Le jour de ma première approche. pv Holloria

Du moins moi je ne l'étais pas. Disons que.. Si j'étais le genre de fille éternellement célibataire, j'connaissais les belles choses. Et puisque flirter avait toujours été un de mes jeux préférés je ne pouvais qu'apprécier le fait de savoir que même un professeur réussissait à me trouver à son goût. Plus qu'à son goût d'ailleurs si on prenait en compte ce qu'il était en train de faire pour moi. Et dans un sens, j'me demandais si je lui étais redevable. S'il allait me demander quoi que ce soit par la suite. Parce que clairement, j'savais que j'étais dans une position où je ne pourrais pas vraiment refuser les choses. "Vraiment?" Je prenais place sur le canapé récupérant la tasse à café que j'avais laissé un peu plus tôt pour la porter à mes lèvres. Pourquoi je mentirais ? J'avais aucun intérêt et la manipulation n'était pas vraiment faite pour moi. Alors oui, vraiment. "Je sais très bien que c'est... Anormal et délicat et c'est bien pour ça que je ne voulais pas en parler. Je ne voulais pas te mettre inconfortable." J'comprenais. Surtout avec la manière dont j'avais réagis en premier lieu. Mais personne ne pouvait vraiment prévoir les réactions des autres. Anormal c'est un peu fort comme mot. Je ne trouve pas qu'il soit approprié. Délicat, d'accord. Anormal, ça donnait presque l'impression que c'était malsain et qu'on parlait là de consanguinité. "Je t'ai trouvé un alibi pour le soir de l'accident sois rassurée, il n'y aura pas suite." J'arquais un sourcil réfléchissant quelques secondes. Et quel est donc mon alibi ?

J'supposais que j'allais devoir l'apprendre si je voulais que ça soit crédible. Puis vu que l'enquête avait été réouverte, il était probable qu'on vienne me poser des questions. Et j'étais pas certaine que ce soit lui à chaque fois. Fallait que je connaisse mon texte et surtout, que je braque moins histoire de ne pas paraître suspecte au moindre mot. Ouais, en gros j'avais pas mal de boulot à faire sur moi même et ça n'allait pas spécialement être facile. "Tu ne mentirais pas." Exactement. Alors j'étais réellement flattée, y avait pas besoin de chercher plus loin. J'souriais à mon tour quand il reprenait : "Peu conventionnel alors c'est mieux?" J'haussais les épaules l'air indécise. Un peu mieux disons. Je reporais le breuvage noir à mes lèvres écoutant attentivement chacun des mots qu'il allait être ammené à prononcer. "J'ai payé un jeune photographe que je connais bien pour qu'il te suive à une fête. Il t'a pris en photo, puis ta photoshopé pour te rajeunir toi et les quelques visages qu'on pourrait apercevoir autour et il a modifié la date du cliché pour qu'elle corresponde à cette fameuse nuit." Euh.. What ? J'étais intriguée là. Depuis combien de temps tu fais des trucs comme ça ? Payer des gens pour me suivre. T'intéresser à mon cas. Non mais parce que ça à limite un côté creepy, faut dire ce qui est. "Il est fiable, il fait du bon travail et je lui fais confiance. Ça passera. Et si besoin de preuve supplémentaire, j'ai également l'une de tes anciennes camarade de classe qui n'a pas dit non pour avoir un billet contre un mensonge pour dire qu'elle était avec toi cette nuit là. Vous étiez à une soirée chez un certain Cody et tu est rentrée très tard et un peu pompette." Ouais donc il avait vraiment tout mit de son côté. J'étais.. Intriguée et admirative en même temps ce qui formait un sentiment plutôt étrange. J'regardais la photo quelques instants avant de pousser un soupir. Cody, j'étais assez bourrée pour ne pas tenir sur mes deux pieds. Je vois. La tasse venait retrouver sa place sur la table et je plongeais mon regard dans celui.. D'Enzo. Ouais, c'était étrange de prononcer son prénom même si ce n'était que dans ma tête. Un manque d'habitude en fait. J'pourrais jamais assez te remercier pour tout ça que je finissais par murmurer. Il me sauvait la vie, littéralement.

