Chose dite chose faite ► Theophyl

 
IT'S GOOD TO SEE YOU AGAIN.

 La jeune femme ne m’avait pas répondu. Mon cœur dansait encore la conga alors qu’elle m’avait embrassé. L’avait-elle fait par envie, par obligation ? Parce que je lui avais demandé implicitement une telle chose ? Je n’aurai pas vraiment su le dire, puis d’un certain côté je m’en fichais royalement. Tout ce qui m’importait c’était elle, nous, là  maintenant dans ce fauteuil noir, bloqué dans une attraction sensé faire peur. Pour ma part, elle me faisait tout sauf peur. J’avais pris possession de son visage entre mes mains et attendant en un premier temps, un quelconque refus, je fus soulagé de ne pas la voir s’enfuir et au contraire, répondre à mes attentes. Elle avait les lèvres douces et tout en elle ne me donnait que plus envie de recommencer encore et encore. D’embrasser chaque parcelle de sa peau, chaque centimètre. Mais je ne devais pas et ne pouvais pas. Je devais contenir mes émotions. Puis le train repris sa route et je lui assignais un dernier baiser avant qu’il n’atteigne la sortie finale. Je descendis le premier et lui tentait la main afin de l’aider à descendre. Comment allaient évoluer les choses maintenant ? Devons-nous faire comme si il ne s’était rien passé ? Mon cœur battait encore trop fort pour que je puisse oublier quoique ce soit. Je me tournai vers elle, passé du noir au jour, ça aveugler quelque peu. « Ça va ? » Je ne pipais un mot en plus, un sourire ne quittait plus vraiment mes lèvres. « Que veux-tu faire maintenant ? À ton tour, choisi. » Moi, à ma guise je lui aurais répondu « t’embrasser » mais fallait pas non plus brûler les étapes.

 
IT'S GOOD TO SEE YOU AGAIN.

 Alors que nous venions de descendre du train fantôme, je m’étais tourné vers Elia afin de lui demander si tout allait bien pour elle. Je n’aurais pas vraiment su dire pour moi car mon cœur battait encore la chamade à cause de notre dernière proximité. Elle me fit un signe de la tête m’indiquant que ça allait de son côté, puis je lui demandais ce qu’elle avait envie de faire.  « Je crois que pour l'instant je vais éviter les gros manège. » Je ne pouvais que la fixer avec un demi-sourire. Je n’arrivais pas encore réellement à réaliser que nous venions de nous embrasser, assit dans ce fameux fauteuil. Ce que je n’arrivais pas à croire encore plus était à quel point j’avais envie de recommencer.  « Un tour de roue ? Partant ? » J’hochais la tête, mon sourire ayant augmenté.  « C’est toi qui décide, je te suis. » Elle se mit à avancer et je ne pus que me mettre à sourire très franchement, la suivant de près. Une fois devant la grande roue, je me dirigeai vers le guichet, pris deux billets et revint vers elle afin de monter dans l’engin infernale. Je n’en étais pas trop fan mais pour elle j’aurai bien soulevé une montagne. Le siège était rond et assez spacieux et je me mis à mes aises regardant le paysage aux alentours. Un espèce de silence gênant avait pris place et je mourrais d’envie de crever l’abcès. Je tournai donc mon visage vers elle. « Je croyais que tu avais le vertige. De ce point de vue, ça ne te fais pas peur ? » J’avais écarté les bras, les positionnant sur le haut du siège et un, était passé derrière la jeune femme. J’avais croisé nonchalamment une jambe à demi sur l’autre et sentait la brise sur mon visage. C’était presque idyllique, romantique pour des amoureux et songeais au fait que si la jeune femme voulait se blottir contre moi, je ne serais on ne plus joyeux.  

IT'S GOOD TO SEE YOU AGAIN.

