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Away - Jayden Sunrise Cooper

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J'ouvris la porte de la supérette, en le laissant entrer en premier. Le mec au comptoir, nous fit un signe de tête, sans plus de considération. Je me faufilais dans la première allée et ouvris un réfrigérateur. "Je ne pourrais pas faire un choix, ce sont mes deux passions, et l'un paie mieux que l'autre, quand on sait à quel point c'est dur de percer dans la chanson!" J'attrapais une bouteille d'eau et de l'autre côté un paquet de gâteau, hésitante, j'en pris deux. "Je pense que le café me fera le plus grand bien, et de toute façon on est presque arrivé à la première étape du voyage... et je te promets que je te laisserais conduire ma voiture... si tu résiste à la suite bien sur!" Je mordais dans un biscuit, accoudée au comptoir. "C'est... comment on dit, la carotte pour faire avancer la bourrique." je lui décochais un grand sourire malicieux. "Deux cafés s'il vous plait." Le gros monsieur alla s'exécuter. "Et pour répondre à ta dernière question... je ne suis pas fière d'avoir toujours dénigré plus ou moins sciemment ma mère et son autorité excessive." Je touillais le café qui avait été posé devant moi, en y ajoutant du sucre. Je posais ensuite deux billets de 20 dollars sur le comptoir.

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« Oui.. Et puis au pire avec de l'argent tu pourras faire tes chansons. Alors que sans... Ca va devenir vite compliqué. » Nous continuions à avancer dans la superette, ne sachant pas trop ce qu'elle comptait prendre avec elle, ni ce à quoi elle pensait. « Si je résiste à la suite du voyage ? Je me demande bien ce que tu me réserves honnêtement. Mais la bourrique va suivre. » Une fois qu'elle semblait avoir tout ce qu'il lui fallait -soit le minimum vitale pour survivre visiblement- nous allions prendre un café. Je lui souriais alors suite à l'annonce de sa mère. Je ne savais pas si c'était un sujet sensible, toujours d'actualité ou non. Mais qu'avait-elle derrière la tête au final ? Elle avait déjà tout le plan de la soirée dans la tête, c'est sûr. Mais alors, à quoi devais-je résister ? Je touillais également mon café, attendant une suite qu'elle ne tarderait pas à me fournir.


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Je payais nos vivres et remontant, ressortant de la supérette, je jetais un coup d'oeil à ma montre, trois heures à tuer. Il faisait assez frais dehors, je sortis une cigarette et m'en allumais une. "Tu fumes?" Je lui tendais le paquet pour qu'il se serve au besoin. Nous remontâmes dans la voiture, et je redémarra, la fenêtre entrouverte, sans un mot, la voiture nous conduisit sur un port, le port de Old Harbor exactement. Je me garais sur le petit parking, et coupais le moteur."On va attendre le bateau... j'espère que tu n'es pas malade en mer?" Je me tournais vers lui, m'appuyant contre ma portière, remontant mes genoux contre moi. "à toi de répondre à toutes tes questions... et n'oublies pas de me raconter, tout ce qu'il y a de plus intime..." Pure taquinerie de ma part bien sur. Je lui tendis des gâteaux, effleurant sa main au passage.

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« Non, je ne fume pas. » C'est marrant.. Vous avez déjà remarqué que les gens disent souvent "désolé" à la fin de cette phrase ? Je le dis parce que j'ai failli faire de même. Nous rentrions de nouveau dans la voiture, pour continuer notre chemin. Je ne connaissais absolument pas le coin, mais vraiment pas du tout. Puis, elle s'arrêtait. Je regardais par la fenêtre, avant de répondre. « Malade en mer ? Non ça va. Quand j'étais gosse, nous faisions beaucoup de voile avec mon père. L'eau ça me connait. »
Au moment du contact de sa main contre la mienne, alors que je regardais toujours par la fenêtre, je me retournais dans sa direction. Était-ce volontaire de sa part ? Je ne faisais quasiment pas attention aux gâteaux, la regardant dans les yeux. « Au bar, c'est toi qui es venue vers moi déjà, non ? » Je lâchais un rire, pour appuyer ma taquinerie. « Ensuite... Je pense que ça sera d'aider les gens qui m'entourent, et dans un rayon plus large. Une ville. Un pays. Une nation. Mais bon, l'espoir fait vivre. Je veux donner de l'espoir aux gens. Et enfin.. Je n'ai rien à me reprocher jusqu'à maintenant. »


