(+ Caleb) il ne manquait plus que ça...

« Je te suivrai jusqu’au bout du moooonde ! Même si quand on sera seul j’aurais un truc très important à te demander » s’exclama Thaïs, redevenant la blondinette complètement folle et imprévisible que Caleb avait épousé il n’y avait pas si longtemps. D’ailleurs, elle ne put être plus ravie qu’ils fassent leurs petites courses avant même que de se diriger vers le manoir d’un Nicolaï qui les accueillit de façon… étrange. En même temps personne ne pouvait le blâmer de s’inquiéter à ce point pour Caleb, bien que Thaïs soit partagée entre le fait de trouver ça mignon et… presque inquiétant. Après tout, ils avaient été amants pendant six mois… « Heum… oui j’en suis la première responsable et je crois qu’il risque d’avoir les pupilles dilatées pendant un moment mais croix de bois croix de fer si je mens je vais en enfer il ne prendra rien d’autre que de la Thaïsoïne » ironisa-t-elle avant de le saluer de façon plus sérieuse, non sans le remercier en long, en large et en travers pour son hospitalité.

« Un truc important ? C’est-à-dire ? » l’interrogeais-je aussitôt car j’étais du genre curieux de nature mais lorsque cela concernait Thaïs, la chose était multipliée par deux voire par dix tout simplement quoiqu’il en soit, notre arrivée au manoir ne passa pas une seule seconde inaperçue surtout pas avec un Nicolaï semblant être passé en mode mère poule. « Je vois… Bien.. D’accord.. Veillez simplement à ne pas l’épuiser mais je présume que votre présence induit le fait qu’il ne partagera plus mon lit. C’est regrettable mais compréhensible. Je vais vous laisser, j’ai un coup de fil à passer » lâcha-t-il en traitre avant de déguerpir alors que je le fusillais dans la foulée du regard. Ce connard venait ni plus ni moins de se venger parce que j’avais mis trois plombes à rentrer au bercail. C’était petit, c’était mesquin, c’était tellement lui. « Avant que tu t’imagines des choses, je faisais juste des cauchemars et j’avais besoin d’une présence alors j’ai pioncé dans son lit et très loin de ses bras. Je voulais juste une présence, c’est tout » marmonnais-je tandis que je vouais un certain russe de ma connaissance à la damnation éternelle.

En moins de deux, Thaïs était devenue livide. Nicolaï venait de se venger de la pire des façons mais plutôt que de punir vraiment Caleb, c’était elle qu’il punissait alors qu’elle n’avait rien fait de mal ! Pour le coup, elle ravala considérablement la question qu’elle voulait lui poser et se contenta de croiser ses bras contre son corps élancé et fin. « Non, penses-tu… je ne vais pas m’imaginer des choses alors que tu as eu une histoire de six mois avec cet homme. Puis c’est quoi cette basse vengeance bidon ?! Désolée mais dans un lit, à moins qu’il fasse quinze kilomètres, tu n’étais pas loin de ses bras » répliqua-t-elle avec froideur, sans pouvoir s’en empêcher. Mais d’un autre côté, il n’avait pas conscience de ce qu’elle avait traversé non plus, car Thaïs n’avait pas voulu s’en plaindre… elle avait ravalé cet élan d’égoïsme et dormi seule quitte à faire d’odieux cauchemars. « Moi je n’avais personne pour m’éviter des cauchemars ! » craqua-t-elle finalement.

