[Flashback]Mais pourquoi est-ce que tu travailles ici ? [pv Happy]

Mais pourquoi est-ce que tu travailles ici ?

« J’ai vu qu’il y avait un petit restau français, tu en penses quoi ? » Je ne vois pas quoi dire, je me demande même si cela va être une bonne idée. Mais bon, je me dis que l’on peut aussi essayer de faire plus ample connaissance comme ça. Je souris, je préfère voir mon frère comme ça. Je souris, je trouve que pour l’instant que tout se passe un peu mieux. Je me demande même si finalement, je ne vais pas trouver un équilibre avec mon petit frère. Je réalise même que s’il fait partie de ma famille, que je dois prendre soin de lui. Je lui souris à nouveau, j’aime encore une fois l’avoir à côté de moi pour savourer un peu plus cet instant familial.

« Petit restau français ? Ca marche pour moi ! » lança-t-il d’une voix enjouée. Pour sûr, cette soirée serait aux antipodes de leur rencontre ainsi que du malaise ayant entraîné cette dernière. Happy se trouvait d’excellente humeur, malgré le fait qu’Honey ait manqué le pire en venant carrément le voir au club où il tenait les rennes en l’absence de sa mère adoptive. Vraiment, son inquiétude aurait pu être bien pire. Au lieu de cela, il tenait les épaules de sa sœur de sang à l’aide de son bras protecteur, et ils marchaient de concert dans une rue, la température douce de ce soir berçant leurs respirations. « Tu es venue en voiture ou on prend la mienne ? »

Mais pourquoi est-ce que tu travailles ici ?

« Chouette allons-y. » Je suis contente de voir que mon petit frère est heureux. Je souris, je réalise que je vais sans doute passer une bonne soirée. Je réfléchis ce que je peux faire pour que notre soirée soit agréable, je lui réponds : « J’ai pris le bus, je préfère laisser ma voiture chez moi, je n’ai pas encore l’habitude des parkings, je ne sais pas où est-ce qu’il se trouve. » Je souris, je ne sais pas trop ce qu’il peut me dire, mais bon, je réfléchis un peu plus à la situation, seulement, je me dis que je vais aussi trouver un moyen pour apprécier cette soirée vu que notre mésaventure est derrière nous.

Apparemment Honey n’était pas venue en voiture, tant mieux car cela permettrait à Happy de ne pas laisser la sienne dans le parking du club. Ce dernier était surveillé, ce n’était pas le problème, mais s’ils avaient pris un taxi pour rentrer par exemple, il aurait été obligé de prendre un nouveau moyen de locomotion le lendemain pour aller bosser. « Pas de soucis on va prendre la mienne ! Comme ça, je pourrai te raccompagner et on ne sera pas obligés de prendre un taxi… suivant l’heure à laquelle on sort, on n’aurait pas pu trouver de bus… tu me guides jusqu’au restau par contre, tu veux bien ? »

Mais pourquoi est-ce que tu travailles ici ?

« D’accord, cool, je me suis dit que je ne tenais pas à ce que l’on me raye ma voiture. » Je souris, je trouve que je peux trouver des solutions afin de pouvoir ne pas avoir d’ennuis. Je souris, je lui dis en riant : « Si tu veux oui, on peut faire ça. Pas de soucis. » Je ne tiens pas à mettre en colère mon petit frère, je préfère essayer de trouver des choses pour que tout se passe au mieux. Je regarde autour de moi, je tente de me souvenir où est-ce que j’ai bien pu voir ce foutu restaurant. Je réfléchis un peu plus, et je lui dis : « Alors… Attends, ah oui par-là. » Je le guide gentiment tout en essayant de reprendre mes points de repères pour ne pas me tromper.

« Je ne pense pas que l’on serait allé jusqu’à rayer ta voiture » fit-il en grimaçant légèrement. Surtout que Honey ne s’était pas absentée longtemps, mais là n’était pas la question. De toute manière, elle s’était rendue au club en transports en commun et ce n’était pas plus mal. « Je t’en prie » reprit-il en lui ouvrant la portière, avant de se rendre côté conducteur pour démarrer, une fois sa ceinture attachée. « Par là donc ? Et dis-moi, ce restau il vaut le coup ? Tu y es déjà allée je suppose… »

Mais pourquoi est-ce que tu travailles ici ?

