you know you really love someone when you can't hate them for breaking your heart. (Talya)

Bon après avoir nettoyer mes bêtises et remis un peu d’ordre dans la cuisine, Kyla arriva. « Forcément, pile poil quand j’ai fini… » Genre elle aurait pu arriver en avance pour une fois. Enfin, c’était gentil qu’elle se propose de garder la petite. Mais je savais très bien que la brune m’appréciait pas. On se salua donc froidement, je fis un bisous à Charlie. Talya souhaita bonne nuit à sa fille et on sortit. La question du restau se posa. La jeune femme me rappela alors qu’on s’était séparés rapidement après la dernière écho et qu’on avait pas eu notre 4 étoiles. « La faute à qui ? » fis-je avec mauvaise foi. Oui, parce que je me souvenais bien que j’étais en grande partie fautif ce jour là, j’avais vraiment déconné en l’engueulant devant le gynéco. « Tu veux vraiment qu’on aille en ville ? » On allait perdre du temps à y aller alors qu’il y avait pas mal de choix ici. « On peut manger un truc là, y’a pas mal de choix regarde. » Je sortis le prospectus du camping qui dressait tous les services proposés et magasins dispo sur place. « Pizzas, restau mexicain… Enfin les épices tu supportes toujours moyennement peut être ? » demandai-je en me rappelant son début de grossesse compliqué.  

J'avais évité de relever la remarque de Priape à l'arrivée de Kyla mais lorsqu'il me demanda sur le pas de la porte du chalet à qui était la faute si on n'avait pas eu notre quatre étoiles à la suite de la dernière écho, je ne pus m'empêcher de lui envoyer un coup taquin dans les côtés en rigolant. « Tu ne crois quand même pas que j'allais te payer le resto après la scène que tu m'avais faite ? Puis c'était à toi de payer hein alors je t'ai sauvé la vie parce que j'étais affamée ce jour là ! » Je le regarde toujours le sourire aux lèvres, je suis de bonne humeur, c'est difficile de rester sérieuse face à lui vraiment, même s'il est bougon, même s'il est ronchon... « Bébé supporte mieux les épices et j'ai entendu dire que le mexicain était vraiment bon, du coup je me laisserais bien tenter par le mexicain ! Mais on fait un pacte, s'il y a le moindre de nos amis sur la terrasse on va en ville ? » Idiot comme pacte mais je n'avais aucune envie qu'un ami de Priape vienne me descendre et gâcher notre soirée et pareil à l'inverse. Et puis on ne sait jamais que Liam ait eu l'idée d'aller au mexicain, ma soirée serait finie si jamais on restait au même resto que lui. Je n'en avais donc aucune envie et je préférais prévoir... Puis il pouvait y avoir Sienna ou Matthéo... Enfin mes amis que Priape n'appréciait pas forcément en fait...

Talya prenait mes ronchonnements à la rigolade. Elle me connaissait plutôt bien désormais et savait bien déceler quand j’étais véritablement énervé. « Comment ça mon tour ? Ca veut dire que là c’est moi qui règle la note ce soir ? Je vais peut être aller nous faire chauffer un plat de nouilles au chalet des Cameron en fait… » annonçai-je avant de me mettre à rire. Talya sembla convaincu par ma proposition : le mexicain on lui en avait dit du bien, j’hochai la tête : ça allait changer au moins. Mais elle émit une condition : si il y avait du monde qu’on connaissait, on ne restait pas et on filait en ville. « Je savais que tu n'assumais pas de traîner avec moi… » répondis-je avec une moue faussement vexée. « Mais ok, ça marche… » Je rangeais le prospectus dans ma poche avant d’avancer aux côtés de mon ex en direction du fameux restau. Les odeurs d’épices nous parvinrent de loin et je ne pus m’empêcher de commenter : « En tout cas ça sent bon… » Et lorsqu’on arriva devant l’entrée de l’endroit, la terrasse était sur le côté, mon regard se reporta vers les tables déjà occupées pour voir si une connaissance ou plusieurs y était et si donc nous allions devoir décamper. « Mais tu sais que j’ai pas louer de voiture ici si faut qu’on aille en ville et je sais pas si on va trouver un taxi à cette heure là… » Pour l’aller encore, on aurait peut être un chauffeur mais pour rentrer après le dîner ça risquait d’être compliqué.

