je plaisanterai, tu le comprendras rapidement » optais-je pour seule réponse avant de grimacer. « C’est sûr que c’est pas le plus hygiénique mais je vais quand même me laisser tenter ! » lui dis-je avant de prendre une sorte de beignet fourré à je ne sais pas quoi. C’était quand même bon. Gras mais bon. « Note à moi-même, me remettre au sport rapidement ! Tu as pas un mouchoir dans ton sac stp princesse ?»
« Je vais adorer quand tu vas ESSAYER de jouer à l’ours mal luné froid comme la glace et qu’elle va te mener par le bout du nez super facilement, papa gâteau va ! » éclata-t-elle aussitôt de rire car connaissant Caleb comme elle le connaissait, c’est sûrement ce qui se passerait, à moins qu’il ne soit vraiment en colère… et encore. L’idée la faisait rire par avance et par principe tout de même ! « Je proposerais bien de te prouver que je te trouve sexy en rentrant mais tu risques de me menotter au lit pour pas que je te fasse des avances ! » Thaïs l’entendit ensuite s’offrir un beignet qui lui donnait affreusement faim mais pour le coup, elle voulait éviter de se choper une saloperie, pas seulement elle mais aussi pour le bébé. Caleb l’empêcherait sûrement de mordre dedans en tout cas… « Oui bien sûr, je te donne ça ! T’es quand même pas fairplay, j’ai super faim maintenant !! »
« C’est ça fout toi de ma gueule mais on verra bien quand Raph’ te ramènera ses conquêtes et que tu ne seras plus l’unique femme de sa vie. T’imagine pas le coup de vieux que tu te prendras à ce moment-là » la charriais-je car pour l’heure, nous n’avions qu’un fils –quoique, il était pour le moment en mode, je pompe l’énergie de ma mère pour grandir. « Thaïs… me colle pas des images pareille dans la tête en pleine rue » protestais-je tout en attrapant par la suite le mouchoir. « Ouais ben je compense par la nourriture madame, je t’allume sans le savoir » grognais-je avant de finir mon beignet en moins de temps qu’il n’en faut pour dire oups, m’essuyant les mains et la bouche peu après. « C’était bon en tout cas ! » la provoquais-je avant de lui prendre la main à nouveau. « Allez, aujourd’hui, on trouve une tenue et demain, exceptionnellement, je te laisserai danser à notre cours de danse avec poto puis on se fera le marché tous les trois. On trouve la tenue et on rentre pour que tu puisses te régaler. Cela te va comme deal ? »
« De toute façon je vais être un vrai dragon avec ces copines, elles vont pas être à la noce les nénettes ! Faudra mériter mon fils nanmeiho ! » protesta-t-elle aussitôt car si Caleb était papa poule sur le retour, Thaïs serait… peut-être pire. Cela restait à prouver mais tout de même, elle se connaissait en la matière. « Bah quoi ? Je suis sûre que tu en serais capable, j’ai pas raison ? Même si je trouverais quand même le moyen de te faire des avances, faudrait que je voie » plaisanta-t-elle avant de lui tirer légèrement la langue pour mieux prendre son bras et le faire passer autour de ses frêles épaules. « Ca me va parfaitement comme deal ! Va nous falloir des tenues spéciales pour nous aussi, alors… mais je suis sûre qu’on va trouver ! Surtout, tu iras dans une cabine assez loin de la mienne sinon je vais me remémorer la Suisse ! »