Happy Birthday (Talya)

Merci     Le petit déjà est un bon début, mais je crois que j'ai vraiment besoin de retrouver mon petit canard... J'ai refusé de voir ma princesse depuis que je suis rentrée à l'hôpital... Elle me manque...

Ni une, ni deux, après réception du message de Talya, je pressentis une baisse de moral en vue, et aucun croissant ne suffirait à lui faire retrouver le sourire. Je commençais à appeler mon co-interne dans un premier temps. Je n’eus pas besoin de beaucoup argumenter pour obtenir de lui que l’on échange nos gardes : je devais être de journée normalement, mais il acceptait de me la faire, en échange je faisais sa nuit. Il était gagnant, surtout qu’un samedi soir il aurait surement mieux à faire que de bosser à l’hôpital. Je raccrochais et enchainais, appelant Madame Blackburn, dont j’avais conservé le numéro puisque c’était elle qui m’avait annoncé l’hospitalisation de Talya. Je lui expliquais ce que j’avais en tête : Talya déprimait sans sa fille, je m’étais libéré pour la journée et me proposais d’emmener Charlie auprès de sa maman et de passer la journée avec elles à l’hôpital, histoire de changer les idées de mon ex. Sa mère approuva et on se donna rendez-vous devant l’entrée de l’hôpital. Lorsque j’arrivais, elle avait Charlie dans les bras et après quelques politesses avec mon ancienne belle mère, quelques sourires à la petite, Charlie me tendit les bras. Je pris la fillette, son sac à langer avec tout le nécessaire pour la journée en bandoulière sur mon autre épaule, alors que ma main libre tenait un bouquet de roses blanches et un sachet de viennoiseries. Je pris l’ascenseur, j’empruntai quelques couloirs et arrivai devant sa porte. Je toquai à la porte et attendis que Talya m’invite à entrer pour pénétrer dans la pièce. « Surprise ! » fis-je en entrant, la petite se mettant à gesticuler dans mes bras dès qu'elle aperçut sa maman.

Mon moral depuis que j'étais rentrée ? Au plus bas. La seule personne que j'avais accepté de voir depuis que j'étais là c'était Priape et c'est parce qu'il ne m'avait pas trop laissé le choix, mais au final j'avais besoin de lui, pour m'épauler, pour être là, pour me retirer de la responsabilité totale et complète d'avoir la charge de notre bébé qui veut sortir en avance. On était tous les deux fautifs là dedans surement, nos disputes à répétition, le stress de la situation, les voyages et notre coucherie... Peut être que tout cela avait été en trop mais être enceinte n'est normalement pas une maladie non ? Au final, maintenant que j'étais clouée au lit à ne plus pouvoir bouger ça le devevenait et tous mes amis étant encore au summer camp j'avais bien du mal à ne pas broyer du noir. La preuve j'avais refusé de voir Charlie ses jours, elle ne devait pas comprendre. Elle était passée de tout le temps avec maman, à sans maman depuis trois jours. Alors quand j'avais reçu le message de Priape pour mon anniversaire je n'avais pas hésité à lui demander ce petit effort parce que ouai je n'avais pas envie de voir ma mère non plus pour qu'elle me tire les vers du nez pour savoir ce qu'il se passe, pour qu'elle me conseille et tout ça. Je ne pensais cependant pas que ma demande serait exhaussée si vite. A peine remise dans mon lit un petit peu plus habillée et maquillée que les autres jours pour l'occasion avec l'accord des infirmières. Je vis arriver mon ex avec ma fille dans les bras, le sourire jusqu'aux oreilles. Elle était contente de me voir ou c'était Priape qui lui avait raconté des bêtises jusqu'ici et ça la faisait rire ? Ils avaient un beau lien tous les deux malgré tout. Charlie vint rapidement à se mettre à bouger dans les bras de Priape et il avança pour la déposer sur mon lit déposant un bisou sur mon front par la même occasion. Les larmes montèrent à mes yeux beaucoup trop vite pour que je n'arrive à les retenir et à me concentrer sur autre chose sur ma fille que je serrais contre moi en regardant Priape, qui était flou pour l'occasion. Un seul mot parvint à sortir de ma bouche pour le moment : « Merci...»

