(+ Caleb) il ne manquait plus que ça...

Il n’empêche que Thaïs risquait fort de s’inquiéter bien au-delà des mots mais il s’agissait là d’un état relativement naturel chez elle et puis Caleb connaissait mieux son corps après tout. Qui était-elle pour lui donner des leçons, alors que pendant des années elle avait elle-même brûlé la chandelle par les deux bouts ? « Je t’encouragerai du mieux que je peux » avoua-t-elle non sans s’emparer aussitôt de sa main avec une extrême tendresse, sentant bien que le choix de son témoin de le ravissait pas mais d’un autre côté, Alec la connaissait par cœur, et ils étaient sans arrêt sur la même longueur d’ondes, donc hors de question que de l’évincer… « Si tu es cordial j’en saute déjà au plafond devant l’effort mon ange ! Ceci dit il y aura Sio pas loin, tu ne verras pas tout le temps Alec je te rassure. Ceci dit pour en revenir à Isa j’ai bien essayé de lui proposer de payer la robe mais elle m’a à moitié envoyée sur les roses… gentiment bien sûr, elle tient à ce que ce soit un cadeau. Ta femme en robe Chanel, tu aurais pu tomber sur pire comme image non ? »

« Je sais… Tu es la meilleure des épouses, je l’ai toujours dit et pensé » murmurais-je en portant sa main à mes lèvres avant que le sujet de son témoin n’arrive sur le tapis. Je n’étais pas jouasse mais je n’allais pas le lui interdire non plus. Non, je n’avais plus qu’à prendre mon mal en patience et serrer les mâchoires en retenant mon envie de lui fracasser la gueule à cet Alec de malheur. « Tant qu’il se tient loin de moi, je pense que je survivrais et puis, il y aura poto et poto bis alors je serais occupé. Pour ma part, c’est Aidan qui sera mon témoin comme tu t’en doutes et sinon j’aimerai que ma cousine et mes meilleures amies soient présentes si elles le peuvent » lui répondis-je avec un léger sourire avant de réfléchir quelques instants sur ces derniers propos. « Etant donné que je n’ai aucune idée de la gueule d’une robe de chez Chanel, je vais dire que tu seras magnifique quoique tu portes. Je ne suis pas très porté sur la mode alors qu’elle soit de Chanel ou du marché aux puces du coin, ça ne change pas grand-chose pour moi. La seule chose que je sais, c’est que TOI, tu seras magnifique ! »

Face au compliment de Caleb, Thaïs se mit à rougir violemment, toujours surprise lorsqu’il énonçait de tels mots. « Je suis parfaite parce que tu es parfait ! » s’amusa-t-elle avant de s’indigner mollement à ses paroles suivantes, éclatant cependant de rire avant même que d’avoir répliqué, ce qui cassait légèrement la manœuvre. « Hey, j’espère que tu auras deux minutes pour ta femme monsieur je suis débordé ! Ceci dit pour la robe… vu que tu me l’enlèverais pour une deuxième nuit de noces disons indescriptible pour les non-initiés… tant que je suis belle à tes yeux ça me va » reprit-elle non sans l’embrasser passionnément, juste avant que le taxi ne se manifeste et ne les conduise à l’aéroport, où le jet de Nicolaï les avait effectivement attendus. Chose à savoir sur Thaïs : elle avait une peur bleue des avions. La fois dernière, elle avait pu faire impression parce qu’elle avait pris de l’homéopathie plusieurs jours avant, mais là… dès qu’on lui proposa des cacahuètes elle se jeta dessus et lorsqu’il fallut attacher sa ceinture, ses mains tremblaient tellement que c’était mission impossible. « Saloperie ! » grogna-t-elle.

