(+) Une vengeance à l'irlandaise. w/ Bambi

« Mais j’ai jamais prétendu que j’étais toute seule dans l’équation ! Mes problèmes d’argent ne datent pas d’hier ! »protestais-je en fronçant les sourcils. « Arrête de me traiter comme une gamine B. » râlais-je mais j’étais frustrée. Je voulais lui changer les idées et voilà que nous en étions à nous disputer et dieu seul savait que je n’aimais pas me prendre la tête avec elle. « Je vais bien, tout va bien…Ce ne sont que des soucis financiers, il n’y a pas mort d’hommes non plus »ajoutais-je en soupirant tandis que je sentais mes épaules s’affaisser. Je n’étais qu’une idiote voilà pourquoi elle me traitait en gamine parce que je le méritais tout simplement.

« Ils ne datent peut-être pas d’hier mais il n’empêche que tu n’arrêtes pas de m’évincer dès que je te tends la main » souffla-t-elle en croisant ses bras contre son corps, sourcils froncés. « Je te traite comme une gamine parce que parfois tu agis ainsi ! » lui répliqua-t-elle sans bouger et sans changer d’expression. L’intransigeance de Bambi avait des dizaines d’arguments, hélas… « Quand tu arrêteras de te voiler la face… ces fameux soucis financiers ne sont pas si anodins que ça si tu veux mon avis alors soit tu es complètement honnête et que tu mets complètement carte sur table, soit tu te débrouilles toute seule. S’il faut te secouer pour te faire réagir alors tant pis ! »

« Et qu’est-ce que tu attends de moi ? Que je profite de ton argent sans la moindre pudeur ?! Tu crois que c’est facile de venir te voir et t’annoncer que j’ai encore échoué dans un projet ?! Tout ce que tu touches se transforme en or alors que moi, ça part en cacahuète. Je pensais sincèrement que j’étais assez douée pour devenir une grande styliste, avoir ma propre marque, ma propre boutique mais la réalité, c’est que personne ne veut de mes créations, que mes fournisseurs m’ont tourné le dos, que j’ai lamentablement échoué. Voilà la vérité ! »m’écriais-je en me retournant pour lui faire face. J’étais fatiguée de toujours rater les choses. « Je voulais que tu sois fière de moi alors je n’ai rien dit, je me suis battue autant que j’ai pu mais ça n’a servi à rien et comme d’habitude, je viens pleurer dans tes jupons pour que tu me sortes de la merde… Je ne cherche pas à t’évincer, je voulais juste que pour une fois, tu sois fière de moi, pouvoir te montrer que je vaux quelque chose mais la vérité c’est que je suis une styliste de seconde zone »

Bambi soupira. « Tu as fini ? » demanda-t-elle d’un ton las. Ce n’était pas Shiloh qui l’agaçait mais la situation à vrai dire. « Arrête de te considérer toujours négativement pour commencer. Arrête de penser que c’est forcément de toi que ça vient, que tu rates tout ce que tu entreprends ! Et tu n’es pas une créatrice de seconde zone, je suis sûre que l’explication est ailleurs » commença-t-elle d’un ton résolument calme, la jolie Mather s’attachant au côté cartésien de la situation car si elle se laissait aller à de la sentimentalité, elle allait péter un câble. « Tu me rendras fière quand tu chercheras la raison de ton échec avec moi. En l’occurrence, d’après ce que tu m’avais expliqué, il n’y avait aucune raison que ça plante… tu t’es battue seule, laisse-toi l’opportunité de te battre avec quelqu’un ! Ça ne voudra pas dire que tu as échoué. »

« Est-ce… Est-ce que tu veux bien m’aider à trouver pourquoi ça n’a pas marché ? »lui demandais-je d’une petite voix avant de porter ma main à ma tempe. Je laissais échapper un petit gémissement de douleur alors que j’étais assailli d’un flash particulièrement intense. Je secouais la tête, n’arrivant pas à le comprendre. « Désolée… je crois que j’ai eu un flash mais ça n’as pas de sens »marmonnais-je car dans ce souvenir, je nous revoyais ensemble, nous disputant et la Bambi qui faisait face à l’ancienne Shiloh semblait réellement souffrir tandis que l’autre s’en fichait totalement. « On en était où ? » repris-je mes esprits bien que je n’arrêtais pas de penser à ce flash.

