(+ Thais) Voir l'Inde et rêver de son appart'

C'était un fils et j'en étais connement heureux. Nous allions avoir un enfant et il s'appellerait Raphaël. Le simple fait de pouvoir lui donner un prénom rendait la chose d'autant plus tangible, concrète. Il me tardait de pouvoir le serrer dans mes bras même si, la fin de sa grossesse n'allait pas être une partie de plaisir. Je m'en voulais vraiment de lui avoir fait subir tout ce stress et même si Thaïs souhaitait que j'arrête de me blâmer, je ne pouvais mettre un mouchoir sur mes responsabilités. "On va même être plus que prudents ! Plus de danses, plus de câlins crapuleux, on va limiter tout stress durant les derniers mois de ta grossesse. Je vais prendre soin de toi mon cœur" lui assurais-je avec une certaine véhémence tant je me sentais investi d'une mission quasi divine. Il faut dire que la culpabilité jouait grandement dans mon comportement de mari/papa poule. "On devrait peut-être attendre que tu accouches avant de nous marier devant nos amis. Rester debout toute une soirée n'est pas bon pour toi... Il nous faut une maison de plein pied pour que tu ne te fatigue pas avec les marches... Je vais prévenir Milo de revoir les plans" marmonnais-je presque pour moi-même. Milo était un étudiant en architecture que je connaissais depuis des années et qui, m'avait dessiné les plans de notre futur maison. Il ne nous restait plus qu'à trouver un terrain viable où la construire.

Thaïs sentait Caleb s’investir lui-même d’une mission de la plus haute importance, à savoir prendre soin d’elle bien au-delà des mots jusqu’à ce que leur petit bout ne pointe son petit nez. Sur le moment, cela la fit sourire de façon amusée, car elle savait par avance que son bel allemand n’allait pas la laisser mettre un pied dehors s’il pouvait l’éviter. Adieu courses, danse, câlins. Le quotidien allait être rude ! « Tu es au courant qu’un câlin crapuleux ne va pas me stresser ni m’épuiser ? Ne t’inquiètes pas, je serai docile. Tu me laisseras mettre le nez dehors quand même ou il faudra que je demande la permission ? Pas trop déçu que ce ne soit pas une petite fille ? » fit-elle en papillonnant des yeux, attendrie de le voir aussi investi à prendre soin d’eux… autant dire que Thaïs n’était pas du tout habituée mais elle ne voulait pas non plus qu’il s’oublie. « Pour le mariage c’est peut-être mieux de reporter, je ne me sens pas de faire tous les préparatifs, les essayages… mais tu attendras jusqu’en septembre amour de ma vie ? Minute… tu voulais construire une maison ? Je pensais que tu voulais qu’on en achète une déjà construite… tu sais, s’il y a deux ou trois marches ça ne va pas me tuer hein ! »

« On sait jamais !! Je ne veux prendre aucun risque et ouais.. tu auras le droit de sortir mais pas entre midi et seize heure car le soleil tape trop fort »marmonnais-je bien que nous soyons bientôt qu’au printemps. Non, il ne fallait prendre aucun risque et changer les plans de la maison pour un plein pied était une très bonne idée. « Je pourrais largement attendre et pourquoi acheter une maison toute faite ?!Je veux quelque chose d’unique pour toi. Bien sûr, je sais que nous ne ferons pas notre vie à Cambridge ni même à Boston mais tu sais, avec mon boulot, je vais être quelques années ici donc je me suis dit que trouver un terrain pas trop loin de la fac et de Boston pourrait être une bonne idée. On peut attendre aussi pour la maison hein »lui assurais-je avant de l’embrasser longuement pour me calmer un peu. « Et pour ta gouverne, je suis très heureux que tu attendes un garçon… La prochaine fois, nous aurons une fille » plaisantais-je.

