I'm mad, I'm Fat, you're perfect - MALLORY

Je n’arrivais pas à croire que les choses pouvaient si bien se passer entre nous maintenant, alors que j’avais ressentie autant de colère à son égard, il y a si peu de temps. Vous parliez comme si le temps n’avait jamais eu son empreinte. Magique. « C’est vrai, mais… Je ne sais pas moi même ce que je désire, je veux dire je me pose cent fois la même question. Comment un mec comme lui peut-il s’intéresser à une fille comme moi ? » Je me mordillais légèrement la lèvre. « Je veux dire, il est clair que je ne suis en rien son genre de fille quand je vois les filles qui lui tournent autour, ça n’a pas de logique, une énigme. » Je secouais la tête. « ET je ne veux pas changer enfin… Je ne suis pas de celle à se rabaisser à quoique ce soit… Mais c’est compliqué, j’ai l’impression que si je ne le vois plus, ça me fera un immense vide. » Venant de me rendre compte de mes paroles, je secouais désormais la tête. « Bordel, ne me dit pas que je l’ai dis ? » Pas possible, non. Je ne pouvais pas être amoureuse de lui, non. Je refusais. « Comment as-tu su que tu lui plaisais, à Declan ? »

Mallory était la première à s’étonner du naturel de leur conversation actuelle alors qu’elles se lançaient des vacheries quelques temps plus tôt dans le couloir. Le revirement de situation s’avérait être vertigineux mais… la blondinette ne pouvait pas en être plus rassurée. Cela prouvait surtout que fondamentalement, leur amitié n’avait jamais cessé d’exister, quelque part. « Si ça se trouve tu es son genre de fille et il ne fait que s’amuser avec les autres. Okay, ce n’est pas très flatteur et c’est même à la limite de la goujaterie mais c’est possible… les mecs sont tellement compliqués dès qu’ils se mettent à penser avec leur deuxième cerveau ! » Finalement, alors que Cerceï venait de faire ce qui semblait être le plus gros aveu de l’année, Mallory esquissa un sourire attendri. « Moi je trouve ça adorable » fit-elle en bonne romantique qu’elle était, et cela se lisait aisément dans ses yeux d’un bleu profond. « J’ai mis du temps en fait. Et puis un jour, n’y pouvant plus, je lui ai posé franco la question. Il m’a regardée dans les yeux, m’a embrassée avant de me dire que j’étais la plus belle et qu’il ne voulait que moi. »

Son genre de fille ? Non, je veux dire à qui je pourrais être le genre, je ne suis pas vraiment le type que les mecs recherchent, ils ne fantasment pas en me voyant, je devrais même prendre ce qui me vient, suivant les dires de certaine personne. Concrètement ce n'est pas pour moi. « tu connais beaucoup de mec qui laisserait tomber une bombasse pour un physique comme cela. » Lui avouais-je en me montrant légèrement. On connaissait la réponse toutes les deux. C'était une belle façon de dire les choses, c'était même très beau. Elle avait de la chance d'être tombée sur le bon. Il la trouvait la plus belle, et elle l'était. « C'est beau ! » Avouais-je légèrement attendrie avant de me rendre compte que je l'étais beaucoup trop et qu'il ne fallait pas tomber autant dans ce domaine là, je suis une dure à cuir, rien d'autre. « Mais ça ne me correspond pas. » Concluais-je, je devais pas m'accrocher, je devais pas y penser. Il n'était pas pour moi, vraiment pas, je ne me laisserais plus faire, non.

« Pourquoi, il ne se tape que des planches à pain ? » Autant appeler un chat un chat. Mallory avait des formes, elle n’était pas du tout un squelette, mais même si elle possédait de la poitrine, pour certains hommes ce n’était pas encore suffisant. « Tu te vois trop négativement ma belle. Tu sais, il y a des hommes qui aiment les formes comme les tiennes… d’où tu as vu que tu n’étais pas jolie ? » lui demanda-t-elle d’un air extrêmement sérieux, la blondinette n’étant pas habituée à jouer de la langue de bois. C’était bien pour cette raison que Cerceï l’appréciait non ? Au moins, elle n’y allait pas par quatre chemins ni ne mentait à longueur de journée. « Merci… » reprit-elle cependant, attendrie par cette petite lueur qu’elle lisait dans son regard. Lueur que la brunette eut tôt fait de contrôler certes, mais qui lui avait fait plaisir tout de même. « Tu ne veux pas t’attacher dois-je comprendre ? »

Soyons honnête je virais du mauvais côté de la force, je devenais cette fille qui analyse tout sur tout, surtout en ce qui concerne les relations avec les mecs. En même temps, avant je n'avais aucune relation avec les mecs, enfin rien de notable, normal que je me pose des questions. Ah je dois arrêter de tout analyser je risque d'en perdre mon latin. Je fais du latin ? Ah non, bref. « on va dire qu'elles doivent ressembler à des filles de papiers glacés. » Belles, rayonnantes surtout et pas comme moi. Je détourne mon regard je ne suis pas habituée à cela, je n'ai pas pour habitude de parler de ça parce que ça me gêne. J'ai honte de trainer avec lui, pas lui, j'ai honte pour lui qu'il traine avec moi, les aléas complexe d'un cerveau, pas commode je suppose. « Je ne les ai pas rencontré alors. Puis je suis réaliste, je vois le regard des gens, je ne suis pas aveugle. » grosse surement mais pas aveugle, je soupire fortement, c'est pas cool comme discussion vraiment pas et ça devient aussi douloureux de parler de ça. Je pose de nouveau mon regard. « Je suis déjà trop attaché et j'ai peur de m'en prendre plein la gueule, ça arrive souvent, on croit on donne sa confiance et bam on en récolte le prix, la vie est comme ça. » Je sais qu'il faut se donner une chance, oser dans la vie, mais c'est carrément difficile parfois, tout le temps.