« Tu en doutes ? Je te signale que tu as quelqu’un en face de toi qui a la possibilité de te donner plus de réponses que n’importe qui, mêmes les flics » fit-elle remarquer avant de s’inquiéter subitement face à cette douleur subite semblant secouer Shiloh. « Un flash ? » Bambi se raidit aussitôt. « Comment ça pas de sens ? » reprit-elle en tâchant de se contrôler autant que possible, ce n’était pas le moment de craquer. « Je te proposais mon aide mais ça peut peut-être attendre quelques secondes, parle-moi de ce flash… »

« Je sais bien… Je n’y connais rien dans tout ça et je ne sais même pas ce qu’on peut trouver avec tes talents ! Les ordis et moi, nous ne sommes pas potes »bougonnais-je à moitié avant d’être assaillie par un flash particulièrement violent et incompréhensible. « Oui… je nous ai vu nous disputer enfin toi tu criais et moi, j’affichais un air complétement indifférent et y avait tout une table dressée avec des chandelles qui avaient visiblement brûlées toute une nuit »lui expliquais-je mais c’était insensé. Bambi m’avait dit qu’avant mon amnésie, nous nous n’entendions absolument pas. « J’avais gâché un de tes rendez-vous galant ? »lui demandais-je, cherchant à comprendre.

« Oh on peut trouver tous les secrets les plus intimes de tout le monde, et ce dans tous les sens du terme… voler de l’argent sur un compte sans laisser de trace, aussi… » donna-t-elle deux exemples afin de rassurer Shiloh sur un point : Bambi pouvait trouver les éventuels coupables et même la venger sans faire couler de sang par-dessus le marché. Mais son expression se décomposa progressivement, rendant ses traits impassibles et froids face à l’évocation de son flash. L’envie de hurler la reprenait… « Ce n’est pas le moment de parler de ça en fait, vaut mieux pas s’égarer. »

Bambi semblait pouvoir tout faire avec un ordinateur entre les mains, cela en était presque effrayant mais je crois que ce qui l’était encore plus, ce fut de voir son visage devenir froid et impassible. J’en devenais blême à mon tour car si elle réagissait comme cela, c’était que ce flash avait bien eu lieu. « Je… tu me détestais à cette époque n’est-ce pas ? C’est pour cela que tu ne veux pas en parler ?! »bafouillais-je en sentant qu’elle me cachait quelque chose, qu’elle m’empêchait de trouver cette fameuse clé qui pourrait tout décoincer entre nous. « Qu’est-ce que je ne sais pas mi amor ? Qu’est-ce que tu me caches ? Je sais que j’ai fait du mal aux autres par le passé mais est-ce que je t’en ai fait à toi aussi ? »

Ce qu’elle cachait… le problème, c’est que Bambi savait par avance que Shiloh ne supporterait pas ce qu’elle pourrait avoir à dire sur ce fameux passé. La Mather n’était pas sûre de vouloir être à l’origine d’une potentielle réaction surdimensionnée… et pourtant, elle n’avait pas le choix, étant au pied du mur. « On est sorties ensemble bien avant ton amnésie » commença-t-elle en tâchant de se contrôler autant qu’elle le pouvait. « Mais tu te moquais de moi. Enfin… tu plantais tous nos rendez-vous, généralement pour t’envoyer en l’air avec des mecs et quand je décidais de te lourder, tu te débrouillais pour revenir vers moi et montrer « patte blanche ». Le flash que tu as vu était la Saint Valentin que j’avais mis une semaine à préparer et je t’ai attendue toute la nuit pour m’entendre dire que tu avais mieux à faire… sans oublier la trace de rouge à lèvres allant de ta bouche jusqu’à ton oreille, les suçons, les vêtements déchirés… voilà. Tu voulais la vérité, la voilà. »