(+) Une vengeance à l'irlandaise. w/ Bambi

« Je n’ai pas envie d’être un boulet à ta cheville tu le sais bien. Si tu juges que c’est vraiment trop dangereux pour moi, j’apprendrais à t’attendre mais quand je te vois blessée ainsi, je ne peux pas m’empêcher de redouter qu’un jour, tu ne rentres pas » avouais-je en la serrant brièvement tout contre moi. Bambi n’avait pas besoin de mes larmes, elle avait besoin que je lui prête une oreille attentive et ça, c’était parfaitement dans mes cordes. « Qu’est-ce qui se passe ? Il est méchant ? Il ne veut pas de toi ?! Tu veux que j’aille lui faire regretter le jour de sa naissance ?! Je peux lui acuponcturer la gueule avec mes aiguilles hein ! » lui dis-je en fronçant les sourcils d’inquiétude.

« Tu n’es pas un boulet et nous en avons déjà parlé, je n’ai pas l’intention de revenir sur la promesse que je t’ai faite » reprit-elle d’un ton assuré et clair, même si Bambi mettait toujours un brin de douceur pour que Mina ne le prenne pas pour de la froideur. « Acuponcturer, sérieusement ? Ralala je déteins trop sur toi, trésor ! Non il est pas méchant je pense qu’au contraire il m’a cherché toute sa vie mais notre père… il m’a vendue pour payer ses putains de dettes ! Je quitte un paternel que je déteste pour un autre pas mieux, youpi. »

« Mais je n’ai pas dit que j’en étais un ! Je veux juste dire par là que je ne veux pas être une entrave à tes contrats ou te faire tuer parce que tu devras me protéger. Tu l’as très bien dit : si j’avais été là, tu n’aurais jamais pu t’en sortir »haussais-je les épaules avec fatalité. Je crois que j’avais présumé de mes capacités à être une parfaite Robin. Dans le fond, à force de vouloir me montrer utile, je prenais conscience que je la mettais plus en danger qu’autre chose et ça, je ne l’acceptais pas. C’était une mauvaise idée que j’avais eu. Je n’avais ni le courage ni le talent de Mallory avec les couteaux. En fait, je savais rien faire si ce n’est nager et coudre –excepté la cuisine. Je fus attristée de savoir que son père biologique l’avait vendu et je la serrais aussitôt dans mes bras en faisant attention à ses blessures. « Vois le bon côté des choses mi amor, tu as gagné un frère aimant dans toute cette histoire »

« On peut essayer de couper la poire en deux : tu peux être ma Robin sur certains contrats » tenta-t-elle pour la rassurer car Bambi n’avait pas envie de la laisser complètement derrière mais d’un autre côté, certains contrats étaient beaucoup trop dangereux pour qu’elle n’en tienne pas compte. Mina était trop précieuse à ses yeux pour qu’elle ne veuille pas la protéger car il s’agissait ni plus ni moins de la prunelle de ses yeux. « Un frère aimant mais qui a limite singé mon histoire d’amour avec toi » avoua-t-elle d’une voix tremblante, les yeux humides, à la limite de craquer.

« Je pourrais tout aussi bien être ta Robin en prenant soin de nos enfants. Cela pourra être un stress en moins pour toi non ?! J’ai présumé de mes forces en m’imposant dans ta vie de tueuse à gages. J’ai peur de la moindre petite bestiole, comment veux-tu que je ne crie pas comme une folle à la vue d’une arme à feu ou d’un couteau… Au moins, si je reste à la maison et que je veuille sur nos petits bouts, tu sauras qu’ils sont en sécurité »lui dis-je en la serrant un peu plus dans mes bras. Je n’aimais pas la voir aussi fragile et au bord de craquer. « Il a peut-être besoin de temps pour s’habituer à moi… Il vient de te retrouver et il veut peut-être la meilleure personne pour toi. Il me connait pas, normal qu’il me prenne comme un grain de sable dans vos retrouvailles »

« Puis de toute façon, tu restes mille fois plus sexy avec ton petit tablier que couverte de sang en nettoyant mes lames, tu es au courant ? J’ai besoin de savoir que vous êtes tous les trois en sécurité, il n’y a que ça qui m’importe. Je rentrerai d’autant plus vite en le sachant » avoua-t-elle en embrassant délicatement son front même si Bambi avait du mal à ne pas avoir une folle envie de se renfermer comme une huître. « C’est pas seulement ça, je pense qu’il part du principe que personne me mérite… mais qu’il ait osé présager que ce n’était qu’une passade… merde c’est lui l’inconnue et toi la femme que j’aime, s’il te manque de respect il peut aller se faire foutre ! » s’exclama-t-elle avant de foncer dans son bureau et de s’y enfermer. Elle avait besoin de pleurer, d’être seule, et voilà pourquoi elle se recroquevilla en serrant ses genoux contre elle, comme une enfant perdue.

