(+ Thais) Voir l'Inde et rêver de son appart'

« Je te ferais la surprise à moins que je ne fasse un mix des deux ! Imagine, j’ai mal au cœur parce que je suis trop angoissé : il me faudra donc une infirmière et une psychologue… D’ailleurs, on n’a jamais essayé ça, je veux dire, les jeux de rôles » éclatais-je de rire comme rarement car j’étais pas peu fier de ma connerie. En même temps, je n’étais pas un Lowell pour rien, j’aimais les Arts alors les accoupler avec une partie sensuelle avec ma femme… Ce n’était qu’une petite marche à grimper pour ma part. En parlant de marche, celle de notre passé commun semblait d’autant moins haute. Qui aurait pu croire que Thaïs et moi, nous nous connaissions depuis tant d’année. « Il faut croire que nous deux, nous étions destinés à nous revoir mais je comprends mieux pourquoi j’ai eu cette sensation de déjà vu la première fois que nous avons dansé ensemble à Harvard » avouais-je en caressant sa joue. « Je l’ai toujours avec moi, je n’ai jamais pu me résoudre à m’en séparer. D’ailleurs, c’est même mon porte bonheur lors des compétitions » avouais-je avant de la serrer dans mes bras. « J’ai changé mais je suis heureux qu’à un moment donné dans notre vie, nos regards aient pu se croiser… Je t’aime tellement Thaïs »

« Les jeux de rôles ? Oh mais ne t’inquiètes pas je vais être criante de vérité en tenue d’infirmière prête à tout pour soulager ce petit cœur et cette petite âme tourmentée… » Certes, Thaïs n’était pas Lowell mais cela ne l’empêchait certes pas d’avoir beaucoup, beaucoup d’imagination en son genre. Puis quelque part, faire un jeu de rôles du genre dans une belle chambre d’hôtel à Bombay, cela ne manquait pas de classe, n’est-ce pas ? D’ailleurs, il était presque curieux qu’ils aient dû se rendre si loin pour finalement se rendre compte que leur histoire avait démarré… de nombreuses années plus tôt, autant en danse que d’un point de vue nettement plus sentimental. « Toi aussi tu as eu une sensation de déjà vu ? Je n’ai pas osé la faire remarquer je ne savais pas comment tu le prendrais… mais je ne pensais pas que tu aurais toujours mon pendentif. Ça me fait bêtement plaisir ! Tu sais… quand j’ai perdu la vue, la première chose qui m’a frappée, c’est que si je te recroisais un jour, je ne pourrais même pas te reconnaître. Fut un temps où j’avais follement envie de te chercher… je ne suis pas sûre que tu aies tant changé que ça. Tu restes l’amour de ma vie et je t’aime de tout mon cœur, Caleb… »

Je sentais qu’une fois dans notre chambre d’hôtel, la soirée allait prendre une tournure bien plus charnelle et sensuelle que ne le laissait supposer cette tentative avortée de participer à ce feu de camp ; Néanmoins, même si la pensée de tout ce que nous ferions à l’abri des regards indiscrets était très tentante, la discussion qui suivit l’enrailla. Comment diable cela pouvait-il être possible ? C’était extraordinaire, magique même et me confortait dans l’idée que cette femme était LA femme de ma vie. « Je suis revenu tous les soirs à la même heure durant plus de trois semaines, j’avais tellement envie de te revoir. Je ne pensais pas qu’au final, nous nous retrouverions et que nous nous marierions… Je t’assure néanmoins que j’ai changé : j’ai grandi, je me suis épaissi en muscle… Non, la crevette a un peu changé » plaisantais-je de bon cœur avant de l’embrasser passionnément. « Tu as été mon premier amour Thaïs et tu seras le dernier » avouais-je enfin. Je n’avais jamais pu le dire à quiconque car tomber amoureux en seulement quelques heures, ce n’était pas commun et pourtant, elle avait volé mon cœur. « La première fois que nous nous sommes retrouvés, tu m’as troublé au-delà des mots. Je ne comprenais pas ce que je ressentais mais maintenant je le sais : mon cœur t’avait tout simplement reconnu… Et personnellement, je te préfère en blonde » la taquinais-je d’une voix rendue rauque par l’émotion.

