Just... Friends, right? ( Ange )

La colère passe si vite. Le chagrin est trop fort. Il prend toute la place et pour la première fois depuis trop longtemps... Depuis son départ, en fait, les larmes coulent et le regard se perd dans le vide quand l'ange revient comme tombé du ciel, mais ses ailes noires ne sont pas celles que l'on distingue chez un ange normal et tu penches légèrement la tête vers l'avant. Pour la première fois, tu n'as pas envie d'être touché. Tu croises les bras autour de tes cuisses. Cette fois, c'est une position soumise de douleur qui signale un code rouge, même chez ton ami. Tu ne l'abandonne pas, mais tu sens que ça t'fait si mal. Tu es très réactif, tu l'as toujours été. Tu l'écoute, même si ça creuse bas et froidement dans ton estomac. Tu serres tes doigts contre tes cuisses. "- T'as jamais compris à quel point j'étais jaloux des autres, pas vrai ? Et que j'le suis encore, saloperie." Tu renifles. C'est pas très beau, mais t'en à rien à foutre, là. "- T'as pas compris les mots que je te criais au travers du baiser ce soir là. Je sais. Je sais que j'ai tout fait foiré, d'accord ? J'le sais ! C'était pas dans l'feu du moment. Ouais, disons... D'une part." Tu ne le regarde pas, le regard toujours fixé droit devant alors que les larmes coulent sur tes joues. "- J... J'étais entrain de te préparer quelque chose. Je devais calmer mes émotions avant de faire un truc que j'allais regretter... Parce que tu mérites mieux que ça. J'ai déjà tout gâché donc..." Tu tends une main tremblante vers ta joue pour essuyer une première fois. "- Je sais..." Tu baisses cette fois les yeux. "- L'ami si cher." Tu pinces les lèvres. Un hoquet te traverse et tu serres les poings contre toi avant de les désserrer. "- Ce n'est pas grave... Je n'aurai pas ce que je veux ou qui je veux et ça ne changera jamais. Comme t'as dit... Notre amitié est trop précieuse." Tu laisses le derrière de ta tête frapper contre l'armoire derrière et tu fermes les paupières. "- Tout ira bien..." que tu souffles tout bas, tentant que t'en convaincre, même si ça se fissure. Il va sûrement te falloir du temps pour calmer tes sentiments, mais tu suis la volonté d'Ange. Parce qu'au fond... Il a peur. Toi aussi... Mais tu croyais que tu pouvais lui tendre la main pour l'amener avec toi et l'amener au-delà de sa peur et qu'il te fasse confiance, que vous puissiez avancer, mais... Tu es le seul qui veut vraiment le faire. Tu restes donc veilleur, sans pouvoir faire quoi que ce soit. Tu te sens indésirable, tu te sens désagréable. Mais ça va passer. Amis. Tout ce qui se répète dans ta tête c'est cette putain d'volonté du tatoué : amis. Tu veux de cette amitié.. Mais certains meilleurs amis sont les meilleurs en couple. Se connaître autant est tellement une belle avenue possible pour plus, mais les rêves se brisent et tu ne peux rien y faire.