« Je sais, mais ne connaissant pas le quartier où tu travailles, je n’ai pas voulu prendre le risque. » Je souris, je monte dans la voiture de mon frère. Je l’écoute, je m’attache gentiment, je me dis que je dois lui répondre : « Oui par-là, j’ai vu ça en bus, je tente de voir par où est-ce qu’il est passé. Oui c’est bien par –là. » Je ris, je sais que j’y suis déjà allée une fois, mais bon, je ne m’étais pas aventurée dans les autres rues. Je réponds en souriant : « J’y suis allée une fois, mais je ne sais pas si tu vas aimer ou pas le plat. » Je ne sais pas ce qu’il va me répondre ou pas, en tous les cas, je trouve que pour le moment, je dois juste montrer à mon petit frère afin qu’il puisse nous y emmener.

« Le club en lui-même n’est pas forcément super recommandable, mais comme tu as pu le voir, c’est un quartier assez huppé ici ! Pas de bagnole pourrie ! » expliqua-t-il, appuyant même ses propos en montrant quelques belles voitures appartenant certainement à des propriétaires du coin qu’Happy ne connaissait même pas. Lui ne côtoyait que le club, rien d’autre. « Tu veux dire qu’il n’y a qu’un seul plat ?! Pour un restau français, c’est un peu chiche je trouve ! »

Mais pourquoi est-ce que tu travailles ici ?

« D’accord, je comprends, c’est bien note dans ma tête, je ne reviendrais plus comme ça, tu n’auras plus à te soucier de moi si je viens te voir au travail. Je vois ça, il y a pas mal de belles voitures, c’est surprenant d’en voir autant. » Je souris, je me demande bien si cela va me changer tellement cette nouvelle ville. Mais bon, je réalise qu’il est pas mal aussi que l’on trouve une nouvelle façon de faire. On doit progresser même si cela nous agace pas mal. Je réalise aussi que je vais bien devoir me prendre en main afin que je ne laisse pas tout seul. Je lui répond amusée : « Non, il y a le plat du jour et la carte avec le menu, tu as le choix, tu peux prendre ce que tu souhaites manger. »

Pas la peine de s’imaginer qu’Happy était prêt à se rendre au restaurant pour bouffer uniquement des cucurbitacées. Il lui fallait un panel un peu plus large sur la carte pour qu’il soit pleinement satisfait. Pas la peine d’avoir passé et obtenu l’agrégation pour comprendre la chose, du reste, ni même d’être franchement idéologiste. Si jamais l’américain venait à voir une carte minimaliste, il en trouverait sitôt la lecture rébarbative, il se connaissait. Dès lors, loin de lui l’envie de faire l’anthologie de cet établissement, mais plutôt de se faire faire une prescription en vue d’être porté pâle. Oh il ne craignait pas pour autant que l’espace soit putride, non, il ne fallait rien exagérer. Mais cela pourrait le rendre irascible, et ce très facilement. Il lui faudrait dès lors inventorier ses propres raisons de rester calme, et la donne ne serait guère aisée, et il n’y avait rien d’hétérodoxe là-dessous. A croire qu’il faille entrer dans une pensée quasi labyrinthique pour se faire entendre. Non, en vérité, Happy ne pouvait pas s’empêcher de faire une analogie entre ce restaurant et tout ceux qu’il avait eu la chance de connaître, qu’ils soient français ou non d’ailleurs. Pas besoin d’avoir été janséniste un jour pour le saisir. On pourrait vouloir endiguer cette pensée chez le jeune homme, qui ne demandait pas mieux d’ailleurs, préférant cela à passer pour un vulgaire énergumène. Cette crainte ne faisait qu’exacerber tout le reste, au point qu’il faudrait exécuter une exaction pour le calmer. Il préférait presque que l’on fasse une juxtaposition du tempérament de sa sœur sur le sien, comme s’ils avaient échangé leurs caractères dans le liquide amniotique du ventre de leur mère. Ils n’étaient pourtant même pas jumeaux, là résidait l’anaphore. Pourtant, dieu sait combien il n’était pas androphobe, cela n’avait donc rien à voir. Tout cela s’avérait extrêmement anxiogène pour lui, si bien qu’il évitait à tout prix de s’y frotter. A croire qu’il allait se transformer peu à peu en coprolithe à force de réfléchir à tout ça, rien n’était plus explicite que cela. Pourtant, Happy demeurait totalement mutique pour l’heure. Une vraie tombe. Il aurait volontiers voulu être vulnéraire pour sa propre personne… mais il restait soliveau et putatif pour l’heure. Tant qu’il ne se transformait pas en prosbocidé ou en cébobite, c’était quasi gagné. A cette pensée, Happy se mit à péguer de sueur. « C’est ce restaurant là ? Attends je me gare et tu me montres la carte à l’entrée, que je me fasse une idée ! Et ne t’en fais pas pour mon taff, je sais que tu as compris. Quant aux belles voitures, normal : il y a beaucoup de clients friqués au club ! »