Ballade compromise - Isamanda

Isaiha était gêné au possible d’avoir lâché ce commentaire surtout qu’il ne s’était pas arrêté là, avouant à demi-mot qu’il n’avait connu aucune femme aussi peu vêtue. Il ne fallait pas être un grand détective pour comprendre qu’il était vierge. « Je… Je ne me suis jamais réellement intéressé aux femmes alors hum… je n’ai aucune expérience en la matière » grommela-t-il en détournant le regard avec l’envie de détaler en courant tant il se sentait honteux sur le coup. Il avait l’impression d’être un extra-terrestre dans ce monde moderne. Il détonait trop dans le paysage si bien qu’il avait souvent ressenti cette extrême solitude. Est-ce pour cela qu’il se confiait si facilement à Amanda ? « J’en conviens que cela peut-être étonnant de nos jours » ajouta-t-il avant de changer complétement de sujet. Il n’avait pas envie de se ridiculiser et surtout pas dans ce domaine. Le jeune amish avait sa fierté tout de même.

« Non, tu n’es pas la seule effectivement. J’avoue que je privilégie la nourriture froide comme ça, moins de problème de cuisson » répondit-il ravi de la faire rire à nouveau tandis qu’ils abordaient leur régime alimentaire. « Je te comprends, je suis végétarien. Je crois qu’à force de m’occuper des animaux, je n’ai pas supporté de les voir finir dans mon assiette » soupira-t-il. Là aussi, cela avait souvent été source de conflit dans la famille tant ses parents craignaient qu’il ne devienne trop différent d’eux. Alors, il avait redoublé d’effort pour leur convenir et devenir le parfait amish à leurs yeux. « Oui, la religion est très importante dans ma famille. Nous avons la foi et toi ? Es-tu croyante ? » lui demanda-t-il alors qu’il préparait les salades, épluchant, coupant bref en s’occupant les mains. « Est-ce que tu peux me passer les tomates s’il te plait ? »

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« Je l’espère bien. J’aspire à trouver la femme avec qui je pourrais arranger cela » lui dit-il avec un sourire quelque peu amusé. Le jeune homme était loin de s’imaginer qu’Amanda le croyait homosexuel sinon, il aurait depuis des lustres, perdu de sa couleur. Isaiha n’était pas homophobe mais il n’avait jamais été confronté à l’homosexualité. La seule chose qu’il savait, c’était que c’était puni par Dieu. En dehors de cela, il était comme un nouveau-né pour tout ce qui concernait les questions ayant trait à la sexualité. Une petite voix lui souffla qu’une nouvelle fois, il n’envisageait guère sa fiancée dans le rôle de l’amante mais bien cette jolie blonde. C’était totalement irrespectueux envers Amanda et surtout envers Anna mais il se sentait attiré par la première tandis que la deuxième ne lui arrachait de respectueuses promesses.

L’un comme l’autre était tout de même gêné par cette conversation car bien qu’il prît avec un certain amusement la réponse d’Amanda, le fait est qu’il lui avait avoué être vierge et cela l’embarrassait. Au moins la nourriture et la religion lui paraissaient être des sujets bien plus banals. « Oui ce n’est pas évident mais on arrive avec le temps à trouver des subterfuges, des aliments s’approchant du goût mais étant non animal » lui dit-il avant de s’arrêter de couper les tomates qu’elle venait de lui donner. « Peut-être que le seigneur avait d’autres projets pour ta mère. On ne comprend pas pourquoi ceux que nous aimons nous sont arrachés alors on se tourne vers le premier responsable : Dieu. Ma mère est malade et j’ignore si elle passera le prochain hiver. Je me sens impuissant et je sais que je me suis longuement interrogé mais j’ai besoin de croire en quelque chose, de me dire qu’il veille sur moi et qu’il me donnera la force de surmonter cette épreuve… mais je comprends qu’on puisse s’en détourner car la souffrance et la colère sont trop grandes » murmura-t-il avant de mettre les cubes de tomates dans la salade. « Que veux-tu dans ton sandwich ? » lui demanda-t-il en se lavant les mains une nouvelle fois pour chasser le jus des tomates.