Ce n'est plus le temps de jouer. Ta fragilité est comme un verre craquelé qui menace d'éclater à tout instant entre vous et tu as fermé les yeux contre l'armoire. Ça cogne fort dans ta poitrine et tu lâches un rire bien amer à son commentaire. "- Ouais. De lui. De tout ceux là. J'aurai aimé t'effacer tout ça.. Tout leur contact. Te faire souffler à la fin qu'ils ne comptent plus. Qu'ils ne sont plus rien." Tu es peut-être méchant envers ces personnes, mais c'est ta personnalité possessive, ta personnalité jalouse. Tu craches un venin auquel il est habitué, mais pas que ce soit vers lui ou ses proches. "- Non." C'est clair. Sec. Tu as répondu ainsi à Ange concernant le baiser ce soir là. Ce n'est pas ta vision et t'en a marre qu'il mette des mots au travers de tes lèvres auxquels tu ne pense même pas ! Ce n'est pas la vérité, putain. Un "- Ouais " très brute franchit tes lèvres quand il t'interroge sur le regret. T'as toujours les yeux fermés. « Je... Je ne veux pas te perdre Gray... Je ne veux pas te faire du mal... » Un rire blessé t'échappe cette fois, te secouant alors que les larmes coulent sur tes joues et tu lèves les mains pour les chasser, un peu rageusement. "- Au contraire. En choisissant une amitié autant fermée... C'est là que les choses sont devenues compliquées et blessantes. Mais je t'ai toujours respecté, Ange. Si je perçois un non clair comme ce qui s'est passé dans le lit... Je ne cherche pas plus. Tu as choisi pour nous deux. Ce n'est pas ce que je voulais, ni ce que je veux. Oh.. Je désire tant ton amitié, ta présence, ton aide, ton sourire, ton rire... Mais y'a plus, aussi." Tu ouvres les yeux en fixant le plafond. "- Quelque chose que je regretterai, hein...? Tu m'as demandé. J'ai failli reproduire la même erreur que la fois où tu m'as fuit. Je t'aurai embrassé. Encore." Un souffle s'extirpe de tes narines et tu grognes tout bas. Tu te râcle la gorge. "- Mais... Je t'adore. Et je te respecte... Alors même si ce n'est pas ce que moi je veux, c'est ce que toi tu veux. Je vais le respecter. T'en fait pas, Ange... Tout ira bien." Tu penches un peu le menton de l'autre côté, masquant ton regard pâle et meurtri, le temps que les sentiments s'estompent. Qu'ils se calment. Ces aveux... Tu ne pensais pas les faire maintenant. Mais il les a cherché.  

"- Ce sont quand même des gens qui sont passés." Tu es incapable d'éprouver de l'empathie dans cet état quand Ange sursaute à cause de tes mots durs et secs. Non. T'en es incapable lorsque le coeur blessé s'exprime enfin et tu l'entends encore son excuse. Tu ne répètes rien. Tu ne veux pas les entendre. Elles se fracassent contre ta tête, contre ton coeur, contre ton âme et les larmes continuent de tomber. Tu penches la tête vers l'avant et tu finis par laisser tomber tes mains contre ton ventre. Les confessions d'Ange sont à la fois belles, mais elles poignardent ton corps. Elles te font mal. "- Je me suis senti repoussé et même indésirable, dans ce lit... Vu comment tu as réagi... Donc oui, ça m'a piqué et fait mal. C'est pourquoi je suis parti avant de péter un câble" que tu finis par lui avouer avant de glisser légèrement un peu. Tu es fatigué, soudainement, mais tu te maintiens quand même. "- Je sais... Je sais tout ça, Ange... J'aimerais pouvoir recoller les morceaux de ton coeur et tu m'en vois navré de ne pas y parvenir..." Tu sens soudainement l'angoisse te prendre dans les tripes. "- M... Mais..." Tu as la lèvre qui tremble légèrement et tu portes la main à ta bouche pour essayer de la faire cesser. "- La dernière fois que j'ai attendu, c'était trop tard. C'est ce qui m'a poussé à t'embrasser, ce soir là. Qui m'a poussé à grimper aussi sur toi. Essayer de te faire comprendre ce que je désir, aussi... De te dire que j'ai envie d'avancer. De tourner une page qui m'est incroyablement difficile pour moi aussi." Tu mordilles le bout de ton doigt avant de soupirer. "- Je serais l'ami que tu attends de moi. Rien d'autre. Voilà." Tu inspires en ayant le corps légèrement tremblant. "- La dernière fois qu'on m'a rejeté j'en ai fait une overdose, donc..." Tu l'avoue sans peine, cette période sombre de ta vie. Il savait que t'en avais fait une y'a 4 ans, mais pas pourquoi. C'est parce qu'encore, ton coeur avait été blessé par une autre situation. "- T'es l'une des seules personnes que je refuse de perdre dans ce monde... Donc si ça veut dire d'enfermer ce que je ressens et être un simple ami qui est là pour toi, à jalouser tout le monde autour... Ce sera ça. C'est plus supportable que de ne pas t'avoir dans ma vie. Je suis là pour t'aider et prendre soin de toi." Tu inspires. "- Parce que si je ne fais pas ça... C'est toi que je vais perdre. Et j'y survirais pas" que tu confesses enfin avant de tenter de te pencher pour bouger, mais t'es lent. Beaucoup trop lent. Ton cerveau tourne mal, ce qui te rend plus instable. Si tu tombes sur l'alcool, ça va être très mauvais. Si tu tombes sur autre chose que l'herbe aussi. Tu serres les ongles si fort dans ta cuisse que t'en imprime chacun d'entre eux.  

