cody & alexia - tonnerre de bleeker

"Mais non mais non c'est très simple, tout ordinateur possède normalement un pare-feu plus ou moins renforcé et sur les réseaux c'est ..." Devant la tête de Cody, elle se rendit compte que ce n'était pas vraiment le moment. Ne jamais la lancer sur des sujets informatiques, parce qu'elle risquait de partir dans son truc à tout moment, même là alors qu'elle se sentait tristounette. "Ca dépend, est ce que tu m'en veux ? Parce que je ne veux pas que tu m'en veuilles, ça me ferait de la peine et je serais obligée de te harceler jusqu'à ce que tu me pardonnes." Elle exagérait légèrement, en fait s'il s'avérait qu'il lui en voulait vraiment, elle risquait plutôt de prendre sa distance et de déprimer de son côté pour n'embêter personne. Alexia fonctionnait comme ça, aux yeux des autres elle était toujours un rayon de soleil et une boule d'énergie. En vrai, il lui arrivait d'être triste, comme tout le monde, même si c'était super rare. Sauf qu'elle surmontait ça à vitesse éclair grâce à son positivisme légendaire. "Faut que je trouve un truc pour me faire pardonner hein ?" Mais quoi, déjà qu'elle lui devait une récompense pour la crème solaire et qu'elle ne savait toujours pas ce qu'elle allait bien pouvoir trouver. Fais marcher ton imagination Alexia, si t'es fichue d'inventer des spas au café, tu peux bien inventer des trucs pour faire plaisir à Cody, après tout elle commençait un peu à le connaître, ce n'était pas si compliqué.

Pitiééééé, I'm beggin you for mercyyy ! Parler de pare-feu, comparer ses antivirus toute la nuit, s’organiser une proxy party … Youhouuu, tout ça avait l’air tellement passiooooonnant, Cody ne rêvait que de ça, de partager des moments de folie avec Alexia sur leurs ordinateurs … Mais était-elle obligée de parler de ça now ? Il allait s’endormir, sommeil imminent et puis, l’heure était grave, elle s’excusait, ce n’était pas pour parler de choses de geek juste après même si ça l'exaltait à un point de non-retour. Elle revint vite à la raison et chercha son pardon. « Non, je ne t’en veux pas, pourquoi je t’en voudrais ? C’est absurde, absurde, absurde. » fit-il en hochant la tête de gauche à droite, signalant que c’est bon, l’affaire était déjà loooooin derrière lui, elle était déjà envolée jusqu'au Japon où elle coulait des jours heureux à Fukushima. Avec elle, il n’était plus à ça près. Qu’elle essaye de gratter des infos sur son équipe était juste la goutte de trop dans un vase qui avait déjà débordé lors de leur soirée au bar. Depuis le râteau, il voguait sur un océan de désillusion. Il avait appris à nager, ce n’était pas une goutelette qui changerait la donne. « Pas nécessairement, mais si tu as quelque chose à me proposer qui n’englobe pas d’alcool, pas d’application, pas de café, pas de pop-corn, pas d’opération séduction foireuse alors je suis preneur. Sinon, on peut juste dire que c’est clos et que ça sert à rien d’en débattre. Ceci dit, tu peux me harceler, j’aurais l’impression d’avoir des amis. » Comment passer pour un mec désespéré en une leçon.