« C’est joliment dit ! » avoua Mallory qui avait eut une vision nettement plus péjorative des filles minces et sans forme aucune. Le genre de couverture de magazines qui plaît rapidement aux hommes avant que dans leurs lits ils ne préfèrent avoir de quoi se remplir les mains. Cela pouvait être choquant mais ça n’en n’était pas moins vrai pour autant. « Les gens sont définitivement d’une connerie… ça m’épatera toujours ! Mais d’un autre côté même si c’est dur, si tu ne vis qu’au travers du regard des gens, autant t’exiler sur une île déserte, tu n’auras jamais ta part du gâteau dans le cas contraire. » Même si l’Eliot en personne rêverait de pouvoir en faire autant. Fermer ses oreilles, ses yeux et son cœur à la connerie humaine pour ne se concentrer que sur son histoire d’amour… autant croire à la poupée qui tousse. « Pourtant j’ai envie que ça marche pour toi, tu le mérites » fit-elle en se payant le culot de s’emparer de la main de Cerceï avec tendresse.

Que dire sur ce genre de filles, je ne voulais pas me fatiguer à faire de grand discours là où il n'y en avait pas, je n'en voyais tout simplement pas l'intérêt. « Il ne faut pas perdre de la salive pour ce genre de fille. » Elle n'avait pas faux pour le reste mais personnellement c'était très facile de dire cela, le vivre c'était tellement plus compliqué. Vraiment, je ne savais pas quoi dire, ni quoi faire. en faite si, je savais quoi faire mais je n'arrivais pas. Quand je regardais mon reflet dans le miroir je n'arrivais pas à voir le bon côté de mon physique, voir ce qui pouvait plaire, ce qui ne plaisait pas. Je cherchais, j'avais beau essayer rien ne venait, c'était tellement plus frustrant. Je soupirais. « C'est souvent plus simple à dire qu'à faire, je n'arrive pas à passer outre les paroles des gens et j'essaye de m'en foutre, une fois seule dans mon coin, je repense à tout » Tout ce qui blesse, ce qui fait mal. La douleur, la violence, le malheur tout revient et c'est d'autant plus douloureux pour moi. Non, ce n'est vraiment pas simple. « Je... » fus surprise de son geste à mon égard. pourquoi elle me prend la main, pourquoi elle fait cela, mais je ne fis rien de plus. « Merci c'est gentil, faut surtout arrêter de tout analyser comme je le fais. » finissais-je par dire en faisant un petit sourire.

« C’est du temps perdu tu as raison » renchérit-elle aussitôt d’un ton mortellement sérieux, surtout que Mallory finissait par s’énerver contre les filles de ce genre. Non seulement elles étaient insupportables mais en prime elles avaient l’impression d’avoir inventé le fil à couper l’eau chaude… tout pour plaire, en somme ! « Oh je sais très bien que c’est ultra difficile et ce serait mieux s’il n’y avait pas des petits cons pour balancer ce genre de joyeusetés à la figure des gens… mais… tu en as déjà parlé à Kirill de ça ? Il pourrait peut-être t’aider là-dessus » la conseilla-t-elle, ne sachant pas exactement quoi faire pour contrecarrer la méchanceté humaine. Cette dernière s’avérait coriace, hélas. « Ce n’est pas un défaut d’analyser ! Mais c’est comme tout… faut le faire avec modération, même si tu ne sais pas qui c’est modération ! »

Je n'aimais pas m'attarder sur des gens, qui étaient à mes yeux, pas importants, en tous les cas, qui n'agissait pas comme tel. Je voulais juste profiter de ce que l'on pouvait me donner, profiter de l'instant présent en toute simplicité. « Je ne suis pas tendre avec les gens j'aime bien envoyer mes pensées à la figure c'est tellement plus dérangeant que de jouer les hypocrites, mais parfois ça bouffe l'esprit et le corps, et je n'entends plus que cela. » Pour ensuite en parler à Kirill il doit déjà me prendre pour la fille qui panique dans la foule pas besoin de tout lui dire. Puis honnêtement je ne suis pas sur que ce soit bien, s'il ne veut pas fuir en courant. Car j'ai peur qu'il fasse cela, et bon sang je me sentirais vraiment naze après. Puis c'est moi qui est honte pour lui, c'est différent, je la regarde. « Pour faire fuir un garçon c'est la meilleure façon. Il semble se foutre de ce que pense les gens, je ne sais pas comment il fait. » Je me mordillais la lèvre, buvant un peu de ma boisson que j'avais presque oublié et de rajouter. « Ah ouii je cherche encore modération, mais il se cache beaucoup trop pour moi, ce qui me vaut des angoisses chroniques. » Avouais-je en riant de bon coeur.

« Je sais Cerceï, je te connais suffisamment pour le savoir mais d’un autre côté ce n’est pas forcément évident de se défendre quand on t’attaque personnellement… et que l’on a à faire à plus con que soi » soupira-t-elle, Mallory se rendant bien compte qu’elle finissait par être à court d’arguments à force. Si jamais il existait un remède à la connerie humaine, pitié qu’on le lui indique, la blondinette était plus que preneuse. « Et si tu lui demandais comment il fait ? » D’accord, il lui faudrait mettre quelques minutes sa fierté de côté mais cela pouvait valoir le coup, voire même les rapprocher pourquoi pas… « Je te rassure, je connais pas son adresse non plus à ce couillon sinon je lui referais le portrait volontiers ! »