« Tu m’feras même pas de câliiiiiins ? » couina-t-elle en pleurnichant à moitié, mettant un instant de côté le fait qu’il veuille la protéger d’un potentiel soleil tapant trop fort. Thaïs aurait très bien pu lui opposer qu’avec un chapeau déjà elle serait protégée mais il valait mieux éviter de trop le chercher sur ce terrain là : Caleb n’avait pas l’air décidé à composer en la matière. « J’adore quand tu parles d’agrandir notre famille dans le futur, puis tu apprendras à Raphaël à être un graaaand séducteur ! » lui assura-t-elle avec un sourire adorable sur les lèvres, tandis qu’elle entourait le cou de son mari adoré de ses bras pour mieux déposer plusieurs baisers contre ses lèvres. « Non je n’ai pas envie d’attendre pour la maison ! Je te fais confiance… puis tu connais mes goûts mieux que personne ! Mais je n’ai pas envie que tu t’oublies pendant ma grossesse, moi aussi j’ai envie de prendre soin de toi… »

« Bien sûr que je te ferais des câlins, la seule chose qu’on évitera c’est de faire l’amour. C’est trop dangereux pour le bébé » décrétais-je buté. Oh cela ne me faisait pas plaisir de subir des mois d’abstinence mais je préférais encore être frustré sexuellement que de faire courir le moindre risque à Thaïs et Raphaël. Ma famille était ma priorité et elle le resterait quoiqu’il arrive. « Comme si j’allais apprendre à notre fils à être un séducteur… Non, j’en ferais un parfait Lowell ! » m’amusais-je à répondre bien qu’elle disait vrai : notre fils aurait de qui tenir question séduction. J’entourais sa taille de mes bras, la calant doucement contre mon corps, accueillant ses baisers avec délices. « Ne t’inquiète pas, je vais très bien et puis, c’est toi qui est enceinte pas moi ! Qu’est-ce que tu veux qu’il m’arrive ? A part me tordre une cheville sur un jive, je ne risque pas grand-chose… Et puis, si tu vas bien, je vais bien aussi » murmurais-je avant de capturer ses lèvres dans un tendre baiser. « Et si on t’achetait une paire de roller ? Je pourrais te pousser dans les rues de la vie comme ça, la marche ne te fatiguerait pas ? » proposais-je d’un coup, la mine soucieuse… Ouais, je tombais peut-être dans l’excès de protection pour le coup.

« Mais pourquoi dangereux ? Si on y va doucement… » Plusieurs mois sans rien faire, Thaïs allait se sentir délaissée à la longue. Oh elle savait par avance qu’elle ne serait pas la seule frustrée au-delà des mots mais comme après son accouchement elle comptait aussi passer sur le billard… cela faisait une longue attente avant de pouvoir de nouveau se donner à son mari. Il n’y avait qu’elle pour trouver cela diablement cruel ? « Comme si tu n’étais pas un séducteur Caleb Weyss innocent aux mains pleines ! Ceci dit je suis d’accord pour faire de lui un parfait Lowell… tu lui apprendras la guitare et le chant et moi je m’occupe du piano ! Ceci dit je sais que tu ne risques pas grand-chose mais même… tu sais très bien que je m’inquiète pour toi quand même. » Thaïs était d’ors et déjà maman poule sur le retour, ceci dit Caleb pulvérisait tous les records. Aussi, non sans descendre de la table d’observation avec vitesse pour mieux se rhabiller comme il fallait, elle écarquilla les yeux. « Hey, je suis enceinte, pas en sucre ! Tu ne veux pas me flanquer en mode grabataire sur un fauteuil roulant pendant que tu y es !! »

« Je demanderai au médecin avant » marmonnais-je car je ne voulais vraiment plus prendre de risque. C’était de ma faute si elle était face à ses complications, je me devais donc de la préserver au maximum quitte à nous frustrer. Heureusement, notre relation n’était pas uniquement basée sur le sexe et puis, je connaissais suffisamment de moyens pour la combler sans pour autant lui faire l’amour. Tout était une question de doigtés et j’étais particulièrement habile de mes dix doigts il va s’en dire. « Tu vas voir, à nous deux, notre fils va avoir toutes les chances de son côté et puis, il aura pour parrain le président de la Lowell enfin l’un des présidents car je vois mal Aidan être toujours étudiant dans dix-huit ans » répondis-je avant de déposer un baiser sur son front. « Je sais que tu t’inquiètes pour moi mais pour le coup, ce n’est pas nécessaire et tu es sûre que tu ne veux pas le fauteuil roulant ? Tu serais bien installée pour visiter la ville… Ok j’en fais trop c’est ça ? » marmonnais-je. « J’ai peur qu’il vous arrive quelque chose princesse, ça me bouffe » soupirais-je.

