you know you really love someone when you can't hate them for breaking your heart. (Talya)

J’étais installé dans l’un des transats de la petite habitation en bois où logeait Talya, là où nous nous étions endormis la nuit de mon arrivée. J’attendais son retour, l’air un peu boudeur. La jeune femme avait passé sa journée dans un parc aquatique avec monsieur parfait. Et ça, ça m’agaçait. Et plus que ça, ça m’agaçait de m’agacer pour cela. Et puis il y avait eu cet autre truc qui s'était produit. Cette fille à la piscine. Mignone, sympa, drôle… Et pourtant avec qui j’avais tout foutu en l’air. Alors oui, j’étais d’humeur bougonne, j’avais même eu envie d’envoyer balader Talya quand elle m’avait expliqué par sms qu’elle était restée en bon contact avec son ancien coloc, et que c’était donc pour cela qu’elle avait eu envie de passer la journée avec lui, pensant que j’allais faire de même avec Elia, ma meilleure amie. Mais je m'étais retenu, m'empêchant d'envoyer un commentaire désagréable par texto, me contentant d'accepter de passer la soirée avec elle. C'était notre dernière ensemble avant plusieurs semaines de séparation, j’avais pris sur moi donc. Ravalant ma jalousie, qui n’avait pas lieu d’être puisque nous n’étions plus un couple depuis longtemps, je m’étais rendu devant son chalet, refusant d’aller y frapper, sait-on jamais que ce soit Sienna ou encore Matthéo qui m’ouvre. Je préférais nettement guetter l’arrivée de la blondinette sur la terrasse puisqu'elle n'allait pas tarder à revenir.

Journée d'éclate totale au parc aquatique avec ma fille et mon ami, qui n'est autre que mon ancien colocataire, le parfait Liam. Il est peut être parfait et très séduisant mais ce n'est qu'un ami, il y a toujours eu cette complicité de fou entre nous mais aussi cet immense respect, il est attiré par une jeune femme, j'aime quelqu'un d'autre, quoi de moins clair entre nous ? J'avais reçu un message de Priape dans la journée qui me demandait ce que je faisais. J'avais été surprise puisqu'il devait passer la journée avec Elia, mais elle se reposait avec Théo, c'était son choix. Du coup, je sentais que Priape n'était pas réellement content que je suis avec Liam, mais je voulais aussi passer du temps avec mon ami et je n'allais pas m'éloigner de toute la gente masculine pour le rassurer, au contraire, si je m'en éloignais ça lui montrerait qu'il y avait peut être un risque que je craque non ? Et bien dans tous les cas ce n'était pas le cas ! Bref, la journée était passée, j'avais laissé Liam à son chalet et Charlie dans mes bras je rentrais au mien. La petite demanda à marcher une fois arrivée dans notre allée et se mit à courir. J'allais la rattraper quand je vis Priape sur un transat et ma fille se diriger vers lui avec le sourire en ouvrant grand les bras. Je restais un instant un peu à part pour les regarder tous les deux, les larmes me seraient montées aux yeux si je ne les avais pas contrôlées. Oui oui, les hormones, je suis beaucoup trop sensibles. « Hey ! Je crois que t'as vraiment la côte... T'as passé une bonne journée, t'as fait quoi finalement ? » Il était son médecin préféré, le papa qu'elle aurait peut être aimé, bref il était une personne qu'elle aimait et avec qui elle n'allait pas peur d'aller la preuve, elle avait couru dans ses bras. D'ailleurs c'était un miracle qu'elle ne se soit pas pris les pieds dans les cailloux avec ses pas pas très très assurés encore. Je finis pas m'approcher d'eux déposant un baiser sur le front de ma fille en souriant. « Je peux te confier le crapaud le temps que j'aille prendre une douche et me changer pour être présentable pour ta dernière soirée ici ? Je vais demander à Kyla si elle peut me garder Charlie... » Je lui souris et attends son accord.

