(+ Thais) Voir l'Inde et rêver de son appart'

« Oui madame, à n’importe quel prix ! » plaisantais-je bien que je pensais à juste titre que le nombre que nous avions en tête chacun de notre côté ne serait jamais le même. Je savais que Thaïs souhaitait une grande famille. Pour ma part, je m’arrêterai bien à deux voire trois au grand maximum. Néanmoins, j’étais tout de même soulagé de lui parler de mon secret, de lever le voile sur un pan de mon quotidien dont mes parents ignoraient tout. « En même temps, je crois que c’est surtout un manque de temps. Je ne suis même pas certain qu’il ait fait le rapprochement entre nous deux » grimaçais-je car son cousin pouvait être relativement tête en l’air. « Tu n’as pas à avoir peur Thais, regarde, je suis là, à tes côtés. J’ai surmonté une cure de désintoxication, je crois que je suis paré pour survivre au reste non ? Je serais toujours très prudent et puis, pour le moment, je n’ai toujours pas fini mes études à Havard donc tu as encore un an et demi devant toi pour respirer » souriais-je avant de poser ma main sur sa joue et lui faire tourner la tête pour pouvoir l’embrasser tendrement. « Toi et moi, c’est à la vie à la mort princesse »

« Ça me fait plaisir… » avoua-t-elle bien que Thaïs ne soit pas idiote et ait parfaitement conscience que leurs deux avis sur la question restent divergents. Qu’importe, elle savait désormais que Caleb n’était pas forcément fermé à la discussion et rien au monde ne pouvait lui faire plus plaisir. « Tu as raison… rien que ta cure, tu l’as gérée de main de maître et dieu sait combien ça a dû être difficile, puis je suppose que tu n’es pas tout seul, tu as sûrement un coéquipier alors… je ne vois même pas pourquoi je suis aussi paniquée ! » Sûrement parce que le métier de flic restait diabolisé et que Thaïs partait du principe qu’il pouvait tout aussi bien se prendre une balle en pleine tête sans crier gare. « Puis pour être honnête… moi aussi j’ai des aveux à te faire. Possible que j’ai récemment découvert que mes grands-parents enfin ma grand-mère soit… un peu duchesse de France ? » fit-elle en esquissant une petite moue désolée, redoutant la réaction de Caleb.

« Oui, j’ai un coéquipier et donc tu n’as absolument rien à craindre surtout que pour l’heure, je dois simplement jouer les observateurs donc à part me blesser lors d’un porté, je ne risque vraiment rien » lui répondis-je avec un léger sourire au coin tandis que je resserrais un peu plus mon étreinte autour d’elle. « Euh attends, c’est quoi cette histoire de duchesse ? Je croyais que tu venais d’une famille tout ce qu’il y a de plus banale ? »lâchais-je sans la moindre douceur mais sans méchanceté seulement avec beaucoup de surprise car mine de rien, pour une révélation, ça en était une. « Donc, c’est que tu essaies de me dire, c’est qu’en gros, tu as un titre, c’est ça ? » lui demandais-je en essayant de tout comprendre. Décidément, on ne ferait jamais rien comme tout le monde mais si je rêvais de simplicité, c’était désormais foutu. Heureusement, mon père ne le savait pas sinon, il me bassinerait pour que je devienne ambassadeur.

« On va faire en sorte que tu ne te blesses pas lors d’un porté hein ! A moins que tu ne veuilles à tout prix que je joue les infirmières mais tu peux juste faire mine d’avoir un bobo, ce sera tout aussi efficace… » plaisanta-t-elle de bon cœur avant que la suite de la conversation ne lui échappe légèrement. Au départ, Thaïs n’avait pas pensé évoquer le sujet immédiatement mais cela avait été plus fort qu’elle : l’irlandaise ne voulait plus de secrets entre eux, que cela ait un rapport avec leurs familles respectives ou quoi que ce soit d’autre d’ailleurs. « Oui, j’ai un titre, c’est ça l’idée. Mais je l’ai appris récemment tu sais… mon père m’a mis au parfum de pas mal de choses, je suppose que c’était sa façon de se pardonner de devoir suivre sa future épouse jusqu’en France pour sa promotion… enfin bref je voulais juste qu’il n’y ait pas de secrets entre nous Caleb mais ça n’a pas la moindre importance pour moi. Ce qui compte c'est notre famille à nous ! »

« Je sais très bien faire semblant, ça tombe bien n’est-ce pas ? » plaisantais-je légèrement avant que la conversation n’en vienne sur son titre. L’un dans l’autre, ça ne changeait rien à notre vie mais ce n’était pas non plus une petite nouvelle. « Tant que tu me sors pas que l’on va devoir se taper des soirées du style gala de charité ou je ne sais quoi, je crois que je survivrais mais pour l’heure, je ne sais pas toi mais je rentrerai bien à l’hôtel. Le paysage est sympa, je ne dis pas mais je n’ai pas trop la tête à les entendre chanter… On pourrait peut-être se faire monter un festin et passer la soirée en tête à tête ? Demain je compte bien visiter la ville » lui proposais-je en déposant de légers baisers sur son épaule, remontant le long d’une ligne imaginaire pour venir mordiller son oreille. « Sans compter que nous pourrions terminer la soirée sur une note bien plus agréable… Je dois toujours te faire un dessin ! »

