Un peu plus... j'étais dans le coltard, je ne me suis pas rendue compte... admit-elle bien volontiers. En période de crise, Bambi n'était plus elle-même. Son cœur devenait douleur, et luttait pour obtenir de l'oxygène. Une chance que Ciarán n'ait pas été présent au moment des faits car justement, il aurait appelé tout de suite les secours, l'emmenant ainsi à l'endroit qu'elle voulait éviter à tout prix en tant que patiente ces temps-ci : l'hôpital. Tu préfères que l'on parle de cette inquiétude qui marque ton visage ? Autant appeler un chat un chat. L'italienne avait beau être faible, sûrement fiévreuse et avec des lourdes difficultés à respirer, elle n'en restait pas moins observatrice du monde qui l'entourait actuellement. Tu ne seras pas accusé de non assistance à personne en danger, c'est moi qui refuse. Au pire, j'ai une bombonne d'oxygène et un masque dans mon placard si ça peut te rassurer... mit-elle en avant en pointant le placard en question. S'il voyait les médocs qu'elle prenait il allait prendre peur, m'enfin... Je ne suis pas contre cette analyse que tu veux faire de toute façon tu seras impossible à arrêter mais tu espères trouver quoi exactement en la faisant ?
Comment accepter qu'elle ne soit pas favorable à aller voir un médecin ? Difficile à dire. Pourtant tu étais conscient du fait qu'elle connaissait sa situation mieux que personne non seulement en tant que patiente mais également en tant que étudiante en médecine. À sa question, tu observais un petit moment de battement comme pris en flagrant délit. Tu as fait le choix de ne rien dire, un peu comme elle n'avait nullement besoin de ça mais ça n'a finalement pas duré. Non assistance à personne en danger ? Tu crois vraiment que c'est ce qui m'inquiète ? Tu le prenais mal bien qu'elle te rassurait en te confiant être équipée. Mais il est vrai qu'elle venait de te froisser même si tu ne voulais pas le montrer. Du coup tu finissais un peu à cran. J'en sais rien ! Mais si y'a un quelconque détail qui a provoqué tout ça, on gagne à le savoir. Forcément tu osais te dire qu'un germe, qu'une infection ou n'importe quoi d'autre aurait bousculé la routine de sa maladie. Elle avait jamais été aussi faible depuis que tu la connaissais. Toi, qui t'efforçais de ne jamais fumer en sa présence, tu étais incapable de soupçonner que le facteur stress puisse avoir un rôle là-dedans.
Et merde. Sans le vouloir, Bambi avait froissé Ciarán et bien que le beau brun fasse de son mieux pour ne pas le montrer, cela se voyait. Cela ne fit qu'augmenter la dose de stress énorme qu'elle portait sur ses épaules mais aussi la pâleur actuelle de son visage. Je suis désolée petit cœur, je ne sais pas comment agir j'ai pas l'habitude d'avoir quelqu'un à côté de moi en cas de crise... admit-elle en espérant qu'il ne lui en veuille pas pendant des heures sinon son état ne risquait pas de s'améliorer. D'ailleurs, la toux reprenait déjà, bien qu'elle soit moins importante pour le moment que la précédente. J'ai dit que je n'étais pas contre, ne t'énerve pas ! S'il te plaît, ne m'en veux pas. Je pense juste que j'ai été stressée c'est tout. Ne m'en veux pas... Ses yeux s'humidifiaient alors qu'elle faisait face au visage fermé de Ciarán.
Le vrai problème dans tout ça ? Le fait que tu aies été pris par surprise, le fait que c'était violent tant il y en avait partout, et surtout qu'elle refuse d'aller voir un médecin. Toi, tu détestais qu'on te dise quoi faire, tu ne laissais d'ailleurs personne t'imposer quoique ce soit. Mais ton côté exigeant, borné te laissait penser que tu étais légitime à insister. Bordel, tu l'aimais et forcément tu t'inquiétais. En attendant, en prenant du recul tu étais aussi capable de te dire que ce n'était pas à faire. Insister, lui imposer ça.. ce n'était jamais si simple. Je t'en veux pas. Ton visage fermé, témoignait clairement de ton inquiétude, mais excluait toute rancune. Tu ne lui en voulais pas, mais si son état s'aggravait, elle ne passera certainement pas à côté de ta rancune légendaire. Se mettre en danger, c'était aussi jouer avec ton petit cœur. Tu avais décidé de lui faire confiance, et tu espérais ne jamais regretté ce choix. Tu devrais te reposer un peu histoire de reprendre un peu de force.