« Je suis sûre que tu vas le harceler de questions ! » ironisa-t-elle avant de sourire à l’évocation du parrain de leur fils. Pour sûr, Raphaël était paré et bien paré ! Mais cela faisait plaisir à Thaïs que Caleb ait choisi Aidan pour être le parrain car elle le connaissait et avait une confiance totale en lui. On ne pouvait pas dire qu’il soit complètement inconnu de leur famille, bien au contraire. « Tu en fais un tout petit peu trop amour… je suis déjà aveugle, j’aurais l’impression d’être un affreux boulet si en prime tu me trimballes en fauteuil ! Le médecin a dit pas trop d’activités physiques, un peu de marche à pied ne va pas me tuer, au contraire, ça va m’aérer. » Thaïs se domina cependant de toute exaspération vis-à-vis de la réaction de Caleb en déposant un baiser sur ses lèvres pour mieux le serrer tendrement contre elle. « Chéri… il ne va rien nous arriver, je t’ai promis de faire le plus attention possible. Il n’y a aucune raison de craindre le pire, on a Zorro en personne pour veiller sur nous ! »

« Il risque même de demander une injonction pour me tenir éloigné de lui » plaisantais-je à froid car je ne voulais pas qu’elle pense que je m’en foutais de sa grossesse. Bien au contraire, j’avais à cœur d’être paré à toutes les éventualités pour justement être un bon mari le jour J. Certes, j’y mettais un peu trop de zèle mais il valait peut-être mieux beaucoup que pas assez non ?! « D’accord mais pas longue la marche, je ne veux pas que tu t’épuises et en prime, il fait bien plus chaud dans ce pays qu’à Harvard alors autant te ménager quand même non ? » plaidais-je en quelque sorte la cause du repos. « En échange, on fera un petit câlin en rentrant ? » ajoutais-je pour achever de la convaincre. Je ne pus néanmoins m’empêcher de lui confier mes craintes. Ils étaient toute ma vie, sans eux, je n’étais rien. « Je vais essayer de me calmer mais je ne te garantis rien… Allez viens, je t’ai promis que nous ferions le marché et en prime, que l’on trouverait une tenue traditionnelle pour notre fils »

Thaïs laissa échapper un petit rire face à l’idée que le doc puisse mettre en place une injonction contre Caleb. « Tu irais aussi loin ? » s’amusa-t-elle pour essayer de dédramatiser les choses, partant du principe qu’ils avaient vécu suffisamment de merdes dernièrement pour ne pas se déprimer plus encore. Ils avaient besoin de se retrouver, de profiter l’un de l’autre et non pas d’avoir une espèce d’épée de Damoclès insupportable au dessus de leurs deux têtes… mais de très loin, le bel allemand risquait d’être le plus raisonnable des deux, quitte à l’être jusqu’à l’extrême. « Si jamais je suis fatiguée crois-moi, je te le dirais illico… ça te va comme deal ? Mais je suis pas contre un câlin en rentrant par contre ! » avoua-t-elle, comme si elle était en manque d’amour. Il faut dire que pendant la cure de Caleb, ils avaient été proches sans l’être pour ne pas perturber ses soins… « Si tu as des angoisses, je veux que tu m’en parles, ne garde pas ça pour toi et pitié ne pars pas du principe que ça va m’angoisser moi. Je préfère savoir ! J’espère qu’on va trouver une jolie tenue pour Raph… je te suis mamour ! »