I'm mad, I'm Fat, you're perfect - MALLORY

Je grimaçais fortement. « raaa le rouge me fait ressembler à une tomate, c'est pas très beau à voir. » Et dire que c'était une réalité, j'étais beaucoup trop rouge, beaucoup trop mioche lorsque cela se produisait surtout que les gens n'hésitaient pas à faire des réflexions ce qui bien évidemment me mettait encore plus hors de moi. Non, franchement et honnêtement il ne fallait pas en arriver là. « c'est gentil à toi, toute aide sera bienvenue, je suis une vraie plaie en ce qui concerne le rangement. Je suis pas douée. » C'était plus le cas, plus j'y réfléchissais plus je me disais combien j'étais du genre à véritablement mettre n'importe quoi, n'importe où je tentais de me soigner quand même, pour ma défense. Nous marchions vers la cafétéria, bon ce n'était pas vraiment mon endroit préféré, mais je pouvais faire cet effort, je pouvais. « Oh il va bien ? » Je me sentais soudainement mal, de ne pas avoir posé la question, de ne pas savoir ce qu'il avait eu, de ne pas avoir été là, les amis ne sont-ils pas sensés faire tout ça ? Se soutenir dans es moments difficiles, nous nous étions perdus de vu, je devais assumer cela. « Septembre 2013, j'ai quitté mon Angleterre adorée. » Repenser aux circonstances de mon arrivée ici était douloureux et à ne pas y penser, à oublier. « J'ai encore du mal avec toutes les coutumes américaines. » Je grimaçais fortement.

« Je suis sûre que ce n’est pas si terrible que ça ! » répliqua aussitôt Mallory, cherchant à mettre Cerceï à l’aise dans la mesure du possible même si elle avait hélas l’impression de marcher sur des œufs. D’ordinaire, la blondinette avait toujours réponse à tout, se trouvait souvent à l’aise pour converser avec autrui mais là, elle devait renouer avec une amitié d’antan tout en priant pour que ce ne soit pas trop tard… « Je vais t’aider, deux paires de bras ne sont jamais inutiles et puis ça ira plus vite de cette manière ! » lui proposa-t-elle de bon cœur, en ponctuant ses paroles d’un délicat sourire. « En fait, Cameron a les bronches fragiles et à cause d’un problème de moisissure dans notre ancien appartement, il est resté presque deux ans dans un hôpital, enfin une chambre stérile. Son système immunitaire a déconné en prime. Mais il va mieux maintenant » lui expliqua-t-elle bien que Mallory s’inquiétait encore diablement pour son frère et était soulagée que sa mère ait consentit à venir s’installer à Cambridge pour que sa fille aînée puisse aussi veiller sur son frère. « Toi aussi tu as eu du mal ? Bienvenue au club ralala ! Qu’est-ce que tu veux boire ou manger de beau ? »

Je pouvais parfois être très conne, je m'en rendais toujours un peu plus chaque jour, c'était juste super chiant de me voir comme cela. Je soupirais fortement mais pas d'agacement, pas contre Mallory contre moi, d'être parfois vraiment une plaie dans ce monde. « merci en tous les cas. » Je souriais tendrement alors que je l'écoutais parler de son frère. « Vraiment désolé pour lui, j'espère que tout ira mieux pour lui, c'est... ça du être angoissant. » Je n'osais imaginer à quel point cela avait du être difficile pour elle, pour sa mère de voir un garçon dans un tel état. Mais assez de déprime je préférais lui sourire, si elle savait combien l'Angleterre me manquait. « Tout me manque si tu savais, l'accent ici est différent, les habitudes aussi, un bal de fin d'année ? la nourriture, poaw je suis pas une américaine dans l'âme mais pas le choix. » C'est certain je n'avais aucun choix là dessus. Je soupirais. « je vais prendre un jus de fruit, j'ai pas très faim. » Pas vraiment, avant de relever la tête. « tu prends un truc ? »