Jusqu'ici, Ciarán n'avait jamais eu le visage aussi fermé, pas même lors de leurs disputes passées. Pourtant Bambi en avait eu la crainte. Le fait qu'il lui confie ne pas lui en vouloir sonnait comme faux dans l'esprit de l'italienne, qui baissa simplement la tête. On dirait pas... Qu'il n'aille pas jusqu'à sauter de joie était une chose, mais où étaient ses câlins, ses petites attentions, son tempérament doux ? Envolé. La brunette n'avait pas affaire au même Ciarán que d'ordinaire et cela lui faisait parfois regretter de lui avoir avoué sa maladie. C'est ce qu'elle avait voulu éviter : que quelque chose change entre eux... Je ne suis pas fatiguée ! Tu ne comprends pas... ce n'est pas la fatigue, ou un germe ou que sais-je encore qui me provoque ces crises merde ! s'emporta-t-elle avant de tousser légèrement. Et dire qu'elle n'était même pas responsable de sa propre crise.
Tu pouvais la comprendre sur ce coup-là. Tu n'étais pas très à l'aise à ce moment-là. En fait, tu avais comme besoin d'un moment seul, pire tu avais besoin d'évacuer et là tous les moyens étaient bons. Un footing à en perdre son souffle, une cigarette, un joint. Tu étais très cérébral comme garçon, et parfois tu te laissais submerger. Je t'en veux pas, t'as l'air équipée et ça me rassure. Si demain ça s'aggrave parce que tu as été trop insouciante, là je t'en voudrais et j'ai pas la rancune facile. Etudiant en médecine pour emmagasiner un tas de connaissances, apprendre tes tonnes et des tonnes de notions, rechercher, formuler des hypothèses tout ça, tu savais faire. Mais le dialogue avec le patient c'était parfois plus difficile. Là c'était différent. Elle n'était pas ta patiente, et elle voulait t'entendre t'expliquer. Tu le faisais mais au fond, tu avais juste l'air de lui dire que tu étais là, et qu'elle se devait de penser à toi, à vous. Je sais bien mais en attendant t'es toute pâle, t'es clairement en hypotension, ton rythme cardiaque est sûrement trop élevé.. et je t'ai jamais vu comme ça. J'ai aucun indice.. As-tu fini par dire comme prêt à capituler. Ce n'était pas une situation évidente. Tu avais beau essayer de penser à ce qui avait pu se passer les jours passés, tu n'y voyais rien sauf peut-être le choc de l'altercation avec Agathe.. voilà qui venait te perturber. Je vais me laver les mains et nettoyer la salle de bains mais j'arrive.. Oui tu n'avais pas l'impression que cette conversation allait l'aider à récupérer, bien au contraire. Tu stressais et tu lui communiquais ce stresse.
Bambi ne voulait pas que les choses se déroulent ainsi mais son propre corps avait dit stop. Il mettait une barrière, une barrière de faiblesse que Ciarán décrivait très bien et qui ne la fit que déglutir avec difficulté. Je ne suis pas insouciante, la crise commence à passer. Je connais mieux cette maladie, ça fait longtemps que je la côtoie ! L'italienne avait envie d'ajouter qu'heureusement, son beau brun ne l'avait jamais vue ainsi mais se retint. Ce n'était pas utile d'ajouter de l'huile sur le feu. A la place, elle soupira au fait qu'il n'ait pas d'indice, car c'était normal, rien de physique n'avait provoqué sa crise. Il s'agissait d'un stress autre, un stress lié à un secret. Ce fut sans doute pourquoi elle le laissa partir dans la salle de bain, s'écouler quelques minutes et quelques larmes avant de se lever lorsqu'elle se sentit suffisamment forte pour tenir sur ses jambes. Elle se pointa devant la porte, le visage encore humide et esquissa d'une petite voix : tu ne peux pas avoir d'indice parce que rien de physique n'a provoqué ma crise. Juste un énorme stress. Un stress lié à un secret... une confession que Patty m'a faite à propos de toi et que je ne peux pas garder pour moi. J'y arrive pas. J'peux pas te mentir...
