Sio&Thaïs + it's because we love you, Fred...

Pour l’heure, Thaïs était restée étonnement silencieuse mais cela ne voulait pas dire qu’elle ne suivait pas l’intégralité de la situation en prêtant attention au moindre bruit environnant. L’émotion monta crescendo mais ce fut pire à l’évocation de cette fameuse écharpe, que Fred lui mettait toujours autour du cou et que dans un réflexe, elle prit pour l’enfiler. Ses yeux étaient désormais brillants, à deux doigts d’éclater en sanglots. « Est-ce que vous pouvez nous la lire s’il vous plaît ? » demanda-t-elle subitement avant que le père de Fred ne s’exécute. « Mes jolies miss, je sais que c’est un peu merdique que d’écrire ce genre de mots mais puisqu’on est trois casse cou qui adorons le danger, c’est logique qu’à un moment donné l’un de nous trois casse sa pipe. J’espère écrire cette lettre pour rien, vraiment… mais si un jour je venais à disparaître, j’espère que vous vous souviendrez avant tout de ce que l’on a vécu, de notre amitié plus forte que tout et pas d’un moment à la con dans un putain de cimetière. Vous êtes mes amies, mes sœurs, mes petites femmes casse couille et je vous changerais pour rien au monde… mais si je pars le premier, alors gardez-moi une p’tite place dans vos cœurs, promis, j’y resterai sans faire de bruit. Votre Fred au catogan. »

L’émotion me venait encore et les yeux embrouillés avec les larmes qui voulaient sortir. Je me retenais, et je notais tout pour justement ne rien oublier. Je voyais donc le père mettre la lettre dans le carton, et je le remerçiais : « Merci pour votre aide monsieur. » Le carnet de croquis, les photos, ses petites affaires tel que son chapeau, ou sa paire de gants, il avait toujours eu du style. Je passais ma main dans le dos de Thaïs, et remettant le carnet dans le carton, je voyais donc son chapeau melon. Il était noir et il avait un ruban dessus pour qu’il soit dans le ton. Souriant en me souvenant qu’il avait deux heures à choisir cette couleur. Je sentais bien que ma sœur ne disait rien d’autres. Je regardais donc le carton et je voyais un père soulagé d’avoir fait la dernière chose que son fils avait demandé. Je lui disais aussi : « Le carton on va le prendre. Encore merci pour tout monsieur. » Le pendentif de Fred me faisait les yeux doux, et je disais à Thaïs. « Te souviens-tu de son pendentif ? Il faudra ne refaire un autre exemplaire, qu’en penses-tu ? »

Thaïs avait la voix prisonnière de sa gorge, sachant pertinemment que si elle parlait maintenant, elle serait bien incapable de se retenir de pleurer. Elle hocha donc vivement la tête pour remercier le père de Fred, suivant par la suite Sio en s’accrochant peut-être un peu trop fortement à son bras tant elle était troublée, touchée, toute en retenue afin de ne pas s’effondrer définitivement. Merde, leur pote avait même prévu la lettre, chose que ni Thaïs ni Sio n’avaient dû faire de leur côté ! « Si je m’en souviens ? Aussi facilement que son écharpe ! Tu veux que l’on passe chez un bijoutier en ville ? » proposa-t-elle pour s’occuper l’esprit avec autre chose que cette foutue lettre lui ayant retourné le cerveau. « Tes parents ont une photocopieuse ? Je voudrais garder un exemplaire de la lettre, aussi, si ça ne te dérange pas… »

Sortant donc de ce lieu avec un père soulagé, je tenais le carton pendant que Thaïs s’accroché à moi. Je lui répondais : « Oui, il peut nous faire cela en une journée, c’est un bisou facile. On lui dépose et on repasse demain. Pour l’adresse, il faut voir sur l’annuaire. » Arrivant à la voiture, je lui disais : « Tu es sur le trottoir, je vais mettre le carton dans le coffre et prendre le bisou. » Je le faisais et tout en lui mettant le bijou, dans les mains, je lui disais : « Et bien….C’était très émouvant…. » L’aidant à monter, je lui répondais : « Oui, on en fera une copie pas de soucis. Tu en veux une du carnet aussi ? » Autant le faire comme il le fallait. C’est-à-dire convenablement ! Je montais aussi et allumant le téléphone, je cherchais donc un bijoutier.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Thaïs était retournée et risquait de mettre plusieurs semaines avant de s’en remettre… mais ce n’était pas plus mal. Elle avait appris beaucoup de choses, de même que Sio, sur son ami d’enfance et il s’agissait typiquement du genre de souvenirs qui ne la quittait jamais et qui lui permettait de dire qu’il y avait quelque chose à sauver dans ce bas monde. « Va pour le bijoutier ! » s’exclama-t-elle subitement, tentant de passer outre son émotion. « Bordel j’y crois pas qu’il ait pensé à écrire une lettre « au cas où »… mais c’est quoi cette histoire de carnet ? Il y en a un ? »

