Ballade compromise - Isamanda

Isaiha avait bien compris qu’Amanda lui mentait mais il ne répliqua rien, comprenant qu’elle devait avoir ses raisons et qu’il respectait cela. Elle paraissait bien trop peu sûre d’elle et il pencha la tête sur le côté. « Amanda, si tu ne veux pas quelque chose avec moi, tu n’as simplement qu’à me dire non » se contenta-t-il de lui répondre avec un léger sourire. Elle n’avait aucune pression à se mettre sur ses épaules, le jeune homme était parfaitement raccord avec le fait qu’ils se connaissaient que trop peu pour se permettre certaine familiarité. Si elle ne souhaitait pas partager ce lieu avec lui, elle n’avait qu’à le lui dire. Il n’aimait pas le mensonge et ne l’avait jamais aimé. Aussi espérait-il qu’elle ne lui mente pas à nouveau. « Nous irons à cette cascade » lui confirma-t-il comme pour lui dire qu’il ne lui en tenait pas rigueur.

A la place, il se surprit même à lui confier sa passion pour les collections. Un passe-temps qui, au même titre que l’harmonica, il cachait à ses proches de peur d’être jugé ou que son père lui demande d’abandonner. « Des princesses Disney ? » lui demanda-t-il curieux car il ne connaissait absolument pas ce que c’était. « Pour te répondre, ce n’est pas évident à en trouver mais je sais qu’il y a des gisements aux Etats-Unis. La plupart de ma collection me vient d’une connaissance, un professeur que j’ai rencontré par le plus grand des hasards en allant en ville une fois. Il m’envoie de temps en temps quelques échantillons pour étoffer ma collection. Sinon, je me contente de ramasser des pierres aux formes étranges ou que je trouve joli. Pour les plantes, c’est avant tout, les plantes médicinales que je collectionne et répertorie dans un carnet. J’aimerai devenir herboriste du moins c’est ce que j’aimerai faire mais je suis bien plus utile dans les champs ou dans la construction » avoua-t-il après avoir hoché la tête concernant la patience. Oui, patient, il fallait l’être et il l’était.

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Amanda ne devait pas avoir l’habitude de mentir, cela se sentait et mine de rien, cela le rassurait car il n’avait guère envie de ce genre de relations. Le mensonge était une chose affreuse qu’il avait pris soin de ne pas côtoyer. Petit bémol : il lui cachait toujours qu’il était un amish de peur de sa réaction. N’était-ce pas un mensonge en soit ? Isaiha se défendit en pensée, arguant du fait qu’il s’agissait plus d’une omission que d’un réel mensonge et puis, il la connaissait que trop peu pour se confier. Ce n’était pas quelque chose qu’on dit naturellement : bonjour, je m’appelle Isaiha et je suis un amish. Il n’avait pas honte de sa communauté mais il se préservait autant qu’il le pouvait. Quelle serait la réaction d’Amanda si elle découvrait qui il était vraiment ? « Oui les contes de fées… Je n’en ai jamais lu aucun. J’ai toujours préféré les romans de Jules Vernes » lui dit-il mais il était prêt à se lancer dans ce genre de lecture pour comprendre à quoi elle faisait allusion.

Le jeune homme embraya sur une autre de ses passions en dehors de la littérature : la collection de pierres/métaux et de plantes. « Avec plaisir… » répondit-il à sa question avant d’enchainer. « Nous n’aurons qu’à nous fixer sur une date pour une nouvelle rencontre si tu veux » lui dit-il avec un entrain alors que le centre équestre se dessinait sous leurs yeux. « Oui, nous y sommes » lui dit-il alors que du monde venait à leur rencontre. Isaiha les rassura rapidement et confia à un collègue palefrenier, les deux chevaux. « Eh bien il semblerait que j’ai fini ma journée de travail. Nous pouvons aller à la cascade à présent. C’est assez éloigné, souhaites-tu qu’on y déjeune ? » lui demanda-t-il prêt à faire un pique-nique pour passer plus de temps avec elle.

Spoiler:

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Amanda montrait un tel enthousiasme à le revoir que le sourire d’Isaiha fut bien plus grand et prononcé qu’à l’accoutumée. Il était réellement ravi qu’elle partage ce même élan si bien qu’il s’empressa de lui répondre « Oui, je suis libre toute la journée. C’est mon jour de repos donc ce serait avec plaisir que de le partager en ta compagnie ». Il avait même hâte que ce mercredi n’arrive reconnut-il en son for intérieur.

