(+) Une vengeance à l'irlandaise. w/ Bambi

Je détournais le regard. De tout de manière, Bambi ne me regardait pas. Je fus peinée qu’elle mette ça sur le compte que j’avais eu la tête en bas. Elle aurait pu me dire que j’étais conne, cela m’aurait fait le même effet mais j’acquiesçais. « D’accord. Tu veux que je te prépare quoi à manger ce soir ? » lui demandais-je d’une petite voix sans trop savoir quoi faire d’autres. Je l’avais braqué et puis, peut-être avait-elle raison, j’étais restée trop longtemps la tête en bas. « Au fait, un certain hippolyte t’a appelé »lui dis-je.

Bambi ne pouvait pas s’empêcher d’être légèrement tranchante après avoir été piquée au vif, c’était plus fort qu’elle. Il ne s’agissait pas de fierté mal placée mais bien d’une façon comme une autre de protéger ses sentiments fragiles. « Pourquoi pas des lasagnes ? Tu sais très bien les faire mais rien ne presse trésor » fit-elle en tentant de s’adoucir avant de froncer aussitôt les sourcils. « Que voulait-il, il te l’a dit au moins ? »

« Des lasagnes ? D’accord, je vais en faire »hochais-je la tête avant de me souvenir que cet homme avait appelé. « Il m’a simplement dit de te dire qu’il voulait te parler de l’autre nuit » l’informais-je avant de me gratter le bras en un geste nerveux. « Je devrais me mettre derrière les fourneaux. J’ai acheté dans une brocante une machine à faire les pâtes, j’aimerai essayer pour les lasagnes » lui dis-je avant de m’échapper pour rejoindre la cuisine, mon territoire en dehors de mon atelier dans les combles.

Et merde. Mina risquait de s’inventer des trucs pas nets et fatalement, Bambi la rattrapa aussitôt pour mieux lui montrer son bandage en soulevant son haut. « J’ai quatre côtes cassées et un impact de balle sur le flanc. L’homme en question m’a trouvée dans une ruelle et m’a soignée, point barre, ne va pas t’imaginer des choses. Surtout que j’ai l’impression de l’avoir déjà vu par le passé. Enfin bref, j’ai mal et c’est pour ça que je suis grognon, désolée trésor. Je peux avoir des lasagnes quand même ? »

Je ne me faisais pas d’idées. En réalité, il ne me serait jamais venu à l’esprit de penser que Bambi pouvait me tromper. Je savais que si une autre personne l’attirait, elle me quitterait avant mais cela ne m’empêchait pas de craindre cette fin que je pensais inévitable depuis quelques temps. Je ne sais pas, sûrement parce que je n’avais jamais été aussi heureuse qu’entre ses bras et qu’il m’était impensable d’avoir le droit au bonheur. De tout de manière Bambi était bien trop bonne pour moi. « Pourquoi ne m’as-tu rien dit ?! Tu sais, je n’ai pas songé une seule seconde que tu aies pu me tromper, tu es bien trop intègre pour ça »lui dis-je tout en affichant un air triste face à ses blessures. « Je vais te faire à manger… Tu viens avec moi dans la cuisine ? »

« Je voulais pas t’inquiéter » avoua-t-elle plutôt piteusement en redescendant son t-shirt. C’était la pure vérité, Bambi ne connaissait que trop bien le tempérament souvent inquiet de Mina et pour une fois, elle avait souhaité lui épargner de nouvelles horreurs, surtout qu’elle allait rapidement guérir… elle possédait un corps de compet’, pas vrai ? « Je te suis dans la cuisine. Par contre, même si tu n’as pas de doute à mon sujet ce que j’apprécie, je sens qu’il y a quelque chose qui te taraude depuis quelques temps et ça me fatigue de chercher à savoir ce que c’est. Je veux que tu m’en parles, là, maintenant. Crève l’abcès, tu me fais confiance non ? Si tu te caches de moi, c’est la fin des haricots ! »

« Je sais mais ce n’est pas en me cachant les choses que tu m’épargneras bien au contraire. Tu me reproches souvent de ne pas te tenir au courant de mes problèmes mais fatalement, tu fais la même chose mi amor » soupirais-je. Nous n’arrivions pas encore à très bien communiquer au sein de notre couple et cela me désolait. « Pourquoi toujours penser que je te cache des choses ? Tu sais, ce n’est pas parce que je pense à des choses tristes que je vais sombrer dans la dépression la plus totale »rigolais-je en déposant un baiser sur sa joue. « J’ai toute confiance en toi cara mia, cela n’a rien à voir. Tu sais, j’ai beaucoup de choses qui traversent mon cerveau, les choses vont et viennent mais ça n’empiète ni sur mon bonheur ni même sur mes sentiments »lui assurais-je tout en sortant tous les ingrédients nécessaires avant de me tourner vers elle. « C’est cet homme qui t’a soigné n’est-ce pas ? Il faisait référence à cela en parlant de l’autre nuit ? »

« Ouais enfin… moi je sais que si j’avais débarqué dans l’état où j’étais, tu aurais fait une crise cardiaque, compare ce qui est comparable ! Et je fais petit à petit des efforts à ce sujet » fit-elle tout de même remarquer car Bambi passait d’une vie de mensonges au fait de se dévoiler à sa tendre moitié. Le pas en avant restait colossal. Elle se contenta de soupirer aux propos suivants de Mina en revanche, sachant qu’elle ne tirerait rien de plus et que de toute manière, la forcer ne servirait à rien. « Cet homme c’est mon frère apparemment… et ce que j’ai découvert l’autre nuit était pas reluisant, crois-moi. »

« Je n’aime pas quand tu es blessée et que je ne le sais pas… C’est pour cela que je tiens à t’accompagner pour ne pas rester sur la touche, impuissante. J’ai besoin d’être utile pour toi sinon je pète un câble à t’attendre »soupirais-je me retrouvant incapable d’expliquer le pourquoi du comment à ma fiancée. « Je sais que tu fais des efforts, je ne dis pas le contraire mi amor »lui dis-je en déposant un léger baiser sur ses lèvres. « Ton frère ?! Je croyais que tu n’avais qu’une sœur ? »fronçais-je les sourcils en suspendant tous mes gestes pour mieux la forcer à s’asseoir sur un tabouret en face de moi, gardant ses mains dans les miennes. « Tu veux en parler avec moi ?! »

« Je t’avais dit qu’après ce contrat tu pourrais m’accompagner et j’avais raison de te demander de ne pas m’accompagner parce que je n’aurais pas pu et te protéger, et éviter la casse de mon côté » soupira-t-elle non sans embrasser le front de Mina afin de se faire pardonner sa cachotterie. Elle préférait cependant que sa tendre moitié ne soit au courant que maintenant à vrai dire… « Bah apparemment j’ai un frère. Vu tout ce qu’il savait sur moi, c’était juste l’évidence… mais ça me déglingue quand même. »