Les silhouettes des filles apparurent au bout de l’allée qui menait au chalet. Je vis Charlie s’agiter dans les bras de sa maman en me voyant, et Talya finit par la poser par terre. Avec un pas très assuré pour son petit âge, la demoiselle s’avança jusqu’à moi. Je m’accroupis écartant les bras pour la réceptionner alors que Talya suivait derrière. Je déposai un petit bisous sur la joue de l’enfant me relevant tout en la tenant dans mes bras. « Je dois pas la traumatiser avec les vaccins c’est bon signe… » plaisantai-je en observant la petite bouille adorable de ma patiente préférée. L’espace d’un instant, la petite avait presque chassé mon humeur boudeuse, mais la question de mon ex me demandant comment j’avais occupé ma journée la fit revenir sur le champ. « J’suis allé à la piscine. Il fait trop chaud ici j’sais pas comment tu fais. Vivement que je rentre ! » Mensonge. Ces quelques jours, chauds et très chargés, m’avaient malgré les températures, fait un bien fou. « C’était bien avec monsieur parfait ? Il est pas là d’ailleurs ? » ajoutai-je en prenant un air faussement déçu de ne toujours pas avoir eu l’occasion de le rencontrer. « Je peux même faire mieux, je peux m’occuper de son bain et de la mettre en pyj pendant que tu te prépares. » Ca de moins à faire pour la baby-sitter. « Tes colocs aussi tu les as mis en garde ? » C’était pas que le fait de ne pas croiser Matthéo ou Sienna me déplaisait, mais le fait d’être seul avec Talya me faisait redouter un nouveau dérapage. « On peut garder Charlie avec nous tu sais… » proposai-je finalement.

« Non elle a pas l'air traumatisée... Elle apprécie vraiment ta présence je crois... » Plus que comme son simple médecin oui c'est le cas. La petite n'est pas folle, elle sait très bien sur qui elle peut compter et sur qui elle ne peut pas le faire. Je sais aussi que même si ils ne se sont côtoyés vraiment que quelques semaines comme autre chose qu'un médecin et une patiente, ils ont pris le temps de s'attacher l'un à l'autre, ça se voit dans la manière dont Charlie court vers lui et dans les gestes qu'il a pour elle. Mais il ne faut pas trop que je pense à cela parce que les larmes montent assez rapidement. « Vivement que tu rentres ? A ce point ? Je suis désolée Priape, si j'avais su qu'Elia ne pouvait pas passer la journée avec toi tu sais très bien que je n'aurais pas passé la journée avec Liam ! Et arrête de l'appeler Monsieur Parfait... Non, il est chez lui, jusqu'à preuve du contraire on est pas marié lui et moi, rien ne nous lie l'un à l'autre et c'est très bien comme ça tu vois ? » Je fronce légèrement les sourcils pour lui montrer que je suis loin d'être ravie qu'il soit dans cette optique de ronchonner dès le début du moment qu'on a à passer ensemble mais je ne me laisse pas démonter. « Tu peux faire ça si t'en as envie, je ne veux pas que tu te forces... Et non ils ne sont pas chez leur nounou, ils vaquent juste à leurs occupations, c'est souvent comme ça tu sais quand on ne prévoit rien à faire tous ensemble ! » On a beaux être des amis très proches, nous ne sommes pour autant pas des gens qui s'étouffent. Matthéo avait envie de passer du temps avec moi certes c'était pour ça qu'on était dans le même chalet et tout, mais il avait très bien compris avec l'arrivée de Priape qu'il valait mieux qu'il se fasse petit dans ma vie pendant quelques jours. Notre bêtise nous avait rapproché comme de vrais amis mais elle nous avait aussi appris à nous effacer l'un et l'autre le moment venu pour laisser l'autre vivre ce qu'il a à vivre, mais ça Priape ne pouvait pas le voir, où il ne voulait pas le voir tout simplement. « Pour ta dernière soirée ici je n'ai aucune envie d'être tenue par une heure pour rentrer et Charlie est claquée après la journée qu'on a passé, elle n'a pas fait de sieste en plus, c'est mieux qu'elle reste là... A moins que tu veuilles aussi qu'on reste là à la veiller quand elle dort, mais je me disais qu'on aurait pu profiter d'un bon resto en ville... » J'hausse les épaules en attendant sa réponse. Je m'approche de lui et prends le petit paquet puis commence à entrer dans l'habitation espérant qu'il me suive. Je dépose Charlie sur mon lit, sortant un petit peignoir pour elle et un pyjama court une pièce afin qu'elle n'est pas trop chaud.

