I'm mad, I'm Fat, you're perfect - MALLORY

P*tain, je savais que cette journée serait chiante, mais à ce point ? Je ne pense pas, j'ai envie de bougonner, j'ai envie de râler et surtout de ne pas me trouver exactement à l'endroit où je me trouve. J'en ai marre, vraiment marre. Je soupire fortement quand elle me fait tout ses reproches. Enfin ce ne sont pas des reproches juste des confirmations. voilà, voilà pourquoi je ne veux jamais avoir affaire à ce genre de clash, ça me prend la tête, j'en ai vraiment pas envie. Je me redresse avec mes affaires et je l'observe. Nous avons été ami ? Pff c'est très loin quand on y pense. « Ton petit discours ne donne en rien l'envie de te parler. A quoi bon, pour rigoler deux secondes après ? » Lui avouais-je amère à mon tour. C'est un cercle vicieux n'est-ce pas ? Je n'arriverais pas à m'en sortir normalement, et je n'en ai pas vraiment envie. Qu'est ce que je peux lui reprocher concrètement ? D'être belle et d'avoir réussi, ce serait plus que puérile. Non, je 'ai pas d'argument hormis l'éloignement naturel de nos deux mondes. C'est une fatalité. « Soyons lucide, nous avons deux mondes qui nous séparent, se croiser, ne pas s'insulter mutuellement, voilà là solution. Bon journée Mallory. » Je faisais un faux sourire alors que je ne désirais qu'une chose, en arrêter avec cela. Vite.

« Mais rigoler de quoi, bordel de dieu ?! Tu es tellement persuadée que je vais être odieuse avec toi ou quoi ? » s’emporta davantage Mallory, sans faire un esclandre encore une fois alors qu’il lui aurait été si facile de l’humilier en public et d’en tirer tous les bénéfices par la suite… seulement voilà, la jeune blonde ne mangeait pas de ce pain là et n’était pas prête de commencer aujourd’hui. Autant dire qu’elle écarquilla les yeux face au discours de Cerceï, proprement hallucinant avant la voir tourner au couloir suivant. Oh que non, hors de question que leur discussion termine de cette manière. Mallory lui emboita le pas, la saisissant par le poignet pour l’inciter à la suivre et fit en sorte de la placer dans une cage d’escalier déserte avant d’arquer un sourcil. « Alors tu fais partie des gens qui sont suffisamment idiots pour se retrancher derrière la « différence des mondes » ? Pitié, pas toi… trouve-moi un meilleur argument que ça pour me faire comprendre que tu ne peux pas me voir en peinture, mais pas cette facilité navrante ! Je ne te foutrais pas la paix avant que tu ne m’aies donné la vraie raison, de toute façon. Tu es têtue, manque de bol je vais t’en apprendre une bonne : MOI AUSSI. »

BORDEL de merde, elle peut pas faire comme tout le monde, passer son chemin, ne pas me voir, ne pas me sentir, je sais pas. Pas me faire chier surtout, j'ai l'impression qu'elle le fait exprès je n'ai pas envie d'avoir une discussion avec elle, c'est trop compliqué pour elle de le comprendre merde quoi ! Elle était plus têtue que moi et j'avais une folle envie de je ne sais quoi... Je pensais être débarrassé mais non, elle me suivait et me stoppait de sorte que je ne puisse me défaire de cela. OH super de mieux en mieux j'ai l'impression. Je soupirais fortement, elle me cherche, elle me cherche vraiment ou quoi ???? « Regarde toi Mallo, tu es divine. Belle populaire, dans l'une des maisons les plus prestigieuses de l'université et tu voudrais me faire croire que trainer avec moi, n'entacherait pas cette belle apparence. Je ne veux pas te faire subir cela, vois-tu je recueille tous les jours des réflexions sur mon physique, mes fréquentations, si oui ou non j'ai le droit de trainer avec tel ou telle personne. J'ai pas envie de me battre pour ça. » Avouais-je alors que mon discours faisait très superficiel j'en avais rien à foutre, j'en avais marre des comparaisons qu'on me faisait, des gens qui voulaient "me sauver", je me sauve toute seule, si j'en ai envie ou non. Et là, j'ai pas envie de faire cet effort... « J'ai pas envie qu'on fasse dans le bénévolat. »

