(+ Declan) Retrouvailles ? Ô joie...

Oh malheur. Les retrouvailles avec Thorin ne s’étaient absolument pas passées comme prévu. Résultat, ils n’arrêtaient pas de se bouffer le nez, le pire ayant eu lieu la veille. Maureen avait eu la très mauvaise idée d’obliger Mallory à cohabiter avec son fils pendant quelques temps. La jolie anglaise mit un moment ne serait-ce que pour frapper à la porte, et plus encore à accepter de rentrer dans ledit appartement. Elle ne parvenait pas à regarder le jeune homme alors lui parler… il lui fallut rassembler son courage afin de pouvoir lancer : « tu acceptes que je dorme où exactement ? Je précise que c’est ta mère qui a voulu que je vienne, pas moi. » Pas étonnant qu’elle soit froide, vu ce qu’il lui avait envoyé dans les gencives hier.

Je la haïssais, je voulais la tuer, la torturer bref lui hurler dessus mais elle serait capable de m’en coller une. De qui je parle ?! De ma mère voyons ! La traitresse qui avait osé lui imposer la cohabitation avec la seule femme que j’aimais et surtout la seule qui m’était interdite. Dans un sens, j’étais heureux de partager une partie de mon monde avec elle mais de l’autre, l’avoir sous les yeux alors que je rêvais de l’embrasser et de la toucher… c’était plus fort que moi. « Je te laisse ma chambre, c’est pas bien grand mais tu auras ton intimité… je sais que tu souhaiterais être à des kilomètres mais va falloir qu’on s’y fasse »haussais-je les épaules en la laissant entrer dans mon petit studio. « Je vais aller faire deux trois courses. Tu as besoin de quelque chose ? »

« C’est gentil de ta part » avoua-t-elle sans sourire, sans fioriture, sans chaleur. En avait-il fait preuve lui ? Aucunement, par conséquent Mallory n’estimait pas lui devoir ce genre de faveur. « T’en fais pas, je ne devrais pas avoir à rester longtemps ici, je serais partie avant que tu n’aies pu en avoir marre » fit-elle pour mieux déposer son sac de voyage sur le lit avant de soupirer. « Non, besoin de rien. T’en fais pas je m’occuperai de mon petit cas, te dérange pas. » De toute manière, le temps de la jeune blonde allait être partagé en deux temps : veiller sa mère et être aux ordres de Maureen…

« Pas de quoi »lâchais-je en me passant une main sur la nuque. Je me sentais vraiment pas à l’aise du tout car sur le front de mon anglaise était inscrit un grand : INTERDIT. « OK. Je ne devrais pas en avoir pour long, je t’ai mis mon numéro de portable sur le frigo en cas de problème et il y a une arme à feu sous le comptoir de la cuisine… C’est pas une invitation pour me trouer hein »tentais-je une plaisanterie avant de quitter l’appartement. Un quart d’heures plus tard, je revenais dans l’appartement, complétement stressé. J’avais complétement oublié d’enlever tous les bouquins pour gosse dont je me servais pour apprendre à lire correctement… J’espérais qu’elle ne les ait pas vus. « Je suis de retour ! »

« Comme si j’allais te mettre une balle dans la tête ! Tu en mériterais bien une dans le pied ceci dit » fit-elle, sarcastique, avant de claquer la porte de la chambre et de méditer ou plutôt de cogiter sur leur nouvelle rencontre et le gouffre abyssal se jouant entre eux. Ce dernier était insupportable, ce qui poussa Mallory à fouiner un brin dans l’appartement pour mieux trouver des livres pour gosses dans un coin. Elle était justement en train de les feuilleter lorsqu’il fut de retour. « Je voulais pas fouiller mais ils étaient en évidence… tu as eu un gosse avec l’une des bourgeoises que tu t’es tapé ? »

Merde, elle les avait trouvé et voilà qu’elle s’imaginait un gamin planqué dans un coin. « Non… les bouquins sont pour moi »avouais-je en rougissant faiblement pour mieux aller ranger mes achats. J’avais toujours du mal à avouer mes faiblesses et celle-ci en était une bonne. « Je suis dyslexique du coup, je sais pas vraiment lire ni même écrire » marmonnais-je pour terminer l’explication. C’est d’ailleurs à cause de ce problème que je n’avais pu lui laisser qu’un simple merci sur un bout de papier. J’essayais au maximum de retenir tous les bouquins possibles et inimaginables mais la lecture était si hasardeuse qu’il m’arrivait de ne pas me fier à ma mémoire. « J’ai acheté des pizzas pour ce soir »

Autant dire que Thorin ne fut pas le seul à rougir car Mallory s’en voulut aussitôt d’avoir mis les pieds dans le plat. Elle reposa les bouquins et, non sans déglutir avec difficulté, elle reprit : « heu… désolée c’était indélicat de ma part… en tout cas c’est méritoire d’apprendre tout seul ! » valorisa-t-elle la chose tout en pensant ses dires avant de hocher la tête vivement. « C’est parfait mais fallait pas t’embêter, je vais aller faire mon jogging, alors au pire j’aurais mangé en chemin » avoua-t-elle pour mieux aller se mettre en tenue et ainsi cacher sa honte.

« Tu ne pouvais pas savoir et le doute était permis. En même temps, un mec de vingt-ans avec des livres pour gosses, j’aurais également sauté aux conclusions ! Mais non pas de gosses, juste un mec trop con pour savoir lire et écrire »haussais-je les épaules comme si de rien n’était. J’étais habitué aux railleries sur le sujet bien qu’en règle générale, j’y répondais avec mes poings. « Comme tu veux, ta pizza est au frais. Quant à moi, je vais aller m’entrainer un peu au sous-sol… Je mange dans une heure et demi » lui dis-je pour si elle avait envie de manger avec moi.

Mallory se mit en tenue de jogging mais fut incapable de quitter l’appartement. Au contraire, elle tenta le diable en bonne tête brûlée qu’elle était, rejoignant Thorin dans le sous-sol pour mieux l’observer de longues minutes s’entraîner dans le plus grand silence. « Pourquoi tu te considères comme con, Thorin ? » demanda-t-elle avec un sérieux presque trop imposant pour être honnête. « Tu es un salopard, quelqu’un de cruel quand tu veux mais tu es loin d’être idiot. Si c’est parce qu’on te raille souvent personnellement je ne me serais jamais permis une chose pareille… je ne sais pas pourquoi mais je voulais que tu le saches. »

Je la laissais aller se changer pour descendre aux sous-sols. Je me délestais rapidement de mon haut pour rester torse nu, bandant simplement mes poings pour ne pas me blesser inutilement. En quatre ans, on peut dire que j’avais pris pas mal de musculature et d’assurance mais à quel prix ?! La seule femme a m’avoir volé mon cœur me détestait mais je fus surpris de sentir sa présence dans mon dos avant qu’elle ne prenne la parole. « C’est parce que je suis con… Je suis incapable d’être la moindre lettre seule mise à part quelques mots. Tu en as eu un splendide aperçu il y a quatre ans » lui dis-je en frappant de toute mes forces dans le sac avant de me retourner vers elle. « Tu es venue parce que tu es une personne aimante et gentille et que tu tenais à ce que je n’ai pas une mauvaise opinion de toi à cause de ta bévue… Je sais que tu te moqueras jamais de cet handicap » lui dis-je avant de soupirer. « Je te présente mes excuses pour mon comportement de ces derniers jours » terminais-je par dire avant que sa tenue me frappe de plein fouet. « Euh… tu fais ton jogging dans cette tenue ?! »