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« Tu n’as pas à être désolée Amanda… Vraiment » lui dit-il en posant un regard qui se voulait tendre sur elle. Chacun était libre de penser comme bon lui semblait. Il avait appris la tolérance après avoir si souvent souffert des préjugés du monde moderne. La religion était libre de droit, on pouvait choisir cette voie comme s’en détourner. Il n’irait jamais à l’encontre des croyances des autres car il les respectait bien trop. « Alors si tu prends comme moi, laisse-moi te faire goûter mon sandwich préféré » s’exclama-t-il avant de préparer tomate, concombre, poivron et salade dans un premier temps qu’il s’occupa à couper en de fines tranches. Puis, il éplucha un avocat qu’il écrasa avec un peu de jus de citron. Le reste fut un jeu d’enfants et il dressa les sandwichs non sans rajouter les tranches de fromage. « Ah oui bonne idée… Je pense que tu trouveras de quoi faire dans le frigo » lui dit-il et c’est ainsi qu’ils préparèrent ensemble la fameuse salade de fruit. « Je crois que nous avons tout. On ferait mieux de prendre avec nous de quoi nous éclairer car manger dans le noir, ce n’est pas très pratique ni agréable » dit-il en sortant un panier à pique-nique dans lequel, il trouva tout le nécessaire. Apparemment, sa cousine avait l’habitude de se genre de sortie. « Je pense que nous avons tout. Est-ce que tu veux que je prenne ma veste au cas où, tu aurais froid ? » lui proposa-t-il car les nuits étaient encore fraiches. Pour sa part, il pourrait se contenter de sa chemise, il n’avait jamais été très frileux. Sa jumelle aimait le taquiner en le traitant de bouillotte humaine.

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Le pique-nique était prêt, il ne lui restait plus qu’à aller chercher sa veste au cas où Amanda ait froid durant la soirée. C’était la première fois qu’il partait en rendez-vous avec une femme bien qu’il essayait de refreiner ses ardeurs. Il s’agissait d’une sortie entre amis. Amanda était son amie et il ne faisait absolument rien de mal. Sa sœur aurait été présente, sûrement le regarderait-elle avec un air de dire : je te l’avais dit. Il valait mieux ne pas y penser et simplement se contenter de savourer l’instant présent. « Je vais porter le panier si tu veux » lui proposa-t-il aussitôt, n’ayant pas envie qu’elle se fatigue ou le prenne pour un macho. L’opinion qu’elle avait de lui comptait réellement à ses yeux, c’était quelque chose de très perturbant et nouveau. D’ordinaire, Isaiha était bien trop distant avec le commun des mortels pour être touché par leur opinion. Casey ainsi que le reste de leur famille représentaient les seuls êtres qui avaient suffisamment d’importance pour que leur avis ait de la valeur. « Eh bien je pensais que nous pourrions aller nager ensemble ? Je ne connais pas encore la piscine de Boston à moins que tu ne préfères l’océan ? Nous pourrions aller à Carson Beach ? Il parait que c’est pas encore trop fréquenté en cette saison » tenta-t-il de trouver une idée sympathique qu’ils pourraient réaliser ensemble. « Si tu as une autre idée, je suis toute ouïe » ajouta-t-il afin qu’elle comprenne que son avis rentrerait toujours en ligne de compte dans leur relation. « Il faut remonter ce sentier sur ta droite et nous serons plus très loin de la cascade »

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Oui, regarder la météo, c’était la meilleure idée afin de savoir ce qu’ils feraient : plage ou piscine. Dans les deux cas, il serait ravi de partager une nouvelle passion avec elle. Il lui tardait réellement d’être à mercredi. « Non ce n’est pas si loin quand on connait le raccourci mais en règle générale, je me trompe une fois sur deux donc je prévois toujours assez large. Aujourd’hui, c’est mon jour de chance à moins que tu ne te sois transformée en porte bonheur » plaisanta-t-il légèrement car Isaiha n’était pas non plus un clown. Il se déridait de temps en temps car il se sentait de plus en plus en confiance auprès d’elle. Cette dernière vint lui dire qu’elle allait arranger son problème et il fronça les sourcils, ne comprenant pas dans un premier temps l’allusion. « Oh » lâcha-t-il dans un soupire avant de se racler la gorge. « En effet, il y a de fortes chances pour que je puisse hum… arranger ce petit problème… » bafouilla-t-il légèrement car ses pensées s’envolaient vers des contrées encore inexplorées : Fantasme Land. Dans sa tête, Amanda lui apparaissait dans un maillot de bain une pièce des plus sages mais cela lui était largement suffisamment pour avoir chaud. « Je… saurais me tenir en tous les cas… Même si tu es une très belle femme et que tu dois être charmante en maillot de bain » avança-t-il maladroitement. Décidément, il n’était vraiment pas doué d’éloquence dans ce domaine.

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