« Il n’y a vraiment aucune raison de me remercier, c’est normal » ajouta Mallory pour que Cerceï évite surtout de s’en vouloir, si telle était la raison de son soupir. La jolie blonde avait beaucoup de défauts mais pas celui de culpabiliser les gens. Elles avaient toutes les deux des torts mais l’important, c’était de repartir sur de bonnes bases non ? « Je t’avoue que j’ai eu beaucoup de mal à me concentrer sur mes cours pendant cette période là. Je balisais à l’idée qu’il puisse lui arriver une tuile et que je sois à des milliers de kilomètres de lui, sans pouvoir lui parler » reprit-elle d’un ton légèrement ému et attristé. « Je suis vraiment contente d’avoir convaincu ma mère de venir vivre dans les parages avec mon petit frère » hocha-t-elle finalement la tête. « Tu ne vas même pas au bal ? C’est dommage, on aurait pu y passer un moment ! Ceci dit je te rejoins sur la nourriture… je cours trois fois plus qu’en Angleterre pour compenser tout le gras que j’ingurgite mais ça ne fait pas tout ! Personnellement, je vais prendre un chocolat frappé. Je vais nous chercher tout ça bouge pas ! » fit-elle d’un ton enjoué avant de revenir quelques minutes plus tard à peine.

Je faisais une petite moue. « Peu de gens auraient trouvé cela, normal, donc merci. » Avouais-je avant de repenser à ce qu'elle avait du ressentir vis à vis de son frère c'était toujours quelque chose de difficile à gérer lorsqu'il s'agissait de sa propre famille, je n'osais imaginer toutes les peines, les angoisses qu'elle a du subir durant tout ce temps. J'angoisse rien que d'y penser. « Tout ce qui concerne la famille est délicat de toute manière. C'est cool qu'ils soient ici ? Cameron a quel âge maintenant ? » Je ne pouvais que confirmer cela, c'était assez douloureux pour elle de penser imaginer perdre son frère à l'autre bout du monde, ou presque. Je grimaçais alors que nous étions déjà à la cafétéria. « Merci. » Avant de la laisser prendre nos commandes, c'était gentil de sa part. Je n'aimais pas la nourriture d'ici mais j'étais difficile aussi ne supportant pas la viande rouge. Et encore je n'avais en rien une taille de guêpe, ici tout était de la tentation : pizza, hamburger, pancake, glace, milk-shake, donuts... tout absolument tout. Elle était de nouveau près de moi. « Merci pour la boisson. J'ai un cavalier pour le bal, c'est le principe qui me gêne en faite. Et toi qui est l'heureux élu ? » Elle était du genre à avoir son cavalier, j'imaginais un beau garçon à la carrure imposante, pour la protéger de ses bras. C'était une belle image.

« Et bien on va dire que je suis une fervente défenderesse de la normalité normale ! » répondit-elle presque fièrement, Mallory ayant une fâcheuse tendance à ne jamais agir comme le commun des mortels par pur désir de contredire autrui. Il n’existait rien de plus jouissif après tout… « Personnellement je suis ravie de ne plus me taper autant d’heures d’avion pour les voir et encore mieux, de pouvoir les voir quand je veux ! Cameron a treize ans maintenant, c’est qu’il devient petit à petit un homme ! » fit-elle d’un élan radieux, Mallory adorant son frère bien au-delà des mots. « Et avant que tu demandes, ma sœur Kerriane est toujours autant une peste, mais je ne t’apprends rien… » La demoiselle désormais âgée de seize ans avait toujours été très impolie et même hargneuse envers Cerceï, mais que la brunette ne le prenne pas pour elle : cette dernière était ainsi avec tout le monde, y compris sa propre famille. « Je t’en prie, faut qu’on trinque au fait qu’on se soit enfin retrouvée ! Tu y vas avec qui de ton côté ? Personnellement Declan O’Malley, qui fait partie de la maison Winthrop, m’a invitée. Qu’est-ce qui te dérange dans le concept ? »

