« Une semaine ?! Mais je ne peux pas rester absent une semaine du boulot ! Mon assistante est incompétente et si je ne suis pas là, les anges partent dans tous les sens ! »râlais-je avant de porter ma main à ma tête. Foutue migraine. « Il faudra que tu appelles Mona demain et lui dire que son licenciement attendra mon retour mais que j’ai besoin d’elle pour gérer tout ça et qu’elle appelle Nikos pour qu’il l’aide… Elle sait de qui je parle, elle se chargera du reste »marmonnais-je avant de soupirer. « Tu restes avec moi hein ?! J’ai pas envie d’être tout seul dans ce grand lit froid… Besoin de tendresse et d’amour.. Reste dans mes bras pour l’éternité agapi mou (ma chérie) »
« Et oui, on ne peut pas se fier à une brune ! » Elisandra buvait d’autant plus du petit lait qu’Hyppolite avait osé lui faire croire qu’il se tapait son assistante. Cette plaisanterie là, mine de rien, lui restait encore en travers de la gorge… « Arrête de paniquer, je vais appeler Mona et lui dire pour ce fameux Nikos et ton agence tournera comme sur des roulettes ! Plus tu vas te reposer, plus tu vas guérir vite tu sais ? Par contre j’essayerai d’être là aussi souvent possible mais mon frère va m’arracher les yeux si jamais je lui fais faux bond, t’es au courant ? » fit-elle valoir avant de le bercer dans ses bras. « Tu veux que je te fasse prendre une douche tiède pour faire baisser la fièvre ? »
« J’aime que les blondes de tout de manière »marmonnais-je sous le coup de la fièvre. C’était bien rare les fois où je me laissais aller de cette manière –je devais vraiment être malade ! « J’emmerde ton frère… »soupirais-je avant de lever les yeux vers elle « D’accord… Je vais essayer de me passer de toi mais je me sens mourir, c’est affreux. Achève moi, je gagnerai du temps, Archi et toi hériteraient de tout comme convenu dans mon testament » râlais-je pour mieux me blottir entre ses bras accueillant. [COLOR=#046380] « Je veux bien mais on fera l’amour aussi… Pas
« J’espère bien ! » s’exclama-t-elle d’un air mi sérieux mi amusé avant de reprendre, en soupirant : « mais c’est aussi mon patron, je crois pas que t’aimerais que ton assistante déserte pour surveiller son copain malade, non ? » fit-elle remarquer tout en sachant par avance qu’Hippolyte serait sûrement en mesure de lui sortir un contre argument aussitôt. Elisandra l’incita cependant à se lever pour mieux l’accompagner dans la salle de bain, le déshabillant avec délicatesse tandis qu’elle montait un peu le chauffage et faisait couler l’eau de la douche pour la réchauffer. « C’est quoi cette histoire de testament Hippo ? Et on va pas faire des folies, juste baisser la fièvre hein ! T’es pas en état là ! »
« Elle serait virée sur le champ »marmonnais-je. Je n’étais pas en état de trouver le moindre contre argument, ce qui me désolait. D’ordinaire, j’avais bien plus de répartie que cela, j’étais pathétique… Une véritable loque humaine et même pas Elisandra n’accédait à ma demande en m’épargnant la vision de ma propre déchéance en m’achevant. Monde cruel. Je me relevais péniblement pour la laisser me trainer dans la salle de bain puis sous la douche. « J’ai fait un testament depuis des années… Depuis que tu m’as annoncé que tu étais enceinte, l’Olympe ne veut même pas se dresser… Je veux mourir, je suis devenu impuissant à cause de la fièvre »continuais-je de me plaindre.
« Bah tu vois, même toi tu agirais pareil ! Bon même si mon frérot n’a pas intérêt de me virer sinon je le zigouille ! » s’exclama-t-elle avec un petit rire, déshabillant précautionneusement Hippolyte pour mieux le faire entrer dans la cabine, rentrant avec lui sans se déshabiller pour éviter les tentations. « Pourquoi tu m’as jamais dit que t’avais fait un testament ? » demanda-t-elle avant de secouer la tête. Ce n’était pas le moment d’en parler ! « Par l’Olympe, tu sous entends junior ? Mon ange on se rattrapera plus tard, c’est pas grave ! Mets la tête en arrière… »
« Inutile d’en arriver là, tu pourras porter plainte et je t’allouerai les services du meilleur avocat pour le ruiner jusqu’au dernier cents » fis-je bougon car je n’aimais pas être malade. En même temps, qui aimerait sentir son corps partir en vrille, sa tension battre des records dans le sens inverse ?! Personne et surtout pas moi qui passait le plus clair de mon temps à camoufler mes faiblesses. Je me sentais limite dans la peau d’un petit poussin et c’était d’un désagréable. « C’était une formalité administrative, rien de plus »haussais-je les épaules. Je ne voulais pas que mon fils connaisse la même chose que moi : la misère, la dure loi de la rue, l’impression quasi permanente d’être seul au milieu d’une foule. Je penchais la tête en arrière en soupirant. « C’était maintenant que je voulais… »
« Je doute qu’il me fasse ça, t’en fais pas » lui assura-t-elle en commençant à le shampouiner en se collant à lui, prenant soin de ne pas le brusquer ou même que l’eau soit trop froide. « On en parlera plus tard c’est pas le moment » reprit-elle d’une voix douce. « L’eau n’est pas trop froide ? Hippo arrête de te torturer vraiment c’est pas grave… remets-toi d’abord et… tu sais je serai encore là. »
« Mouais… »lâchais-je. Je ne connaissais même pas son frère alors je ne pouvais guère me faire une opinion sur ce type mais s’il la faisait souffrir d’une quelconque façon, il n’y aurait aucun endroit sur Terre où il serait à l’abri de mon courroux. « Non c’est parfait… mais tu seras là combien de temps ? Je suis sûr que je suis victime d’un mauvais rêve. T’es revenue dans ma vie mais je suis en train de délirer à cause de la fièvre… Demain tu auras disparue à nouveau et je serais à nouveau seul… Tu crois que si je me réveillais jamais, on pourrait être heureux ensemble ? Comme avant ? »
La fièvre faisait délirer Hippolyte mais au-delà de l’inquiétude, les mots qu’ils prononçaient lui arrachaient le cœur. « Tu es pas heureux que je sois là, avec toi ? » lui demanda-t-elle avec prudence en le rinçant pour mieux demeurer interdite et immobile quelques secondes. « Je donnerais n’importe quoi pour remonter le temps tu sais… et effacer le fait que ton cœur se soit fermé » déglutit-elle avec difficulté pour mieux s’emparer de ses lèvres avec la force du désespoir. Tant pis s’il lui refilait ses microbes.