(+) Un fils qui vous veut du bien. w/ Elisandra

J’allais tuer Mona. J’allais la virer et attendre au moins quinze jours avant de la réembaucher. Bon sang, comment avait-elle pu perdre mon fils ?! Elle savait très bien qu’il était tout ce que j’avais sur cette Terre. Je n’avais jamais pris conscience du fait que j’aimais Archibald. Pour moi, il n’avait été que mon fils sans vraiment que je ne comprenne ce qui nous liait tous les deux mais là, de le savoir en danger me retournait totalement. La police m’avait demandé de regagner mon domicile et d’attendre leur coup de fil mais j’étais véritablement comme un lion en cage alors quand la sonnette de l’appartement retentit dans l’appartement, je me ruais sur la porte pour tomber sur Archibald et Elisandra, tout souriant. « Archi !! » m’écriais-je en perdant tout mon contrôle et en le serrant dans mes bras. « Où étais-tu passé ?! Je me suis fait tellement de souci » lui dis-je en déposant mille et un baiser sur sa joue avant de jurer en grec. « Désolé papa mais je ramène maman… Tu as vu, je suis fort comme toi ! Tu n’auras plus besoin de pleurer sur la photo… tu pourras lui faire plein de câlin »

C’était avec la plus grande des surprises qu’Elisandra s’était rendue compte qu’un petit garçon la suivait… son fils. Autant dire qu’elle profita de lui quelques instants avant de se douter de l’inquiétude dont devait être affublé Hyppolite. Malgré leur précédente altercation, elle ne mit guère de temps avant de le ramener jusqu’à l’appartement de ce dernier, pour mieux le laisser gérer leurs retrouvailles… même si elle écarquilla les yeux de surprise face au commentaire de son fils. « Je vois de qui il tient… » murmura-t-elle plus pour elle-même qu’autre chose même si Elie avait un regard des plus émus alors qu’Archie ne la lâchait pas d’une semelle. « Apparemment il a filé entre les doigts de sa baby-sitter et m’a suivie dans tout le centre commercial. Je te l’ai ramené quand il m’a rattrapée… tu veux que je te laisse le coucher ou tu veux que je le fasse ? »

"Il a tendance à être un peu trop expansif concernant ma vie privée"déclarais-je calmé pour le coup même si je passais mes doigts dans les cheveux de notre fils. "Il a filé à l'anglaise et Mona n'a rien vu venir mais ce n'est pas grave, je viens de la licencier"haussais-je les épaules avant de lui faire signe qu'elle pouvait le coucher elle-même. Je n'avais pas vraiment envie de parler plus qu'autre chose et je m'étais suffisamment donné en spectacle. Je la laissais donc gérer Archi pour mieux aller me réfugier dans ma serre où la compagnie des plantes et des fleurs m'avait toujours apaisé.

« De la licencier ? » s’étonna Elisandra, ne trouvant pas vraiment le rapport entre le boulot de Mona au sein de l’entreprise d’Hyppolite et celui de baby-sitter… m’enfin elle prit Archie entre ses bras pour mieux aller lui faire prendre son bain, le mettre en pyjama et lui lire longuement une histoire comme si elle avait peur que tout ceci ne soit un rêve… et ne veuille pas que ce moment se termine. « Fais de beaux rêves mon ange… » murmura-t-elle avant de sortir silencieusement de la chambre, constatant que l’homme d’affaires se trouvait au milieu de ses plantes ce qui la fit sourire d’amusement. Elle attrapa un pschitt pschitt d’eau pour mieux tirer sur l’arrière de son pantalon et en asperger son séant recouvert de son caleçon. « Sympa ton caleçon ! Coloré, stylé… » éclata-t-elle de rire.

"Elle a l'habitude, je la vire au moins une trentaine de fois par an" marmonnais-je, cela faisait partie d'une sorte de rituel compris de nous deux. Mona ne prenait jamais de vacances, elle n'en avait pas besoin puisque je la virais très souvent pour une semaine ou deux si bien que ces périodes étaient toujours transformées en vacances forcées. Je fuyais dès lors dans mon refuge. Je n'avais pas envie de la voir plus que nécessaire. Cela me faisait toujours aussi mal au cœur qu'elle puisse avoir refait sa vie avec cet homme d'affaires. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle vienne m'emmerder avec son vaporisateur d'eau. "Je peux savoir ce qui te prends?!" m'exclamais-je en me retournant vivement pour la fusiller du regard. "Cela t'arrive souvent d'avoir ce genre de geste déplacé envers un homme?! Ton nouveau partenaire n'est pas trop jaloux j'espère !... De tout de manière peu importe, je préfère être clair, je suis actuellement en couple avec ma nouvelle assistante et elle est très possessive. Je crois qu'il vaudrait mieux que nous n'ayons pas ce genre de plaisanterie entre nous"lâchais-je de but en blanc.