Le premier réflexe de Mallory fut d’écraser sa main contre son front en levant les yeux au ciel. Cerceï avait non seulement une bien piètre opinion de sa personne mais également de leur amitié d’antan, qu’elle piétinait manifestement sans remords. Quel dommage… « Ne pas me faire subir cela ? Sans vouloir t’offenser ma belle tu ne connais pas ma vie. Tu la juges parfaite ? Tu aimes peut-être te plaire à croire que j’ai tout ce que je veux quand je le désire mais un physique ne fait pas tout dans la vie. Du moins m’a-t-on élevée ainsi. Sans compter que j’ai suffisamment de superficialité dans mon monde pour me couper de ça ici alors que je le peux encore » fit-elle d’un ton particulièrement calme et dépourvu de toute colère. « Je ne fais pas dans le bénévolat. Je te prie de croire que si je n’ai pas envie de faire quelque chose, on ne m’oblige pas à le faire, point barre final. Moi je me souviens d’une amie que j’adorais côtoyer par le passé. Les biens pensants ne sont pas d’accord parce que nous sommes différentes ? Rien à cirer. Quand les gens deviendront tolérants, les poules seront armées de lance-roquettes ! Je m’en tamponne que les gens ne soient pas d’accord. Si tu ne veux pas continuer à me côtoyer, tu le dis. Mais arrête de te cacher derrière ce genre d’excuses parce que personnellement, j’en ai rien à foutre de l’avis des autres. »

Il faut croire que mes paroles l'agaçaient, en même temps une partie de moi, au fond du fond s'en fichait un peu, l'autre bien sur que non, j'étais peut-être grosse mais en rien une sans coeur tout de même. J'écoutais attentivement son discours, calme... Trop calme ? Surement, mais c'était facile pour madame perfection de dire cela. Plus facile que de le subir. « C'est très beau de clamer se foutre de ce que disent les gens, tu ne les entends pas, ça ne t'es pas destiné. Tous les jours j'entends combien c'est étrange et dégueulasse qu'une fille comme elle, ce gros tas puisse penser que des gens s'intéresse à elle. J'en ai entendu avant et encore aujourd'hui. Alors certes, c'est nul de baisser les bras aussi vite et de se la jouer faible personne mais c'est comme cela.. » NA prend toi ça dans ton joli minois. Je n'étais pas en colère j'étais fatiguée de ne jamais avancer comme il fallait, de me prendre des murs bien trop haut et toujours plus indestructible. J'en ai juste marre. « Tu n'as pas non plus cherché à ce qu'on reste les meilleures amies du monde non plus. J'ai mes tors, j'en aurai toujours mais ce n'est pas à sens unique. » Il est toujours plus simple de clamer cela que de le subir, j'ose quiconque d'essayer ou de se rendre compte qu'on vous a berné depuis le début, c'est douloureux et ça fait un mal de chien.

« Je n’ai jamais dit que tu baissais les bras trop vite ou que tu n’avais pas le droit de le dire. C’est ça ton problème Cerceï, tu me prêtes des intentions et des mots qui ne sont pas les miens, me mettant au passage dans le même panier que tous ceux qui te cherchent des poux pour éviter de voir que personnellement, je t’apprécie » rétorqua-t-elle néanmoins. Mallory était bien consciente d’avoir, il fut un temps, baissé trop vite les bras pour des raisons X ou Y mais aujourd’hui, alors qu’elle lui tendait effectivement une main en avant, la brunette n’avait de cesse de la lui renvoyer en pleine figure… pas très encourageant. « Soit, ce n’est pas facile d’entendre les paroles des abrutis qui t’entourent mais ça n’a rien à voir avec moi, c’est ça que j’essaye de te faire comprendre ! Si je viens vers toi c’est pour réparer les erreurs que j’ai pu faire par le passé et te prouver que sur mon dos aussi, on bave. Maintenant tu peux te retrancher derrière ton petit confort feint, ou tu peux accepter cette main que je te tends au lieu de me l’envoyer dans la tronche comme tu le fais depuis tout à l’heure. Pour ça aussi, ce n’est pas à sens unique Cerceï. »

M'étais-je trompée durant toutes ses années, surement ? Après tout je ne savais strictement rien de tout cela, de sa vie de ces soucis et franchement je crois que cela me ferait plus de mal que prévu. En faite, je jouais les durs mes ses paroles étaient violentes. De tout le merveilleux discours qu'elle venait de me faire soigneusement je ne retenais que peu de choses en réalité. Bon sang de bon sang, suis-je si nulle pour passer à côté de cela. « Tu m'apprécies comment ? » Parce que je ne me rendait pas forcément compte de tout ça, je veux dire j'ai souvent été habitué à ce qu'on me prenne pour une sans coeur ou quelqu'un qui ne ressent rien alors on la vanne on lui en fait voir de toutes les couleurs. Bon Okay, je prend une grande inspiration. très grande. « on m'a toujours lâché alors bon, je me suis habituée à me renfermer avec les gens que je connais... mes amis d'avant tu sais... Tu as raison je ne sais pas qui tu es... » Je tendais ma main vers elle. « Salut, je m'appelle Cerceï, je suis étudiante en troisième année de littérature, je suis anglaise et toi ? » J'étais maladroite, je m'en fiche, je prenais la main qu'elle me tendait.

