(+ Caleb) il ne manquait plus que ça...

« Crois-moi j’aurais limite préféré que tu ne sois pas au courant, que je sorte de là et que j’en plaisante au téléphone histoire de dédramatiser la chose… » avoua-t-elle car Thaïs avait ô combien conscience que c’était la dernière chose dont ils avaient besoin, l’un comme l’autre. Le côté mère poule d’Anna ne risquait pas de s’arranger non plus après ça mais prions pour qu’elle ne soit pas encore au courant. « Je sais bien que la souffrance fait partie du processus de guérison mais ça me tue quand même que tu aies mal… et ne t’inquiètes pas, je vais devenir folle si je reste ici toute seule alors je crois que c’est plus sage que je vienne. Elle m’a expliqué comment marchait Skype donc je pourrais toujours l’appeler et lui donner mes constantes. Je me suis acheté un tensiomètre exprès… hey, je suis une femme organisée, faut pas croire ! Si tu pensais te débarrasser de moi facilement Caleb Weyss, tu te plantes dans les grandes largeurs ! »

« Comme si j’avais envie de me débarrasser de moi ! Je crois que là, c’est toi qui rêve en couleur » rétorquais-je avant de l’embrasser passionnément. « Fais-moi penser un jour de te faire porter le tensiomètre et de t’embrasser. Je serais curieux de connaitre l’effet que j’ai sur toi » rigolais-je avant de me lever du lit pour mieux emballer quelques affaires et me rhabiller. « Je vais appeler le pilote pendant que tu finis de te préparer et après nous filerons à l’aéroport. Vue l’heure qu’il sera quand on atterrira, on pourra toujours se faire un restaurant mais je ne dois pas rester trop longtemps loin du manoir sinon Nico me fera subir toute une batterie de test pour être certain que je suis clean » marmonnais-je. Le russe prenait un peu trop à cœur ma cure mais en même temps, je ne pouvais pas lui en vouloir tout comme sûrement n’avouerais-je jamais à Thais que j’avais passé en tout bien tout honneur deux nuits dans son lit car incapable de m’endormir sans une présence à cause des cauchemars récurrents qui revenaient à la surface. J’avais trop honte de me sentir comme un gosse apeuré ! « Prête madame Weyss ? Au fait, il serait peut-être temps qu’on fixe une date pour la cérémonie non ? »

Thaïs lui tira la langue aussitôt car elle n’avait aucune intention de se débarrasser de lui, pas même dans ses pires cauchemars, il en était littéralement hors de question. « L’effet que tu as sur moi ? Hey, et si c’était mon petit secret, hum ? Ceci dit pour le restaurant, peut-être que nous pourrons le faire plus tard je n’ai pas envie que Nicolaï te fasse subir toute une batterie de tests… » avoua-t-elle non sans se lever docilement pour autant, s’habillant en quatrième vitesse avec un ensemble ravissant, finissant son petit sac de voyage au passage en mettant discrètement le coincoin vibrant à l’intérieur. « Mais moi je n’attends que toi pour la fixer… ceci dit peut-être vaudrait-il mieux attendre que tu sois bien, non ? Je veux que tu puisses profiter… oh et question pratique : je ne vais pas devoir… faire chambre à part au moins ? »

« Cachotière… Si tu veux, je pourrais le porter à mon tour pour que tu puisses connaitre l’effet que tu as sur moi »[/color][/b] répondis-je non sans lui mettre une petite main aux fesses au passage. Trop tentant pour y résister. Je passais après coups plusieurs coups de fil : compagnie de taxis, pilote, Nicolaï mais aussi Ev et Aidan pour donner des nouvelles sans trop m’appesantir. Pour tout le monde, j’étais parti en une sorte de stage à New York car je n’avais pas voulu que cela s’ébruite même auprès de mes meilleurs amis. Chacun à le droit à son jardin secret après tout. J’éclatais néanmoins de rire quand Thaïs me demanda si nous devions faire chambre à part. Je l’attirais donc à moi pour l’embrasser tendrement. « Non, tu dormiras nulle part ailleurs quand dans mes bras. Tu sais, tu n’as pas à t’en faire, tu ne verras pas souvent Nico alors inutile de te tracasser. Fais comme si tu étais à la maison sauf que c’est plus grand…Pour la cérémonie, je n’ai pas envie de la repousser éternellement car ils vont finir par se poser des questions. On pourrait la faire le 14 février ? Date symbolique tu ne trouves pas ? » proposais-je.

« Tu sais que j’adore te cacher des choses : tu fais un excellent explorateur pour les découvrir… » répondit-elle non sans lui lancer un petit clin d’œil pour mieux sursauter à sa main aux fesses. Diantre, il ne pouvait vraiment pas s’en empêcher ! Mais il faut croire que cela lui donna des ailes car en moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, Thaïs était fin prête à décoller, sans jeu de mots laids pour faire rire les gens bêtes. « Tu me rassures ! Non parce que vu comme j’imagine que c’est grand, je me serais paumée dix mille fois avant d’avoir pu atteindre ta chambre en catimini… tu veux te marier le quatorze février ?! Rien ne me plairait davantage, j’adore les symboles et ça pourrait presque faire un peu… renaissance, tu sais comme le printemps ! Mais c’est dans moins d’un mois, tu penses que tu tiendras quand même ? Je me fiche de ce que pensent les autres… ils peuvent bien jaser j’en ai rien à secouer ce qui importe c’est toi, ta santé ! »

