Cela faisait plusieurs jours déjà que Bambi allait moyennement bien. Son entrevue secrète d'avec Patty lui avait retourné l'esprit et depuis, ne rien pouvoir dire à Ciarán la rendait littéralement malade. Au début, seuls de petits symptômes de sa maladie s'étaient manifestés... mais aujourd'hui, alors qu'elle se retrouvait seule à l'appartement, ce fut l'apothéose. Une crise d'une violence indescriptible s'était imposée à elle, tachant ses vêtements de sang et la laissant extrêmement faible, assise sur le rebord de la baignoire. Quelques minutes auparavant, l'italienne était assise à même le sol, à supporter la froideur du carrelage en mesurant ses respirations pour ne pas tomber dans les pommes. Apparemment, la crise s'apaisait légèrement, lui laissant un moment de répit, et l'opportunité d'ôter son t-shirt hourdé de rouge pour se débarbouiller le visage. La pâleur de ses traits faisait peur, si bien qu'elle cessa rapidement de regarder son reflet dans le miroir. Tout ça pour un secret... mais pas n'importe lequel. Un secret qui concernait pleinement Ciarán, et qui lui faisait se rendre compte à quel point elle était incapable de vouloir lui cacher quoi que ce soit.
Aux dernières nouvelles Bambi était à l'appart' et toi, tu t'apprêtais à rentrer après avoir récupérer quelques courses. Maniaque que tu étais parfois, c'était même la première chose dont tu t'es occupé en rentrant : planquer au frigo ce qui devait y être et ranger le reste. Au moins là tu étais persuadé que tu n'aurais plus à t'en soucier. Tu n'y as pas passé longtemps et pourtant Bambi n'avait pas encore donné signe de vie. Naturellement tu te demandais simplement si elle n'était pas sortie. Bambi ? A tout hasard tu t'aventurais vers sa chambre puis vers sa salle de bain et là.. les bras t'en tombaient. P'tain ! Pour toute réaction nerveuse. Te précipitant vers elle, en lui relevant le menton tu prenais le temps de regarder autour. Regarde moi, comment tu te sens ? Elle avait calmée. Tu ne l'avais pas entendu en arrivant mais à en voir les traces autour ça n'avait pas été joyeux.
Concentrée sur sa respiration, qu'elle essayait d'avoir aussi calme que possible, Bambi n'avait même pas entendu la porte d'entrée et encore moins Ciarán revenir avec les courses. Depuis quand était il parti au juste ? Aucune espèce d'idée. L'italienne nageait dans le flou le plus total au moment où elle entendit son nom, mais aussi la panique de son cher et tendre. Il lui releva doucement le menton avant qu'elle n'ait pu faire un geste, alors que son t-shirt taché de sang se trouvait juste à côté d'elle. Pas terrible... murmura-t-elle d'une voix usée, marquée par cette crise à peine passée et qui ne demandait qu'à reprendre du service. Elle essaya pourtant de rassembler ses forces pour sourire d'un air rassurant avant de reprendre la parole : je voulais pas que tu me vois comme ça... je veux pas que tu t'inquiète... ça va aller tu sais. La crise est passée. Mais Bambi se remit à tousser aussitôt. Passée, la crise ? Pas certain.
Bon c'était digne d'un film vampirique. Il y en avait un peu partout, et son visage était bien tâché. Pas terrible, tu n'en doutais pas du tout. Alors qu'elle se justifiait pour ensuite tousser une fois de plus, tu as pris le temps de la regarder et de lui dire calmement mais clairement. Je t'ai demandé comment tu te sentais bébé, pas ce que tu voulais ou ce que tu ne voulais pas, okay ? Oui elle le savait tu étais exigeant et tu ne te cacherais plus sii tu voulais la remettre à sa place. Tu ne voulais pas rire avec ça. Récupérant une serviette blanche que tu as passé sous l'eau rapidement tu as fini par la prendre dans tes bras pour la déposer dans son lit glissant plusieurs coussins à son dos afin qu'elle ne soit pas complètement allongée. Ça dure depuis combien de temps environ ? A vos derniers textos, elle n'en avait pas parlé du coup c'était impossible pour toi de savoir. Essuyant sa bouche, et son buste avec la serviette, tu commençais à te poser des questions.
Pour une fois, Bambi ne fut aucunement choquée de cette autorité et cette franchise dont fit preuve Ciarán, car il avait raison. Le moment n'était pas aux regrets ou à la culpabilité mais bien à l'accalmie, en espérant que cette crise ne s'aggrave pas encore, ce qui lui vaudrait très certainement un aller à l'hosto... une fois encore. C'est ce que l'italienne redoutait le plus... être branchée à tout un tas de machine, dont un respirateur, liée au bon vouloir d'un médecin qui checkait son oxygène tous les quarts d'heure... insupportable. D'accord... murmura-t-elle difficilement alors que Ciarán la soulevait pour la conduire jusqu'à son lit, ne l'allongeant pas complètement en la surélevant à l'aide quelques oreillers. Excellent réflexe qui lui permettrait de respirer plus facilement. Je sais pas... une demi heure ? Quand j'ai arrêté de répondre à tes textos je crois. C'est un peu flou, c'était violent et soudain fit-elle alors qu'il la bichonnait et c'était bien une première pour elle. C'est la première fois qu'on me bichonne comme ça...