« Tu sais très bien que ce n'est pas mon genre de réclamer et comme c'est moi qui ai insisté pour qu'on sorte, tu n'auras même pas d'autre choix que de me laisser payer. » Je lui lance un regard qui veut tout dire : on ne contrarie et on ne contredit pas une femme enceinte, attention, je paye et c'est tout. « J'avoue que j'ai un peu honte c'est vrai, puis quand notre bébé sera né je lui dirais toi le petit avec du sang Zacharias, va marcher sur le trottoir d'en face tu veux ! » Je n'attendis pas la fin de ma phrase pour rigoler, il en avait d'autre des comme ça non ? On finit par arriver vers les restaurants et d'un bref coup d'oeil, tous nos amis ont l'air d'avoir choisi de diner ailleurs, ouf, pas besoin de courrir en ville. « Je crois que je ne vois personne de ton entourage ou du mien susceptible de pouvoir venir pourrir notre soirée ! On y va j'ai une faim de loup ! » La piscine m'avait ouvert l'appétit et le petit tétard dans mon ventre avait aussi faim que moi ! Je me dirigeais vers une table de libre dans un coin de la terrasse, au calme, un peu en retrait. « Je te laisse mes affaires il faut que j'aille aux toilettes rapidement. » Je déposais mon sac sur la chaise et filais vers les wc du restaurant, j'étais déjà une petite vessie d'ordinaire mais enceinte c'était pire. Je poussais la porte des toilettes pour femme et d'un toilette en particulier. Je vis une petite demoiselle sur la cuvette, je rougis légèrement et lui dis tout en refermant : « Oups excuse moi ma belle, je vais à côté je te laisse tranquille ! » La petite fille de six sept ans ne me répondit pas surement trop gênée et je me dirigeai à côté puis après m'être lavée les mains je revins vers Priape. « Ca y est t'as eu le temps d'analyser la carte ? Je vais commander quoi selon toi ? » J'ouvris la carte et la plaçais devant mes yeux.

« Oui c’est vrai que c’est pas ton genre, c’est plutôt le mien, c’est moi le profiteur… » fis-je en réutilisant le surnom qu’elle m’avait attribué lors de notre toute première rencontre. « Donc de toute façon, si tu me laisses pas le choix, je vais profiter… » concédai-je avec un sourire amusé devant son regard qui de toute façon, ne laissait pas place à la discussion. « Ca va pas être pratique la première année quand il marchera pas encore… Tu lui diras d’aller faire du 4 pattes au loin ? » continuai-je de plaisanter. Et une fois arrivés sur place, on s’assura qu’il n’y avait personne que nous connaissions, nous étions tranquilles. « Sérieusement, pourquoi tu ne voulais croiser personne ce soir Talya ? » demandai-je intrigué alors qu’on s’installait. Je savais très bien que ce n’était par honte d’être vu avec moi. On avait été trois mois en couple et même si nous n’étions pas le genre démonstratifs on ne se cachait pas pour autant. La jeune femme s’absenta un instant aux toilettes… Les femmes enceintes et leur vessie… En revenant, elle me demanda de deviner ce qu’elle allait prendre. Je posais mes index de chaque côté de mon visage sur mes tempes et je tentais de jouer les mentalistes : « Je dirais fajitas poulet tomate ? Et moi à ton avis je vais prendre quoi ? » Oui bon normalement, c’était les couples qui jouaient à ce petit jeu là non ? On était vraiment pas des ex comme les autres…