« Bordel Gray... Tu es désirable... Je... Il suffit que mon regard se pose sur toi pour que l'envie s'éveille... » Ça raisonne, ça. Fort. Ton coeur fait des bonds trop rapides à t'en donner un tournis. Tu as la nausée, temporairement, mais c'est l'effet secondaire du coeur, pas d'autre chose. Tu inspires, tentant de le calmer. Bien sûr que cette confession te fait du bien, mais tu ne saute pas aux conclusions. Tu préfères attendre. Tu hoches la tête quand il te dit qu'un coeur, ça ne se recolle pas comme ça et tu le sais. T'es d'accord. Le tien ne s'est pas recollé aisément non plus, donc ça tu peux comprendre. Partager sa douleur avec sincérité. L'aveu sur l'overdose, l'ange désespéré et blessé répondit qu'il ne te rejette pas et tu le sais sincère. Entre vous, y'a peu d'mensonges. Ouais, y'a des oublis, y'a des secrets parce que dans toutes les relations existantes il y en a, mais c'est toujours honnête. Enfin, toujours... Laissant traîner 2-3 petits mensonges quand ça vous arrange comme lorsqu'Ange te dit qu'il est préférable de rentrer et que c'est juste un mensonge pour tenter de fuir quand ce n'est pas la réalité. Tu sens sa main sur ta cuisse. Elle est chaude, contrairement à ta peau froide qui est exposée et tu tournes enfin la tête vers lui. Les yeux rougis comme si tu avais fumé, mais ce sont les larmes. Tes paupières se ferment lentement quand les doigts de celui que tu désires te touche le visage. Tu acceptes, cette fois, qu'il te touche. Tu te laisse manipuler. Tu peux te montrer incroyablement soumis dans certaines situations, dépendant lesquelles et avec qui. Te montrer sous ton véritable jour, aussi vulnérable, n'est pas à la portée de tous. Peu t'ont réellement vu comme ça. « Tu es tout pour moi... » Tu arrêtes de respirer à cet aveu, les paupières s'ouvrant lentement pour le regarder droit dans les yeux. Prunelles que tu remarques bouger, suivant leur mouvement, le coeur toujours à la dérobée et douloureux, mais soudain, c'est un peu plus chaleureux. "- Ne me fuit pas, Ange... Je t'en prie. Je ne ferais rien d'autre, d'accord ? Peut-être qu'une étape à la fois serait une clef plus... Disons... Sensée ? Mais ne me fuit pas... Pas pour ce que je vais faire. Je... J'vais pas faire autre chose que ça." Ta paume glisse sur sa joue, ton pouce passant sur ses lèvres. Tu le regarde dans les yeux quelques secondes avant de t'approcher. Si tes contacts sont souvent plus brutaux, celui-ci témoigne d'une douceur incomparable pour ta personne. Tes lèvres frôlent les siennes. Elles n'appuient pas encore, comme si elles donnent le temps à l'indécision de passer d'un côté ou de l'autre. Ton autre main vient glisser sur sa nuque et tu le rapproche juste un peu plus pour appuyer enfin tes lèvres contre les siennes. Tu ne cherche pas à les bouger. Tu veux seulement lui offrir ce que ton coeur te crie depuis le début. Tes mains ne se promènent pas. Tu as besoin de lui offrir ce baiser, d'appuyer tout ce que tu as dit. Tu recules ensuite un peu la tête, retirant tes mains. "- Rien de plus..." que tu murmures. Rien de plus. Pour l'instant.