Si quand même, il avait des raisons de lui en vouloir pour un peu qu'il soit rancunier ou susceptible mais heureusement ça n'avait pas l'air d'être trop le cas. Ah, ça la libérait d'un poids. Par Toutatis le ciel ne lui était pas tombé sur la tête, c'était une bonne nouvelle. Elle aurait pu lui faire un discours pour lui rappeler les multiples motifs pour une éventuelle rancoeur, mais cette fois ci elle réfléchit et se tut, pas besoin de se tirer une balle dans le pied. Par contre il détruisit tous les plans qu'elle avait eu le temps de projeter pour une récompense: la bouteille de whisky non, un coup de main informatique non, un café non, un cinéma non, des bisous non, des chocolats ça faisait séduction non, les fleurs c'était mort dès le départ, il était rabat joie là mister Bleeker. Elle n'allait quand même lui offrir un caleçon hawaïen non ? Ou des chaussettes hawaïennes. Comment ça chaussettes hawaïennes c'est un oxymore ? "Heu ... tu veux que je te programme un ami imaginaire sur ton portable peut-être ? Je lui donnerai l'apparence d'un gros nounours bleu si c'est ce que tu préfères." Non mais sérieusement, elle devait trouver un truc là. Elle était originale comme fille, alors qu'elle trouve un truc original. "Ou alors je peux t'offrir une peluche en chair et en os, ça te fera un ami à trimballer partout. Il y a des gens qui ont toujours besoin d'un doudou." Mais nul, c'était nuuul. "Ou alors je t'offre l'adhésion sur un site de rencontres ? L'entrée à un speed dating ?"

Programmer un ami imaginaire ? Offrir une peluche ? Payer l'adhésion à un site de rencontre ? Cody avait connu Alexia plus inspirée ! Elle avait le mérite de le faire rire, ouais, elle était drôle quand elle cherchait à se dépatouiller pour gagner le pardon du jeune homme, en sachant pertinemment qu'elle l'avait déjà mais bon, Cody n'allait pas se plaindre. Pour une fois qu'une fille se battait pour lui. « J'ai une tête à avoir besoin d'un doudou ? » la fixa-t-il, la mine blafarde. Mais c'était négociable. Par exemple, si le doudou faisait un petit mètre 70, qu'il était blond et qu'il s'appelait Alexia, il pourrait trèèèès largement s'en contenter. « Pourquoi tu tiens à ce point à ce que je rencontre quelqu'un ? » Ce n'était pas la peine, mais c'était gentil. Il arqua un sourcil. Elle se donnait taaaant de mal alors qu'au fond, il aurait suffi qu'elle se propose, elle, comme lot de consolation. Pas grave, Cody avait compris que même si Alexia avait la 3G, la 4G, la 5G, le wifi, le bluetooth, la télépathie, elle recevait en crypté ses avances. Tant pis pour lui. Et pour elle.

Est ce que Cody avait une tête à avoir un doudou ? "Oui, totalement, je suis sure que tu caches un petit ourson rose trop mignon sous ton lit que t'as jamais quitté depuis la maternité et qui a une couche de poussière d'au moins dix centimètres." Oups, elle avait dit tout haut ce qu'elle avait pensé tout bas. C'était de l'humour bien sur, enfin quoique. Théoriquement il n'allait pas se vexer pour ça, il en avait vu d'autres avec elle, pas vrai ? Comment ça elle tenait absolument à ce qu'il rencontre quelqu'un ? Mais pas du tout, c'était parce qu'il était nul en drague et que justement, quoiqu'il fasse il n'y aurait pas de fille qui voudrait se mettre avec lui, voyons, non, elle ne voyait aucune fille avec Cody, c'était évident. Cody il était parfait comme ça, parfait tout seul. Non non non, jamais elle ne pouvait envisager qu'il se mette avec une fille, c'était ridicule comme idée, enfin, soyons raisonnable ! N'importe quoi, Cody avec une fille. Mais non Alexia ne réagissait pas bizarrement, pas du tout. "Ah mais non, je n'y tiens pas du tout, au contraire, je plains la pauvre fille qui va se recevoir du café et du pop corn tous les jours, en plus tu dois être bien bougon le matin en te levant, non non vraiment, je ne veux pas être responsable de cette catastrophe humaine, je voulais juste te rendre un service." Sympaaaaa dans son genre. Alexia savait trouver les mots, y avait pas à dire.

