(+ Thais) Voir l'Inde et rêver de son appart'

« Je ferais mieux qu’un dessin… J’ai peur que même avec ça, tu n’arrives pas à comprendre alors autant te montrer directement » la charriais-je de bon cœur avant que le sujet de Sio’ et de sa présence à notre mariage ne revienne sur le devant de la scène. « Il sera parfait, j’en suis certain, nous aurons tous nos proches » lui assurais-je tandis que je resserrais mon étreinte autour de son corps. La nuit était fraiche et je ne voulais pas qu’elle ait froid. « Je me souviens mon petit bourgeon en fleur mais quoiqu’il arrive, je serais là près de toi et tu n’as pas à t’inquiéter, je suis sûr que tout se passera bien et que très bientôt, tu n’auras hâte que d’une chose : accoucher. J’ai lu beaucoup de bouquins pendant ma cure pour me préparer » avouais-je tandis que justement, mes mains se posèrent sur son ventre légèrement arrondi. C’était encore discret mais j’avais hâte de voir tous les changements s’opérer. « Qu’est-ce que tu penserais de nous marier à notre retour ? »

« Des paroles, des paroles, des paroles… » chantonna-t-elle avec malice avant d’éclater de rire. Thaïs en avait besoin après l’altercation avec son amie, bien que l’irlandaise ne soit plus aussi sûre qu’elle puisse la considérer de cette façon… le temps le dirait, elle ne voulait plus s’en préoccuper pour le moment. « Tu sais, j’ai autant hâte d’accoucher que de t’épouser devant nos proches ! Moi aussi j’ai lu beaucoup de bouquins, je saoule aussi Anna avec des questions… j’essaye d’être aussi prête que possible et d’éviter d’angoisser de cette manière, même si c’est pas forcément évident. J’ai hâte d’avoir notre petite merveille entre les bras et de me dire que toutes les merdes qu’on a eues sont enfin finies. » Thaïs soupira de bien être en se blottissant plus encore entre les bras de son mari, fermant les yeux un instant. « Tu as lu des bouquins sur quoi exactement ? Je suis curieuse… »

« C’est qu’elle me cherche la madame ! » rigolais-je avant de lui mordiller l’épaule pour toute punition même si après, je déposais rapidement un baiser sur ma mini morsure de nains. « Devenir père, se préparer à son role de père, la grossesse pour les nuls, la bible des prénoms, un tas de connerie comme ça. Je crois que j’ai saoulé mes parents de la même façon » grimaçais-je en la berçant dans mes bras, mon visage blottie au creux de son cou pour en profiter davantage. « A notre retour, je t’épouserai devant nos proches. Je ne veux plus attendre et puis je crois qu’eux non plus. Ceux qui veulent vraiment notre bonheur aussi » ajoutais-je avant de pousser un soupir de bienêtre. J’avais l’impression de revivre en quelque sorte après ces semaines d’enfer. Je ne ressentais presque plus le manque et je savais que cette sensation finirait par disparaitre. « J’ai pris rendez-vous pour l’opération après une séance d’acuponcture avec Anna. Cela fonctionne, je pourrais ainsi palier à la non prise des antidouleurs… Thaïs… Il faut que je te dise quelque chose, une vérité que tu ignores sur moi et j’ai beau chercher tous les moyens pour te l’avouer depuis notre rencontre, je n’ai pas encore réussi mais je ne veux plus te la cacher »

« Hey mais c’est qu’il mordrait ! » s’exclama-t-elle non sans exécuter une grimace, lui tirant la langue au passage même si Caleb ne l’avait pas réellement mordu, ou à tout le moins pas fort du tout. « Tu veux dire que tu as posé mille questions à ce sujet ? Hey, tu pouvais m’en parler aussi… si tu as des doutes ou quoi, je crois que je peux tout entendre ! Puis tu n’as pas à avoir de hontes ou quoi… tu veux juste être prêt, je trouve ça adorable ! » Au moins aussi adorable que de lui promettre de l’épouser devant leurs proches dès leur retour d’Inde. Thaïs avait particulièrement hâte qu’un tel moment arrive, car après tout ce qu’ils avaient enduré ces dernières semaines, ils avaient bien droit à cette accalmie on ne peut plus salvatrice. « L’acupuncture t’a aidé chéri ? Anna fait des merveilles il paraît… par contre tu me fais peur, il ne t’es rien arrivé de grave hein ? Parle-moi j’aime pas quand une conversation commence comme ça, ça me fait baliser ! »