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J'éclatais de rire, c'est vrai que reposer les mêmes questions c'était un peu con, mais je ressentais un petit peu de fatigue, et puis attendre deux heures et demie dans la voiture, n'allait pas me tenir éveiller. Je me blottis contre mon siège, le regardant, il avait un regard vraiment beau, et c'était appréciable de parler à quelqu'un qui nous regarde dans les yeux et pas ailleurs. Je l'écoutais sagement, me laissant bercer par sa voix."Tu ne peux pas avoir rien à te reprocher, c'est humainement impossible... " Je me relevais, étirant mon dos en entier, ça craqua, et je baillais d'aise. "Raconte moi une histoire, pas une histoire qui me fera sombrer j'entends, tiens moi éveiller jusqu'à 3h30..." Avec beaucoup de naturel, je tendis ma jambe sur lui. "je me permets, j'ai des grandes jambes malgré ma petite taille. Mais si tu veux étendre les tiennes, je t'en prie, ma voiture n'est pas ce que l'on peut appeler spacieuse, mais bon...Mets toi à l'aise, on a un peu d'attente..." Un frisson parcourut mon corps, je n'avais pas chaud dans ma robe manche trois quarts, je n'avais mit qu'un blouson en cuir par dessus, je paierais pour une couette.

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« Tu ne peux pas avoir rien à te reprocher, c'est humainement impossible... » Je m'arrêtais alors, tentant de réfléchir. Aussi bizarre que cela puisse paraitre, je n'avais vraiment rien à me reprocher dont je n'étais pas fier. J'avais été élevé.. Bizarrement. « J'ai eu une éducation très stricte et j'ai toujours compris à quoi je m'exposais si je décevais. Je crois qu'étant jeune, la peur de décevoir mon entourage m'a empêché de faire bien des conneries. »
« Raconte moi une histoire, pas une histoire qui me fera sombrer j'entends, tiens moi éveiller jusqu'à 3h30... » Puis elle étendait sa jambe sur moi, en s'expliquant. « Ecoute... Je ne veux pas paraitre rabat joie hein mais.. depuis que nous sommes sortis de la superette tu es gelée. Et vu que tu manques de place, tu sais, il y a une banquette à l'arrière hein. Alors, ce que je te propose, c'est qu'on y aille tous les deux. Qu'on s'étende comme on veut, comme tu es là. Et qu'on se tienne chaud. Et je te raconterais un truc. » Je n'avais plus qu'à attendre sa réponse. Après tout, elle n'était pas obligé d'accepter, mais ça me gênait de la voir frigorifiée et de ne rien faire pour elle.


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Je l'écoutais sagement me parler de son éducation stricte et repensais à la mienne, je pense que si mon père avait été comme ma mère, je n'aurais jamais touché un joint de ma vie. Mais les faits sont là, j'ai récupéré le côté bohème de mon père, au lieu de suivre les pas pré tracés de maman."Je comprends... Donc je présume que ça ne t'es jamais arrivé de faire un road trip avec une totale inconnue... à travers une partie des Etats Unis, avant maintenant... Le fait est que malgré ce que nous inculque nos parents, même si les principes d'éducation restent, au final, on est libre de se choisir un chemin et une vie."

Il me proposa de passer derrière pour se tenir chaud, j'esquissais d'abord un petit sourire en coin, mais il n'y avait pas l'air d'avoir une once de malhonnêteté ni dans son regard, ni sur son visage. J'hochais la tête et me repliais pour sortir de la voiture, plier le siège avant pour me glisser derrière. Je le laissais s'installer, mais forcée de constater que l'arrière d'une fastback, est très étroit. Je n'étais jamais montée à l'arrière de ma propre voiture, ça fait bizarre. Je pris conscience du peu de place et de sa carrure comparée à la mienne. Je fronçais le nez, avant de, toujours naturellement, soulever son bras, pour me glisser contre lui, laissant retomber son bras sur mon dos. "c'est mal partit pour je m'endorme pas, mais vas y j'écoute ton histoire." Je me blottis complètement contre lui, soupirant d'aise.

