Sio&Thaïs + it's because we love you, Fred...

« Sio, ou la voix de la sagesse ! » plaisanta volontiers Thaïs peu de temps avant qu’elles ne se rendent de concert jusqu’au cimetière, la tempétueuse blonde étant bien évidemment armée de son clavier. Techniquement parlant elle voulait chanter un petit quelque chose à leur meilleur pote parti trop tôt, mais l’émotion la gagnait et sa voix semblait brisée dans sa gorge. « Tu fais chier à être parti trop tôt, vieille branche croulante… mais t’as vu, on a mis le temps mais on est là, toutes les deux, pour célébrer ton génialissime catogan, elle est pas belle la vie ? » Thaïs essuya les deux larmes qui coulaient le long de ses joues avant de proposer aussitôt à Sio : « Tu voulais peut-être commencer à chanter ? »

« Oui, vieux comme tu étais, ce n’était pas une raison pour nous laisser toutes seules. » Je savais qu’il était bien que pour une fois, je fasse attention à mes mots. Je reprenais alors doucement : « Oui sa chanson préférée. » Ma guitare à la main, je l’avais sorti en douceur pour ne pas l’abîmer. Je commençais la chanson avec la voix tremblante et j’hésitais fortement dans les notes. Je ne voyais pas trop comment faire par la suite, mais bon, il était bien mieux pour moi de finir cette chanson. Je regardais alors avec attention cette tombe et finissant la dernière note sur une larme qui s’échappait de mes yeux, je réalisais que Fred me manquait réellement. Mon meilleur et frère de cœur s’était sauvé alors qu’on avait le plus besoin de lui. Je rangeais donc ma guitare après avoir essuyer les larmes qui étaient tombées dessus. Je prenais donc une bière et buvant une gorgée, je versais le reste sur la tombe afin qu’il puisse en profiter un peu.

« Clairement, elle a raison Sio ! Merde, t’était plus vieux de deux mois mais quand même, t’était vraiment pas obligé de te viander en moto… qui on engueule parce qu’il est trop parfait, maintenant ? » Thaïs ne s’emportait pas, ne s’énervait en aucune manière, elle laissait simplement parler son cœur, devenu silencieux à ce sujet pendant sept longues années… soit le temps qu’elle avait mis à revenir en Irlande ET sur la tombe de Fred. « C’était magnifique Sio… tu m’accompagnes pour sa deuxième chanson préférée ? » Thaïs but à son tour à sa bouteille de Guiness avant d’empoigner son clavier et de jouer avec tout le brio qu’elle possédait. Sio devrait chanter, si elle le voulait, ou juste l’accompagner à la guitare…

Riant un peu en entendant Thaïs, je réalisais qu’il avait vraiment eu la bonne idée de nous rendre dingue. Tout en reprenant de la bière, je continuais de regarder cet objet froid et sans sentiments. Je ne disais rien en fait, c’était mon amie qui m’avait réveillé de mon silence. Je reprenais ma guitare et tout en la sortant, je me calais donc sur son piano. Chantant en même temps, je suivais donc les notes afin de pouvoir réussir cette chanson. Tout en la finissant en même temps que Thaïs, je réalisais qu’il fallait sans doute que je fasse encore une petite chose. Sortant de mon sac un nœud papillon rouge, je le plantais sans la stèle avec l’aide d’un clou. Je disais : « Et voilà, Monsieur a mis son nœud pap rouge. Tu es prêt pour la fête réalisé en ton honneur. » Je rangeais le tout, et je me demandais bien comment est-ce qu’il fallait que je fasse pour la suite.

