don't rain on my parade (carmingham)

Suite 19, dernier étage. Je le regarde et regarde les portes se fermer sur lui. Je suis interdite, bloquée, choquée. Oui, rien que ça. Je sens une main sur mon épaule et sursaute, complètement surprise de ce qui vient de se passer. Cole vient-il de m'inviter dans sa suite ? Oui, il vient de le faire. Il n'y avait personne autour de nous, c'est forcément à moi qu'il a parlé. " Kyla ? " Je me tourne et adresse un large sourire à Louis. Je ne sais pas quoi dire, pas quoi lui dire, comment lui mentir. Je ne peux pas lui dire que son discours était merveilleux et inspirant puisque je n'ai rien écouté de ce qu'il m'a dit, pas un traitre mot, rien, nada. Je ne me suis intéressée qu'à ses paroles quand il a prononcé le nom de Cole. " Ça va ? " J'ouvre la bouche et la referme rapidement. Je déglutis. Je suis perturbée. Ce connard d'anglais a réussi à me perturber. " Je crois que j'ai mangé quelque chose que je ne supporte pas " Soufflais-je. Je ne sais même pas si j'ai avalé un petit four depuis que je suis là. Mais Louis n'était pas collé à moi, il ne peut pas en être sûre. " Je vais rentrer... Sauf si tu as encore besoin de moi " Soufflais-je avec un léger sourire. " Laisse moi récupérer mes affaires, je te ramène " Je souris légèrement au blond et caresse sa joue gauche. " T'embête pas Louis, il faut que tu restes ici, c'est ta soirée... " Je lui adresse un large sourire et pose ma main sur la sienne quand il plonge sa main dans sa poche de smoking. " Tout pour l'asso... C'était une soirée merveilleuse " Soufflais-je en souriant. J'écrase mes lèvres sur sa joue, ma main sur son épaule avant de tourner les talons vers le vestiaire pour y récupérer ma veste. J'écrase le bouton de l'ascenseur à plusieurs reprises, comme si l'engin était trop lent pour moi. Face aux boutons, je ne sais pas quoi faire. J'appuie sur le rez-de-chaussée et le dernier étage. Les yeux fermés, je laisse l'ascenseur faire son choix pour moi. Complètement ivre de ces moments, du champagne que j'ai bu, ce n'est qu'une fois arrivée au dernier étage du Mandarin Oriantal Hotel que je me rends compte de là où je suis. Est-ce que c'est vraiment le bon choix ? Je soupire et colle mon dos au pan de mur qui sépare la suite 19 de la 20. Je me laisse glisser le long et pose mon front sur mes genoux. " Kyla, cet homme est un connard, il l'a dit lui même " Soufflais-je en me tentant de me convaincre de ces dires. C'est un connard. Mais j'ai envie de le voir, de l'embrasser, de m'envoyer en l'air avec lui. J'ai envie d'en apprendre plus, d'apprendre ses faiblesses, ce genre de choses. Je me redresse et me place devant la suite 19. Je frappe un coup et reste immobile. Et s'il avait vraiment trouvé une femme sur le chemin ...?

  Les portes se fermèrent, la cabine monta et le couloir de l’étage apparut devant moi. Je m’avançai jusqu’à la porte de ma chambre, encore habité par les flashs de notre étreinte dans cette petite pièce du rez de chaussée. Je repensais encore à l’odeur de sa peau, à la chaleur de son corps, au goût de ses lèvres… Toutes ses lèvres… Et c’est avec un soupir frustré que je claquais la porte derrière moi. Il fallait que je chasse ses pensées de ma tête, et me farcir l’autre idiote de Nelly ou Kelly, n’était plus une option, vu la manière dont je m’étais comporté avec elle. C’est donc vers le mini bar de la luxueuse suite que je me tournais. Je saisis la bouteille de scotch qui s’y trouvait et m’en servis une bonne rasade. Kyla n’allait pas venir, elle devait rester avec ce crétin. Je me laissais tomber sur une chaise, devant mon verre plein, dont je pris une bonne gorgée avant de le reposer devant moi sur la table avec un air maussade. Je massais un instant mes paupières de mon index et mon pouce, espérant que ce geste associé aux gorgées de scotch suffiraient à la faire s’effacer de mon esprit. Echec et mat. Je saisis mon téléphone alors, pianotant pour consulter mes sms, un message de ma jumelle qui me faisait savoir qu’elle était bien rentrée et qu’elle me souhaitait une bonne nuit. Une nuit frustrante oui… C’est à ce moment que l’on frappa à la porte. Je regardais ma montre : la réception devait encore battre son plein. Je me levai pour ouvrir, m’attendant à découvrir le service de chambre. Je restais un moment hébété de trouver Kyla sur le pas de ma porte, que d’ailleurs je poussai un peu plus, lui laissant la place de rentrer, un sourire amusé et de satisfaction ourlant soudain mes lèvres. Peut être pas si frustrante que ça la nuit finalement…

(Invité)