Merci Nicolaï, franchement merci !! « Rien, j’ai peut-être oublié de le prévenir que je partais en lui empruntant son jet privé mais fallait que je te rejoigne, je tournais en rond à l’idée que tu sois blessée » lui répondis-je avant de la prendre dans mes bras pour la bercer mais aussi m’assurer qu’elle n’allait pas partir à des milliers de kilomètres de moi. « Il ne s’est rien passé entre lui et moi et mon histoire est terminée depuis longtemps. Je ne suis pas plus attiré par lui qu’il ne l’est par moi. Je t’aime toi… Je suis désolé de t’avoir laissée seule et crois-moi si j’avais pu faire autrement, je l’aurais fait depuis longtemps. S’il te plait ne m’en veux pas car fous toi de ma gueule ou pas mais je suis à deux doigts de chialer comme une gonzesse alors j’ai réellement besoin que tu me dises que pour le coup, tu es avec moi. Je t’en prie Thaïs… Ne m’en veux pas » la suppliais-je avant de tout simplement tomber à genoux devant elle, les mains jointes en une prière muette.

Thaïs demeura raidie pendant quelques secondes alors qu’il la prenait dans ses bras, peinant grandement à se détendre face à cette allusion bête et méchante qu’elle n’estimait pas avoir mérité en vérité. Il lui arrivait d’avoir des réactions connes mais à ce point là… le niveau était inatteignable. « Pourquoi tu ne m’as pas juste dit que tu avais eu besoin d’une présence pendant la nuit ? Ça m’aurait évité de l’apprendre comme ça… et puis merde, tu ne sais pas à quel point j’ai cru devenir folle sans toi, dans un appart immense, froid, silencieux à en crever ! » s’emporta-t-elle avant que sa colère ne redescende instantanément face à ses dernières paroles tandis qu’elle le sentait s’agenouiller littéralement à ses pieds, comme s’il implorait son pardon. « Caleb… » Thaïs s’agenouilla à son tour pour le serrer dans ses bras comme si sa vie en dépendait. « Oh mais si tu savais comme je ne suis rien sans toi… à quel point tu comptes pour moi… je suis avec toi plus que je ne l’ai jamais été, tu sautes, je saute Caleb. »

« Je crois savoir car je suis devenu fou sans toi. Sa présence n’est rien à côté de la tienne, tu es la seule à apaiser le feu qui couve en moi, la seule à mettre fin à cette colère, à cette rage. Ici, on la musèle mais on ne l’apaise pas et cela me ronge… Sans toi, je ne suis rien Thaïs, s’il te plait, j’ai besoin que tu me crois » la suppliais-je en la serrant fortement contre moi, le visage réfugié dans le creux de son cou tandis que des sanglots déchirants me secouaient littéralement. Je n’avais aucun contrôle sur mes nerfs, j’étais épuisé psychologiquement et le simple fait de l’avoir senti si froide, si distante de moi avait eu raison de mes dernières forces. J’étais fatigué de jouer aux gros durs, de toujours être le roc de tout le monde. J’avais besoin de craquer, j’avais besoin de me sentir entouré par son amour, j’avais tout simplement besoin d’elle. « Désolé je contrôle rien, ça me casse les couilles d’une force, tu n’imagines pas. Je crois que je suis simplement fatigué Thaïs… J’aimerai juste que ça s’arrête, que tout redevienne comme avant… »

Pour le coup, Thaïs s’en voulait d’avoir été si froide alors que Caleb avait vécu la même solitude profonde qu’elle de façon différente. Pourquoi diable était-il parti aussi loin, là où elle ne pouvait pas veiller sur ses jours et ses nuits ? « Je te crois Caleb… j’ai confiance en toi et je suis là, bien là et je ne compte pas partir tant que tu ne me mettras pas dehors à grands coups de pompes dans le cul » précisa-t-elle en renforçant son étreinte autour de lui comme pour lui faire comprendre qu’elle pouvait être son roc, prendre sa faiblesse et sa peine pour les faire siennes le temps qu’il aille mieux… même si ses pleurs lui déchiraient littéralement le cœur. « Dans le bonheur comme dans la peine, dans la santé comme dans la maladie. J’ai prononcé ces mots devant témoins et je compte bien tenir ma promesse parce que Caleb, tu es toute ma vie. Si je n’ai toujours que toi et le bébé cela me suffira. Si tu es fatigué, repose-toi sur moi. Si tu es en colère, exprime-toi et laisse-moi être ton oreille. Mais je t’en prie… reprends l’alliance qu’il y a à mon cou. Quoi qu’il advienne, quoi qu’il se passe tu es mon mari et je ne veux pas que tu te sépares de cette preuve de notre amour. »