« C’est peut-être une vocation chez moi ! Caleb Weyss grand explorateur ! Tiens, ça me fait penser à cet animateur qui se met en danger chaque semaine pour apprendre aux gens à survivre en milieu hostile. Man vs Wild, en ce moment, je n’arrête pas de la regarder quand je ne danse pas. Je crois que je me suis tapé les sept saisons en quelques jours » répliquais-je avec un léger haussement des sourcils comme si, comme un gamin, je m’inventais des métiers toutes les cinq secondes. Je lui proposais par la suite de se marier le 14 février, le jour des amoureux. Certes, ça faisait cliché mais comme le disait si bien Thaïs, ça faisait comme une renaissance et j’aimais le principe. « Cela devrait aller quitte à durcir un peu le sevrage ce qui est possible car pour le moment, j’y vais lentement dans les étapes » répondis-je tandis que je regardais ma montre. Le taxi serait là dans une dizaine de minutes. « Et toi, ça va aller pour la robe etc ? D’ailleurs, tu comptes inviter qui ? Comme on a qu’un mois, autant qu’on sache à qui envoyer les fair-parts»

« M’est avis qu’il n’est peut-être pas trop tard pour changer de vocation chéri ! » s’amusa-t-elle en secouant négativement la tête, tout en déposant son sac dans le salon en sifflotant légèrement. « Justement, peut-être que ce serait mieux que tu ne forces pas Caleb… je m’inquiète pour toi, si tu durcis, tu vas encore plus souffrir ! On aura tout le temps de se marier le jour du printemps ou même plus tard si ce n’est pas le jour de la fête des amoureux… » reprit-elle, non sans s’approcher pour caresser délicatement sa joue, le visage mortellement sérieux. Caleb ne l’écouterait sûrement pas, tête de mule qu’il était mais avant toute chose désireux de lui faire plaisir bien au-delà des mots. « Au pire je la ferais retoucher vu que j’aurais probablement pris de l’ampleur d’ici là… sinon, de mon côté je voudrais inviter au moins mon père, Anna, Sio et Maë, possible que j’invite aussi Isaline et Olyvia mais il faut qu’elles soient disponibles. »

« Je sais que tu t’inquiètes mais ça va aller. Je n’ai pas envie de mettre un an à m’en remettre. Je peux encaisser beaucoup de chose chaton et tu peux me croire quand je dis que je peux durcir le traitement… J’ai envie de me marier avec toi une seconde fois, on a vécu trop de choses pour repousser ce mariage, j’en ai besoin comme j’ai besoin de toi » répliquais-je non sans poser une main sur la sienne se trouvant sur ma joue. Tout irait bien tant qu’elle serait à mes côtés. J’avais pensé que l’éloigner serait le mieux pour elle, pour moi, le temps que je me soigne mais la vérité était qu’elle était ma force. J’avais besoin d’elle près de moi pour aller mieux. Lorsqu’elle n’était pas là, mon monde perdait ses couleurs, sa saveur, sa vie. « Je pense qu’elles seront disponibles enfin j’espère. Isaline est pas mal occupée en ce moment » répondis-je au sujet de celle que je considérais comme ma petite sœur. « Au fait, oublie pas ton témoin » plaisantais-je mollement.

« Je crois que tu ne pourras pas m’empêcher de me faire du mouron pour toi tout comme tu t’en fais sans arrêt pour moi, même si bon… maintenant je vais être plus proche donc je pourrais te soutenir autant que je le peux. Moi aussi je meurs d’envie de me remarier avec toi et de le faire en prime devant témoins avec une magnifique cérémonie à la clef. Si tu me dis que tu es prêt alors je ne m’y opposerais pas, évidemment » avoua-t-elle non sans l’embrasser tendrement pour lui faire comprendre que Thaïs ne comptait pas lui faire la guerre ou jouer les donneuses de leçon, juste se faire une place minuscule à ses côtés pour veiller sur lui à sa manière. Elle savait même par avance à quel point elle ne ferait pas de bruit… « Je n’oublie pas mon témoin, je voulais juste t’en parler disons quand nous feront effectivement la liste. Tu serais choqué si je demandais à Alec ? Par contre pour Isa, je l’ai vue récemment, figure-toi qu’elle veut demander à Karl Lagerfeld de me dessiner ma robe de mariage… ce sera son cadeau, a-t-elle dit. »

« Je serais prêt » lui assurais-je même si je présumais peut-être de mes forces et de ma volonté mais hors de question de repousser davantage la cérémonie car je savais que si je ne me fixais pas des objectifs, j’abandonnerai tout simplement la partie. J’avais toujours besoin d’avoir un but sans quoi, tout perdait de son intérêt, devenait fade. Or, si je lâchais trop la bride de ma désintoxication, je savais que je finirais par m’en foutre et il en était hors de question. La discussion se poursuivit sur le choix de son témoin et je poussais un soupire à la fois de fatalité et d’agacement. Elle connaissait mon sentiment sur la question, je ne voyais pas pourquoi elle me posait la question. « Si ça te fait plaisir, je n’ai pas mon mot à dire ! C’est ton témoin mais ne t’attend pas à ce que je lui tombe dans les bras, je resterai cordiale mais faudra pas m’en demander plus » marmonnais-je car l’idée que ce soit un ex qui soit son témoin me chatouillait mais si ça lui faisait plaisir, qu’elle le fasse. Pour ma part, je ferais avec comme dirait l’autre. « Isa te gâte en tous les cas ! C’est un beau cadeau » retrouvais-je un peu le sourire car parler de ma petite sœur de cœur avait toujours eu cet effet sur moi.