Arrivé au centre équestre, la propriétaire de Fjord arriva près d’eux pour s’excuser mais également savoir si son cheval n’était pas blessé. Le jeune homme prit le temps de la rassurer sans trop comprendre pourquoi elle rougissait de cette manière et que visiblement, elle avait du mal à le regarder dans les yeux. Etrange comportement mais il n’y fit pas trop attention, préférant se tourner vers Amanda pour lui proposer d’emmener un petit pique-nique avec eux. « Oh… J’avais complétement oublié. Je comprends maintenant pourquoi elle semblait si gênée » se rembrunit-il car la dernière chose qu’il voulait, c’était faire preuve d’un manque de professionnalisme. Il avait besoin de ce travail. Aussi remit-il sa chemise et la reboutonna à la va-vite. « Allons préparer de quoi nous sustenter tout à l’heure » se reprit-il avec un léger sourire en l’invitant à le suivre jusqu’aux cuisines du centre.

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« Vraiment ? Je pensais qu’elle était seulement gêné de voir un employé du centre aussi dénudé » fronça-t-il les sourcils, vraiment inconscient de son charme ou de sa beauté physique. Les amish n’étaient pas les personnes les plus coquettes ou narcissiques du monde. La beauté ne rentrait jamais dans leur critère concernant un éventuel partenaire de vie. De tout de manière, les couples étaient décidés par avance à quelques exceptions près puisqu’il existait également des mariages d’amour. Un peu gêné par ce constat, il proposa de se rendre aux cuisines afin de se faire un pique-nique. « Le centre appartient à ma cousine et j’ai certaines prérogatives bien qu’en temps normal, je n’en use pas » lui expliqua-t-il avant de grimacer. « Je suis un piètre cuisinier. Dans ma famille, ce sont les femmes qui cuisinent mais je sais faire certaines choses comme les salades ou les sandwichs » se reprit-il en se passant une main dans les cheveux, visiblement gêné. Il ignorait si les hommes de cette société se devait de savoir cuisiner ou non. Isaiha peinait quant à lui à utiliser un pauvre four à micro-ondes -il venait par contre de dompter la cafetière. « Tu aimes cuisiner ? » lui demanda-t-il toujours aussi curieux de ses goûts, habitudes et autres informations pouvant l’aider à mieux la cerner.

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« En toute franchise, je crois que je serais incapable de te regarder dans les yeux Amanda » avoua-t-il non sans qu’un léger rougissement ne vienne colorer ses joues. Etre honnête et franc avaient peut-être des vertus insoupçonnées, dans certaines situations, cela pouvait être tout simplement gênant. En même temps, il ne pouvait lui mentir en lui disant que cela ne lui ferait ni chaud ni froid. « Surtout que je n’ai jamais vu une femme aussi peu vêtue » avoua-t-il dans un léger murmure. Il était vierge et ce n’était pas une honte pour lui. Isaiha partait du principe que le sexe se devait de rester dans un cadre très stricte à savoir avec son épouse. Il ne connaissait rien d’autre et ne souhaitait rien d’autres -du moins, c’était avant de rencontrer la jeune femme lui faisant face.

Heureusement la conversation repartie de plus belle sur un terrain beaucoup moins gênant : la cuisine et la répartition des tâches. « Nous ne sommes pas macho… Nous avons simplement d’autres choses à faire que la cuisine » lâcha-t-il avec un léger sourire amusé. Les femmes amish ne se plaignaient jamais d’être des femmes au foyer mais il comprenait qu’ici, visiblement, ce n’était pas le cas. « Je te rassure, je ne me moquerai pas. La première fois que je me suis approché d’un tel engin, j’ignorai que les aliments cuisaient différemment des uns des autres. Je voulais réchauffer du café et je l’ai mis une heure dans le four à micro-onde. Je te laisse imaginer la chose » avoua-t-il son incapacité à appréhender la technologie. Amanda opta tout de même pour l’option salade et sandwichs, ce qui eut le don de le rassurer. La cuisine était déserte et il commença à sortir les ingrédients. « Est-ce que tu manges de tout ? » lui demanda-t-il car lui-même était végétarien depuis de nombreuses années alors peut-être qu’elle n’appréciait pas certains aliments ou était allergique.

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