J’étais attendri par la petite puce.  Je savais que je ne devrais pas m’attacher autant, pas pour une question de déontologie, parce qu’elle était ma patiente, mais parce que tout simplement je n’étais pas lié à cette gosse : Charlie était la fille de mon ex, aucun lien de sang entre nous, et pourtant, ça m’avait peiné de manquer ses premiers pas. Et quand elle marchait comme elle venait de le faire pour venir dans mes bras, je me rendais bien compte que c’était trop tard, je m’étais déjà attaché à la petite puce. Enfin, je me rembrunis rapidement, l’ombre de monsieur parfait planant au dessus de nous. Talya interpréta bien vite l’origine de ma mauvaise humeur. « Je l’appelle comme je veux, c’est toi qui me l'as dépeint comme l’homme idéal non ? » ronchonnai-je. La petite tendit la main vers mon visage et de ses petits doigts essaya de s’emparer de ma bouche. « Hey ! T’es en train de me dire de me taire là c’est ça Charlie ? » fis-je en riant avant de la chatouiller un instant. Le rire de la petite résonna, faisant tomber un peu la pression dont j'étais à l'origine entre Talya et moi avec ma mauvaise humeur. D’ailleurs, je tournai la tête vers mon ex : « Avoue que c’est toi qui lui a appris à faire ça pour m’empêcher de grogner ? » plaisantai-je alors. Talya avait l’intention de faire garder la puce, elle voulait sortir, profiter et savoir sa fille entre de bonnes mains, ici, à se reposer, ça la rassurait. « On fait comme tu veux, mais tu sais je vais pas rentrer tard. Faut que je me lève de bonne heure demain pour mon vol. On a failli manquer le vol aller avec Leanne, je veux pas me refaire un sprint à l’aéroport dans cette chaleur. » Peut être aussi que c’était parce que j’étais vexé, que je voulais lui faire comprendre qu’on avait peu de temps ensemble parce qu’elle avait passé sa journée avec ce cher Liam… Je suivis la jeune femme qui avait récupéré sa fille dans le chalet. Je jetai un regard mauvais au lit adjacent au sien, avant de reporter mon attention sur Talya. « Laisse vraiment, ça me dérange de baigner ton crapaud… Ca me fera un entrainement… » Quoi que le bain de Charlie allait surement être plus sport que le bain du bébé qui arriverait dans quelques mois. La petite avait la bougeotte à cet âge, cet entrainement allait surement m’ouvrir les yeux sur ce qui m’attendait. « Vous avez une petite baignoire ici ? » demandai-je prêt à me lancer dans ma mission.  

« Ce genre de truc vous fait tellement monter rapidement dans les tours vous les mecs ! Si je voulais que t'en parles autour de toi aux filles célibataires que tu connais il fallait bien que je liste ses qualités et uniquement ses qualités non ? » Vraiment je n'étais pas de celles qui fantasment sur leur colocataire, avec Liam le courant était de suite passé mais pas amoureusement, pas sexuellement parlant alors qu'il se le mette dans la tête. Je vis Charlie essayer d'introduire ses doigts dans la bouche de Priape, une manie en ce moment, je l'aurais bien grondée si ça n'avait pas eu le bonheur de le faire arrêter de grogner. « C'est ma fille hein, telle mère telle fille... Quand j'ai envie de te faire taire elle doit le sentir... » Et ses manières sont surement plus douces et chastes, c'est mieux dans un sens ! « T'as passé ta journée à te reposer à la piscine, alors si tu ne dors pas cette nuit... Puis t'as tout le temps de dormir dans l'avion après ! Si c'est les gardes qui t'inquiètes, mon père m'en doit une à l'hôpital, je l'appelle et je lui dis de te laisser un jour de plus de repos... Du coup c'est réglé t'as plus aucune excuse à écouter notre dernière soirée ici. » Je lui souris et finis par lui donner les affaires de Charlie. « Aucune baignoire, le bain de madame se faire dans l'évier de la cuisine depuis plusieurs jours... Si t'arrives à ce qu'elle n'en foute pas de partout, je te kidnappe pour rester là et lui donner son bain tous les jours ! » Je lui donne un clin d'oeil et repars vers ma chambre pour prendre mes affaires, une robe blanche assez légère en lin qui met bien en valeur mes formes de femme enceinte, des sous vêtements et une serviette et op je traverse le couloir pour filler à la douche. « Bon courage ! » Je file sous l'eau, quand j'en sors j'écoute des éclats de rire dans la pièce d'à côté et je ne peux m'empêcher de moi même sourire. Ils font plaisir à voir et entendre tous les deux. Je me sèche rapidement les cheveux et les relève en un chignon décoiffé, je me maquille, parfume et m'habille. Je file dans ma chambre récupérer une veste et des talons, pas trop haut non plus, me voilà prête. J'avance doucement vers le salon. « Alors vous en êtes où tous les deux ? Kyla arrive dans cinq minutes ! »