Trop peu de temps c'était écoulé entre la soirée où elle t'avait tout avouer et aujourd'hui. Première grosse crise depuis que tu savais. Tu as beau être en médecine tu n'étais clairement pas préparé à ça. Petite part de déni, surprise par l'inattendu. Faudrait que je vérifie. Ton téléphone était dans le salon et pour le coup tu semblais pas décidé à la quitter, du coup quand se posa sur son téléphone, tu t'es permis de le récupérer pour vérifier interrompu par la remarque de Bambi. C'est plus fort que toi en fait.. Tu en as rit, incapable de faire autrement. Elle était complètement à sèche et trouvait le moyen de mettre des mots sur tes attentions envers elle. Midinette en toutes circonstances. Regardant l'heure à laquelle elle avait reçu ton dernier texto, puis ta montre tu as finit par dire. Faut dire que t'es pas douée pour te laisser bichonner.. Bizarrement tu honorais cette parenthèse sans trop de mal, prenant le temps de lui dire ce que tu pensais de tout ça. Je suis pas tranquille, on devrait peut-être appelé un médecin ou aller en voir directement. Repliant la serviette tachée de sang, tu couvrais légèrement Bambi en glissant ta main à la sienne. Quelque soit sa réponse, tu savais d'ores et déjà que tu allais récupérer un peu d'échantillon de son sang pour le faire analyser.
Pourquoi tu veux vérifier ? ne put-elle s'empêcher de demander, légèrement surprise. Bambi ne se souvenait pas du moment exact où avait commencé sa crise mais ça ne l'empêchait pas d'avoir une approximation... qui devrait coïncider avec l'envoi de son dernier texto, d'ailleurs, si jamais Ciarán allait jusqu'à vérifier. Tu trouves que je me laisse pas assez bichonner hein ? L'habitude de prendre d'abord soin des autres avant sa petite personne. L'italienne ne parvenait pas à s'en empêcher, même affaiblie par sa maladie, et pâle comme un linge. Elle toussait encore et son beau brun lui annonça ne pas être tranquille, mais elle se redressa pour secouer négativement la tête, d'un air plutôt catégorique. Ah non ! Pitié, tout mais pas ça. Tu vas appeler un médecin, qui appellera une ambulance, je vais passer la nuit sous respirateur voire même intubée... non je veux pas. Pitié...
C'est toujours bon de savoir, on sait jamais.. Tu voulais être capable de dire de combien de temps était espacée ses crises. Réflexe de médecin ? Pas vraiment. Tu étais plus le petit ami complètement inquiet, refusant de sentir impuissant. Oui, pas du même. T'as tort, je suis sûr que je peux être doué pour ce genre de choses. Tu t'avançais un peu.. peut-être. Mais c'était toujours bon de voir que votre conversation ne tournait pas uniquement autour de la panique qu'avait pu provoqué cette crise. Etais-tu pour autant inactif ? Point du tout. Je me doute que c'est pas agréable mais t'en as besoin.. tu vas pas rester sans rien faire, si ?! Tu ne cédais pas, tu essayais juste de savoir comment elle raisonnait.
Bambi hocha la tête. Effectivement, cela se défendait. Et j'avais raison ou j'étais complètement à côté de la plaque ? Ciarán avait jeté un coup d'oeil à son téléphone, il en savait donc nettement plus qu'elle à ce sujet, totalement dans le coltard au moment où elle avait cessé d'envoyer les fameux textos. Il aurait pu se passer une heure qu'elle ne s'en serait pas plus rendue compte à vrai dire. Oh mais je sais petit cœur... je remettais pas ça en doute au contraire ! C'est juste qu'on ne m'a jamais bichonnée avant, j'ai toujours eu l'habitude d'être celle qui le fait. Et ça me plait moi de prendre soin de toi... L'italienne ne voulait pas qu'il se sente lésé ou bien mal considéré. Ciarán pour Bambi, c'était son pilier, son monde. Son bonheur importait plus que le sien. Si j'étais à moitié inconsciente et en oxygénation faible oui ce ne serait même pas une option mais là la crise est presque passée... tu as déjà été intubé Ciarán ? En étant conscient je veux dire... je veux pas. Pas si je n'ai pas d'autre choix...
A côté de la plaque, pas vraiment. Non c'est ça, à peu près.. un peu plus. As-tu dit rattrapé par l'idée que tu n'avais pas à lui cacher les choses. Tu n'en disais déjà pas assez de nature alors tu ne voulais pas en ajouter davantage. En attendant, tu avais un peu l'impression d'être le seul à réaliser ce qui venait de se passer. Pourtant tu avais été absent, et elle était la seule bien présente à ce moment-là. Le déni, c'était ton truc en général. Tu tiens vraiment à ce qu'on ait cette conversation, maintenant ? As-tu dit amusé, surpris par ces arguments aux vues de l'état dans lequel elle était. C'était pas le moment de parler de ça, et encore moins de lui donner raison. A l'inverse tu ne pouvais pas non plus la contredire, ce serait vilain. Okay.. mais t'es consciente de la situation dans laquelle tu me mets ? Ce n'était qu'un demi-reproche. Tu comprenais aisément qu'elle ne veuille pas, qu'elle veuille fuir, mais toi, toi.. tu voulais juste qu'elle aille mieux, limiter les dégâts, ne pas être inactif. J'en prends un échantillon et on le fait analyser.. c'est pas négociable. C'était peut-être la première chose qu'ils auraient fait en hôpital si toutefois ils avaient eu l'opportunité de récupérer un échantillon. Alors tu coupais la poire en deux.