Un léger rire accueillit sa remarque tandis que je déposais de petits baisers sur son épaule meurtrie. « Je crois que je me transforme en loup garou, la pleine lune toussa toussa » plaisantais-je avant de grogner d’impuissance. « Tu m’en as pas plus parlé et puis, je voulais avoir les impressions de ma mère et des conseils de mon père pour être au top et tu n’aurais pas pu répondre à mes questions puisque tu n’as pas encore connu l’accouchement. Je suis comme toi, je vais à la pêche aux informations car je veux être présent du mieux possible pour le jour J » lui expliquais-je avant de mettre sur le tapis, un pan de ma vie. J’ignorais comment Thaïs réagirait et je craignais sa colère, sa peur également mais je ne voulais plus me cacher, je voulais absolument lui dire la vérité. « Crois-moi, je balise tout autant de ta réaction… Thaïs, je ne suis pas à Harvard par erreur ou réellement par choix. Je ne compte pas non plus finir ma vie dans un bureau ou dans un musée tout simplement parce que depuis mes vingt et un ans, j’ai déjà un job… Je suis flic Thaïs , je suis le detective Caleb Weyss et si je suis là, c’est que nous essayons de démanteler un trafic de drogue » lâchais-je finalement la bombe.

« Et tu n’as pas honte de donner ton fardeau de loup garou en mordant ta femme ! » râla-t-elle faussement avant d’éclater de rire : il n’y avait vraiment qu’eux pour sortir des conneries pareilles, mais cela ne les empêchaient pas de bifurquer sur une nouvelle conversation nettement plus sérieuse puisqu’il s’agissait de leur préparation en vue de la naissance de leur enfant… Thaïs s’apprêtait d’ailleurs à répondre avant que la discussion n’évolue à nouveau vers un autre sujet, nettement moins sympathique puisque cela faisait des mois que Caleb hésitait manifestement à avouer la vérité sur son boulot. « Alors toute cette histoire de stage… c’était des conneries ? » demanda-t-elle d’un ton extrêmement sérieux. L’irlandaise ne savait pas si elle devait s’estimer flouée, être en colère ou bien prendre la chose… elle était surtout perdue à vrai dire. « Je suppose que c’est heum… un métier dangereux alors comment ça va se passer pour le bébé ou même pour moi ? Il pourrait t’arriver un truc grave ! »

« Même pas ! On ira courir dans les bois à la pleine lune et on fera plein de petits louveteaux » la taquinais-je avant de la suivre dans son rire. Cela faisait tellement du bien de se lâcher, de reprendre une vie de couple bien plus saine, bien moins tiraillée par les tensions dû aux crises de manques et aux absences. Cependant, il y avait un sujet que je ne pouvais plus taire car je lui devais la vérité par égard pour elle mais aussi par respect de notre mariage. Je ne voulais plus de secret entre nous mais ce n’était pas évident à avouer tant je craignais de la perdre. « Oui et non, j’avais bien des stages de prévus pour valider mon année. Je suis réellement étudiant en histoire de l’Art et en danse. Rien n’est mensonge dans mon cursus scolaire sauf que mon avenir ne se fera pas dans un musée mais dans un poste de police » lui expliquais-je essayant d’être le plus calme et le plus doux possible. « Il y a toujours des risques mais je suis prudent et pour l’heure, mon boulot consiste à observer et non à intervenir… Je sais que c’est difficile à croire ou même à digérer mais en dehors de ça, tout ce que nous avons vécu était sincère. Tout mon passé est vrai. Je suis simplement un flic infiltré car ils avaient besoin d’un étudiant sur place, bien intégré. Je suis rentré à Harvard à dix-huit ans et j’ai intégré la police criminelle à vingt et un avec une formation accélérée… Thais, je t’aime et je ne veux pas que ça nous sépare mais je ne pouvais plus me taire »