Depuis toujours, Cody savait que son allure de big nounours lui porterait préjudice. Soit, pendant longtemps, il s'était dit qu'il décrocherait un rôle dans Toy Story, ou plutôt qu'il inspirerait un personnage. Lotso, vous croyez qu'il est né comment ? Et ouuuuuais. Mais aujourd'hui, les seuls doudous qui se trouvaient dans sa maison – parce que oui, il y en avait – provenaient de la collection de sa fille. « Mais non, le seul ourson que j'ai, c'est moi-même. » AHAHAH, le niais. Il fit une petite moue avant de reprendre son sérieux face au même sérieux qu'Alexia quand elle parlait de Cody et les femmes. KEUWAAA. À l'entendre, Bleeker n'était pas fait pour l'amour. Il comprenait un peu mieux pourquoi elle n'avait jamais capté qu'il voulait d'elle, m'enfin, il s'était fait une raison et voilà qu'il s'était calmé sur ses avances. Enfin, il lui étalait toujours sensuellement de la crème solaire dans le dos quand elle le voulait, service d'ami à une amie. « Qu'est-ce que t'en sais ? Tu m'as jamais vu le matin, sauf si tu m'espionnes ... Passe une nuit avec moi et tu jugeras de mon état du matin et là, tu pourras critiquer. Puis le pop-corn, c'est réservé qu'à toi, t'es une VI-Popcorn meuf, ça te rend spéciale à mes yeux. » Non mais oh, elle était sérieuse en plus celle-là. Cody se défendait, évidemment. Tout en la complimentant, tout en lui faisant des avances, tout en la descendant. Trois en un. Comme la lessive.

Est ce que Cody avait une tête à avoir un doudou ? Pas faux, c'est vrai qu'il aurait pu passer pour un ours, surtout un ours mal léché quand il était contrarié. Il avait la pilosité necessaire en plus. Oh mais tiens en parlant de pilosité ... Trois ans plus tard, elle s'aperçut que le torse de Bleeker était étonnamment clair. Marrant, elle le voyait plus poilu que ça. L'idée que ça n'était pas naturel ? Non pas du tout, ça ne lui était pas venu à l'esprit. Elle s'abstint de tout commentaire, c'était parfois beaucoup plus sage. En attendant, elle venait de se faire implicitement inviter à passer une nuit avec lui. Et le message là, pour une fois, elle le reçut. Il allait pleuvoir des grenouilles. Non mais il n'avait pas dit sérieusement, c'était juste un argument comme ça, voilà. Fail. Par contre le fait qu'elle soit spéciale à ses yeux - à cause du popcorn certes - elle le prit au premier degré, ça lui faisait plaisir. Mais si, ça montrait que Cody l'aimait bien malgré leurs chamailleries, et tant mieux parce qu'elle détestait littéralement les conflits, les tensions, etc. "J'imagine que dans ce cas là t'es mon Starcafé personnel, le seul mec qui me fait penser à des douches au café, et vu à quel point je vénère le café, c'est plutôt flatteur. Je crois." Son deuxième nom c'était Miss Coffee. Elle ne revint pas sur le sujet des filles, bizarrement. "Je suis sèche, ça y est, tu me passes le tube de crème, que je finisse le reste ? Sauf si tu tiens à le faire" Elle avait dit ça comme ça. Non, Cody qui lui passait de la crème dans le creux du décolleté elle n'y pensait pas sérieusement.

Uuuultime tentative pour faire comprendre à Alexia qu'elle plaisait à Cody et, encore, elle tomba carrément à côté de la plaque. Non mais Bon ça va, Cody n'était plus le jeune chiot en manque d'affection aujourd'hui, il n'allait pas bouder, se vexer parce qu'Alexia est aussi bouchée qu'un whisky de vingt ans d'âge, mais il voulait pousser le test jusqu'au bout histoire de confirmer … Et ça confirmait. Une nuit avec Cody, gratos, juste pour un test, ça valait le coup ? Ben non, soit Alexia n'y décelait pas le sous-entendu, soit elle était empotée au point de pas comprendre. Il leva simplement les yeux au ciel avant de reprendre, buvant tranquillement les compliments d'Alexia. Si c'en était. Le jeune homme ne chercha pas bien loin. « Si tu veux que je sois ton Starcafé personnel alors je le serais. » C'est pas comme s'il avait le choix, en fait. Alexia revint sur sa crème solaire. « Si tu te sens d'attaque pour le faire, fais-le. » fit Cody, l'air détaché en fixant un point droit devant lui. Puis, il recadra son regard sur Alexia en mode 'j'aurais qu'une fois dans ma vie l'occas' de lui toucher les boobs, je fais je fais pas je fais je fais pas je fais'. Il reprit ; « Après, j'suis d'avis que c'est le genre de tâche qu'il faut sous-traiter pour que ce soit des spécialistes en la matière qui le fasse afin d'assurer la qualité. On rigole pas avec le soleil dans les Caraïbes, ta santé est en jeu. » Mais elle faisait ce qu'elle voulait.

