Une nouvelle remarque sur son métier, un sous entendu sur les forfaits qu’elle applique à ses clients, et j’arrivais à lui extorquer un baiser. Extorquer était le mot, car il n’avait rien à voir avec ceux qu’on avait pu échanger précédemment, beaucoup plus bref, moins passionné. « T’y mettais plus de cœur tout à l’heure… » commentai-je avec l’envie de fondre sur ses lèvres pour lui montrer un peu ce que j’attendais vraiment… Mais non, mauvaise idée, je me retins, je restais immobile et la regardais s’éloigner de moi, se rhabiller et s’apprêter à sortir. Je lâchai un conseil, un peu piquant, un peu vexé aussi, parce que je sais qu’elle se détachait de moi pour mieux aller le retrouver lui, ce je-ne-sais-qui qui l’avait embauchée pour la soirée, elle me répondit alors qu’elle ne pourrait pas nous confondre, chose qui accentua un peu plus mon côté vexé, comprenant par là que ce type valait surement mieux que moi, que je ne tenais pas la comparaison. Ne lui laisse pas voir que ce qu’elle peut dire te touche, voilà la règle. Je gardais donc un air impassible, ne la saluant même pas lorsqu’elle sortit, serrant juste les poings. Je restais plusieurs minutes dans la salle, à fulminer, retrouvant peu à peu mon calme, allant me placer devant un miroir pour ajuster ma chemise et m’assurer que rien ne trahirait la petite scène qui venait de se produire et je sortis ensuite.
Malgré moi, mon regard parcourut la salle de réception et trouva la sien. Lovée dans les bras de son client, c’est avec un air effaré que je constatais que ce dernier n’avait rien d’un papi gâteux, pire encore que je le connaissais. Louis je sais plus quoi, un garçon plutôt influent dans le monde des affaires, son père et le mien avaient fait du yacht ensemble lorsque nous étions jeunes. Je me rappelais plutôt bien de lui, de sa grande timidité surtout, surement pour cette raison qu’il n’était pas fichu de venir ici avec un vrai rencard et qu’il devait se payer le luxe d’une escort. Et mon ventre se noua à l’idée qu’il puisse se passer plus que ce pour quoi il l’a recrutée. J’essayais de les ignorer, mon regard se posa sur une jolie brune : elle avait un peu le même type de robe que Kyla… Dans le noir, ça fera surement l’affaire. Je l’abordais et après quelques sourires charmeurs et un peu de baratin, elle accepta de me suivre dans une des chambres de l’hôtel. Et en passant devant ce cher Louis et son petit groupe d’amis, je saluais le garçon d’une poignée de main. « Tu es en charmante compagnie ce soir… » commentai-je en posant mon regard sur Kyla que je sentais crispée. Elle devait surement baliser que je balance la vérité sur elle, sur son job, sur la raison de sa présence ici. Je me penchais ensuite vers elle, sous prétexte de la saluer poliment, mais en fait, je profitais du rapprochement pour lui glisser au passage à l’oreille : « Ta fermeture est mal refermée… » Ma main se faufila alors dans le haut de son dos pour corriger discrètement la chose, ma main effleurant au passage sa peau, un contact très rapidement rompu car je sentis une pression sur mon bras. Ma nouvelle cible pour le reste de la soirée venait de le saisir, histoire de se manifester et que je ne l’oublie pas…
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Trop bien, trop vite, trop tout. Je regrette d'avoir encore péché, d'avoir encore couché avec cet abruti fini. Je regrette dès qu'on a fini. Comme si rien n'y faisait, je le déteste autant qu'il m'attire. Et je me déteste de craquer à chaque fois. Il a cet effet sur moi qui m'arrache le bide. Je sers les dents quand il parle d'un forfait. Putain, il va jouer longtemps à ça avec moi ? Je tourne le visage, tourne le sien et pose mes lèvres sur les siennes. C'est vraiment pas aussi fougueux, passionné qu'en temps normal mais je sais que si je m'écoute, je le déshabille dans les cinq minutes qui suivent. Et il ne faut pas, absolument pas. Je me détache de lui et file vers la sortie avant que les hormones qui me titillent ne prennent le dessus, une fois de plus. J'ai la main sur la poignée de la porte quand j'entends son ton cinglant, désagréable, insupportable.