J’hochais la tête en songeant que je devais être la seule Robin avait une expérience du terrain aussi courte voire inexistante mais cela m’allait. Je ne voulais pas être un poids pour elle et contrairement à Mallory, je ne serais d’aucune utilité : je ne savais ni tirer ni lancer des couteaux, j’étais une quiche en gestion financière…Bref, à part jouer les mamans de service et faire la popote, je ne voyais pas comment me rendre utile. Je clignais des yeux surprise en voyant Bambi partir comme une furie s’enfermer dans sa chambre mais le pire fut de l’entendre pleurer. Ah non, hors de question qu’elle se renferme sur elle et me laisse en dehors de ça. « Bambi ouvre moi cette porte de suite !! » m’écriais-je en la tambourinant. « Je t’en prie, me laisse pas en dehors de ça à cause d’un crétin que je vais émasculer à la petite cuillère »lui dis-je mais au bout de dix minutes, la porte restait toujours close. Ce fut le silence qui s’en suivit qui me paniqua le plus et je pétais littéralement une durite en fonçant dans le garage pour chercher l’extincteur et défoncer la porte.

Bambi ne voulait pas mettre Mina à l’écart mais elle n’avait pas pu s’en empêcher. Ses défenses venaient de voler en éclat et plutôt que de chercher à recoller les morceaux, elle se laissait submerger par le flot d’émotions incontrôlables l’envahissant. « Je vais très bien j’ai besoin d’être seule ! » s’exclama-t-elle entre deux sanglots… mais sa fiancée semblait aussi têtue qu’elle car bientôt, elle se mit à défoncer la porte pour mieux apparaître aux yeux de la Mather armée d’un extincteur… chose qui la fit éclater de rire. « Je crois que finalement t’as de la défense… » fit-elle entre deux sanglots.

Je n’avais jamais défoncé de portes avec un extincteur ni de portes tout simplement mais il y avait une sensation d’urgence comme si, je craignais de perdre la seule personne de mon existence à avoir accepté de m’aimer pour celle que j’étais vraiment. « IDIOTE »m’écriais-je avant de tomber à genoux devant elle pour la prendre dans mes bras. « J’ai cru que tu allais faire une connerie ! Je suis là B. Je suis là ! Laisse toi aller avec moi, pleure de tout ton saoul mais laisse-moi être près de toi pour panser ton cœur »murmurais-je à son oreille en la berçant dans mes bras. D’ordinaire, c’était toujours elle qui veillait sur moi alors pour une fois, je serais celle sur laquelle, elle pourra se reposer. « Je t’aime ma chérie, il ne l’a pas encore compris mais il le comprendra car je suis certaine qu’il t’aime… On ne cherche pas toute sa vie un être pour lui tourner le dos une fois qu’on l’a trouvé… Comment est-ce qu’il s’appelle le futur condamné à l’émasculation par la petite cuillère ? »

Bambi sursauta légèrement au cri de Mina mais celui là, elle ne l’avait pas volé pour ainsi dire. Elle se laissa bercer par les bras protecteur de sa jolie fiancée pour mieux éclater complètement, incapable qu’elle était de se contenir face à autant d’émotions dévastatrices. Cela faisait trop longtemps qu’elle retenait tout, et la rencontre avec Hippolyte faisait office de première vraie raison de craquer. « Je suis fatiguée de tous ces cons dans nos familles qui sont pas capables de comprendre que deux femmes peuvent s’aimer plus que leurs vies et qu’on s’en fout qu’on ait le même sexe, voilà ! De toute manière s’il l’accepte pas tant pis pour lui… pour l’instant, j’ai pas envie de le voir, qu’il aille au diable… et il s’appelle Hippolyte, le futur émasculé. »