J'pensais pas que les gens puissent faire des choses aussi dingue pour d'autre. Du moins, pas des gens de qui ont était pas proche. Et Enzo et moi c'était.. Nouveau ? Parce qu'en soit, on avait toujours respecté la barrière élève/professeur et pour le coup, j'aurais jamais pu m'imaginer un truc pareil. J'pense même que si je m'amusais à le raconter à quelqu'un, on me prendrait pour une folle. Mais j'appréciais et j'savais que tout ce que je pourrais faire en retour ne serait jamais assez pour le remercier. Il mentait pour moi, me procurait un alibi et faisait tout pour m'épargner une condamnation quand il n'avait concrètement pas à le faire. "Tu parle de falsifier des preuves ou de te faire suivre en soirée?" Un peu des deux à vrai dire. Parce que ni l'un ni l'autre n'était chose commune. "Parce que je ne t'ai fais suivre que deux fois et seulement lorsqu'on m'a demandé de l'aide sur ce dossier. Jamais auparavant." J'hôchais la tête, compréhensive. De toute manière, tu devais à peine remarquer que j'existais avant ça. Dans le genre discrète, j'étais une pro. J'avais jamais aimé me faire remarquer alors forcément, j'étais pas celle qui marquait les mémoires et très honnêtement, ça m'allait comme ça. "Exact. Si malgré tout ça il leur prend l'envie de l'entendre de ta bouche, tu sauras quoi dire comme ça." Ouais, pour peu que je ne panique pas. Parce qu'il avait pu se rendre compte que maîtriser mes émotions, c'était pas vraiment mon fort. J'crois pas être très douée pour raconter des histoires mais j'ferais de mon mieux. Je supposais qu'avec un peu d'entraînement ça pourrait passer. Ouais et.. Y avait sa main qui venait frôler ma joue ayant pour but d'accelérer ma respiration. "Tout ce que je désir c'est de te savoir libre..." C'était moi ou l'atmosphère avait soudainement changé ? Mais si tu tiens réellement à me remercier, accorde moi alors une autre soirée comme celle ci." Son visage s'était dangereusement rapproché du mien et j'avais aucune idée de comment appréhender le truc. J'avais l'impression d'être déconnectée de la réalité, de plus trop savoir où j'étais mais j'gardais mes yeux plongés dans les siens avec intensité. D'accord Pour la soirée. J'pouvais au moins faire ça et c'était loin d'être une plaie pour moi. Puis de toute façon, j'étais concentrée sur totalement autre chose. Comme sa façon de me regarder à cet instant présent, son souffle que je sentais s'abattre sur ma peau et.. Ouais, j'perdais pieds.

"Tu te trompe sur ce point. Je t'ai remarqué dés le premier jour." Vraiment ? J'comprenais pas la raison. J'avais rien de spéciale, j'étais pas une de ces reines de beauté et.. J'sais pas. J'arrivais pas à saisir qu'on puisse me remarquer au milieu de toutes les autres. Peut être que pour une fois, ma douceur et tout le reste avait eu plus d'impact que le reste. J'aimais l'idée de pouvoir être remarquée pour de vraie valeurs et non pas parce que je cherchais à me mettre en avant. "Tu n'as cas te mettre dans la peau d'une comédienne qui va jouer sa pièce de théâtre si ça peut t'aider." Ouais, j'pouvais. Mais j'espérais que ça n'arrive jamais et que personne ne vienne me poser de question. J'savais que j'étais nulle, même en tentant la comédie j'étais pas certaine de m'en sortir et j'préférais limiter les dégâts. Puis j'étais bien plus intéressée par ce qui était en train de se passer là. Cette espèce de connexion ou je ne sais quoi. Est ce que c'était possible de sentir autant d'attraction pour une personne. Parce que je crois que je m'étais perdue dans son regard en une fraction de seconde et j'étais incapable de décrocher. J'répondais l'air ailleurs, captivée par tout autre chose. J'sentais que les choses allaient déraper, que j'allais perdre le contrôle et pourtant, je restais là à attendre. J'attendais jusqu'à sentir ses lèvres sur les miennes, d'abord avec douceur, cherchant à apprivoiser l'autre. "Repousse moi si tu ne veux pas..." qu'il disait avant de revenir à la charge. Et je ne le repoussais pas. Cette fois était plus franche, plus marqué. J'rendais avec ardeur chacun de ses baisers glissant doucement ma main sur son visage avant de couper court pour reprendre mon souffle un peu trop saccadé. Je suis ton étudiante, t'es mon prof.. Alors qu'est ce qu'on était en train de faire là au juste ?

"Je détestais perdre le contrôle comme ça et ça ne cessait d'arriver en sa présence. J'étais le genre à flirter, à aimer séduire quand j'en avais l'occasion mais je n'étais certainement pas le genre de fille à coucher en un claquement de doigt. Il était même plutôt rare que je passe ce cap. Probablement trop traumatisée par le passé avec une envie mordante d'encore et toujours faire les choses bien. Mais j'sentais l'intensité de ses baisers et je ne faisais rien pour le repousser. J'agissais probablement même dans le sens contraire si on prenait en compte l'envie que je mettais en retour. Et j'comprenais pas. Parce que j'agissais pas comme ça, parce que ce n'était pas réellement moi. Alors je remettais en avant nos deux statuts me disant que peut être cela nous dissuaderait tout deux. Erreur. "Et alors? Ce ne sont que des détails insignifiants à mes yeux..." Insignifiant, oui et non. Peut être s'en fichait-il et en réalité, j'voyais pas pourquoi y accorder de l'importance mais d'un autre côté.. Ce genre de tentation était proscrite. J'savais même pas ce que ça signifiait et.. J'avais ses lèvres contre les miennes à nouveau m'empêchant de réfléchir plus longtemps. Quelque part, j'savais que je devrais le repousser. Poser des limites nécessaires pour que tout ne dérape pas mais j'en étais incapable. Et c'était lui qui finissait par le faire. "Pardon. J'en ai très envie mais je ne veux pas tout gâcher en allant trop vite..." J'gardais mes yeux fermés contrôlant ma respiration pendant quelques secondes. Qu'est ce que tu veux ? J'passais une main dans mes cheveux tentant de me remettre les idées en place. J'en avais besoin là. Je devrais rentrer, c'est mieux.