you know you really love someone when you can't hate them for breaking your heart. (Talya)

« Tu dis ça pour le moment mais si ça se trouve après ta fajitas, quand ils vont amener la carte des desserts, tu vas te laisser tenter par autre chose. » rigolai-je alors que Talya assurait qu’elle allait s’en tenir simplement au plat après que j’ai évoqué sa dernière tentative de dévorage de cookies avec moi. Ma mains alla se poser un court instant sur la sienne dans un geste qui se voulait rassurant. J’avais pas l’intention de la laisser, d’une quelconque manière, quoiqu’il se passe dans nos vies, quoiqu’il se soit passé entre nous, nous étions désormais étroitement liés par ce bébé qui allait arriver. Et je laissais ensuite échapper qu’elle allait me manquer, remarque que Talya me retourna alors que son regard fuyait le mien… Ce n’était surement pas le genre de choses que nous étions censés nous dire. Mais tout malaise se dissipa bien vite avec l’arrivée de nos boissons. « Mais si tu pourras… Un dans chaque bras ! » plaisantai-je alors, sachant très bien que même si les crises de larmes de Charlie et du petit seraient simultanées parfois, l’option -un dans chaque bras- ne serait probablement pas possible vu le poids que commençait à faire l’aînée de Talya. « Va juste falloir que tu fasses un peu de muscu quoi, histoire d’éviter d’en faire tomber un par terre. » Elle proposa finalement qu’on trinque à ma thèse et je m’emparai de ma pression pour la lever et l’entrechoquer contre son jus de fraise : « A ma thèse alors ! Et à l’année à venir pleines de changements ! » L’arrivée du bébé allait surement surajouter à ma charge de boulot. Je ne savais pas si c'était à cela que Talya se référait lorsqu'elle disait que ça n'allait pas être simple. Ou si c'était plutôt le choix de mon thème qu'elle trouvait étonnant, et qui risquait lui aussi de me faire m'impliquer encore plus émotionnellement. Travailler sur la maladie qui avait emporté ma soeur me paraissait pourtant une évidence. « Ca va aller t'en fais pas... J’ai trois ans pour la faire tu sais, je prends juste de l’avance en m’y attelant dès maintenant. » Je bus une gorgée de ma boisson avant de reposer mon verre pour la questionner à mon tour : « Et toi de ton côté, tu es un peu plus décidée en ce qui concerne ton choix de spécialité ? » Je savais qu’elle m’avait parlé de gynéco-obstétrique mais peut être que ses deux grossesses coup sur coup, son temps passé auprès des professionnels de la périnat, cela allait la dégoûter du milieu.

« Tu me connais un peu trop bien et tu sais un peu trop bien que je suis une gourmande des choses sucrées toi je crois ! » Dis je avec un petit air espiègle. Nos boissons arrivèrent ensuite et j'aurais surement remercié le serveur d'être intervenu à ce moment là si j'avais pu mais non. Grâce à lui on évitait un moment de gêne, un moment que je ne sais pas trop où me mettre, de j'ai dit un truc que je n'aurais surement pas dû dire. Bref, merci à lui. « Me parle pas de malheur ! Charlie m'en a fait des vertes et des pas mûres depuis qu'elle est née mais elle a rapidement fait ses nuits, enfin à peu près, marmotte que je suis ça va me changer si le bébé ne les fait pas ! Enfin si je prends les pieds de chacun et que je les berçe comme ça en faisant attention aux angles de mur, ça peut aussi le faire ! » J'allais surtout finir avec SOS enfants battus ou maltraités sur le dos, les avocats de Priape comme des chiens fous à vouloir me retirer la garde de mes enfants et j'aurais tout gagné. « A la tienne oui et aux changements. » Je trinquais et portais mon verre à mes lèvres. Pas douée comme possible, comme si j'avais