« Doucement Charlie, doucement… » fis-je à la petite qui gigotait dans tous les sens avant de la poser sur le lit de Talya. Il fallait qu’elle ménage sa maman mais elle était petite, pas facile pour elle de comprendre. Et puis la jeune femme semblait très émue de retrouver sa fille qu’elle serra contre elle, les yeux humides, tout en me remerciant. « De rien… Et encore joyeux anniversaire. » Je posai le petit déj sur une table et gardais mon bouquet en main en attendant que les filles aient fini leur câlin de retrouvailles, les observant avec un sourire attendri. « Tu sais que tu vas avoir tout ton temps pour profiter d’elle. Elle reste pour la journée. Ta maman la récupérera ce soir. » expliquai-je à Talya. D’ailleurs j’avais toujours le sac à langer de la petite demoiselle en bandoulière sur mon épaule. Je marchais un instant dans la pièce, tournant sur moi même, comme un mannequin sur les podiums, puis je me retournai vers Talya pour lui demander : « Alors ça me va bien ? Faut que je m’habitue à ce genre de truc. » J’étais du genre à sortir avec ma carte bleu dans une poche, mon téléphone dans l’autre et c’était tout. Avec un petit bout ça serait une organisation différente.

Charlie gigote pour venir jusqu'à moi et viens à taton lorsque Priape la pose sur mon lit. Je ne devrais surement pas la prendre aussi rapidement pour la serrer aussi fort contre moi mais pour le coup je ne pense pas à cela. J'ai juste envie de l'avoir contre moi et je remercie encore Priape qui me souhaite à nouveau mon anniversaire. « Merci encore ! Je crois que t'as tout bon sur les trois trucs que tu m'as apporté. » La petite blonde desserra mon cou pour se laisser tomber assise entre mes jambes. « Je ne supporte plus la bouffe ici, je crois qu'il va falloir que ce soit mon anniversaire tous les jours jusqu'à ce que j'accouche ou je vais encore perdre du poids ! » Ouai parce que j'avais déjà perdu un kilo en trois jours, ce que bébé n'avait pas forcément apprécié et lui n'avait pas pris un gramme. « Y'a un vase dans la salle de bain, si tu veux... Enfin si elles sont pour moi... » Sait on jamais il pourrait me laisser Charlie et aller voir quelqu'un d'autre après, quoi que, pas sûr qu'il me laisse le petit monstre toute seule sachant comme elle est boujon et comme je ne dois pas bouger. « Ma mère la récupére ici ? Tu restes toute la journée aussi ? Fin je veux dire je sais pas si je pourrais la gérer seule toute la journée comme je ne dois pas sortir... J'ai même plus le droit de me lever pour aller aux toilettes... C'est tellement réducteur... » J'ai bien du mal à l'avouer mais je me sens sale, je me sens handicapée, bref rien de très glorieux. « Je... J'ai pas envie de voir ma mère... J'ai pas envie d'avoir des questions et tout ce qui va avec... » Mes yeux se posent sur lui qui fait son petit défilé avec le sac à langer. Ca me fait rire et je sens le bébé bouger. Pas mal le petit bonhomme qui se réveille maintenant que tout le monde est là. « C'est parfait, ça te va bien ! D'ailleurs, ma mère doit retourner quelques en Ukraine et je n'ai aucune envie que Charlie reste avec mon père ça te gênerait de.... Non en fait oublie ce n'est pas à toit de gérer ça... » Et pourtant il allait falloir que je me creuse la tête pour trouver quelqu'un car tous mes proches sont au Summer Camp et je ne fais confiance à personne d'autre autant qu'à Priape.