« Plein de petits louveteaux, carrément ? Je croyais que tu voulais qu’un petit louveteau ! » éclata-t-elle de dire rien que de les imaginer tous les deux dans une forêt. Ils ne seraient définitivement pas dans la merde… vivre à la dure, pas sûr que cela leur aille longtemps au teint ! Mais hélas cette plaisanterie ne fit pas le poids par rapport à leur autre discussion, qui faisait baliser Thaïs à raison car le métier de flic n’était pas le plus dépourvu de dangers qui soit… bien loin d’elle l’envie de l’enfermer dans un bureau, au contraire elle ne savait que trop bien à quel point cela le rendrait malheureux mais là, tout de suite, l’irlandaise avait besoin d’être rassurée et pas plus tard que maintenant. « Je te connais Caleb je sais très bien que nous deux c’est sincère ! Je ne te reproche rien je suis juste un peu… paumée ! Je ne connais rien à ton métier et tu sais que je te fais suffisamment confiance pour te confier ma vie entière mais l’inconnu m’effraie et j’ai peur qu’il t’arrive une bricole. C’est viscéral… je n’ai pas envie de m’imaginer veuve et encore moins mère célibataire, j’ai besoin de toi… est-ce que heu… tu as des urgences à gérer ou comment ça se passe au quotidien ? Tu me diras tu ne peux sûrement pas me le dire… est-ce qu’il y a un risque que tu ne sois pas là lors des échos ou de l’accouchement ? Désolée de paraître chiante mais… j’ai besoin que tu me rassures. Je veux pas te perdre Caleb... » L’idée n’était pas de le détacher de son métier, hors de question. Mais tout ça la touchait, la paniquait. Déjà qu’elle balisait pour une échographie, là, c’était beaucoup lui en demander en voulant qu’elle digère de telles informations.

« Je dois créer ma meute ! » plaisantais-je, souriant de l’entendre rire. Elle était si belle lorsque le rire la gagnait. Un rire qu’elle perdit quand je lui avouais mon plus grand secret : être flic. J’avais été approché très peu de temps après mon vingt et unième anniversaire par un homme, un capitaine d’une brigade criminelle. Apparemment, il avait assisté à bon nombre de mes compétitions d’arts martiaux et avait décelé chez moi un potentiel dont il avait besoin pour son équipe. Au départ, je l’avais regardé un peu de travers : j’étais étudiant à Harvard, je ne me voyais pas tout envoyer en l’air pour ses beaux yeux ; Mais rapidement à force d’échanges, il avait réussi à me convaincre et je m’étais engagé. Depuis, je ne le regrettais pas du moins avant aujourd’hui. Je craignais tellement de perdre Thaïs à cause de cela surtout que mes parents n’étaient toujours pas au courant. « Je suis rarement sur les opérations extérieures mais ça m’arrive de temps en temps quand il manque du monde mais on ne prend aucun risque. D’ailleurs, j’ai fait la connaissance de ton cousin à ce moment-là… C’est lui mon référent à Harvard pour cette mission » lui appris-je avant de l’embrasser tendrement « Rien ne m’empêchera d’assister à tes échos ou même à ton accouchement… Ne stresse pas pour cela, regarde jusqu’à preuve du contraire, tu n’as jamais eu à soupçonner quoique ce soit. Fais-moi confiance » la suppliais-je légèrement.

« Tu dois créer ta meute à n’importe quel prix ? » Cela faisait un plaisir indéfinissable à Thaïs d’entendre de la bouche de Caleb qu’il souhaitait une famille un peu plus nombreuse un jour. Du moins le décryptait-elle de cette façon même s’il n’était pas question d’en parler sérieusement pour le moment. Non, leur conversation tournant autour du métier réel de Caleb était suffisamment importante pour embarquer tout le reste avec elle… « Tu veux dire que Dec’ est au courant de tout ça et que vous n’avez pas trouvé trente secondes pour me mettre sur la piste ? La confiance règne, ça fait plaisir ! » Thaïs avait pourtant toute confiance en son cousin et elle savait que Caleb ne risquait rien avec lui, malgré les parents complètement tarés qu’il pouvait se taper. A croire que ce soit un gène de famille ! « Je te fais confiance Caleb… sincèrement je ne suis pas en colère du tout et je comprends pourquoi tu as dû me cacher tout ça mais… tu ne pourras pas m’empêcher d’avoir peur pour toi je crois. Je suis déjà pétrifiée à l’idée qu’il y ait un truc qui couille avec le bébé, alors… »