le menton percé je m'en mis de partout tachant ma belle robe blanche. « Purée je suis vraiment pas douée ! » Je déposais mon verre sur la table et tentais d'éponger comme je le pouvais le côté de ma robe qui avait pris. Une fois que j'eus fait ce que j'avais pu, je reportais mon regard sur Priape. « Un bébé ça change la vie, c'est bien que tu t'y prennes en avance, ça ne sera pas de trop ! Et pour moi ça sera toujours l'obstétrique... Je suis résignée là dedans je ne sais pas pourquoi rien n'arrivera à m'en dégouter ! » Les enfants, les grossesses, tout ça c'était peut être fini pour moi mais j'avais envie de partager cela avec des mamans. Nos plats arrivèrent et les bonnes odeurs qui s'en dégagèrent me donnèrent encore plus faim que ce n'était déjà le cas. Tout en regardant Priape avec le sourire, je dis : « Je vais tout dévorer ! »

Talya rigola, s’imaginant alors en train de bercer les petiots par les pieds. Je me mis à rire, sachant très bien que ce n’était pas le genre de la jeune maman, même si derrière ces plaisanteries se cachait surement une vraie peur de ne pas réussir à gérer. « Tu vas très bien t’en sortir. Et puis t’auras une deuxième paire de bras… » fis-je en gonflant mes biceps un instant avant de reprendre : « En fait j’ai déjà vu avec mon chef pour qu’il ne me colle pas de garde de nuit pour le premier semestre de l'année scolaire, c’est un peu pour ça que j’en enchaine pas mal cet été aussi. » Au moins, elle savait comme ça que je serais dispo en cas de grosse crise, grosse fatigue, gros raz le bol. Je ne pouvais qu’imaginer ce que ça faisait de vivre avec un petit loulou qui ne faisait pas ses nuits, mais là avec Charlie en plus qui allait risquer de voir son sommeil perturbé également, qui n’aurait peut être pas les mêmes horaires de sieste que le bébé, la tâche allait être d’autant plus dure et éprouvante pour Talya. Mon rire revint en voyant le jus de fraise s’étaler en partie sur la robe de la jeune femme. « Mais en fait c’est pas pour le bébé qui va falloir que j’achète des bavoirs mais pour la maman… » Moi je ne perdis pas une goute de ma précieuse bière. Lorsque j’interrogeai ensuite la jeune femme sur le domaine dans lequel elle voulait se spécialiser, elle confirma qu’elle voulait toujours l’obstétrique : « En même temps, tu vas devenir une vraie pro en la matière… » la taquinai-je avec un sourire amusé. Au moins, elle aurait vécu personnellement les aléas d’une grossesse, elle pourrait encore plus comprendre et accompagner les jeunes mamans grâce à son expérience. « Et pour l’an prochain alors ? Tu te pauses pas ? Tu enchaines avec ta cinquième année ? » Ca m’inquiétait un peu, même si je ne pouvais pas imposer à Talya de faire une césure alors que moi même je n’avais pas l’intention d’interrompre mon cursus. « Les dirigeants de la fac et de l’hôpital vont quand même t’accorder un congés mat ? » Je me rappelais que Leanne avait eu le droit à plusieurs semaines de break après la naissance de Millie et c’était le minimum pour bien récupérer. Quand nos plats arrivèrent avec leurs odeurs alléchantes, Talya me fit à nouveau marrer en annonçant qu’elle allait tout dévorer : « Doucement petit ogre ! » Je savais que son estomac était fragile alors ça pouvait vite l’écoeurer, surtout avec les hormones. « Bon ap ! » fis-je avant d’attaquer mon assiette. Les saveurs étaient parfumées, la viande finement relevée par les épices, les poivrons cuits avec justesse. Je ne regrettais pas mon choix. Et après quelques bouchées, je proposai : « Tu veux peut être goûter ? » Encore un truc qui ressemblait pas à un dîner entre ex mais plutôt à un tête à tête entre amoureux.