« C'est vrai mais pour ce genre de manège j'arrive a passer au-dessus. » J’eu un petit sourire entendeur, tant mieux pour elle. Je savais qu’avoir le vertige pouvait causer des problèmes quotidiens à n’importe qui. La vue de là où nous nous trouvions était vraiment magnifique. « T'as pas des peurs toi ? » Sa question me surprit un peu mais je ne montrais rien, laissant vagabonder mon regard partout où elle ne se trouvait pas. « J’suis un homme. Je n’ai peur de rien. » Je me tournais vers elle et lui fis un grand sourire en penchant la tête en arrière. Puis je repris mon sérieux. Et alors que je réfléchissais et que le siège montait en hauteur, mes doigts avaient entreprit de dessiner des cercles fins sur son épaule. Mais c’éetait carrément quelqu’un chose d’inconscient. « Je t’aurai bien répondu que –comme tout le monde- j’ai peur de perdre ma famille ou de ne pas réussir ce que j’entreprends mais plus superficiellement, j’ai peur… » Je regardais aux alentours afin de voir si une quelconque idée me venait à l’esprit. « Des insectes. » Un grand sourire s’afficha sur mes lèvres. « Ah ! Je les trouve horrible. » Je me mis à rire.

 
IT'S GOOD TO SEE YOU AGAIN.

 Le fait que je trace des cercles avec mes doigts sur son épaule ne semblait pas vraiment la gêner plus que ça, si bien que je me surpris à me demander si les baisers que nous avions échangés dans le train fantôme avaient signifié quelque chose de particulier pour elle. Pour moi, dans tous les cas, mon cœur battait toujours aussi fort alors qu’elle était à côté de moi.  « Ah je pourrais pas compter sur toi alors pour éloigner les araignées. » J’eus un rire bref face à sa réplique. Je n’aimais pas les insectes, je n’en avais pas peur. Mais elle avait voulu savoir quelque chose dont j’avais peur et je n’avais pas pu m’empêcher de sortir une bêtise.  «  Je garderai ton secret » J’eus un haussement de sourcil ironique. « C’est très généreux de ta part, je te remercie. » Puis je lui fis un grand sourire avant de l’entendre dire :  «  Je pourrais rester ici toute la soirée. » Je me mis à la regarder alors que je voyais que son visage de profil. C’était presque sans m’en rendre compte que je la regardais avec tendresse. « Je pourrais en dire d’avantage. » Ces paroles m’avaient complétement échappé, je ne bougeais pas étant mortifié.

 
IT'S GOOD TO SEE YOU AGAIN.

 Le paysage face à moi était beau certes, mais à côté de la fille qui se trouvait auprès de moi, il était bien fade. Je repensais alors inconsciemment aux baisers que nous avions échangés un peu plutôt et au fait que ni elle ni moi n’avions osé aborder le sujet de vive voix. Que pensait-elle réellement ? Personnellement, je n’embrassais pas des filles comme ça parce que si. Y’avait toujours plus. Du moins je ressentais toujours quelque chose. Je n’accordais pas ma confiance facilement mais je m’attachais très vite. « C'est quoi ta relation la plus longue ? » Si elle voulait sa question naturelle, elle me fit l’effet d’une bombe. Voulait-elle m’analyser pour essayer de mieux me comprendre ? Je me mis à la fixer, tournant mon visage vers le sien. J’eus une espèce de mimique gêné avant de réfléchir à mes paroles. « Je n’en ai jamais eu. » Je n’allais pas lui mentir. Mais j’allais lui expliquer pourquoi aussi, bien que je sois volage, ce comportement avait des séquelles. « Je ne veux pas te mentir, mes relations ont toutes été éphémères pour diverses raisons mais… » Je soupirai et reporter mon regard au loin. « Je suis resté amoureux de la même fille pendant trois ans. Et nous n’étions pas ensemble, je l’idéalisais simplement. Puis la réalité était toute autre lorsqu’on se voyait. Je crois que le destin m’avait jeté un sort. Lorsqu’elle a voulu de moi, je l’ai rejeté gentiment, puis je me suis rendu compte qu’en fait j’en étais amoureux. À ce moment-là, c’était trop tard. Elle m’a rendu la monnaie de ma pièce en me faisant souffrir. Je n’ai jamais réussi à trouver une fille qui me plaisait autant. » J’allais rajouter jusqu’à aujourd’hui mais me retenais. Je toussotais brièvement. Parler de ça me mettait mal à l’aise. « Mais c’est bel et bien fini. » Je pinçais les lèvres la fixant dans les yeux. Je devais surement avoir perdu de ma superbe auprès d’elle. Puis la roue effectua un bref arrêt alors que nous nous trouvions tout en haut, m’arrachant un bref sourire. « Si jamais la roue tombe en panne et qu’on est obligé de passer la nuit-là par ta faute, tu devras me raconter tout ta vie. » Je me mis à rire face à mes paroles pas si menaçantes que ça.