« Je n’ai rien de parfait surtout en ce moment, tu ne crois pas ? » plaisantais-je vaguement car même si j’avais toujours eu une certaine tendance au narcissisme d’un point de vue physique, j’étais bien trop exigeant avec ma personne pour me juger parfait. Non, Thaïs me rendait meilleur, c’était tout ce que je pouvais dire là-dessus mais cela ne m’empêcha pas de la trouver parfaite pour l’homme imparfait que j’étais. « Ma foi, je pourrais essayer de me libérer pour t’accorder quelques minutes d’attention le jour de notre mariage… Genre le temps de te dire oui, d’échanger nos vœux et tout le tointoin… Je suis magnanime avec toi hein ? » rigolais-je avec elle avant de l’embrasser tendrement. « Tu n’es pas belle à mes yeux, tu es magnifique ! » lui dis-je néanmoins pour être sûr et certain qu’elle comprenne à quel point, je l’admirais. Sur ces mots, nous terminâmes les préparatifs avant de nous rendre à l’aéroport où j’eu une surprise de taille : la phobie de l’avion de Thaïs. Je ne l’avais pas remarqué la dernière fois que nous étions allés à Vegas. « Tout va bien princesse ? » lui demandais-je en posant ma main sur la sienne.

« Que quelques minutes ?! Si tu me délaisses je te dirai pas oui, NA ! » répliqua-t-elle aussitôt en lui tirant soigneusement la langue, Thaïs goûtant bien évidemment à l’humour non sans lui faire comprendre qu’il avait plutôt intérêt à n’avoir d’yeux que pour elle pendant cette cérémonie en leur honneur à tous les deux. Certes, ils étaient déjà mariés d’un point de vue légal et la blondinette ne s’était jamais autant considérée comme sa femme mais là, il y aurait toute la symbolique en prime… et elle souhaitait plus que tout que cette cérémonie soit le plus beau jour de leurs vies. « Bien n’est pas forcément le terme que j’emploierais » fit-elle d’une voix murmurante, frappée par sa respiration devenue haletante. Thaïs n’aimait pas l’avion, et cela avait toujours été, bien que le compliment précédent de Caleb ne soit pas pour autant tombé dans l’oreille d’une sourde. « Redis-moi que je suis magnifique ça devrait m’aider… mais BORDEL j’arrive pas à attacher cette connerie ! » couina-t-elle finalement en soupirant.

« Comment ça, tu oserais me dire non à notre mariage ? Tu es au courant que tu m’as déjà dit oui ? » m’offusquais-je relativement faussement car je savais bien qu’elle ne me dirait jamais non –enfin je l’espérais de tout mon cœur ; « De tout de manière, pour te délaisser, faudrait-il encore que tu arrives à me dégager de toi… Je te conseille de prévoir le pied de biche princesse » plaisantais-je avant de froncer les sourcils en m’apercevant de sa pâleur. Elle n’avait quand même pas peur en avion ? Je m’en serais rendu compte quand même que ce soit durant notre aller-retour à Vegas ou en Allemagne. Thaïs cachait bien son jeu finalement songeais-je un peu dubitatif avant de secouer la tête de droite à gauche. « Ce n’est pas en t’énervant dessus que tu arriveras à la boucler ta ceinture » commençais-je doucement avant de voler à son secours en l’attachant. « Essaie de respirer calmement… Pourquoi tu ne m’as jamais parlé de ta phobie en avion ? » lui demandais-je avec curiosité tandis que j’espérais qu’en la faisant parler, cela lui changerait les idées durant le décollage.

« Si tu me délaisses tu sais ce que tu risques ! » haussa-t-elle aussitôt les épaules d’un air défiant et pour le coup, il valait mieux le prendre au sérieux car le pire, c’est que Thaïs en serait capable… juste pour l’expérience avant de rassurer potentiellement l’assemblée et Caleb en disant oui. « Un pied de biche, carrément ? Va falloir me prouver tout ça hein, parce que tu m’as pas trop collé dernièrement et ce n’est pas du boulot de mari, ça ! » ironisa-t-elle bien que Thaïs ait réellement souffert de son absence. Elle le mettait en lumière de façon humoristique pour ne pas le blesser, mais n’avait qu’une hâte : qu’ils se retrouvent seuls dans une chambre pour qu’elle ne puisse plus quitter ses bras. « Merci de m’avoir attachée… et heu ce n’est pas le genre de trucs dont je me vante ! Je suis une phobique incontrôlable que veux-tu… d’habitude je prends de l’homéopathie en prévision, largement d’avance mais là j’ai pas vraiment eu le temps ! Est-ce qu’il y a des cacahuètes dans le coin ? Que je m’occupe la bouche ça m’évitera de me coincer les ongles à force de les enfoncer dans les accoudoirs ! »