Le duo de Thaïs et Sio était tout bonnement parfait, comme au bon vieux temps lorsque Fred les écoutait, ému d’être leur tout premier fan. Ses applaudissements manquaient d’ailleurs au tableau pour que celui-ci soit complet, et bordel que la jolie irlandaise réalisait de plein fouet à quel point il lui manquait. « Tu as amené son nœud pap’ ? Et moi son catogan ! » dévoila-t-elle son morceau de ruban noir, celui-là même qu’il utilisait chaque jour pour se coiffer, restant diablement fidèle à son look un peu particulier qu’il aimait tant avoir. « Sept ans qu’on ne lui avait pas parlé à cette grande gigue. Ça me tue de pas pouvoir venir plus souvent… pas toi Sio ? »

« Oui, comme ça il sera pare pour sa soirée. Regarde comme il est beau… » Tout en essayant de ne pas me tromper, je voulais juste en apprendre plus sur la suite. Je reprenais : « SI….Mais, on ne peut pas rester ici….Il y a trop de gens qui nous prendraient la tête pour rien… » C’est vrai que pour les parents de Fred….Il voulait venir nous voir sous cette grosse pluie…Il n’avait pas vu la voiture en face….Et il roulait comme un fou…Je ne savais pas comment est-ce que ses parents allaient réagir face à tout cela. Je me demandais même comment est-ce qu’il fallait que je fasse pour qu’ils nous pardonnent un jour. Je ne voyais pas trop comment faire, mais bon, sans doute qu’avec le temps tout viendrait comme il le fallait.

Thaïs éclata aussitôt de rire. « Paré pour la soirée comme la fois où on s’était invités à une soirée de richards et où on avait réussi à rentrer parce qu’on y était tous les trois allés carrément au culot ! Tu te souviens ? Fred était tout beau d’ailleurs, même si on était pas mal dans le genre… » Évoquer des souvenirs lui faisait mal, certes, d’où le fait qu’elle boive une bonne lampée de sa bière d’un coup mais elle en avait besoin. Thaïs ne voulait pas oublier. « Puis y’a rien à faire ici… pas de fac top, mes parents pas loin, ce serait grave la galère. Mais il me manque. Je lui parle des fois, dans ma tête. Je dois être skyzo ! »

« Oh que je m’en souviens de celle-là…Elle était du tonnerre. On avait fait une sacrée pagaille dis donc… » J’avais dis cela avec un brin de nostalgie, et je me rendais compte que cela me manquait de ne plus le faire du tout. Je réalisais aussi qu’il serait bien de faire aussi des bons souvenirs afin de pouvoir en avoir encore d’autres. A entendre Thaïs, je disais aussi : « Et ses parents aussi…. » Oui, il fallait bien le dire, mais même s’il s’agissait d’un accident, je ne pensais qu’à une seule chose : c’était notre faute avec Thaïs…Donc, pour l’instant, il fallait que je fasse pour vivre ou bien survivre…je répondais à mon amie : « Ah tu lui parles aussi…Cela fait du bien je trouve de se dire qu’on peut tout lui dire et qu’il ne risque pas de nous contrarier. »

« Le plus beau quand même, c’est que les richards nous prenaient pour les leurs ! » reprit-elle, se souvenant presque de chaque détail de cette fameuse soirée tant elle avait été mémorable. « Fred avait dû se faire passer pour ton mari parce que t’avais un relou qui te collait au train ! Le déliiiiire !! » Thaïs s’était même payé leurs têtes des semaines après la fin de ladite soirée. Un gigantesque délirium très épais, même, devrait-elle dire. « Clair qu’il ne risque pas de nous contredire non plus… tu crois que ses parents nous rendent toujours responsables ? J’ai plus osé leur parler depuis l’enterrement. Ils ont jamais pris de nouvelles de moi non plus, d’ailleurs. »

« Oui, puis en partant, on avait pu tellement faire la pagaille avant de partir que je crois qu’ils se souviendront encore longtemps. De cette soirée. » Riant un peu plus, je rajoutais : « C’était un boutonneux en plus ! On aurait dit un tableau de bord d’avion….Oh le délire…Fred, tu avais été un génie ce soir-là. » Je m’étais arrêtée de parler et donc, je prenais la situation dans le bon sens. Je voulais avancer, et je disais : « Je ne sais pas…Ils ne parlent plus au mien depuis un petit moment…C’est étrange vu qu’ils étaient bons amis. Jusqu’à la semaine dernière…. » Un mystère qui m’interpelait grandement, et je me demandais bien ce qu’il fallait que je fasse pour le résoudre.