« Trois trucs ? » repris-je un instant. « Premier cadeau, Charlie ? Check. Deuxième : les viennoiseries ? Check. » fis-je en désignant le petit déj sur la table. D’ailleurs Talya ne supportait déjà plus la nourriture de l’hôpital. « Je peux te ramener ça tous les matins si tu veux. Je peux même venir passer mes pauses déjeuner avec toi quand je serais en pédia. » proposai-je alors spontanément. Hors de question de la voir perdre des forces et de l’énergie. Elle avait besoin de ça pour tenir jusqu’au terme. Je continuais de lister les cadeaux amenés : « Troisième chose : les roses. En fait, elles sont pour la sage-femme qui s’occupe de toi, j’ai trop craqué pour elle… » Autrement dit la soignante grisonnante de 55 ans que j’avais croisée dans le couloir. Je me mis à rire et repris ensuite : « Bien sûr qu’elles sont pour toi. » Un petit regard pour le bouquet blanc que j’avais toujours en main, la jeune femme m’indiqua où trouver un vase et je m’occupais de les mettre dans l’eau avant de les placer au centre de la table. « On va avoir un petit déj digne d’un hôtel quatre étoiles là. » Enfin, pour revenir aux trois trucs que j’avais apporté, j’ajoutai avec humour : « Mais t’oublies un quatrième truc : Priape Zacharias. » fis-je en m’auto-désignant. Genre j’étais un cadeau. Je lui expliquai alors le plan : « Je reste avec toi toute la journée. J’étais de jour mais j’ai changé pour faire la nuit, comme ça je vais t’aider avec ton bolide. » fis-je en désignant Charlie qui commençait déjà à crapahuter sur le lit de Talya. « Toi, tu te reposes et tu profites de ta fille, moi je t’assiste. Ca va me servir d’entrainement en plus. » D’ailleurs, je lui fis un petit défilé avec le sac à langer qui m’allait à ravir, prêt à endosser mon rôle de père. Elle évoqua alors le voyage en Ukraine de sa mère, et surtout son appréhension de laisser Charlie à son père. Je retrouvais mon sérieux, posai le sac dans un coin et vint m’asseoir sur le lit auprès des deux filles. « Donne moi les dates, si je bosse pas, je peux la garder… Et si je travaille, elle ira peut être à la crèche de l’hôpital le temps de mon service, on peut s’arranger comme ça. »

« Je sais, je me suis pas senti obligé… Je me suis dit que ça ferait un beau cadeau d’anniversaire, qui me couterait pas trop cher en plus tu vois… » ajoutai-je avec humour pour la déculpabiliser. Honnêtement, j’avais fait ça pour une seule et simple raison : qu’elle se sente mieux. Et son bien être impliquait bien sûr de passer du temps avec sa fille. Vu son état elle avait besoin d’une paire de main supplémentaire pour s’en occuper alors la solution avait été vite trouvée dans la tête. Je lui conseillais ensuite de se reposer, manger et profiter, mais elle répondit alors avec un sérieux qui me désarma un peu, il fallait qu’on parle. Je n’aimais pas cette phrase, ça ne pressentait rien de bon. Je m’approchais, m’assis sur son lit en la regardant avec un air soucieux. Qu’est-ce qui avait encore bien pu se passer ? Un soucis avec le bébé ? Un nouvel article de CS ? J’étais tellement habitué aux rebondissements en tout genre désormais que je m’attendais presqu’au pire. Je cherchais mentalement de quoi il pouvait s’agir tout en reconstituant le biberon de Charlie. Mon expression l’amusa puisqu’elle se mit à rire. « Tu me fais peur aussi avec tes –il faut qu’on parle-… » ronchonnai-je alors qu’elle se moquait de moi. Elle m’expliqua alors le sujet qu’elle voulait aborder, très sérieux malgré tout mais beaucoup moins alarmant que ce qui avait pu traverser mon esprit : le choix des prénoms. « Non mais Talya, on peut pas lui choisir un prénom maintenant, sinon le bébé va penser que ça y est c’est bon il peut arriver. » répondis-je avec une certaine superstition. J'allais pas pouvoir prendre ma garde de nuit parce que ce soir on y serait encore... « T'as déjà des idées ? »Et puis pour les parrains-marraines, je n’y avais même pas pensé. « Tout le monde sauf Matthéo hein… » Déjà qu'on se le coltinait comme parrain de Charlie. D’ailleurs, en parlant de la petite, Talya envisageait de me laisser sa fille fin aout. « Ca marche pour l’entrainement. Charlie est un amour, mais son demi frère ou sa demi sœur le sera aussi… » Espérons espérons, parce qu’avec un an d’écart entre eux, si c’était un petit diable, on allait pas s’ennuyer. « Bon puisque tu veux aborder les sujets sérieux… Talya, t’es hospitalisée, tu vas surement pas sortir avant mi septembre, si ce n'est jusqu'au terme,  tu vas manquer la rentrée et une fois sortie il faudra que tu lèves le pied... » Fallait qu’elle pense à sa santé qu’elle se ménage et pour la reprise des cours ça allait être compliqué… « Et pour la présidence de la dunster c’est pareil, ça va être dur si tu te présentes non ? Tu vas pas pouvoir être sur tous les fronts. » Je voulais pas lui dicter ce qu’elle avait à faire, je voulais rien lui imposer, juste lui ouvrir les yeux sur certains projets qui me paraissaient compromis avec son hospit. Et si elle tenait vraiment à tout ça, poursuivre ses études, la DH etc, je serais là pour la soutenir malgré tout.  