Je secouais la tête, pas convaincu mais un peu amusé par sa réponse. Parce que bon, avec toutes mes potes célibataires, mignonnes, sympa, adorables que j’aimerais voir enfin en couple et heureuses, c’est vrai qu’avoir un homme parfait ou deux sous la main à leur présenter ça serait pas mal. C’était juste que d’entendre ce qualificatif sortir de la bouche de Talya, ça m’énervait : « Donc il a quand même des défauts en fait ? » Oui, allez, juste un, ça me rassurerait… Puis la petiote me fit marrer en s’amusant avec ma bouche. Je repris néanmoins mon sérieux : ce soir, j’avais pas l’intention de partir trop tard, je devais me coucher tôt. Mais mon ex petite amie ne l’entendait pas de cette oreille. « Je me suis pas reposé à la piscine… J’ai nagé et tout… » protestai-je. « J’ai même des courbatures… » C’était plus à force de dormir sur le clic clac de chez les Camerons que à cause de l’effort physique mais bon. Talya était prête à faire sauter mes gardes. « Non, j’ai plein de taf qui m’attend, j’ai commencé à bosser sur ma thèse et tout. Faut que j’y retourne. » Même si ce n’était pas de tout repos, l’hôpital, la pédia, c’était mon élément. L’épreuve du bain allait commencer : enfin l’épreuve de l’évier de la cuisine car pas de baignoire pour enfant ici. Je retirai sa tenue sale à la petiote, son body, sa couche pendant que l’eau tiède coulait dans l’évier, remplissant ce qui allait faire office de bain. Je vérifiai la température, jusque là c’était presque facile, jusqu’au moment où je la fis tremper dans l’eau. Les mains et les pieds de Charlie s’agitèrent dans tous les sens, les gerbes d’eau volèrent, la cuisine se retrouva inondée en moins de deux sous les éclats de rire de la gosse qui s’amusait comme une petite folle. « Charlie mais c’est pas le parc aquatique là ! » rigolai-je en essayant de la maitriser mais l’eau avait déjà éclaboussé partout. J’attrapai le savon pour mettre fin à l’inondation. « On shampouine, on rince et on sort. » annonçai-je en faisant mousser ses petits cheveux. Je séchai ensuite la demoiselle, couche propre, body… OMG, c’était ce qui allait m’attendre tous les jours d’ici quelques mois ? Bon, après m’être battu avec les pressions du pyj, j’étais fier d’avoir accompli ma mission. J’emmenai Charlie avec moi dans le salon et Talya ne tarda pas à sortir de sa chambre, prête et ravissante. « On est prêts oui… Mais je crois qu’il faut que tu files une serpillère à Kyla quand elle va arriver… » Je m’en fichais je l’aimais pas vraiment alors qu’elle serpille mes conneries ça m’allait. « Tu vas pas me kidnapper tu vois. En fait, je crois même qu’il va falloir que je fasse une formation pour me perfectionner avant l’arrivée de la crevette ou alors mon proprio va criser. » Dégat des eaux tous les soirs à l’appart, ça allait lui plaire.  