Les paroles de Thaïs m’apaisaient et me réconfortaient. Je ne savais pas pourquoi j’étais les nerfs à vif pour une simple attitude mais le résultat était que j’étais paumé. Je ne me reconnaissais plus, l’homme qui pleurait dans les bras de sa femme, ce n’était pas moi. Je voulais redevenir l’homme que j’étais et non cette loque humaine bonne qu’à pleurer ou hurler. Je voulais tant que les choses redeviennent comme elles étaient. Oui, je voulais qu’on me rende ma vie tout simplement. « ça me fait bizarre de ne plus la porter, je dois t’avouer » murmurais-je d’une voix rauque à cause des larmes tandis que j’en effaçais rapidement les traces sur mes joues avant de récupérer mon alliance qui retrouva sa place à mon doigt. Je me relevais bien vite également pour l’aider à en faire de même, la serrant une nouvelle fois dans mes bras. « J’ai mal à la tête… Cela te dérange qu’on aille sagement s’allonger dans notre chambre ? » lui demandais-je avant de la conduire à cette dernière où nous étions à peine entré que je la soulevais dans mes bras pour aller l’allonger dans le lit. « Je te promets que je ne veux pas provoquer tes titillements mais j’ai besoin de sentir ta peau contre la mienne » en d’autres mots, je nous voulais nus l’un contre l’autre.

Thaïs aurait pu rester des heures quitte à en avoir les genoux criant au secours à force d’être contre une surface si dure mais elle s’en moquait bien, Caleb était plus important et tant qu’elle le sentait en peine, il n’était pas question que la jolie irlandaise bouge d’un pouce. « Je crois que c’est parce qu’elle doit rester à ton doigt » ajouta-t-elle non sans lui offrir un sourire des plus attendris avant de le suivre aveuglément jusqu’à la chambre qu’il occupait depuis son retour chez Nicolaï. « Guide-moi jusqu’au lit et on s’y allonge saaa.. » Thaïs fut bientôt soulevée telle une jeune mariée pour mieux être allongée directement sur le lit où la demande de Caleb lui arracha une expression de stupeur. « Tu veux que heu… on soit sans aucun vêtement, sagement l’un contre l’autre ? On peut essayer, et je vais tenter de me contrôler puis au pire j’irais prendre une douche » reprit-elle non sans éclater de rire alors qu’elle caressait délicatement sa joue pour mieux embrasser le bout de son nez.

« Tu as raison… Il vaut mieux qu’elle reste à mon doigt » soufflais-je en prenant conscience que quelque part, la présence de mon alliance m’avait manqué comme s’il me manquait quelque chose, un bout de ma femme. D’ailleurs, la pauvre n’eut pas le temps de dire quoique ce soit que je la soulevais déjà pour l’amener à notre lit avant de lui demander une faveur somme toute simpliste : sentir le contact de sa peau contre la mienne. Il n’y avait rien de tel pour m’apaiser. « Oui… Tu n’iras pas prendre de douche du moins pas sans moi… Je veux juste te tenir dans mes bras, je ne te tenterai pas le moins du monde, je serais sage comme une image mais j’ai cruellement besoin de ta peau contre la mienne » répondis-je une fois qu’elle eut déposé un baiser sur le bout de mon nez. Je l’embrassais gentiment en retour avant de l’aider à se déshabiller pour mieux en faire de même avec mon propre cas, soupirant de bien être en m’allongeant contre elle, la tête au peu au-dessus de sa poitrine, mes bras autour de sa taille. Je me sentais bien là maintenant.