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« Tu as tout compris. Ca ne m'est jamais arrivé, et encore moins avec une fille que je ne connaissais pas, aussi beau que son regard puisse être. Et je suis presque d'accord avec toi. Nous sommes libres de choisir notre vie et notre manière de la vivre, plus ou moins, mais nous sommes influencés par notre éducation, forcément. Nous sommes ce que nos parents font de nous, inéluctablement. Donc nous avons le choix, mais selon dont on est façonnés. Ne trouves-tu pas ? »

C'était agréable de se trouver là, à l'arrière. Il n'y avait pas être pas toute la place que l'on voulait, mais c'était tout de même suffisant si on se collait l'un contre l'autre. Et d'ailleurs, Savannah ne tardait pas à le faire. Certainement parce qu'elle avait froid, depuis tout à l'heure. Je la laissais alors se glisser contre moi, et s'installer aussi confortablement qu'elle le désirait, passant mon bras contre son dos pour le frotter légèrement. « C'est l'histoire d'un petit garçon qui vivait dans un pays où le soleil était aussi bon que les gens. Avenant, agréable, doux. Ce petit garçon ne semblait pourtant pas avoir de père, ni de mère. Juste un oncle, qui s'occupait de lui lorsqu'il n'était pas à ses affaires. Cet oncle n'était pourtant pas du genre à s'encombrer d'un enfant, mais il le traita avec tout le respect qu'il l'aurait fait pour un membre de sa famille, lui inculquant ses valeurs à lui certes, mais des valeurs quand même. »


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"Charmeur va!" Le coupais-je alors en riant. "Bien au de là de l'éducation que nos parents nous ont donné, on est façonné par la société dans laquelle nous vivons... Et l'éducation que nos parents nous ont insufflé, est le reflet elle aussi de cette société, celle où l'on pense que si une personne se dit attiré par les deux sexes, elle finira homosexuelle, et donc en parasite, celle qui montre du doigt les personnes sachant penser par elle mêmes et qu'on reléguera au poteau des marginaux et autres anarchistes, celle qui dira que si une fille rencontre un mec dans un bar et l'invite chez elle, c'est que c'est une traînée." Je poussais un léger soupir. "Il y a bien plus de paramètres et de données, qu'une simple éducation, le parcours pour être soi est semé d'obstacles, et il est vrai que l'éducation en est un, même si sans elle, nous serions que des bêtes."

Blottie contre lui, la tête contre son cou, je pouvais entendre les battements de son coeur et cela me fit sourire. Il commença à parler, d'une voix de conteur, et je ressentis un je ne sais quoi, était il en train de me raconter sa vie? Je posais ma main sur son coeur. Il y eut un silence... "c'est... toi?" Dis-je doucement comme dans un murmure.

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« Je suis tout à fait d'accord avec toi. Il y a bien trop de paramètres qui peuvent nous mettre des bâtons dans les roues, malheureusement. Mais peut être que pour certains c'est un frein, et pour d'autres un moteur. »

Je marquais un silence suite à sa question. Était-ce moi que je contais ? Ma main se déposait en bas de son dos après que mes doigts aient flirté tout le long du chemin contre celui ci. « Et ce petit garçons a pu, malgré lui, voir des choses qu'il n'aurait pas du voir. Pourtant ces choses existent, autant que toi et moi. Et, comme si la roue venait de tourner, il fut promis à un autre destin. Certains diront que c'est ce qu'il pouvait lui arriver de mieux pour lui. D'autres diront qu'on doit simplement vivre la vie qu'on a. Moi, je dirais simplement qu'on ne lui a pas demandé son avis et qu'on a choisit à sa place. Il quittait un endroit pour en retrouver un autre, et faire comme si de rien était. Tout simplement parceque, au fond de lui, il savait ce qu'il avait laissé derrière lui. Et que même si il ne reniait pas d'où il venait, il fallait juste qu'il accepte ce qu'on lui offrait. » C'était doux. C'était tendre. Ce contact qu'elle m'offrait, avec sa main. Son visage, contre mon cou. Elle, contre moi.


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