Loukas (+) Je ne sais plus comment agir avec toi.

Ça m’avait fait sourire le fait que Sally parte sur la pointe des pieds le lendemain matin. D’habitude, c’était moi, lorsque je n’étais pas dans mon lit, qui partait comme un voleur. Lorsque la fille avait eu la chance d’être invitée dans mon lit, je la congédiais dès que j’étais sorti des bras de Morphée, autant dire que cette situation m’avait fait doucement rire. Et alors qu’elle avait tenté de m’éviter, j’avais cherché à la revoir, car son amitié était précieuse, c’était une des rares amitiés que j’avais, il fallait donc que je remédie à ce problème en exposant des solutions. Au final, nous avions fini par recoucher ensemble, mais au vu de son délicieux sourire, elle ne semblait pas si traumatisée que ça par cet épisode. « Bah voyons, je n’ai rien fait, je plaide non-coupable ! » Je levais les mains devant elle en prenant une moue, jouant le jeu de l’innocent jusqu’au bout.

Elle venait de perdre son sourire et j’avais l’impression que la salle autour de nous s’était assombrie. Je savais que ça ne présentait rien de bon, pourtant je continuais à faire comme si de rien n’était, faisant tourner ma tasse de café entre mes doigts, toisant les gens qui passaient. Elle venait alors de lâcher la bombe, ça ne se reproduira plus, cherchait-elle à jouer avec mes nerfs en jouant ainsi ? Elle venait me trouver, me tentait et succombait à la tentation par la suite, c’est comme tendre un os devant un chien, jouer avec lui, lui faire goûter et lui retirer avant qu’il ne puisse croquer dedans. Je lui adressais alors un ultime regard et fronçais les sourcils un instant, puis je regardais ailleurs, portant ma tasse à ma bouche, à vrai dire je préférais ne pas répondre, même si je me doutais qu’elle allait mal le prendre, enfin je n’étais pas à l’abri d’une réaction positive après tout…

Mon silence ne l’avait pas mise en pétard, j’aurais pourtant mis ma main à couper qu’elle allait passer ses nerfs sur moi, mais je m’étais égaré sur le sujet, à vrai dire elle avait préféré utiliser une pique sur un ton sarcastique. Je m’étais alors contenté de faire rouler mes yeux au ciel tout en passant une main sur mon visage, elle voulait vraiment jouer à ce petit jeu ? Je haussais alors les épaules, finissais mon café et prenais un air détaché, si elle voulait jouer à ça, elle allait perdre, et ça allait lui coûter cher, après tout elle savait à quel point j’étais jaloux et possessif, l’épisode avec les gars dans les vestiaires ne lui avait pas suffi ? « Bien parfait, je vois que ta vie te convient alors, je vais te laisser vaquer à tes occupations, trouver d’autres hommes avec qui t’amuser, ce genre de chose tu sais… » Je me levais alors et me baissais pour attraper mes affaires.

Mes jointures de poings étaient blanches tellement je les serrais, je détestais lorsqu’elle jouait avec moi de la sorte, car je savais que je ne pouvais répliquer, et pourtant j’en mourais d’envie. C’était moi le méchant dans l’histoire, le salop, le briseur de cœur, et pourtant je me retenais à cet instant pour ne pas la violenter et la perdre, elle n’imaginait même pas quel sacrifice c’était. Alors je préférais prendre mes affaires, la laisser en plan et partir courir histoire de me défouler. Je levais alors ma main vers elle, lui faisant signe de se taire, puis je faisais une légère moue. « Juste…. Tais-toi, je ne veux pas entendre un mot de plus si c’est pour parler d’un autre mec te tripotant okay ? Après tout, c’est ta vie, fais-en ce que t’en veux, mais épargne moi les détails. » J’attrapais alors mon sac et le mettais sur mon dos, prêt à partir.

Je savais à quel point elle pouvait pousser à bout les gens, tout simplement parce que j’étais pareil. J’avais fait pareil à Lauréane avant qu’elle ne reparte, je l’avais obligé à m’avouer ses sentiments, résultat elle avait repris un vol pour le Nigéria. C’était le destin, c’était la vie, et je n’allais pas craquer. Parler sentiments n’était pas mon genre, m’exprimer d’un ton mielleux également, et je n’allais pas déroger à la règle même si cela n’allait pas lui plaire, après tout elle n’avait pas besoin de mots pour comprendre ce qu’il se passait. J’attrapais donc mes affaires et sortait du café, marchant vers l’université, je n’avais qu’une envie, celle de m’entraîner et de sortir par la suite boire un verre. Elle me rattrapa et me barra alors le chemin. Je soufflais longuement en plantant mon regard dans le sien. « Je n’aime qu’aucune fille ne me raconte ses ébats avec les autres mecs, franchement, quel intérêt ? Toi encore plus que les autres, donc arrête-là. »