« Tu te prives de vacances en prévision du fait que je vais être complètement dépassée à la rentrée ? Je vais culpabiliser encore plus que quand je te savais à Cambridge et que moi j'étais là à en profiter... Mais il n'y a que vous qui pensez que je peux gérer deux enfants, moi je me sens déjà complètement dépassée rien qu'à l'idée d'y penser ! » Je levais les yeux au ciel, si jamais quelqu'un là haut pouvait entendre mes pières et m'aider ce ne serait pas de trop parce que là j'avais vraiment peur de ne pas y arriver mais je ne voulais pas abandonner quoi que ce soit dans ma vie et surtout pas les études pour lesquelles je m'étais battue. « Avec tes bêtises tu me troubles j'en mets de partout ! » C'est bien connu qu'il est plus facile de porter la faute sur les autres ! « Deux grossesses, deux accouchements, il faudra que ça suffise pour devenir une pro parce que je ne compte pas en faire plus à moins d'un bouleversement dans ma vie ! Mais ça n'aurait pas eu le mérite de me dégouter de tout ça c'est déjà pas mal ! » Priape remit ensuite le sujet de la cesure sur le tapis. Me sentant déjà complètement dépassée, il avait raison d'insister mais je ne voulais pas. Vraiment ce n'était pas envisageable pour moi. « Je me suis tellement batue pour reprendre mes études, j'ai tellement galéré pour mes les payer que non je ne peux pas arrêter... » Mon défunt mari s'était saigné lui aussi à la tâche pour me permettre de le faire et non je ne pouvais pas le faire, je ne pouvais pas offenser sa mémoire, et mettre fin à mes rêves. Impossible, même dépassée, même avec un bébé. J'irais en cours avec lui s'il le faut. « Je vais voir avec l'université pour le repos, je ne sais pas du tout comment ça va se passer, pour Charlie j'étais rapidement sur pied, j'ai accouché le 4 août et intégré l'université début septembre ça allait... Pour numéro deux on verra bien... » Je ne savais tellement pas comment tout cela allait se passer que mes paroles étaient remplies de on verra, je ne prévoyais rien, je laissais voir pour venir en fait... C'était comme cela que j'avais fait la première fois pourquoi est ce que cela ne fonctionnerait pas la deuxième après tout ? Mais je me rendais bien compte que cela pouvait inquiéter Priape surtout que j'étais d'ordinaire quelqu'un de très organisée. « bon appétit à toi aussi ! » Je commençais à taper dans mon plat, c'était délicieux. Alors que j'allais dire à Priape que je voulais bien goûter, je gardais la bouche fermée devant rouge écarlate. Bordel, il y avait un truc super épicé dans mon plat sur lequel je venais de tomber, j'avais la bouche en feu. Je me dépechais d'avaler et de prendre un grand verre d'eau. « Je crois qu'ils ont laissé tomber le piment ou je ne sais quoi là dedans ! Je voudrais bien goutter dès que je sentirais à nouveau ma bouche ! » Je rigolais tout en buvant. Il fallait que ça m'arrive à moi. Je finis par ouvrir la bouche alors qu'il approchait la fourchette : « Vise bien parce que si tu salis encore ma robe c'est toi qui sera chargé de la laver la faire redevenir blanche ! »

« Non je ne me prive de rien. J’avais décidé de rester à Cambridge, mais comme on est peu d’étudiants dans ce cas, j’ai un peu négocié les termes de mon contrat. » rectifiai-je avec un petit sourire. Autant que cet été passé à bosser pour rattraper mes conneries et beuveries depuis le spring break me permette également d’être plus présent pour Talya pour sa fin de grossesse et ensuite pour les premiers mois du bébé. « Je veux être là, je veux rien manquer… » Enfin dans la mesure du possible. « N’y pense pas, tu seras une maman parfaite. Tu l’es déjà d’ailleurs. » Même si l’année avait été difficile, elle avait réussi à faire passer le bien être de sa fille avant tout, à ne pas laisser les aléas trop perturber la petite. Elle serait tout aussi protectrice et attentionnée envers le bébé, je n’en doutais pas une seconde. Je ne pus néanmoins m’empêcher de noter qu’elle avait revu son projet d’enfants à la baisse : « Plus d’équipes de foot alors ? » questionnai-je en me rappelant la discussion que nous avions eu lors de la toute première