« Ca va tes chevilles ? » Je le regardais en secouant la tête de gauche à droite, mon dieu ce qu'il pouvait être sûr de lui parfois. Mais je savais bien qu'il rigolait et pourtant il avait parfaitement raison. L'avoir avec moi et avoir Charlie, c'était juste s'assurer de passer de parfaits moments... Charlie occupée à prendre son biberon, je ne tardais pas de dire à Priape que nous avions à parler mais il n'avait pas l'air d'être d'accord. « Priape si je dois avoir une césarienne en urgences ou autre, on n'aura jamais discuté de prénom, on ne sera pas arrêté sur une idée pour une fille et sur une idée pour un garçon... Notre bébé aura pas de nom, c'est juste pas possible. Prends les choses au sérieux... Arrête de repousser cette discussion sans cesse, bébé est au chaud, qu'il ait son prénom ou non. » Enfin pour le moment. Mais je devais dire que ne pas me faire une idée du prénom qu'il pourrait avoir ça me perturbait surtout si je devais être shoutée le jour où il allait venir au monde. « On a déjà parlé de mes préférences... Mais toi tu me donnes jamais les tiennes, alors crache les pour une fois. » Pourquoi évitait il toujours ce sujet avec soin ? Pourquoi le repoussait il tout le temps ? Ca m’agaçait légèrement. Je voulais qu'on en parle vraiment très sérieusement lui et moi. « Matthéo est le parrain de Charlie, ne soit pas idiot. » D'ailleurs en écoutant ce nom la petite leva les yeux jusqu'à moi pour me regarder avec un sourire, si Priape n'aimait pas le mather, Charlie, elle, aimait son parrain. « Elia marraine ? » La meilleure amie de Priape avait une telle place dans sa vie qu'en fait je ne voyais pas de meilleure marraine qu'elle pour notre bébé, je savais qu'elle allait être bien occupée avec son propre bébé mais bon... « Blake ou Isaac parrain ? » J'avais eu des nouvelles d'Isaac régulièrement malgré son départ, il était bien censé revenir... Mais d'un autre côté Blake était assez proche de nous deux alors bon... « Si j'ai accouché, qu'est ce qui m'empêchera de mener tout de front ? J'ai su gérer avec Charlie, je vais tout faire pour réussir le même exploit avec notre bébé en plus... Surtout que tu seras là, je ne serais pas seule, enfin si, mais non quoi... J'ai envie de profiter... D'avancer... Priape mes études c'est ma vie, je me suis saignée pour pouvoir les reprendre, je ne peux juste pas y mettre un stop comme ça... Pour la présidence dunster, on verra... C'est la seule chose sur laquelle je ne suis pas décidée pour le moment... Et puis j'ai encore le temps d'y penser... » J'hausse les épaules, je déteste cette conversation mais il faut sérieusement qu'on parle des sujets sérieux parce que ce n'est pas quand on sera au pied du mur qu'il faudra le faire. J'ajoute alors d'une voix assez tremblotante... « Et pour... Pour la garde du bébé ? » Une semaine avec moi après la sortie de la maternité, une semaine chez lui de suite après ? C'était une horreur rien que d'y penser.