« Comme on se retrouve sur la même conversation que lors de notre première rencontre... » Je lui fais un clin d'oeil et je ne lui laisse pas le choix en fait. Je me suis habituée à ce caractère profiteur il faut croire ou alors il est tout l'inverse et j'ai envie de lui rendre un peu la pareille. « Quatre pattes, ramper, ce qu'il voudra tant qu'il n'attirera pas la honte sur moi... » Je lève les yeux au ciel et soupire. Mon soupire prend encore plus de sens quand il me demande pourquoi je ne veux pas croiser de nos amis ce soir. Je finis pas me lever et filer aux toilettes tentant sur le chemin et malgré les péripéties de trouver les bons mots pour exprimer le fond de ma pensée. Une fois revenue je finis par déclarer : « T'es là peu de temps, ça s'est bien passé, je n'ai aucune envie de te voir partir en faisant la tête parce que Sienna ou Matthéo a gâché notre soirée et je n'ai aucune envie de te laisser partir alors que Léonora ou Elia seraient venues nous interrompre de peur que tu retombes dans mes filets... Et là c'est moi qui serait bien moins contente. Je veux qu'on finisse aussi bien que ça a commencé. » J'ai dit ça le plus honnêtement du monde en plantant mon regard dans le sien, il n'y a pas de doute à avoir sur mes mots. « Il faut croire que t'as de la chance parce que je viens de me décider pour celui là de peur de mal digérer les poivrons... Mais justement pour toi je dirais fajitas dinde poivrons ? » Il n'est pas tombé à côté alors moi j'ai la pression de mon côté mais si je me trompe peut être que cela ne fera que lui confirmer que nous ne sommes pas faits pour être ensemble... quoique... Si ça se jouait simplement à une envie dans un restaurant... Le serveur arriva et nous demanda si nous voulions boire quelque chose, là j'étais à peu près sûre de ne pas me tromper : « Un jus de fraise et ... une pression ? » Dis-je tout en lançant un regard interrogateur à Priape pour lui demander de confirmer cela.

Un petit rire s’échappa de mes lèvres lorsque Talya évoqua notre toute première rencontre. Je ne pus néanmoins m’empêcher de nuancer les choses. « Y’a beaucoup de choses qui ont changé depuis… » Si on pouvait retourner à ce moment là, est-ce que je referais la même chose ? Flirter ainsi avec la jeune femme et débuter ainsi ce qui allait devenir l’une des ruptures les plus compliquées de ma vie ? Je serais tenté de dire que non, mais au final c’était aussi grâce à cette rencontre et tout ce qui avait suivi que j’allais devenir père. Et je ne pouvais en rien regretter l’arrivée de cet enfant. Ca valait toutes les peines du monde. J’hochais la tête ensuite, quand Talya m’expliquait ses vraies raisons : ne vouloir croiser personne c’était un peu rester dans notre bulle, éviter un sujet de conflit, et sur ce point je ne pouvais qu’être d’accord. Puis on s’adonna au petit jeu des devinettes. Je souris fièrement après avoir vu juste pour la future commande de mon ex, et à son tour elle tenta de percer à jour mes envies : « Je voulais prendre ça oui, mais là tu me fais peur en parlant de mauvaises digestions des poivrons… » doutai-je avant de finir par me décider : « Faut savoir vivre dangereusement, alors va pour les poivrons. Puis comme ça tu pourras goûter un peu dans mon plat si tu veux. » Quand le serveur arriva pour prendre notre commande, demandant d’abord pour les boissons, Talya répondit un jus de fraise et une pression, me lançant un regard pour voir si elle ne s’était pas trompée et si je confirmais. « Je suis si prévisible que ça ? » rigolai-je alors.

Et oui les choses avaient changé depuis mais bon... c'était ainsi et même si je le voulais plus que tout il m'était impossible de revenir en arrière pour changer le cours des choses, c'était quand même bien dommage que celui qui allait inventer cela ne soit pas encore né. Je laissais cette remarque en suspend puis me concentrait sur le menu en revenant. Les poivrons sont difficiles à digérer et je préfèrais éviter mais Priape n'était pas enceinte jusqu'à preuve du contraire. Cela me fit rire. « Tu sais que tu n'as pas de grimlins dans le ventre qui te file des brulures d'estomac quand il n'aime pas trop ce que tu lui donnes toi ? Non parce que si je n'étais pas enceinte, ça aurait été les poivrons sans hésiter ! » Mais il faisait comme il voulait. « C'est un danger limité c'est bien, puis oui je pourrais gouter comme ça... Aucun risque de voir le père de mon deuxième enfant mourir en mangeant un poivron. » J'avais voulu me faire cette réfléxion à moi même mais elle était sortie. Cela montrait peut être l'appréhension que j'avais de le perdre lui aussi, vraiment je serais incapable d'élever deux enfants seuls malgré tout ce que tout le monde pouvait dire sur mon compte et le fait que je puisse, moi je savais que ce n'était pas possible. Quand le serveur arriva, je tentais un coup de poker sur la boisson et je tapais dans le mille. Je souris à Priape en haussant les sourcils et en lui disant: « Certaines choses ne changent pas... » Un vent de nostalgie dans ma voix. Il fallait qu'on arrête de remuer le passé ou j'allais encore être beaucoup trop émotive. « Parle moi donc de ta thèse ! » Le serveur prit commande de nos plats et nous laissa seuls.