Il était revenu pour elle… Thaïs fut émue de l’apprendre, car elle serait revenue bien volontiers si seulement la famille qui l’hébergeait en Allemagne lui avait laissé l’opportunité de le faire. « Je crevais d’envie de revenir mais comme j’avais beaucoup fait le mur, le couple d’allemand qui m’avait accueillie ont… un peu trop veillé sur moi après ça. Je n’ai plus pu m’échapper comme je l’avais fait et si tu savais comme ça m’a brisé le cœur ! J’avais l’impression qu’on me l’arrachait, et ça a été pire quand j’ai dû reprendre l’avion. Mais je sens que la crevette a pris du muscle ! Comme moi j’ai dû prendre quelques formes aussi ! » rigola-t-elle sur la fin même si Thaïs savait parfaitement qu’elle avait peur de l’avion depuis ce fameux retour d’Allemagne. Elle considérait désormais les voyages par ce procédé comme un déchirement. « Ma phobie vient de là, je crois… mais toi aussi tu as été mon premier amour et tu seras le dernier Caleb. Je ne veux personne d’autre dans ma vie, mari de moi. » Thaïs ne manqua pas de rendre son baiser à l’allemand de son cœur pour ensuite se mettre à lui caresser la joue alors qu’ils arrivaient presque à leur étage. « C’est pour ça que tu étais distant avec moi ? Je comprends mieux maintenant… tu sais, je suis blonde au naturel, alors j’espère bien que ça te plaît un minimum ! »

« Je confirme, tu as pris des formes ! Tu sais, c’était la première fois que je ressentais autant de plaisir à danser avec quelqu’un. Je veux dire, je danse depuis que je sais marcher mais je n’avais jamais vécu cette discipline autrement que par le biais de la compétition. Ce soir-là, c’était la première fois que je dansais simplement par plaisir et depuis, je n’ai jamais plus vu la danse de cette manière surtout la valse car c’était un peu te retrouver dans ces moments-là » avouais-je alors que venait un autre regret, celui de ne pas avoir croisé sa route une nouvelle fois. Mon frère avait eu cette chance et désormais, j’étais envieux mais je ne voulais pas vivre dans les regrets. Aujourd’hui, j’étais marié à mon premier amour et j’en étais bêtement heureux. « Oui, je t’en voulais toi, une inconnue, de me faire ressentir une nouvelle fois cette sensation de bonheur alors que jusqu’à présent, aucune femme n’avait réussi parce qu’une gamine avait capté toute mon intention. J’étais dépitée surtout que je pensais qu’il n’y avait aucune chance que tu sois celle de mon passé. Après tout, tu n’étais pas brune » murmurais-je une fois que le baiser ait pris fin. Je me dégageais légèrement de notre étreinte pour l’amener à notre chambre où à peine avait-elle franchi le seuil que je la soulevais dans mes bras. « Tu sais que cela fait de nous des âmes sœurs ? »

« En même temps heureusement ! Tu imagines si j’étais restée comme à treize ans ? Bon je n’étais pas totalement plate mais quand même… je n’avais pas la moindre idée cela dit que c’était la première fois que tu valsais pour… le plaisir. C’était tellement naturel chez toi ! Tu m’as transportée dès les premières secondes. Sans compter que ta voix était… apaisante. » Thaïs risquait de lui redemander de lui chantonner à plusieurs reprises cet air délicieux ayant marqué leur première rencontre, leur première danse, leurs premiers sentiments manifestement réciproques… « Tu étais en colère parce que tu pensais que ce n’était pas moi ? Vrai je n’étais pas blonde… puis en dix ans, on change. Mais c’était troublant pour moi aussi, j’avais l’impression que tout y était, surtout dans ta façon de me guider mais impossible d’en être sûre parce que je ne pouvais pas te voir. C’est peut-être pour ça que j’ai autant joué… les enquêteuses en herbe et que ça me touchait plus que ça n’aurait dû. C’est un peu comme si mon premier amour me rejetait ! » avoua-t-elle d’une voix marquée par l’émotion, juste avant qu’il ne la soulève comme une mariée alors qu’ils venaient de fouler le sol de leur délicieuse suite. Quelque chose disait à Thaïs qu’elle allait… adorer leur séjour en Inde. « J’adore savoir que nous sommes des âmes sœurs… ça me comble de bonheur, tu n’imagines même pas à quel point. Et puis… que ce soit un petit garçon ou une petite fille, on peut dire qu’il a été conçu avec tout l’amour du monde. »

