Sio&Thaïs + it's because we love you, Fred...

Thaïs cacha son rire avec un brio qu’il était difficile de lui retirer mais ce qui fut plus dur en revanche, ce fut de ne pas applaudir le génie de Sio en plein magasin ! « Tu sais que tu es l’incarnation de la fille d’Einstein ? Franchement j’y aurais pas pensé… bon en même temps je ne vois pas en quoi ça gêne que je tripote les fleurs, ça va on casse rien et je regarde pas sous les jupons des fleurs elle va pas me chier un cake cette raclure de bidet ! » s’exclama-t-elle en murmurant à l’oreille de Sio pour qu’elle soit, à nouveau, la seule à pouvoir l’entendre. « Oh tu attendras moins que le dîner, dès qu’on rentre je te le donne ! Je ne pensais pas que tu avais le tien sur toi… bon, mission pivoines : quelles couleurs ? Sa préférée, c’était le rouge donc rouge en prio ! »

« Non, je sais juste qu’il y aura toujours des idiots qui cassent les pieds des gens. » Je savais que je ne tenais pas à ce que les gens se moquent d’elle et il fallait donc que pour la suit des choses je fasse un peu plus attention à elle. « Oui, mais bon, je ne veux pas finir au poste de police. Je pensais juste qu’en disant un peu son comportement dans le magasin que cela serait donc plus drôle. » On parlait à voix basse et donc, il était bien mieux pour nous que la commerçante n’entende rien. Ainsi, pour nous, il était bien mieux que l’on continue de discuter comme ça. « Bah, je voulais que tu essayes en ville pour me dire ce que tu pensais de tout cela. Les rouges, d’accord, oui, combien ? Il faut toujours un nombre impair, je crois, non ? Je te laisse choisir les couleurs. » Tout en regardant la fleuriste, je faisais quand même attention à ce qu’elle n’oublie pas notre présence. Je patientais le temps qu’elle me donne sa réponse.

« J’avoue cette nénette, elle a clairement pas inventé le fil à couper l’eau chaude ! » s’exclama-t-elle tout en pouffant par la même occasion, prouvant à quel point elle adorait se moquer des gens qu’elle trouvait cons comme leurs pieds. Elle était aussi tolérante qu’intransigeante, parfois. « T’en fais pas je sais me tenir. Je vais me fier à ton avis sans toucher, d’accord ? » Thaïs se mit à réfléchir vite et bien non sans hocher positivement la tête pour lui faire comprendre qu’effectivement, il fallait à tout prix un nombre impair. Vieille superstition parait-il… « Alors si je choisis les couleurs, tu me dis si elles y sont toutes surtout : rouges, on va en mettre une bonne majorité, et après blanches, jaunes et si possible une troisième s’il y en a une. Après j’pense qu’on peut choisir le nombre qu’on en prend et payer… »

« Oui, elle n’a pas vraiment eu les bonnes manières. » J’avais dis cela comme ça et il fallait donc que je réfléchisse à comment continuer par la suite. Je lui répondais : « D’accord, par contre au jardin, tu pourras le faire sans problème comme ça tu pourras t’y balader facilement. » Je l’écoutais me dire pour le nombre des couleurs, et je disais : « Donc, trois rouges, trois blanches, trois oranges, trois jaunes et une rouge en plus. Comme çà on a un chiffre impair. A moins que tu ne veuilles pas en mettre autant ? » J’avais demandé cela comme ça et je ne savais pas vraiment comment est-ce qu’il fallait que je continue le truc. Tout en essayant de ne pas m’énerver, je voyais la fleuriste allait vers un autre client. Puis, finalement, je préférais comme ça elle pourrait aller voir ailleurs. De toute façon, elle n’avait pas l’air bien commerçante.