Son Starcafé personnel ? Tout à coup elle s'imaginait bien Cody comme super assistant au travail, autrement dit, Cody en train de lui apporter des cafés les uns après les autres pendant qu'elle pianotait sur son ordinateur en parfait garçon de café justement, avec un petit noeud pap', et hop il lui verserait les sucrettes, elle lui donnerait des recherches à faire, des cafés très rares et super raffinés qu'il devrait trouver un peu partout autour de la planète ... "Si jamais je cherche un assistant personnel pour me servir du café, je ferai appel à toi !" Great proposition de job hein ? Bon, en attendant, c'était ce qu'elle avait prévu, elle allait se tartiner de crème solaire la face avant. Elle tendit la main droite pour récupérer le tube de crème solaire, quand tout à coup Cody lui déblatéra un discours comme quoi il fallait sous-traiter. Elle avait l'air d'être une usine peut-être ? Une histoire de santé. Elle haussa un sourcil. "Donc si je comprends bien, moi j'fais du made in China et toi tu nous fais du made in France, c'est ça ?" Sous quel prétexte d'abord, non mais oh. "Vas y LVMH, repeins moi en Vuitton, fais toi plaisir. "Mais pas une contrefaçon, un vrai tu vois ?" Elle lui laissa le tube. Si ça lui faisait plaisir. Alexia détestait se crémer les mains, les mains qui collaient, brr. C'était pour ça qu'elle lui laissait la tâche à faire. "Mais tu ne m'en colles pas sur le visage, ça je ferai, tu serais capable de m'en mettre dans l'oeil et de me rendre aveugle."

Assistant personnel pour servir le café ? My gooood, Cody n’avait jamais eu une opportunité de carrière aussiiii intéressante, sauf le jour où on l’avait réquisitionné pour être ramasseur de crottes sur un tapis rouge lors d’un concours canin. Et là, Alexia lui proposait de lui servir son café matin midi et soir. Il ne pouvait pas rêver mieux. Enfin si. Finalement, dans le ramassage des crottes il y avait au moins une certaine forme de reconnaissance. « Ohlalala, je me hâte de te servir ton café amoureusement dans ton mug préféré ! » lâcha ironiquement, avec un sourire pas net style le Joker dans Batman. Par contre, lui étaler de la crème solaire, il faisait comme elle le voulait, quand elle le voulait, ou elle le voulait. De Punta Cana au sommet du Mont Blanc, en passant par l’Amazonie et la toundra hivernale. Révisez votre géo, les buses. « T’en fais pas, après mes mains, tu vas être douce comme une fourrure de vison et briller comme une parure de diamants. » Il était nul pour les comparaisons en matière de haute couture. Il aurait pu lui dire ’j’vais te défragmenter le disque dur’ mais non seulement ça ne faisait pas aussi classe que Vuitton et en plus, c’était cochon. Après s’être généreusement mis de la crème sur les mains, il posa sans la moindre délicatesse ses deux mains sur le ventre plat d’Alexia. Un bruit de claquement flotta dans l’air et machinalement, après avoir admiré ses mains à plat sur son bidon, il fit avec une once de fascination dans ses pupilles ; « Je sais ce qu’a ressenti Shrek en laissant ses empreintes sur Hollywood Boulevard. » Il avait envie de retirer ses mains et d’écrire Cody Bleeker en-dessous, il était fier de son œuvre d’art.