« Oui, je te préfère largement comme ça je dois bien le reconnaitre » plaisantais-je avant de garder le silence un court instant. « Mon quotidien, à cette époque, c’était danser pour être le meilleur. Je n’écoutais même plus la musique, j’enchainais les pas sans m’arrêter. Il n’y avait aucun plaisir du moins avant notre rencontre. Après, j’ai passé des années à rechercher cette même sensation mais aucune de mes partenaires n’a réussi à me l’apporter alors je suis devenu de plus en plus exigent » lui expliquais-je avant d’aborder à nouveau le sujet de notre rencontre ou plutôt de nos retrouvailles. « Je comprends un peu mieux pourquoi tu jouais les fineuses. Pour ma part, j’étais persuadé que tu n’étais pas celle que je recherchais depuis dix ans alors j’étais en colère, j’avais l’impression, je ne sais pas, de trahir sa mémoire » avouais-je assez piteusement avant de la soulever dans mes bras pour la conduire dans notre chambre, déposant un baiser sur ses lèvres offertes. « Tu ne peux pas savoir combien il me tarde de tenir notre enfant dans mes bras. J’en ai tellement envie » soufflais-je contre ses lèvres avant de l’allonger délicatement sur le lit.

« Heum… serait-ce que tu trouves que j’étais une planche à pain ?! » s’indigna-t-elle faussement avant de se mordre légèrement la lèvre inférieure, se retenant de rire de justesse. A la décharge de Caleb, lorsque Thaïs avait treize ans, si adorable et jolie était-elle, la demoiselle n’était pas aussi pulpeuse qu’aujourd’hui, surtout qu’à l’heure actuelle ses rondeurs de grossesse déjà visibles la sublimaient. « C’est vrai, tu as recherché ce que l’on a vécu cette nuit là avec d’autres ? C’est drôle, moi non plus je n’ai jamais réussi à retrouver ce que j’ai ressenti ce jour là… sûrement parce que ça dépassait la danse. C’était… également une histoire de sentiments. Je trouve ça trop mignon que tu aies eu peur de trahir le souvenir que tu avais de moi ! Et avec le recul, je me dis que j’aurais peut-être dû avoir l’audace de t’en parler… » Disons que cela leur aurait peut-être évité de perdre du temps précieux… même si à l’heure actuelle, Thaïs frissonnait rien qu’aux paroles délicieuses énoncées par Caleb. « Si tu savais comme j’ai envie aussi… est-ce que tu veux que je vois un doc ici ? On saurait peut-être le sexe ! »

« Disons qu’à cette époque, tu me convenais largement ma chérie » biaisais-je en parfait diplomate que je savais être quand l’occasion faisait le larron. Je n’allais quand même pas répondre à ce genre d’interrogation, je tenais à ma vie mais surtout à ma virilité. C’était comme lorsqu’une femme demandait à son mari : est-ce que j’ai grossi ?! Il ne fallait surtout mais surtout ne jamais répondre à ce genre de question. Il n’y avait pas de bonnes réponses ! C’était un gros traquenard et quoiqu’on dise, on était toujours les perdants de l’histoire. Les femmes sont de viles créatures, c’est bien connu. « Tu sais, avec des si, on referait le monde et puis, à ta décharge, on ne peut pas dire que je t’ai facilité la tâche lors de notre rencontre enfin retrouvailles. Je crois que dans le fond, c’est mieux qu’on l’apprenne simplement maintenant. Au moins, nous aurons fait à nouveau connaissance sans nous voiler la face ni être tenté de rejouer le passé » admis-je avec un léger sourire avant que Thais ne me coupe la chic en me proposant ni plus ni moins que de passer l’échographie ici. « Tu crois que ce serait possible ? Demain ? » la pressais-je car j’étais vraiment impatient de connaitre le sexe de notre bébé.

Thaïs éclata aussitôt de rire. « Tu as peur que j’annule notre jeu de rôles et te condamne au canapé ? » fit-elle non sans se redresser sur le lit pour mieux s’emparer de ses lèvres avec un mélange savant de tendresse et de passion pour lui prouver qu’elle se moquait bien de la réponse tant qu’elle lui avait plu, même un tout petit peu, à cette époque là. Le reste, ce n’était qu’un détail… « Tu as sûrement raison… tu sais que tu es la sagesse incarnée, amour de ma vie ? De toute façon, je crois que je n’aurais jamais osé avoir ce genre d’audace, j’aurais eu trop peur que tu me prennes pour une folle ou une dégénérée mentale ! Mais si tu savais comme je suis contente que ce soit toi et pas un autre… après tout, je t’ai quand même offert mon premier baiser ! » Comble du romantique, surtout pour quelqu’un l’étant bien plus qu’elle n’aurait été capable de le dire… « Bien sûr ! On se pointe à un hôpital et hopla chocolat, échographie powa ! Serait-ce que tu as hâte ? Oh tu sais si on pouvait moi je serais pour y aller maintenant, je crois que je suis définitivement pire que toi !! »