« Les bonnes manières sont une raretés de nos jours sérieux ! » poursuivit-elle non sans hausser les épaules car vraiment, Sio ne savait pas le nombre de personnes qui la bousculaient à longueur de journée alors qu’ils voyaient très certainement la canne imposante qu’elle tenait en main. « Au contraire le chiffre est parfait ! J’ai envie d’un beau bouquet pour Fredouille parce qu’à notre place, je sais qu’il se ruinerait en fleurs, juste histoire de nous dire : vous êtes des filles alors forcément vous aimez les bouquets super gros et super chers ! Tu te souviens comme il nous charriait toujours là-dessus ? Oh et si je me souviens bien… la Guiness, c’était sa bière préférée ? »

« Oui, il va falloir lui donner des cours je pense. » Tout en riant, et en écoutant ce qu’elle disait, j’essayais de comprendre ce que je devais faire par la suite. Ayant entendu son souhait, je lui répondais : « Bien, on va alors rester sur cette idée. Oui, il avait toujours le don de nous le dire lorsqu’on en achetait un rien que pour nous. Enfin, il était drôle notre ami. Oui, pour la bière tu as bon. » La fleuriste venant nous voir cette fois-ci, je lui répétais donc ce que l’on voulait et qu’il fallait qu’elle l’emballe comme il fallait. Une fois le bouquet payé, je demandais à mon amie : « Allez le magasin maintenant. On en prend beaucoup ? Ou un pack seulement ? » Il s’agissait d’une simple question et je ne savais pas vraiment ce que Thaïs pensait.

« Tu penses que lui donner des cours c’est une idée ? C’est pas une cause perdue direct à ton avis ? » demanda-t-elle, bien qu’elle n’en pense pas un mot. Non, décidément, le jour où Thaïs deviendrait cruelle n’était pas venu bien au contraire. « C’est parti pour le magasin ! Tu veux que je tienne le bouquet ? » proposa-t-elle, car après tout elle n’avait que l’une de ses deux mains prises avec sa canne, pas les deux. « Tout dépend si tu veux que l’on soit beurrées en souvenir du bon vieux temps sur sa tombe… bah, c’est clair que ça va le faire marrer là où il est ! Mais tes parents seraient sûrement moins jouasses… un pack pour commencer ? On y reviendra sûrement avant de partir j’ai envie de dire… »

« Oui tu as sans doute raison, elle ne doit pas en valoir la peine. » Tout en l’entendant me poser une question, je lui disais : « Et bien, oui si tu veux, il n’y a pas de soucis avec ça.  » Lui tendant le bouquet, je lui disais : «  Tiens, je le met dans ta main. »  Puis prenant le caddie pour mieux circuler dans les rayons, je lui répondais : « Oui, on va sans doute finir dans un état pas possible…Puis, si on y va en voiture, il faudra bien que je conduise.  » Je regardais donc pour trouver le bon rayon, et tout en me tournant vers Thaïs, je lui disais : « On va aller tout droit et à droite après.  » Je ne voyais pas trop comment lui expliquer mais bon, tout en bougeant mon écharpe, je libérais un peu de parfum comme ça si elle voulait me retrouver cela sera plus facile. Pour les aveugles, les autres sens étaient développés et donc, je ne voyais pas trop comment est-ce que je pourrais faire en tenant le caddie et son bras en même temps. Me tenant à côté d’elle, je lui demandais : « Tu es prête ?  »

Une fois le bouquet en main, il ne fallut guère de temps à Thaïs pour suivre de près son acolyte de toujours, sourire aux lèvres. Elle avait grande hâte de se trouver au lendemain, devant la tombe de Fred, à échanger des souvenirs du bon vieux temps avec Sio’. Nul ne pourrait lui faire plus plaisir à vrai dire. « Je suis parfaitement prête, tu as trouvé la bière ? Ah et au fait si tu conduis, il vaut mieux qu’on ne prenne qu’un pack : il faut qu’on reste quand même un minimum sobres… sinon ça va partir en live et même si on a vécu quelques beuveries tout à fait sympa, je pense que ce serait pas trop lui rendre hommage à ce p’tit loup ! »

« Oui, on peut aussi être gaie sans réellement être ivre. Il faut juste que je puisse conduire par la suite. » Une fois au cimetière, je suivais donc mon amie sur la stèle. On avait pris le temps de s’assoir sur la tombe de Fred. Je prenais le bras de mon amie, et je lui demandais : « Allez, viens t’asseoir. » Puis l’aidant à le faire, je disais tout en ouvrant le pack de bière. « Tiens Fred, on est venu boire à ta santé. J’espère que ça va là où tu es. » Posant mes fesses sur la stèle froide ; je réalisais qu’il fallait sans doute que je prenne un peu de temps pour lui. Mettant la guitare proche de moi, je ne savais pas trop quoi dire. Je patientais au cas où Thaïs souhaiterai lui dire un mot.