Je suivais donc mon amie par la parole et je lui répondais : « Oui, on va y aller, et comme ça on pourra aussi voir si on veut en faire un pareil. » Mais bon, je voulais donc aussi en faire un avec elle parce que je ne tenais pas à ce qu’elle le perde. J’en ferais faire donc un troisième en plus au cas où. Je continuais : « Je vais en faire un autre, comme ça si on le perds, on pourra en refaire.» Je conduisais et je reprenais : « Oui c’est un carnet, où il mettait ses photos de nous trois et des dessins qu’il faisait lorsqu’on partait en sortie tous les trois. » J’avais dis cela comme ça et je tenais aussi à ce que Thaïs en ai un aussi pour elle.

« Je crois que j’ai définitivement eu le pif en mettant de l’argent de côté, comme ça on pourrait se permettre d’avoir une copie ressemblante ! » reprit aussitôt Thaïs, bien décidée à ne pas avoir juste quelque chose au rabais. Elle voulait avoir l’impression que le pendentif était exactement le même et pas juste une copie. « Putain il tenait un carnet aussi ? Ça me fait penser que j’ai toujours la photo qu’on avait de Fred et moi dans le journal, tu sais, quand on avait gagné une course de moto ! Tu as été notre meilleur supporter ce jour là… tu t’étais cassé la jambe ça me déglingue qu’on ait pas pu concourir tous les trois ! »

« Oui, tu as bien fait..C’est une bonne idée, on va pouvoir avoir tous le même, cela va être bien. » Je ne réalisais pas de suite qu’il fallait que je trouve de quoi faire par la suite. Je sentais bien que cette journée serait pour moi aussi sensible que possible. Je répondais à ma sœur : « Oui, avec une jambe dans le plâtre. J’avoue que mes parents avaient largement eu le temps de me gronder….Et dire que j’étais quand même sous les soins…Dans les gradins quel pied ! » C’était effectivement une bonne journée, j’avais aimé tout ce que j’avais vu et entendu ce jour-là. Je souriais tout en conduisant et suivant les instructions du GPS, j’essayais donc de comprendre un peu plus le truc, et tout en regardant autour de moi, je disais : « C’est quoi ce truc, il nous dit de tourner à droite, et on peut pas, il y a un sens interdit. »

« Tu peux compter sur moi pour le porter tout le temps même la nuit ! » reprit-elle aussitôt, ayant même hâte de passer par ce fameux bijoutier et d’avoir bientôt entre les mains le fameux exemplaire du pendentif de Fred. Ce couillon les accompagnerait partout, de cette manière. « T’avais la jambe dans le plâtre mais on t’entendait bien des gradins, et t’étais aux premières loges, c’était le principal ! Bah, qui sait, un jour peut-être qu’on pourrait retenter le truc, même si sans Fred ce ne sera évidemment pas pareil… comment ça il te dit de tourner et c’est un sens interdit ? C’est quoi la rue ? Essaye tout droit sinon, il va finir par recalculer… »

« Cool, je sens que je vais en faire autant. » Je me souvenais donc de l’ambiance et des sons, il fallait bien l’avouer que pour l’instant, je lui disais : « J’avais mis un fait un sacré bouquant, et j’avais bien rit. Je me souviens aussi que tout s’était passé bien. La course et je ne t’explique pas la tête des gens lorsque je criais ou autre….C’était drôle….» Je souriais et donc, tout en sachant ce qu’il fallait donc lui dire, je répondais : « Oui, c’est la rue Desmond, je ne sais pas trop ce qu’il nous fabrique. » Je voulais juste que tout se passe bien. Et donc, tout en avançant un peu dans la rue suivante, je voulais donc aussi trouver un chemin plus adéquat.