« Je commence à être un peu serré dans mes chaussures maintenant que tu le dis… » répondis-je en riant avant d’ajouter : « En plus, ma conseillère en mode perso va pas pouvoir faire du shopping avec moi avant un moment alors je vais devoir faire avec cette paire là je crois… » Et oui, je me referais bien à elle, parce que je n’étais pas un fan de lèche vitrine alors depuis ma séparation d’avec Talya, mon dressing faisait un peu la tête et quand je l’avais souligné à la demoiselle pendant le SC, elle s’était aussitôt proposé pour une sortie boutiques. Sortie qui allait être désormais remise à plus tard. Enfin, je fis pas le matin longtemps, quand Talya évoqua les prénoms et le choix qui s’imposait, je tentais de me défiler mais je sentis que je n’y échapperais pas. Et au final, vu la situation actuelle, mon ex petite amie avait 100% raison, ce que je finis par admettre : « T’as raison… C’est vrai que si c’est une fille et qu’en te réveillant de ton anesthésie tu donnes Sienna comme prénom, je risque de faire un infarctus. » plaisantai-je avant de vite reprendre mon sérieux histoire de ne pas l’agacer davantage. « Déjà, il faut pas des prénoms de personnes qu’on connaît, t’es d’accord ? » Sienna, out. J’essayais de réfléchir quand même, avec le regard de Talya pesant sur moi, attendant d’entendre mes préférences… « Pour une petite fille, j’aime bien… Mila. C’est mignon Mila. » fis-je avant d’y accoler mon nom de famille : « Mila Zacharias. Ca sonne bien non ? » Je proposai ensuite un autre idée féminine : « Zélie, j’aime aussi, mais bon Zélie Zacharias, ça fait trop de –z- non ? » C’était quand même important comme choix, ça allait lui rester toute sa vie à notre bout de choux. Pour les garçons, là je refis fonctionner mes méninges. J’avais pourtant l’habitude des gosses, j’en voyais passer des tas dans le service, ça aurait du me donner des idées. « Je sais pas trop pour un petit mec… Djon-Café, Tom, Eliott, enfin des prénoms pas trop longs quoi… Bon toi c’est quoi tes idées ? » Histoire de voir si elle était plus inspirée et plus imaginative que moi. Pour la question des parrains-marraines, j’évinçais direct l’autre zouzou de Matthéo, ce qui fit relever les yeux de sa fille vers nous. « Ouais je sais… » ronchonnai-je. Mais n’épiloguons pas sur lui. Talya proposa d’emblée Elia, et mon sourire revint sur le champ : « Elle serait parfaite. Elle est géniale avec les enfants. » Puis comme nos petits auraient peu d’écart ça serait idéal. Les deux noms qu’elle cita pour les parrains me paraissaient de bons choix également : je m’entendais bien avec Blake, mais également avec Isou. J’hochai la tête : « T’as des news d’Isaac, il va revenir ? » Il avait intérêt d’être là pour arroser la naissance avec moi dans tous les cas. Et puis, j’espérais aussi qu’il allait mieux. Profitant du sérieux de la conversation, je glissai à Talya mes réserves quand à tous ses projets qui s’accumulaient : présidence de la confrérie, rentrée scolaire, hospitalisation avec repos obligé. Oui, tout ça ne collait pas. « Bah j’espère que t’auras pas accoucher à la rentrée Talya… » Pensée positive, fallait partir du principe que le tracto allait marcher. Elle persistait pour les études, et comme j’étais en médecine, je savais que c’était un domaine où un break pouvait vite signifier échec. Néanmoins, elle ne semblait pas complètement butée pour la présidence : ce n’était pas décidé dans sa tête. J’eus un petit sourire, sourire qui s’estompa quand elle reprit sur la garde du petit. Il fallait qu’on en parle, c’était juste dur d’opter pour un mode de garde. « Tu te vois me le laisser à quelle fréquence et à partir de quand? » demandai-je avec douceur, ne voulant surtout pas la brusquer. J’étais en pédiatrie, je savais combien le lien mère-enfant était fusionnel et ce dès les premiers jours alors que le lien avec le père se tissait plus lentement, avec le temps. Je ne voulais pas non plus déboussoler notre enfant en le privant de sa maman dès le début.