écho ensemble. Je ne rajoutais rien quand à son choix de tout mener de front. Je ne pouvais pas lui imposer d’arrêter, ça n'aurait surement pas été correct de lui dire de renoncer à ses ambitions et son projet de carrière. On verrait bien, comme elle le disait si bien même si ce n’était pas ma politique et ma façon de penser, préférant toujours prévoir, organiser, planifier les choses. J’aimais les surprises mais pas le chaos, et quelque chose me disait que l’arrivée de ce bébé, si on ne s’y préparait pas plus que ça, ça allait être compliqué. Talya ne voulait pas qu’on parle de la garde partagée, elle refusait de s’arrêter dans ses études, elle ne savait toujours pas combien de temps de break elle allait s’accorder avant et après l’accouchement… Trop de flou pour moi, mais je retins tout commentaire, refusant de gâcher notre dernier dîner ensemble. L’expression de la jeune femme changea après une première bouchée de sa fajitas : « Qu’est-ce qui t’arrives ? C’est pas bon ? Il fallait choisir les poivrons comme moi, ma fajitas est délicieuse… » la narguai-je. Mais quand je la vis descendre d’une traite un grand verre d’eau, l’envie de déconner me passa, remplacée par de l’inquiétude. « Ca va pas ? » Elle m’expliqua alors qu’elle avait la bouche en feu. « C’est pas normal ça ! » m’énervai-je en hélant le serveur qui arriva aussitôt près de nous en nous demandant si il y avait un problème : « Oui, ma copine a commandé un plat poulet-tomates, c’était bien mentionné sans piment sur le menu et elle vient d’en croquer un… Elle est enceinte en plus, vous voyez bien. Dans son état c’est pas recommandé ce genre de coup de chaud. » grognai-je alors sur le jeune homme, confus, qui reprit l’assiette de Talya en nous indiquant que c’était une erreur, qu’il nous ramenait une autre fajitas garantie sans piment cette fois. Une fois qu’il se fut éloigné, je fis goûter mon plat à Talya qui se retrouvait temporairement sans assiette. Elle me menaça de bien viser si je ne voulais pas avoir à détacher sa robe. « Ta robe n’est déjà plus très blanche… » me moquai-je end désignant la tâche rosée du jus de fraise qui se voyait toujours un peu. J’approchai ma fourchette de sa bouche prudemment, en prenant garde de ne pas renverser de poivrons partout dans mon geste. Les lessives c’était pas mon truc alors si je pouvais éviter une séance de détachage ça m’arrangeait.

 Je penchais la tête sur le côté, il avait bien fait de négocier, de nos jours on profitait un peu trop des gens toujours en étude, on leur demandait de faire des heures et des heures sans qu'il n'y ait jamais de retour derrière, c'était quand même abusé, et j'étais plutôt contente qu'il en ait profité pour se dégager du temps pour l'arrivée du bébé. En même temps s'il s'était adressé à mon père, il n'avait pu que lui accepter tout cela pour ne pas avoir de souci et pour savoir sa fifille adorée entre de bonnes mains et bien entourée. « Je fais au mieux pour ressembler à ma mère qui s'est toujours battue pour tout nous donner, mais c'est pas simple tout le temps on n'a pas du tout la même vie et le même caractère... M'enfin... » On verrait si je serais toujours aussi parfaite à ses yeux lorsque cela concernera son enfant, peut être changera t'il d'avis peut être auront nous des désaccords sur la manière de faire les choses avec le bébé, des désaccords s'ajoutant à notre longue liste déjà existante. Je finis non de la tête en rigolant pour l'équipe de foot même s'il savait que je ne faisais pas une croix définitive sur une éventuelle autre grossesse, mais pas de suite hein. Nos plats devant nous , j'attaquais de bon coeur alors que Priape en faisait de même. C'était épicé, trop même, je devins rouge écarlate et en moins de temps qu'il ne faut pour dire ouf Priape était rouge de colère s'énervant sur un serveur et faisant changer mon assiette. Je pris sa main pour tenter de le calmer. « Eh calme toi, ça va, ça commence à passer... » J'avais les yeux rougies par les larmes qui étaient montées mais mon sourire montrait que ça allait mieux. « Moque toi de mon incompétence à boire correctement va ! » Il approcha sa fourchette de ma bouche et moi je me penchais sur la table pour ne pas que cela me tombe dessus, pour lui faire une petite blague je donnais un petit coup dans sa main et un poivron tomba sur la table alors que le reste restait bien en place et que je finissais par l'attraper et le manger. Je le taquinais ensuite : « Heureusement que je me suis approchée hein ! Je te ferais gouter mon plat quand le serveur aura le courage de m'amener une nouvelle assiette mais je suis pas sûre que ça arrive, je pense qu'il a peur de toi maintenant ! »