"On t'a jamais dit que le chantage, c'était pas beau dans la bouche d'une femme ?!" râlais-je car si elle me faisait le coup de me dire non devant tout le monde, elle pouvait être assurée que son mariage, elle le finirait toute seule car j'avais un caractère un peu trop merdique pour supporter ce genre de connerie -surtout dans l'état actuel des choses. En même temps, elle ne craignait pas grand-chose car je ne comptais pas la lâcher même si pour cela fallait me farcir son témoin que je rêvais d'encastrer dans le mur. "C'est difficile de te coller trésor quand je suis à des milliers de kilomètres de toi" la taquinais-je en déposant un baiser sur sa tempe même si je comprenais que c'était sa façon à elle de me dire que je lui avais manqué. Elle m'avait atrocement manqué elle aussi mais j'étais beaucoup moins démonstratif qu'elle. Toutefois, j'avais d'autres chats à fouetter présentement que de savoir qui avait le plus manqué à l'autre. Non, j'avais une phobique compulsive à rassurer. "T'occuper la bouche hein?! Viens mon petit écureuil, je vais jouer le rôle de la cacahuète" rigolais-je avant de poser une main sur sa joue pour lui faire tourner le visage dans ma direction avant de l'embrasser passionnément tandis que l'avion commençait à initier le décollage. Un baiser, c'était quand même mieux qu'une poignée de cacahuète quand même?! En plus, j'étais moins nocif pour la santé !

« En même temps le jour où j’arriverais vraiment à te faire du chantage jusqu’au bout… » se lamenta-t-elle presque non sans lui sourire au passage pour bien lui faire comprendre qu’il en faisait bien plus qu’elle n’en ferait jamais. Et pour cause, un seul geste de lui et Thaïs fondait littéralement comme un bonbon sucré au soleil. « Mais ce sera plus facilement maintenant qu’on va partager la même chambre et même pouvoir s’entraîner un brin à la danse, j’ai l’impression d’être… pas douée et rouillée ! » Oh Thaïs s’était entraînée, voire même bien au-delà des mots quitte à se faire engueuler par Anna parce qu’elle ne se reposait pas mais ça, c’était une histoire à taire pour les oreilles de Caleb. Il valait bien mieux… « Ton petit écureuil… ? » Sur le moment, Thaïs n’avait pas compris l’allusion mais si elle fut particulièrement tendue au début du baiser puisque l’appareil décollait, elle se détendit légèrement une fois qu’il fut en vol, non sans rendre son baiser à Caleb. « Va falloir que tu me lâches pas parce que j’ai follement envie de m’enfermer dans un endroit fermé là ! »

« Tu m’excuseras si je n’en pleure pas ? Non parce que je suis loin d’être masochiste donc que tu n’arrives pas à me faire du chantage jusqu’au bout m’arrange pleinement » plaisantais-je en retour avant de tout simplement secouer la tête. Thaïs, ne plus être douée ? Les poules auront des dents avant que ce jour funeste n’arrive. « Ne t’inquiète pas, je suis sûr que tu n’es pas rouillée mais j’ai vraiment hâte de danser à nouveau avec toi. Tu sais, j’ai consulté beaucoup de spécialistes pour mon genou ces derniers temps et il se pourrait qu’il y ait une opération à tenter pour que mes soucis s’arrêtent mais je risque de ne plus pouvoir danser avant un moment » lui confiais-je. L’opération en elle-même me tentait beaucoup car j’en avais assez de souffrir de cette vieille blessure mais de l’autre, ne plus danser pendant quelques mois, c’était un peu dur à digérer. L’embrasser pour lui changer les idées fut une alternative très agréable pour ne plus y penser et j’eu un petit rire amusé. « Tu veux peut-être que je te fasse l’amour dans les toilettes pendant qu’on y est ? Ce n’est vraiment pas confortable ! » la taquinais-je avant de glisser un bras derrière ses épaules. « Reste là et tout se passera bien ! »