Chose dite chose faite ► Theophyl

 
IT'S GOOD TO SEE YOU AGAIN.

Je ne m’étais pas attendu à ce qu’Elia comprenne mes antiques relations amoureux avec la même agilité que Platon lorsqu’il rédigeait de la philosophie, d’ailleurs, personne ne me comprenait. Ni moi. J’avais eu mes raisons pourtant, j’avais repoussé cette fille dans un premier temps parce que nous étions jeunes, que j’étais un idiot inexpérimenté, et que j’avais peur qu’elle ne finisse par se lasser de moi. « Je veux pas être indiscrète mais pourquoi tu l'avais rejeté ? » Ah la question fatidique. Je relevais le regard vers elle, pesant mes mots dans ma tête. Comment lui expliquer les doutes d’un garçon de dix-huit ans qui rencontre une fille qui correspond à tout ce qu’il recherche et qu’il rejette malgré ça ? « Eh bien parce qu’à l’époque je ne ressemblais pas à ce que tu as sous les yeux maintenant, que je n’avais pas confiance en moi et que je trouvais qu’elle était trop parfaite pour être avec quelqu’un comme moi. En gros, que je ne la méritais pas. » Je me souvenais encore de ses moments qu’elle avait passé à me courir après et ceux ou la situation s’était inversé. Quel merdier, sérieux. Je m’en voulais énormément, pour tout. Je n’étais pas non plus en train de me faire passer pour un beau gosse, j’affirmais juste qu’avant j’étais bien trop banale. « Je l’ai rejeté alors que j’étais amoureux d’elle, seulement de ce point-ci, je n’en ai eu conscience que bien après. » J’avais été le plus idiot de la terre entière. Mais aujourd’hui j’avais surmonté tout ça, au contraire si elle savait… Je posais un regard sur son nez, puis ses joues puis ses yeux et enfin ses lèvres avant de détourner mes yeux verts. « Je vais prier pour qu'elle démarre à nouveau alors mais ne nous porte pas plus la poisse hein. En plus on va mourir de froid ici si on reste bloqué. » J’eus un bref sourire face à sa remarque avant de dire le plus naturellement du monde, sans la moindre ironie. « Je te prendrais dans mes bras, comme ça tu es sure de ne pas mourir de froid. Enfin après ça reste ton choix. »

 
IT'S GOOD TO SEE YOU AGAIN.

« Je te souhaite de trouver une fille avec qui tu pourras connaitre une relation stable alors » Comme c’était mignon. Si les filles recherchaient à tout prix le prince charmant, nous les mecs nous avions cessé depuis longtemps de rechercher la princesse charmante –si nous pouvions appeler la fille idéale ainsi. Je réprimais un sourire. « Merci. Je te souhaite la même chose, si tu ne l’as pas déjà trouvé. » Je ne penser pas du tout à moi. Après tout nous nous étions embrassés et la dernière fois que nous nous étions vu, elle m’avait dit qu’elle était célibataire, mais et depuis ce moment-là ? Peut-être que ses plans avaient changés. « Je suis pas contre l'idée » Sa réplique m’arracha un sourire alors que la roue reprenait sa descente vers le bas. «  Apparemment là haut ça veut pas » Qui entendait-elle par là-haut ? Finalement, notre siège atterri au niveau de l’entrée du départ et nous sortîmes tous les deux. Ce que nous n’avions pas prévu fut que la pluie se joindrait à nous. « Oh bah super ! » Il se mit à pleuvoir dru et fort, si bien que la foule déserta en quelques secondes et j’entraînais donc la jeune femme avec moi vers un abri, là où il y avait l’entrée d’un bâtiment, entre deux murs, nous étions tranquilles. Je m’appuyais donc nonchalamment contre le mur, passant une main dans mes cheveux humides, croisant ensuite les bras et les jambes, je me mis à la fixer. « Là-haut ça a d’autre projet on dirait. » Je ne pus retenir un sourire me demandant ce que nous allions bien pouvoir faire là. Bien que j’eus une petite idée.

IT'S GOOD TO SEE YOU AGAIN.