« Tu t’en sors très bien… » J’étais sûr que sa mère était fière d’elle. J’aurais aimé avoir des relations plus sereines avec mes parents, pouvoir leur annoncer qu’ils allaient être grand parents, qu’ils me voient devenir papa, qu’ils aient la chance de connaître leur petit fils ou leur petite fille. Mais c’était juste inenvisageable : j’avais coupé les ponts depuis le décès d’Arté, même si déjà avant tout cela, je m’étais éloigné d’eux en apprenant qu’il avait été responsable du départ d’Emrys. A défaut de supers grand parents paternels, notre enfant aurait un super tonton gaga, parce que je faisais confiance à Emrys pour assumer pleinement son rôle d’oncle. La dégustation du plat réveilla mon agacement, m’emportant sur le serveur à cause d’un piment qui s’était glissé dans la fajitas de Talya. La jeune femme me tempéra, glissant sa main dans la mienne, essayant de me rassurer. « T’es encore tout rouge, t’es sûre que ça va ? » fis-je en observant ses yeux qui s’étaient emplis de larmes. Je ne tardais pas ensuite à lui faire goûter mon plat puisque le sien était retourné aux cuisines. « Hey tricheuse ! » protestai-je lorsqu’elle essaya de me déstabiliser. Elle finit par goûter et je demandai : « Tu aimes alors ? T’en veux d’autre ? » Parce qu’en attendant, je mangeais mais elle, elle n’avait plus rien devant elle. « Je suis désolé… Mais j’allais pas te laisser manger un plat qui te fait pleurer… La seule chose qui a le droit de te faire pleurer ce soir, c'est mon départ. » plaisantai-je en espérant qu'elle ne m'en voulait pas d'avoir fait renvoyer son plat. Jetant un coup d’œil vers la porte des cuisines, j’ajoutai : « Tu crois que je lui ai fais si peur que ça ? » Il avait surtout du me prendre pour un petit ami super protecteur, surtout que je lui avais désigné Talya comme étant -ma copine- sans même m'en rendre compte...  

 J'adressais un nouveau sourire à Priape lorsqu'il confirma que je m'en sortais bien. J'espérais en tout cas mais bon tout ne pouvait pas être parfait. Je me concentrais ensuite sur mon plat dans lequel une petite surprise piquante s'était glissée et cela nous fit l'animation de la soirée. « Ca va t'en fais pas ! » Après avoir avalé ce qu'il restait dans la fourchette de Priape je pris une grande inspiration et me redressais pour tout faire descendre parce que pour le coup, avec mon gros ventre, tout était resté bloqué au milieu de la descente. J'avalais un nouveau verre d'eau et le tour était joué. « En fait j'ai demandé au serveur qu'il mette un piment pour camouffler la vraie raison de mes larmes, je ne voulais pas que ton égo soit trop flaté par le fait que je sois triste que tu partes. » Je lui adressais un petit clin d'oeil et m'essuyais les yeux doucement pour ne pas me retrouver avec du maquillage partout. « J'ai meilleure mine là ? » Le serveur finit par revenir et déposer un nouveau plat devant moi, je le remerciais avec un sourire alors qu'il n'adressait pas un regard à Priape. Je retirais ma main de celle du dunster pour pouvoir manger à nouveau. « Je te confirme que oui tu lui as fait peur, il n'ose même plus te regarder... En même temps tu n'aurais pas peur toi face à un futur papa qui s'inquiète et qui te balance au nez que tu mets en danger son bébé et sa - copine - ? » Futur papa inquiet, petit ami enragé, voilà pour quoi il était surement passé parce que ce pauvre serveur ne connaissait pas notre situation et il n'y avait rien qui laissait paraitre que nous n'étions plus ensemble. « Je crois qu'on devra se passer de dessert ou aller le prendre ailleurs ! »