Je la comprenais également, même si j'aimais et je rêvais de rentrer dans ce moule de perfection que la société désirait nous imposer, parfois, pour ne pas dire tout le temps je n'aimais pas faire comme tout le monde. Je me souviens pourquoi petite j'aimais trainer avec elle. « Normalité normale, voilà un terme que je compte bien reprendre tiens. » Lui avouais-je un léger sourire sur le visage à l'idée de partager cela. « J'allais justement te demander. Bon sang ça ne te rajeunie vraiment pas tout ça. Ils grandissent si vite, je me rappelle quand nous étions petites. C'est chouette d'avoir sa famille près de soi, ça change la vie. » Je ne pouvais que l'imaginais, manque de bol je n'avais pas ma mère, ni mon père près de moi, mais je rêvais d'indépendance cela m'était bien égal finalement, c'est ce que je tentais d'avouer au monde entier. « Ah oui ta soeur ! certaines choses ne changeront jamais. » Pour ne pas changer, je trinquais avec Mallory sur ses retrouvailles étonnant mais pourtant bien réelle je ne savais combien de temps cela allait durer, mais c'était une bonne chose je suppose. « A nous ! » J'aimais le bruit du tintement des verres, mais parler du bal m'angoissa légèrement je devais me faire à l'idée d'y aller avec Kirill, j'étais à la fois étonnée, amusée, excitée à cette idée mais terrifiée d'affronter une énième fois le regard des gens se demandant pourquoi il trainait avec moi. Poaw une angoisse de plus. « Je ne connais pas ton cavalier. Je ne sais pas si tu connais Kirill Lindstam, un Winthrop également. Oh tu sais le côté hypocrisie du truc, toujours les même qui sont élus, mis en avant, rentrant dans ce moule parfait de la popularité. J'angoisse rien qu'à l'idée de me montrer au bras de mon cavalier. Il est plutôt un numéro 11 sur une échelle de 10 tu vois. » Pour ne pas dire 15.

« Tu as ma bénédiction la plus totale pour reprendre le terme ! » lui assura-t-elle, limite flattée que Cerceï veuille reprendre son expression d’ailleurs. « J’avoue que je prends un fameux coup de vieux dans les gencives quand j’en parle… mais je te rassure, ma sœur ne changera jamais, même dans cinquante ans elle sera toujours la même ! Quant au fait d’avoir ma famille près de moi, j’avoue que je suis contente de pouvoir veiller sur mon petit frère mais fatalement ça me donne un peu moins d’indépendance » avoua-t-elle sans pour autant s’en plaindre, Mallory vouant un véritable culte à l’image même du « clan ». Vivre seule ne lui irait décidément jamais, qu’on se le dise. Elle trinqua par la suite en compagnie de Cerceï, hochant vivement la tête pour lui rendre la pareille avant de boire une longue et délicieuse gorgée. Nom d’un chien que cela faisait du bien ! « D’accord, je vois… personnellement j’y vais surtout pour m’amuser, profiter de mon premier bal avec ma moitié, le reste ne m’intéresse pas. Et tu devrais partir du principe que si Kirill, que je ne connais pas non plus, vient avec toi, c’est bien parce qu’il veut profiter aussi non ? Oublie le reste, amuse-toi juste. On s’y croisera peut-être d’ailleurs ? »

Je ne savais pas ce que ça faisait d’être dans un autre pays et avoir sa famille avec soit, je suppose que cela devait être agréable en tous les cas en vu du visage de la jolie blonde il y avait du bien et du moins bien. « Au moins, tu sais qu’en cas de coup de moue ou de besoin de se ressourcer tu les as. » C’était une bonne chose pour moi, je le voyais comme tel de mon point de vu. Je la vis boire sa boisson automatiquement je fis la même par mimétisme tout d’abord pour ensuite avoir réellement envie de le faire, car j’avais aussi soif. C’est que de renverser ses affaires ça donne soif, ah ahah. « Je vais essayer de m’amuser, de toute manière il ne me reste que cela à faire, mais… Je ne sais pas trop ce que je suis pour lui, je ne veux pas le rendre mal à l’aise. » Comme toujours mes vieux démons revenaient, frappant de plein fouet mes pensées, m’obligeant à me rendre presque malade rien que d’y penser. Dieu que je détestais cela.  Je rebondissais sur ses paroles. « Ta moitié, tu y vas donc avec ton petit copain ? » Demandais-je avec un petit sourire.

« Je te rassure je vois surtout le côté positif des choses » avoua-t-elle quelques instants plus tard, Mallory ne crachant pas dans la soupe loin de là. Sûrement vivrait-elle nettement moins bien en sachant sa famille dans un autre continent ainsi qu’un autre fuseau horaire, ce qui rendait complexes les échanges ne serait-ce que téléphoniques. « C'est-à-dire tu ne sais pas ce que tu es pour lui ? Vous avez déjà eut des échanges plus… amoureux ? Désolée de poser la question, tu n’es pas obligée de répondre si tu ne le souhaites pas mais j’avoue que ça m’intrigue. » A la décharge de la blondinette, les histoires à l’eau de rose avaient toujours été son dada, même si elle cachait bien souvent son côté romantique… ne serait-ce qu’à Declan, pour éviter qu’il se sente contraint de l’être également. « Oui, Declan et moi sommes en couple en fait. Si tu veux et si l’on se croise je te le présenterai au bal ? »