La pluie s’était donc joint à nous sans que nous puissions y faire quoi que ce soit. J’avais entraîné ma partenaire dans un coin exclu à l’abri alors que la foule avait commencée peu à peu à déserter la place de la fête foraine. Nous étions trempés jusqu’aux os et je ressentais de la peine pour la jeune femme qui devait probablement mourir de froid. Je ne voulais pas que par ma faute ou celle du temps, elle ne tomba malade. « Comme quoi ? » Comme le fait que je mourrais encore une fois d’envie d’embrasser à nouveau ses douces lèvres. Rien de plus romantique qu’échanger un contact intime sous la pluie. Je me mis à réfléchir à toute vitesse alors que je la voyais trembler de froid et se mordiller la lèvre, en un geste que je découvrais incroyablement sexy. Je ne savais pas trop quoi lui dire, la voix de la raison s’appropriant progressivement de ma personne. « Comme le fait que je suis en train de penser à t’em… » Je me stoppais net dans mes paroles, c’était peut-être un peu trop osé et je n’avais pas eu envie de la brusquer. « À te ramener chez toi, une fois que la pluie aura quelque peu diminuée. » Il pleuvait trop fort pour faire quoique ce soit, ni aligner trois pas sans se noyer. Je jetais un coup d’œil aux alentours avant de lui ouvrir mes bras, toujours collé contre le mur. Je lui murmurai : « Viens. » Je savais qu’elle avait froid, ensuite elle pouvait refuser ou accepter.

 
IT'S GOOD TO SEE YOU AGAIN.

« Tu voulais vraiment dire me ramener chez moi ou.. m'embrasser ? » Un peu des deux à vrai dire. Mais sur la fin, j’avais carrément hésité. J’avais tellement peur finalement qu’elle ne m’accepte pas et qu’elle me repousse peu importe ce que je pouvais lui dire. Heureusement que lorsque je lui offrais le confort de mes bras, elle vint s’y coller, les bras repliés entre nous, comme pour instaurer une certaine distance. Je fus extrêmement content qu’elle ne le fasse, qu’elle ne me repousse pas. En même temps, je n’aurais pas vraiment compris pourquoi elle l’aurait fait si tel avait été le cas, vu qu’à chaque moment que nous avions partagés intimement, ça avait été elle qui m’avait embrassé en première. Elle se mit alors sur le pointe des pieds et approcha son visage du mien, je ne pus que sourire et abaisser la tête vers elle. Pour la seconde fois dans la journée, nous nous embrassions. Sous mon haut humide je pouvais sentir mon cœur cogner aussi fort que s’il avait voulu sortir. J’avais encerclé le milieu de son dos avec mes bras et je me sentais presque important d’avoir une personne entre eux. Je me sentais utile et avais la sensation de la protéger. Je mis fin au baiser après quelques minutes, la fixant dans les yeux. La pluie avait assombri la journée, nous pouvions presque croire que c’était la nuit. « J’aimerais mettre les choses au clair… » Je n’avais pas voulu gâcher un moment si parfait, mais nous devions quand même parler quelque peu. « Tu me fais ressentir quelque chose de spéciale…c’est pour ça que j’aime autant être en ta compagnie. » Je voulais rajouter que cela faisait longtemps que je n’avais ressenti ça pour aucune fille, mais, me croirait-elle ?  

 
IT'S GOOD TO SEE YOU AGAIN.

Je voulais mettre les choses au clair entre nous. Je ne voulais pas de sujet tabou ni lui inséminer de fausses idées. Je ne voulais surement pas qu’elle croit que j’étais un type qui embrassait toute les filles avec lesquelles il passait un charmant moment. Au contraire, il n’en était rien de tout ça. « J'aime aussi ta compagnie. » Ça réponse m’arracha un sourire en coin alors que je constatais petit à petit qu’elle avait dû s’attendre à ce que je lui dise clairement autre chose. Non pas que j’aille lui proposer de passer une nuit à mes côtés. J’adorais ce qu’il se passait entre nous, il était hors de question que je ne gâche quoique ce soit. « Mais pourquoi mettre les choses au clair, ça te déplait ? » J’eus une mimique intriguée. Qu’est-ce qui me déplaisait ? Que nous nous embrassions ? Au contraire ! Si les choses étaient plus libres qu’elles ne l’étaient déjà, je l’aurais déjà plaquée contre le mur afin de lui mordillé l’épaule et d’embrasser chaque parcelle de sa peau. Mais les choses étaient encore…comment dire ? Trop naissante entre nous. Je ne voulais rien gâcher. Je la trouvais trop parfaite pour rompre le moindre lien. « Comment ? Non, du tout ! Par mettre les choses au clair…Je voulais uniquement que tu saches que je ne suis pas le genre de type qui embrasse chaque fille avec laquelle il passe du temps. » Je marquai une pause, voir ce qu’elle avait à me dire à cela. « Au contraire, vraiment, avec toi c’est très différent. Alors traites-moi de fou ou insensé, mais il est impossible que je sois le seul à ressentir ça. » Y’avait quand même une très bonne alchimie entre nous. Je ne pouvais pas être attiré vers elle comme un aimant à sens unique. C’était impossible.