« Tout s’explique maintenant… » rigolai-je après la révélation de Talya concernant le véritable but de ce piment dans son plat. « Maintenant que je sais tout, vas-y, pleure toutes les larmes de ton corps, te retiens pas ! » plaisantai-je avant d’ajouter, et cette fois ci c’était vrai : « De toute manière, Andrea m’avait dit que t’arrêtais pas de te lamenter parce que j’étais pas là… » Lors de notre petite rencontre à l’hôpital, j’en avais appris pas mal par l’amie de mon ex. « Enfin non, c’était pas ça, elle a parlé de –gérémiades- pour être exact. » confiai-je en me marrant. « Donc tu vois, pas besoin de piment, mon égo est déjà flatté. » Retrouvant mon sérieux, je regardais Talya qui était en train de s’essuyer les yeux, avant de me questionner sur sa mine. Elle avait toujours les pommettes un peu rouges, mais c’était peut être aussi parce que je lui avais rapporté les paroles de sa copine. Et puis ça lui allait bien ces couleurs sur les joues. « T’es parfaite t’en fais pas… » Une nouvelle assiette arriva, le garçon évita soigneusement mon regard d’ailleurs. Je l’avais vraiment terrifié dis donc. « Ils ont qu’à faire attention aussi ! » me justifiai-je alors. Mettre en danger mon bébé et ma copine ? J’avais vraiment dit –ma copine- ? Je ne m’en étais même pas rendu compte avant que Talya ne s’amuse à reprendre mes paroles. Du coup, mon regard se concentra sur mon assiette, ma fajitas à moitié mangée devenant soudain la huitième merveille du monde. J’avais passé trop de temps ici, si je commençais à entrer si naturellement dans la peau du petit ami, au point de désigner Talya comme ma compagne sans même le réaliser, c’était surement qu’il était grand temps que je rentre. Enfin, ma gêne se dissipa assez vite, et la jeune femme émit l’hypothèse que nous devrions probablement filer prendre un dessert ailleurs. « Tu crois qu’il serait capable de mettre un piment dans mon dessert pour se venger ? » rigolai-je alors. « Non mais t’as raison, vaut mieux pas prendre de risque. Tu veux aller où après ? »

 Je rigolais en écoutant Priape me dire que je pouvais pleurer toutes les larmes de mon corps maintenant, non mais vraiment. J'avais un petit pincement au coeur que ce moment suspendu dans le temps ne dure pas plus longtemps mais après tout, toutes les bonnes choses ont une fin et il ne faut pas trop en abuser non plus. Je laissais mon nouveau plat arriver devant moi et l'attaquais tout en poussant un peu mon assiette vers Priape:  « Sers toi hein, je ne mangerais pas tout ça et j'ai peur de t'en foutre partout si je te propose de te faire gouter ! » Ma robe était la preuve de ma maladre. J'allais avaler une bouchée quand il me rapporta les paroles d'Andrea. Mon poing s'écrasa faisant un peu de bruit sur la table me valant plusieurs regards curieux mais mes yeux n'étaient que sur Priape alors je m'en fichais :  « Elle est sérieuse ? Je vais la tuer ! J'ai pris grand soin d'éviter de prononcer ton prénom au chalet, de n'enquiquiner personne avec mon manque et tout le tralala et elle m'affiche comme ça sans raison ! Je vais lui tordre le cou dès que t'auras le cul dans l'avion et que tu ne pourras plus m'en empêcher. » Et surtout dès que j'aurais un moment à tuer parce que je ne voulais pas louper un instant avec Priape même pour les beaux yeux d'Andrea. Je ne relevais pas le parfaite que Priape m'adressait ne voulant pas en faire de cas même si cela me faisait plaisir. Cette soirée était vraiment bizarre mais elle resterait surement dans ma tête un moment, surtout lorsque nous traverserons des moments durs. « Je ne sais pas de quoi il serait capable mais on ne va pas prendre de risque, il ne faudrait pas que tu loupes ton avion toi qui avait l'air si pressé de rentrer en début de soirée. » Mon regard taquin se posa sur lui avant de se reporter sur mon assiette, j'avais manger une bonne moitié et je calais déjà. « Tu veux la fin ? J'en peux plus ! Et pour le dessert où tu veux, on peut acheter une glace au bar et aller se poser dans un coin tranquille si tu veux ! » Genre à l'air de jeux pour enfant qui était déserte le soir car les petits loups dorment.