Allez Ciar', fais lui confiance. Tu voulais au fond lui faire confiance et pourtant le simple fait que n'arrives pas à expliquer une complication si sévère et si prenante, te rendait dérangeait. Tu as donc acquiescé simplement pour aller nettoyer la salle de bain de Bambi, et peut-être aussi pour prendre le temps d'encaisser en te retrouvant seul. Tu en avais besoin. Ce petit ménage n'avait nullement l'effet d'un footing épuisant, ni même celui d'une bonne cigarette ou plus mais cette solitude te permettrait de t'écouter sans rien feindre. Tellement, que tu finissais surpris par la voix de Bambi. Déchets à la poubelle, tu ne tardais pas à remarquer son visage humide. Quoi ? Tu.. Des mains n'étaient clairement pas propres et machinalement tu te dirigeais vers l'évier forçant un peu sur le savon liquide. Stress, secret, te concernant, Patty, mentir, confession. Trop de mots que tu semblais incapable de remettre dans l'ordre. Pourtant elle les avait tous prononcé. Patty ?!! Okay, tu étais affreusement confus. Depuis quand est-ce qu'elle te voit sans moi ? Et inversement ? Oui peut-être. Tu te frottais les mains, retirais ta chevalière pour la débarrasser de toute trace. Tout ça n'annonçait rien de bon tu le savais.
Bambi en avait trop dit ou au contraire pas assez. Aussi, sans bouger de l'entrée de la salle de bain, observant Ciarán se laver les mains avec insistance, elle le laissa encaisser cette nouvelle donnée et reprendre la parole le premier. Une question. Oui, Patty. Puis une deuxième. Peut-être qu'elle voulait se confier une première fois avant de te le dire, je ne sais pas... tenta-t-elle de lui trouver une excuse, n'ayant aucune idée de ce qui avait pu se passer dans la tête de cette adorable femme. Pourtant, l'italienne comprenait la réticence étant la sienne à se confier au beau brun, car elle savait que cela le bouleverserait. Il ne pouvait en être autrement. Elle m'a confié avoir eu une histoire d'amour avec ton grand-père. Et à sa mort, elle n'a pas osé t'avouer la vérité, elle s'est simplement occupée de toi parce que tu en avais besoin... elle craignait que tu ne partes du principe qu'elle n'était allée vers toi que pour ton grand-père alors que c'est faux. Elle t'adore. Il s'agissait là des termes de Patty. Rien de plus, rien de moi. Mais ce secret avait été suffisamment lourd à porter pour Bambi pour provoquer une crise.
Tu avais l'impression d'être en plein cauchemar n'est-ce pas ? Bambi venait de prendre la défense de Patty avant même de te dire de quoi il s'agissait. Tu as manqué de la reprendre, pour préciser que tu trouvais que c'était une très mauvaise idée, mais tu n'as rien dit. Il fallait que tu saches de quoi elle parlait, d'ailleurs tu commençais à trouver le temps long. La sentence tomba. Ta main ferma le robinet d'eau sèchement comme si d'un coup il y avait beaucoup trop de bruit. C'est une blague ?! Voilà. Comment en une phrase, en une confidence on pouvait retourner ton monde. Merde ! Tu étais persuadé que tu avais fini par trouvé un semblant de stabilité. Ton grand-mère a rendu l'âme quand tu avais onze ans, et pour le coup tout finissait par se bousculer. Plus rien avait de sens. Ta mâchoire se contracta sévèrement, la veine de ton front s'emballait. Quand est-ce qu'elle t'a parlé de ça ?