« Déplacé ? T’as vraiment aucun humour en fait ! » secoua-t-elle la tête, encore hilare, mais plus pour longtemps. Elisandra perdit rapidement son sourire pour mieux hausser deux sourcils de surprise face à la suite de son discours. « Mon nouveau partenaire… je ne vois pas très bien dans quelle dimension parallèle tu as pu capter que j’avais un nouveau partenaire m’enfin si tu le dis ! » s’exclama-t-elle pour mieux avoir un regard horrifié vers Hyppolite et reculer de plusieurs pas en faisant choir d’un même temps le vaporisateur d’eau. Elie prit la suite de ce dernier en s’évanouissant face au choc. Impossible de supporter une telle chose, surtout dite de cette façon, et son nez se mit déjà à saigner de façon plutôt vive.

Pourquoi nier l'évidence?! Cela faisait quinze jours qu'elle s'affichait sous mon nez au bras d'un foutu arriviste à la con. D'ailleurs plusieurs fois, j'avais ressenti l'envie irrépressible d'aller lui casser la gueule pour mieux la trainer par les cheveux loin de lui mais je n'étais plus ce gosse de rues sans manière. J'avais un rang à tenir ainsi qu'une réputation. "Pitié, ne fais pas l'innocente alors que tu n'as eu de cesse de te pavaner sous mes yeux" m'agaçais-je car elle ne pouvait quand même pas nier ce que j'avais vu durant ces maudites deux semaines. J'étais certain qu'elle l'avait même fait sciemment pour me faire payer de l'avoir congédié de cette foutue chambre d'hôtel. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle tombe dans les pommes et je la rattrapais juste avant qu'elle ne touche le sol. "Eli !!"m'écriais-je inquiet avant de sortir un mouchoir brodé pour tenter d'arrêter le saignement de son nez.

« De me pavaner… mais de quoi tu parles à la fin, sois plus clair si tu veux m’en foutre plein la tronche ! » s’emporta-t-elle à son tour sans avoir le temps de le faire dans les grandes largeurs vu qu’Elisandra tomba dans les pommes quelques secondes plus tard. Il ne fallait pas lui donner un tel choc émotionnel alors qu’en ce moment, elle n’était hélas pas en mesure de les gérer. Par chance, Hyppolite la rattrapa au vol, l’empêchant ainsi de se faire mal, et elle se réveilla environ une minute plus tard en répétant à plusieurs reprises la même question qu’elle avait énoncée à son réveil de coma à l’hôpital : « depuis… combien de temps je suis là ? » murmura-t-elle avant d’ouvrir les yeux de façon plus vive et de se remémorer ce qui venait de se passer. « Fous-moi la paix ! Je croyais qu’il fallait pas de ce genre de « plaisanteries » entre nous » répliqua-t-elle, sarcastique, avant de se tenir le nez pour mieux se ruer au dessus de son évier. « Bordel de putain de bordel de merde !! »

"Pas plus d'une minute" répondis-je avec un fond d'inquiétude dans le regard pour mieux grogner d'agacement. "Tu t'es évanouie, tu appelles cela une plaisanterie? Je t'amène à l'hôpital, tu t'es peut-être fait mal" lui dis-je tout en la suivant jusque dans la cuisine pour la voir penchée au-dessus de l'évier. Elle avait laissé derrière elle une trainée de sang qui me fit pâlir. Je n'aimais pas la vue du sang, c'était même une de mes plus grandes phobies mais je savais d'où elle venait. "Tu veux que j'appelle ton compagnon? Et je parle de l'homme avec lequel tu t'affiches depuis quinze jours sans le moindre égard à ce que je pourrais ressentir mais tu t'en fiches puisque je suis certain que d'après toi, je n'ai aucun cœur"lâchais-je avec amertume lui prouvant que j'avais bien sur repéré son manège avec cet homme.

« Tu m’amènes nulle part et surtout pas à l’hosto ! » s’exclama-t-elle en rinçant maladroitement son nez tout en le comprimant de sa main libre, soupirant à de nombreuses reprises car Elisandra détestait qu’il puisse la voir dans un tel état. « Alors que les choses soient claires : d’une, je n’ai pas de compagnon, de deux, je ne faisais que rendre service à mon frère qui doit collecter des infos sur ce gros bonnet et de trois, tu m’excuseras mais de nous deux, lequel a le moins de cœur ? Tu as vu ce que tu viens de m’envoyer dans la poire ? » soupira-t-elle en constatant qu’en prime elle parlait du nez, ce qui ne lui donnait absolument aucun glamour d’autant qu’elle avait les mains pleines de son sang. « Appelle-moi juste un taxi je vais rentrer au bureau et point barre, pas envie en plus que ton assistante cherche à me casser le nez alors qu’il est déjà bien assez amoché. »