« J’ai peut-être fais faire une tenue d’infirmière sur mesure ? » avoua-t-elle non sans esquisser un sourire presque insolent. Après tout, ils avaient bien mérité un peu de bon temps après tant de semaines d’horreur, n’est-ce pas ? Du moins c’est que ce Thaïs pensait et elle s’accrochait joyeusement à cette idée. « Tu sais que je détestes les galas… puis techniquement parlant je n’ai jamais été sur le devant de la scène alors il n’y a aucune raison que je le sois pour ça ! Je crois que tes parents feront plus souvent appel à toi pour des galas que mes grands parents pour moi… mais je te suis amour de ma vie, j’ai un peu froid en prime. » La journée avait été très chaude mais le soir, un petit vent frais résidait et fatalement, Thaïs frissonnait. Pour quelqu’un qui vient d’un pays du nord, c’est tout de même un comble ! A croire qu’elle soit définitivement devenue plus sensible à beaucoup de choses depuis le début de sa grossesse… « Je veux bien que tu me fasses un dessin ! J’ai faim mais j’ai surtout faim de toi, tu sais… j’ai envie de nous retrouver. » Thaïs se mit à caresser la joue de Caleb du bout du doigt avant de se relever fièrement et de lui tendre les deux mains pour qu’il la suive. « Caleb j’ai une question… tu ne regrettes pas… enfin tu es toujours content que je sois enceinte ? »

« Ah oui ? Tu m’intéresses pour le coup » rigolais-je doucement avant de lui proposer justement de rentrer car il commençait à faire frisquet et comme nous n’étions pas auprès du feu comme les autres membres de ma confrérie, on se les caillait un peu. « T’inquiète, on va en profiter de ce voyage pour nous retrouver et oublier un peu ces semaines de galère, je t’en fais la promesse » lui répondis-je avant de glisser mes mains dans les siennes pour me relever, l’attirant par la suite dans mes bras pour l’embrasser tendrement. « Bien sûr que je suis toujours content que tu sois enceinte, pourquoi cette question ? Toi, tu regrettes ? » lui demandais-je en fronçant les sourcils. Je ne comprenais pas pourquoi elle ramenait le sujet de sa grossesse sur le tapis alors quelques minutes plus tard, je lui avouais en quelque sorte mon envie d’offrir un petit frère ou une petite sœur à cet enfant qui grandissait en elle.

« J’étais sûre que j’allais taper dans le mille ! » s’amusa-t-elle à répliquer car si Thaïs n’avait pas su sur le moment quand elle pourrait utiliser ce « déguisement » ce dernier était tout indiqué si Caleb se plaignait d’être faussement à l’article de la mort. Voilà qui promettait une poursuite de soirée des plus agréables, et dieu sait combien ils en avaient besoin. Par ailleurs, le fait que l’allemand de son cœur lui promette qu’ils allaient justement se retrouver et oublier leurs semaines de galère lui arracha un sourire attendri alors qu’ils se mettaient à marcher tranquillement vers leur hôtel, du moins jusqu’à ce que Thaïs ne puisse se retenir de poser LA question la turlupinant depuis quelques temps. « Pas du tout !! Au contraire, je ne regretterais jamais… mais c’est jusque que la dernière fois Julia m’a sorti qu’on s’était précipité et blablabla et j’ai eu peur qu’elle veuille me transmettre un message que toi tu lui aurais dis… je balise pour rien, comme d’habitude ! »

Julia. Des fois ma meilleure amie devrait se la fermer et sans le savoir, elle venait plus ou moins de perdre des points avec moi. Si justement, je me confiais à elle, c’était pour justement que cela reste entre nous, que je puisse m’exprimer, confier ce qui n’allait pas ou ce qui allait. Je ne pensais pas à mal ni rien mais j’aimais pouvoir exprimer les choses comme elle me venait sans pour autant les penser aeternam. Je ne pouvais pas le faire avec Thaïs car elle s’inquiéterait et finirait fatalement par se stresser pour rien. Or, que Julia en vienne à lui révéler mes confidences, cela ne me donnait guère envie de renouveler la chose. « Elle n’avait pas à te parler de ça bordel de merde ! » m’emportais-je. « Oui, j’ai avoué que la grossesse était peut-être arrivée trop vite car nous n’avions pas vraiment réfléchis à toutes les conséquences comme par exemple : la danse, les études etc ; mais ça ne veut pas dire que je le regrette. Je veux cet enfant avec toi Thaïs… Je ne faisais qu’exprimer des craintes basiques comme tout futur père. Si j’avais quelque chose à te dire, je n’userai de personne ! » marmonnais-je de mauvaise humeur et un peu blessé non pas à cause de ma femme mais bel et bien à cause de Julia.

Thaïs avait effectivement ruminé la chose pendant des jours entiers, refusant au départ d’en parler à Caleb car il avait déjà bien assez à supporter mais là, le fait d’évoquer un potentiel petit frère ou petite sœur à leur enfant à naître, dans quelques années, avait tout fait remonter d’un coup d’un seul sans qu’elle n’ait rien contrôlé. « Elle ne pensait sûrement pas à mal… » la défendit-elle avec maladresse car la dernière chose que souhaitait l’irlandaise, c’est que Caleb se dispute avec sa meilleure amie. Loin d’elle l’envie de déclencher une troisième guerre mondiale entre eux, car elle n’avait pas fini de s’en vouloir sinon ! « Je me doute que tu ne m’en as pas parlé pour ne pas m’inquiéter mais si tu as des craintes Caleb, pourquoi ne pas l’avoir évoqué avec moi ? J’aurais pu entendre ce genre de choses, j’y ai pensé aussi au tout début mais techniquement parlant… ce sont surtout mes études que cela impacte. Tu peux très bien te retrouver une partenaire, limite tu dois, rien ne doit t’empêcher d’avancer dans ce que tu veux faire. Puis moi, j’ai toujours le piano… alors l’impact devient moindre tout de suite, parce que je sais que même si je ne deviens pas une grande danseuse à tes côtés, on dansera à nouveau à un moment donné et je m’accroche à cette idée. Ça me suffit. »