« Ouai il a des défauts, il aime trop son lit, il a du mal à se lever et il n'est pas aussi maniaque que moi. » J'aime l'ordre et que tout soit à sa place, un peu trop même, je ne peux pas reprocher à quelqu'un d'être bordélique alors qu'il ne l'est pas s'il n'a juste pas le même niveau d'exigence de rangement que moi. Je fusille du regard Priape et je finis par lui dire : « Me tente pas Priape, les courbatures je sais comment les faire passer tu sais, et ta thèse, elle t'attendra bien un jour de plus... C'est pas négociable, j'ai déjà assez les boules de ne pas avoir passé la journée avec toi alors que tu ne faisais rien finalement comme Elia a décomandé alors ne gâche pas ma soirée en l'écourtant. » Voilà voilà, lui il avait peut être les nerfs que j'ai passé ma journée avec Liam mais moi j'avais les nerfs parce qu'Elia n'avait pas passé la journée avec lui comme elle l'avait prévu et qu'au final j'aurais pu passer plus de temps avec lui à profiter. Je ne regrettais en rien ma journée mais j'aurais très bien pu la passer un autre jour, quand il ne serait plus là. Peut être que cette fois il allait remettre les compteurs à zéro et arrêter de vouloir être rentré alors qu'on était même pas partis. Je file sous la douche et j'en ressors plusieurs minutes plus tard. Priape et Charlie sont dans le salon, ils m'ont l'air épuisé tous les deux mais ils rigolent et quand je vois la piscine qu'ils ont fait dans la cuisine je comprends mieux. « Vous faites la paire tous les deux ! » Je rigole en gigotant la tête de gauche à droite et je vais chercher le balais serpillière pour éponger, après tout Kyla n'est pas encore là alors j'ai du temps pour le faire. « T'as le droit de venir donner le bain à Charlie tous les soirs jusqu'à ce que j'accouche ! » Je rigole une nouvelle fois en le toisant du regard pour attendre sa réponse après tout ça pourrait aussi me soulager un peu même si ce n'était pas sa fille et qu'il n'avait rien à lui devoir, il pourrait s'entrainer et reposer la future mère de son bébé pas mal comme compromis non ?

Talya se montra assez ferme : ce soir pas le droit de ronchonner, elle était aussi déçue que moi qu’on ait perdu du temps tous les deux donc autant en profiter ce soir. J’essayais d’effacer le coloc de ma tête, histoire de me faire passer l’envie de râler pour la soirée et ce fut finalement lors de la mission bain que je pus complètement occulter Liam de mon esprit : avec Charlie qui avait envie de faire une bataille d’eau dans la cuisine, pas le temps de penser à autre chose. Mais j’avais finalement réussi : la petite était propre, en pyj, prête à aller au dodo. La cuisine était un vrai champ de bataille mais c’était les dommages collatéraux. « Hé, ho, tu laisses ça je vais le faire… T’es enceinte et tu contractes alors maniaque ou pas il est hors de question que tu touches à un balai… » ordonnai-je en lui prenant la serpillère des mains. Elle rigola en me proposant un entrainement quotidien sur Charlie si je voulais. « Pas ici… » Outre le fait que l’arizona ça faisait un peu loin juste pour venir faire la toilette de la puce, il y avait aussi l’équipement qui laissait à désirer : il allait me falloir une table à langer et une baignoire avec un petit transat, j’allais rajouter ça sur ma liste dès mon retour d’ailleurs. « Mais quand tu seras rentrée, pourquoi pas. » J’étais pas fou, outre l’excuse de perfectionner ma technique, ça me permettrait aussi d’alléger un peu le boulot de Talya. Même si elle m’avait paru reposée et qu’elle n’avait pas trop contracté pendant mon séjour, que j’étais donc plus serein, je restais de nature inquiète, surtout en ce qui concernait mon futur bébé.

J'ai à peine le temps d'éponger quelques centimètres du sol que Priape me prend le balai des mains me disant qu'il ne faut pas que je le fasse, que je dois me reposer. « Un homme avec un balai dans les mains... C'est autant en voie de disparition que les ornithorynques cette affaire là ! » Je rigole dans ma barbe et reviens vers Charlie mais je n'ai pas le temps de la prendre sur mes genoux que quelqu'un frappe à la porte, c'est Kyla. Je passe à côté de Priape et lui dis d'humeur taquine : « Il reste quelques gouttes par ici... Et on en reparlera ! » Je me dirige vers la porte j'ouvre à la petite brune et je lui donne quelques consignes, mais même si elle n'a pas d'enfant, elle sait y faire avec eux et surtout avec Charlie, la petite l'adore. Je n'ai aucun souci à me faire puis elle sait très bien où me joindre si jamais il se passe quoique ce soit. Je lui souris, la laisse saluer rapidement Priape et se diriger vers ma blondinette. J'embrasse son front tendrement et lui dis une dernière fois d'être bien sage comme toujours puis je me dirige vers la porte sans larme et sans cri, j'aime la capacité d'adaptation de ma fille. Une fois la porte fermée, je me tourne vers Priape et je lui demande : « Alors tu veux aller où ? Y'a un vraiment bon resto en ville... Je crois qu'on a pas mangé notre quatre étoiles après la dernière échographie... »