« Heu… tu penses vraiment que je vais me trimballer en petite tenue devant quelqu’un comme Nicolaï ? Non mais t’as fumé un arbre chéri ! C’était de l’humour, la preuve, j’y ai pensé puisque je t’ai posé la question… » Thaïs secoua négativement la tête de droite à gauche avant de s’armer d’un maximum de vêtements tous plus corrects les uns que les autres pour ne surtout pas être qualifiée de fille de joie : merde, il ne manquerait plus que le russe dresse un portrait d’elle peu flatteur à son père et soit Samuel allait s’en amuser, soit il lui ferait la remarque… dans un cas comme dans l’autre la blondinette éprouverait probablement de la honte. « Ça va être la première fois que je me trimballe dans une grande baraque avec une armada de domestique ! S’il y a une salle avec un piano, compte sur moi pour m’enfermer dedans et me faire toute petite ! »
« Dommage, cela aurait pu valoir son pesant de cacahuète. Personnellement, je ne compte pas le nombre de fois où je me suis trimballais à poil dans son manoir pour aller faire des longueurs dans sa piscine la nuit » haussais-je les épaules non sans amusement car je conservais de très bons souvenirs de mes passages chez Nicolaï en mettant bien sûr de côté toutes les douleurs liées à ma cure de désintoxication mais tout n’était pas tout noir dans la vie ni tout blanc. Des fois, le gris faisait du bien. « Il adore la musique donc tu y trouveras ton bonheur surtout que sa femme jouait du piano. Je pense que t’entendre jouer lui fera plaisir. Pour ma part, je passe mon temps dans sa salle de danse » lui répondis-je en déposant un baiser sur sa tempe. « Et puis, je ne serais pas loin de toi, j’aime bien t’écouter jouer aussi. Tu es si douée »
« Ouais m’enfin… toi tu es un exhibitionniste amour, pas moi ! Suis pas suffisamment assurée au niveau de mon corps pour ça, j’avoue… et puis même, face à des gens que je ne connais pas, je ne le ferai jamais ! Autant me baigner nue dans un lac je le faisais à seize ans avec Fred, plus maintenant ! » avoua-t-elle non sans poursuivre son sac et en souriant tendrement à l’attention de Caleb alors qu’il venait juste d’embrasser sa tempe. « Tu voudras que je m’entraîne avec toi chéri ? Non parce que si je suis à côté, autant ne pas te laisser seul, à moins que tu ne le veuilles… mais t’en fais pas, Eventine m’a filé de nombreuses partitions qui pourraient me plaire alors j’ai clairement de quoi faire ! Regarde mon sac, je n’ai pris que des trucs ultra corrects ! Ou presque… faut pas déconner ! »
« Pourtant tu as le corps le plus désirable au monde… Remarque, cela m’arrange, j’aime l’idée d’être le seul à te voir nu » souriais-je avec malice tandis que mon regard ne pouvait s’empêcher de naviguer entre son visage et le pansement à son cou. Je n’arrêtais pas de me dire que j’allais la perdre en temps normal mais ces derniers temps, c’était de pis en pis. J’avais tellement besoin d’elle dans ma vie que la perdre, ce serait me coller une balle dans la tempe car vivre sans Thaïs, ce ne serait pas vivre. « J’ai envie que tu t’entraines avec moi, cela fait trop longtemps que nous n’avons pas dansé ensemble. Trop longtemps mais pitié, te tues pas à la tâche sinon je demande à Ev’ de ne pas te trouver ce fameux pass » plaisantais-je avant de l’attirer à moi. « Tu as pris ce petit ensemble que j’aime tant ? » lui demandais-je en déposant un fragile baiser sur ses lèvres.
« Ouais… sûr que si je me trimballais tout le temps nue, tu me ferais une belle syncope avant de massacrer la terre entière, je me trompe ? » ironisa-t-elle avant d’embrasser tendrement le bout de son nez. Autant dire qu’un sourire des plus radieux orna bientôt ses beaux traits de porcelaine alors qu’il lui proposait de s’entraîner à nouveau : rien ne pouvait lui faire davantage plaisir car à elle aussi, cela avait foutrement manqué… « Quand tu veux et aussi longtemps que tu veux petit cœur ! Mais je ne me tue pas à la tâche ça fait des jours que je n’ai pas touché mon piano ! Eventine me menace trop, il fout les j’tons… on croirait pas comme ça mais c’est un roquet ! Mais comment tu sais pour le pass ?! C’est pour ça qu’il m’a menacée avec Clara Morgane… nom d’un chien tu peux pas t’en empêcher ! » maugréa-t-elle mollement sans pour autant s’écarter. « Possible que j’en ai pris quelques uns des ensembles… puis des tailleurs aussi. »
« Disons que je finirais ma cure en prison ! » répondis-je sur le même ton avant de sourire plus franchement dès lors qu’elle eut posé un baiser sur le bout de mon nez. « Tu devrais éviter de me dire ce genre de choses, je suis capable de te faire danser jusqu’au bout de la nuit… Mais je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler avec Clara qui déjà ? » lâchais-je innocent jusqu’au bout des ongles mais Ev’ ne perdait rien pour attendre d’avoir lâché le morceau. « Ce n’est pas un roquet, c’est un Belin » ajoutais-je avant de l’attirer à nouveau dans mes bras car hors de question que je la laisse s’éloigner de quelques centimètres pour l’heure. « Possible seulement ? Est-ce que je vais devoir jouer au militaire menant à bien le plan vigie pirate ? Madame, veuillez ouvrir votre sac, c’est un contrôle de routine ! Si vous protestez, je serais dans l’obligation de passer à la fouille corporelle » décidais-je de déconner un peu pour la faire rire.