« Oh purée le shopping ! Va falloir tenir jusqu'à ce que ton fils ou ta fille naisse, on ira vous habiller tous les deux en même temps ! » Ben oui comme on ne savait pas le sexe du bébé, il allait falloir aller faire un tour dans les magasins quand il serait né, surtout si c'était un garçon car je n'avais aucun habit de petit mec alors que niveau fille, il y avait Charlie avant quand même. « D'ailleurs en parlant de ça, tu crois que tu pourrais aller chez mes parents voir avec ma mère les trucs naissance et un mois qui font un peu mixte pour me les amener ? » Parce que si bébé arrive maintenant, il va être tout nu bichette et je ne peux malheureusement pas quitter mon lit pour avoir le bonheur de préparer le sac pour la maternité... Décidément mes deux grossesses ne sont en rien les mêmes vraiment. On finit par parler des prénoms, parce que j'insiste, il est temps de le faire vraiment, comment va t on faire si je suis sur la table d'opération et si Priape et retenu ailleurs ? Je ne veux pas que notre bébé reste sans prénom, même pas une minute. « Arrête avec Sienna oui !!!! Jusqu'à la fin de ma grossesse fais un break avec tous mes amis par pitié, c'est fatiguant de vous voir vous critiquer et vous entretuer tout le temps... » Pourquoi est ce que je ne peux pas vivre dans un monde où tout le monde s'aime et s'entend bien ? Le monde des bisounours ce n'est vraiment pas pour moi il faut croire. « Mais il n'y aura pas de risques pour que je l'appelle Sienna au réveil de l'anesthésie si il y a anesthésie car tu seras le premier à le voir ou à la voir... Je veux que tu sois là quand j'accouche... J'ai pas envie d'accoucher toute seule ou avec ma mère... Et j'en ai rien à foutre que tout le monde trouve ça décalé... On a du mal à faire les choses comme les autres depuis le début non ? » Mais est ce que c'était vraiment décalé que mon ex soit là avec moi alors que c'était quand même le père de mon bébé ? Je ne trouvais pas. Il avait sa place autant que moi ! Si les rôles étaient inversés je voudrais être là. « Mila j'aime beaucoup ! Zélie trop de Z oui ! Et pour un mec Eliott j'adore vraiment... J'aime aussi Gabriel... Tom je suis pas fan, y en a trop je trouve... » Si on me l'avait dit je ne l'aurais pas cru. On aime les mêmes prénoms ou presque, c'est merveilleux non ? Enfin non dans un sens ça ne m'étonne pas parce qu'on n'a jamais eu de grosses disputes de gros désaccords avant la chose qui a tout fait pété. On est vraiment un couple comme ceux de nos jours : à la première galère on fait n'importe quoi et ça fini par une séparation avec un bébé au milieu. Je m'en veux de ne pas avoir su être plus intelligente. « On est d'accord sur Elia alors ? On lui annoncera quand le bébé sera né ? Et oui j'ai des nouvelles d'Isaac, il devrait revenir mais je ne sais pas quand... Et je suis vraiment proche de Blake aussi... Il est adorable... Enfin je sais pas pour le coup c'est un peu un dilemme... » Choisir entre deux amis ? C'est impossible, je n'ai pas envie d'en blesser un, d'accorder plus ma confiance à l'autre, vraiment je veux connaitre son avis mais au final je ne sais pas si il va bien m'aider car je sais qu'il apprécie et s'entend bien avec les deux, avec Blake c'est peut être un peu plus vieux ? Non en fait j'en sais rien. « J'espère aussi... Mais tu crois vraiment que je vais tenir jusqu'au terme ? Je le sens mal... » J'ai tout foiré pendant cette grossesse mais ça je me retiens de le dire parce que je lui ai promis de ne plus me dévaloriser. « Je ne sais pas du tout pour à partir de quand et à quelle fréquence... Je ne veux pas que tu sois à l'écart mais j'arrive pas à m'imaginer loin de notre bébé... Tu devrais peut être venir à la maison au début ? Pour rien louper, être là... Puis quand tu veux le prendre, tu me le dis et je sais pas comment je ferais mais on le fera ? » Mes mains se mettent à trembler dès qu'on parle de ce sujet, c'est une angoisse de fou. Je n'arrive pas à m'imaginer sans le bébé et ce n'est pas par manque de confiance en Priape, c'est juste que j'aurais besoin de ce petit être de l'avoir près de moi...