Mallory esquissa un bref sourire à la question de Cerceï, sans pour autant se démonter. « J’apprécie ton côté cash, franc et qui n’hésite pas. Je sais par expérience que l’on peut compter sur toi et que tu as bien plus à offrir que bien des abrutis mauvaises langues pourraient le laisser penser. Tu as ta sensibilité, tes désirs et tu t’y accroches… tu as toujours forcé mon respect pour ça » avoua-t-elle sans la quitter une seconde des yeux, comme si elle voulait une fois pour toute que la brunette ne remette pas en cause sa sincérité. Sincère, elle l’était pas et pas qu’un peu dans cette seconde précise. « Je ne te jette pas vraiment la pierre, ça m’est arrivé plus d’une fois de me renfrogner et d’éviter les gens. » Comme quoi, l’habit ne fait pas le moine mais Mallo éclata de rire en voyant la main de Cerceï tendue, qu’elle serra avec une belle intention sans attendre une seule seconde. « Enchantée Cerceï ! Je m’appelle Mallory, je suis étudiante en droit et en chant parce que j’aime bien l’esprit de contradiction et les choses qui n’ont rien à voir et je suis anglaise également. C’est fou, je vois maintenant d’où tu tiens ton joli accent ! Est-ce que tu as quelques minutes pour qu’on aille à la cafet ou les cours vont te kidnapper ? »

Je suis vraiment une handicapée des sentiments, ou le genre de fille qui se méfie absolument de tout à n'importe quel moment, je sais pas trop où me situer. Mais ce que venait de dire Mallory, c'était touchant, je ne croyais pas à ses dires, parce que je ne m'imaginais pas comme tel, mais c'était vraiment touchant. « Oh arrêtes je risquerais de rougir. » Enfin, je rougis, mais ce n'est rien n'est-ce pas. Elle joue le jeu, et je crois que je suis rassurée de cela. Je serre sa main volontiers avant de sourire à ses paroles. Ai-je du temps devant moi ? J'ai toujours l'impression d'en avoir toujours trop du temps. Mais ça n'importe finalement pas vraiment. « L'accent est partagé, tu l'as aussi. Je pense avoir un peu de temps, rein que pour classer toutes les feuilles, dans un ordre potable. » Je regardais ce que j'avais en main, bordel que c'est fou combien j'ai des feuilles, des feuilles rien que des feuilles. « C'est parti pour la cafet'. » Disais-je avant de rajouter. « Ca fait combien de temps que tu es aux Etats-Unis ? » En réalité je ne me souvenais plus exactement combien de temps je n'avais plus eu de nouvelles d'elle, si ça concordait avec son arrivée aux USA.

Mallory répondit aussitôt, du tac au tac, d’un air taquin : « pas grave j’aime bien la couleur rouge ! » Cela dédramatisait l’atmosphère commençant peu à peu à se détendre et fondamentalement, ce n’était pas plus mal. Et puis la jolie Eliot devait s’avouer diablement soulagée de ne pas se prendre un gigantesque vent dans la poire. Non, elles se seraient mutuellement la main bien volontiers, le sourire de la blonde s’agrandissant face aux propos de Cerceï. « Je peux peut-être te donner un coup de main, je suis une maniaque du classement » avoua-t-elle subitement. Peut-être était-ce même un défaut chez elle, en plus d’être une qualité appréciable pour une étudiante en droit comme elle. Mais en attendant, Mallory emboita le pas de son acolyte du jour passablement surprenante, l’accompagnant jusqu’à la cafétéria où elle s’installa à une table déserte avant de répondre à sa question, d’un ton adoucit : « je suis là depuis cinq ans. Mais je n’ai pas fait cinq années complètes sans retourner en Angleterre… c’est un peu compliqué, mon petit frère est tombé malade entre temps, enfin je ne vais pas t’embêter avec ça. Et toi, ça fait longtemps ? »