« Le petit n’aime pas les poivrons ? » demandai-je après les paroles de la jeune femme sans pouvoir m’empêcher de rire, même si ne pas pouvoir manger tout ce dont on avait envie ça devait être un peu contraignant. « Il affirme déjà ses goûts, c’est bien. Je crois me souvenir qu’il n’aimait pas les cookies non plus… Tu peux peut être tenter les mêmes fajitas que moi, si tu veux faire un remake de la soirée pizza. » Enfin, la référence c’était juste pour la digestion de Talya que le grimlins s’amusait à contrarier, pas pour tout ce qui avait pu se passer autrement lors de cette soirée… Je sentis ensuite, dans sa petite réflexion, qu’elle essayait de me faire comprendre autre chose : sa peur de revivre une perte comme celle qu’elle avait eu à endurer l’année passée, sa peur d’élever un nouveau né toute seule… « Hey, j’ai l’intention d’aller nul part tu sais… Tu débarrasseras pas de moi aussi facilement qu’avec des poivrons… » Ma main se posa sur la sienne sur la table, comme pour lui signifier que même si on parlait sur le ton de l’humour, il y avait une part de vérité dans mes paroles. Je grognais depuis le début de soirée, je me plaignais d’être pressé de rentrer mais au final, j’avais surtout bien les boules de m’en aller déjà. « Tu vas me manquer tu sais… » avouai-je finalement, comme pour me rattraper de toutes mes bouderies de début de soirée. Puis reprenant le jeu des devinettes, Talya s’en sortit très bien avec nos boissons avant de me questionner sur ma thèse. « J’ai commencé à réfléchir dans quelle direction je veux partir. Y’a un cancéro sur le centre hospitalier qui est en train de monter une étude sur un nouveau traitement des leucémies, il m’a proposé de bosser avec lui et je crois que je vais en faire mon sujet de thèse. » C’était juste une occasion en or, ça représentait un boulot monstre. « Ca va être une année chargée pour moi, enfin pour nous, je sais que ça me fera du travail en plus… Mais j’aurais bien le temps de faire ça pendant mes nuits blanches à bercer le petiot. » confiai-je avec un sourire.

« Pas pour le moment j'ai l'impression ! » Un fin sourire s'étend sur mes lèvres et l'une de mes mains vient se poser sur mon ventre pour stimuler un peu le bébé qui a été assez calme aujourd'hui malgré l'agitation au parc aquatique. Il est toujours en décalé, un vrai Zacharias celui là. « J'ai retenté les cookies après, ça passe mais à petite dose ! Pour la soirée pizza c'était top sauf la fin hein donc je vais me contenter du poulet tomate ! » Tout avait bien été à cette soirée un peu comme tout allait bien entre nous depuis qu'il était là même si nous avions frôlé de basculer dans la colère plusieurs fois. Je rigolais doucement quand Priape me dit que je ne me débarasserais pas de lui aussi facilement qu'avec les poivrons et sa main vint prendre la mienne. Je constatais une nouvelle fois à quel point j'avais pu être bête de tout gâcher avec l'homme que j'avais en face de moi qui comprenait si bien les sous-entendus dans mes phrases, qui savait comment me rassurer, me faire perdre la tête mais aussi me faire entrer dans une rage folle. Priape Zacharias quoi. « Tu vas me manquer aussi... » Mon regard qui était jusqu'alors planté dans le sien s'en détourna. J'étais bien heureuse que le serveur arrive à ce moment pour nous donner nos verres nous disant que la suite arrivait dans très peu de temps. je retirais ma main de celle de Priape et la portais à mon verre tout en continuant de l'écouter me parler de sa thèse. « Interdiction de passer ton temps à le bercer parce que de mon côté je ne pourrais pas le faire avec deux enfants à gérer et tout le reste ! Tu vas passer ton temps à le chouchouter et lui donner de mauvaises habitudes je sens ! » Je me moque légèrement de son côté papa gateau qui ressort déjà mais dans le fond je suis sûre qu'il fera un très bon papa. « On trinque à cette année qui arrive et à ton beau projet de thèse même si ça risque de ne pas être simple pour toi ? » Je lève mon verre et attends qu'il en fasse de même, impossible de le cacher je suis assoifée avec cette chaleur.