« Qu’est-ce que je disais ! » pouffa-t-elle de rire illico presto bien que Caleb n’ait strictement aucun souci à se faire : Thaïs n’était définitivement pas de ce genre là et prendrait même le pli de fermer la porte de la salle de bain avec verrou une fois chez Nicolaï. « Qui te dis que ça me fait peur ? J’te signale qu’on l’a déjà fait et je sais tenir la distance ! Mais pour info… Ev n’est pas le seul à avoir un moyen de pression sur moi alors forcément, j’ai eu l’info en deux deux ! » Thaïs entoura aussitôt le cou de Caleb de ses bras, tout sourire, secouant légèrement la tête à sa connerie pour mieux hausser les sourcils d’un air défiant. « Mais je vais forcément refuser officier… il va falloir passer à la fouille corporelle parce que je suis très indisciplinée comme criminelle ! »
« Je sais bien que cela ne te fait pas peur, tu es une véritable bourreau de travail ! Par contre, je suis curieux de connaitre ton moyen de pression concernant le petit Belin… Tu as le secret de la brillance de sa touffe ? Ou il est fan de Miley Cirus ? » plaisantais-je toujours partant pour me foutre de la gueule de mon prince de Lu… Tiens, note à moi-même, la lui ressortir la prochaine fois que je le verrais. J’entourais sa taille de mes bras, frottant le bout de mon nez contre le siens avec un sourire. J’étais bien là, dans ses bras. « Je vois ça madame ! Mains contre le mur, je dois vous fouiller… Résistez et c’est la fouille intégrale madame » rétorquais-je en prenant un ton faussement sérieux bien que je rêvais d’éclater de rire en voyant son air défiant. Cela lui faisait toujours une tête à conneries ce qui la rendait d’autant plus craquante. Pour l’heure, j’avais surtout des idées peu avouables en tête dommage que je n’ai pas l’uniforme…
« Mouais pas dit que je sois pire que toi amour, tu es un acharné ! La preuve, je ne t’ai pas vu pendant des jours pendant tes révisions, j’étais admirative de ton côté rat de bibliothèque ! Je te rassure tu n’en n’étais pas moins sexy sans quoi je n’aurais pas fait une telle mission commando qui s’est soldée par un mariage… ceci dit il va vraiment falloir que tu me tortures pour trouver le moyen de pression dont je parle : c’est classé secret défense ! » Pour sûr, elle avait envie de garder l’avantage, en prime. Ça devenait un jeu entre eux : Eventine faisait pression pour qu’elle lève le pied à cause du bébé, et elle le faisait pour qu’il soulage son cœur malade. On appelait un échange de bons procédés, exactement comme entre Thaïs et Caleb à ce moment précis, ou peut s’en faut. « Je suis vraiment vilaine, je n’entends rien de ce que vous dites ! »
« Te torturer ? Tu n’as pas assez souffert de mon absence ? Faut-il que je m’éloigne à nouveau pour te torturer ? » plaisantais-je faiblement car je n’avais pas l’intention de m’éloigner d’elle, comment le pourrais-je ? Elle m’était aussi vitale que l’air que je respirais. « Je vois ça madame, ce n’est pas bien de faire de l’obstruction… Je vais devoir sévir ! » repris-je notre petit jeu en la postant main contre le mur, glissant une jambe entre ses jambes pour les lui écarter, commençant à la fouiller plus sensuellement qu’autre chose. « Avez-vous des choses à déclarer madame sinon je vais devoir vous déshabiller et faire preuve d’énormément de zèle. On ne plaisante pas avec la sécurité intérieure » continuais-je sur le même ton faussement sérieux tandis qu’il me fallait tout mon contrôle pour ne pas éclater de rire. Autant dire que je mordis ma joue avec acharnement afin de ne pas gâcher ce petit moment qui n’appartenait qu’à nous.