Il regarda un instant Mallory, "grave beau ?", c'était un soupçon d'incrédulité dans sa voix. Par parce qu'il s'imaginait que ce qu'il avait fait était terrible et que Mallory essayait de lui faire plaisir, non, ce qui l'ennuyait c'étaient les mots utilisés. D'une manière générale son petit ami avait un vocabulaire plus élaboré que ça, il n'était pas non plus la reine d'Angleterre, mais, surtout au vue de ses origines sociales, il s'exprimait tout à fait convenablement. L'entendre parler comme ça était décevant, les gens à Harvard perdaient peu à peu toute prestance, il n'y avait qu'à voir les deux filles à deux doigts de s'étriper un peu plus loin pour en avoir un bel aperçut du niveau de décadence et l'une d'entre elle était princesse, rien que ça, quant à l'autre... il ne savait pas vraiment ce qu'elle était, mais il savait qu'elle n'était pas née au fin fond du Montana non plus. Elles semblaient pourtant avoir autant d'éducation que des chattes de gouttières, se disputant pour... ça devait être pour un mec ou une connerie du genre, les filles font souvent ça. Tout ce qu'il espérait c'était que, malgré ses problèmes manifestes avec la drogue, Mallory resterait vingt lieues au dessus d'elles en terme de prestance, ce qui n'était objectivement pas trop lui demander.
En parlant de fille voilà que Mallory avait la bonne idée d'en bousculer une, génial, ils allaient pouvoir parler des derniers ragots de sortie. Depuis qu'il était avec Mallory et qu'il avait donc arrêté de fréquenter les soirées et les filles qu'il voyait pour... ce que font les garçons, il se rendait compte qu'en dehors du lit il ne pouvait vraiment pas les supporter, d'un côté il avait bien fait de décider d'être gay, s'il avait dû partager son appartement avec l'alter ego de Georgia, il l'aurait sûrement brûlé depuis un moment -l'appartement, pas la colocataire, quoi que...-. Il salua néanmoins Alexys d'un signe de tête poli, il était trop galant pour lui serrer la main, ne respectait pas assez les Mather pour un baise main et même s'il s'était senti de lui faire la bise, Mallory était entre eux deux, c'était donc la bonne solution de replis. Aussi fût-il surpris en voyant la main tendue, mais il la serra néanmoins, non sans un air interrogateur, surtout dû à la phrase qui l'accompagnait. "C'est moi en effet" il aurait bien ajouté que lui n'avait pas entendu grand chose sur elle, mais ce n'était pas la chose la plus sympathique à sortir, quand bien même ne l'entendait-il pas méchamment. Il laissa échapper un "hé" peu convainquant à la remarque de son partenaire sur les Eliot, il avait passé les premiers temps de leur relation à vouloir le convaincre qu'il ne fallait pas considérer les Mather comme des drogués abrutis -il n'avait pas vraiment réussi, Amalric cachait simplement mieux son mépris- et le voilà qu'il se mettait à son tour à faire ce genre de réflexions. Un nouveau groupe arriva et il entraina Mallory un peu plus loin, il voulait bien rester avec lui toute la soirée, mais il ne supporterait pas tout son groupe d'amis.
Le rouquin semblait avoir mieux à faire que d'écouter ses protestations de toute façon, curieux il suivi son regard qui s'était figé dans une certaine direction. "Tu regardes quoi ?" Il réalisa ensuite l'idiotie de sa question, il faisait noir, il ne devait pas être en train d'admirer un fauteuil. "Enfin, qui ?" Mallory ne répondit pas, plus étrange encore il détourna la conversation ce qui n'était pas particulièrement son genre, Amalric avait souvent tendance à faire ça, ainsi savait-il bien ce que ce subterfuge pouvait cacher. Il regarda donc à nouveau et avisa le président des rouges... ce type !? Il se mit à réfléchir à tout ce qu'il savait de lui sans se rendre compte qu'il avait lâché la main de Mallory. C'était un footballeur, donc probablement une brute qui aimait être aimé -les quatre sports avaient une qualification bien claire dans son esprit, au foot les brutes populaires, le hockey pour les brutes anonymes, basket pour les vantards populaire et baseball pour les vantards anonymes-, ça ne jouait pas en sa faveur. Ensuite il avait une copine, autre point négatif, surtout couplé avec celui d'avant, il ne lui avait jamais semblé entendre quoi que ce soit sur les préférences du hongrois, c'était donc qu'il était hétéro -il y avait aussi la possibilité qu'il n'en ai jamais entendu parler parce qu'il s'en fichait bien, mais il préférait penser que non-. Autre point négatif, très négatif. Il n'avait pas envie que Mallory se retrouve embarqué amoureux qu'un hétérosexuel qui ne l'aimerait jamais, il n'avait jamais été amoureux d'une lesbienne, mais il imaginait bien que ça devait faire mal. Il s'était promis de protéger son petit ami de ses fréquentations, il lui en toucherait un mot, mais pas ici, ils étaient censés être en couples, cela lui interdisait une conversation du genre "ne tombe pas amoureux de ce type, il n'est pas bien pour toi", bien sûr s'il avait été amoureux du rouquin il n'aurait pas réagi avec autant de désinvolture, mais il n'avait jamais dit qu'il allait l'empêcher de regarder les autres mecs. Il ne pouvait pas l'empêcher de le faire de toute façon, ça réglait la question. Quoi que. A bien y réfléchir, comment définir la vision ? S'il pouvait voir Royce, c'était simplement parce que sa vue était dégagée. Alors il fit ce qu'il savait le mieux faire quand il s'agissait de distraire Mallory. Posant sa main gauche sur la partie non peinte du torse de son petit ami il le fit reculer jusqu'au mur le plus proche et une fois acculé l'embrassa, envoyant sa main libre caresser sa nuque et approcher son visage plus près de lui. De longues secondes il attrapa la langue de son partenaire, s'assurant de le garder distrait, puis, sentant qu'il avait à nouveau son entière attention, fit glisser sa bouche jusqu'à son oreille en lui déposant de légers baisers sur le chemin pour venir lui murmurer "Il n'est pas bien pour toi Mal'."