(+ Thais) Just a complication..

Une fois mes beaux-parents rassurés, je rejoignis ma femme, aussi pâle que les draps de son lit d’hôpital. Cela me fit mal au cœur de la voir ainsi. « Oui, j’ai parlé au médecin. Tes parents sont passés, ils reviendront demain quand tu seras reposée » lui appris-je avant de me pencher pour embrasser son front. J’avais eu si peur de la perdre… De les perdre. « Il ne fera plus jamais de mal à qui que ce soit. Je sais qu’une fois que Declan sera au courant, il voudra le tuer. J’en ai conscience et je ne l’arrêterai pas » lui avouais-je et pour quelqu’un comme moi, c’était limite un parjure total. La loi était la loi et j’étais incapable de bafouer celle-ci mais je pouvais toujours fermer les yeux sur un crime… Une manière comme une autre d’appuyer sur une gâchette. « Et ce que tu continueras toujours à m’aimer même si je brise mon intégrité ? »

Thaïs hocha la tête, soulagée que ses parents soient passés mais ne reviennent que le lendemain car elle n’avait pas envie qu’ils la voient dans un tel état. Il valait mieux laisser passer quelques heures, le temps qu’elle retrouve des forces. « Je sais très bien ce que Declan fera une fois qu’il sera au courant » énonça-t-elle d’une voix sérieuse avant de se redresser, non sans mal, pour prendre le visage de Caleb entre ses mains malgré sa perfusion. « Je t’aime mari de moi. J’aime tout de toi, tes qualités comme tes défauts, tes moindres réactions, et je préfèrerai me jeter sous un train que de cesser de ressentir tout ce que je ressens pour toi. Mon amour est total, et si tu brises ton intégrité, je sais que c’est pour moi que tu le feras et ça me fait t’aimer plus encore car je sais ce que cela représente pour toi. Je ne te pousserais pas à faire quoi que ce soit, mais par contre je peux te promettre que mes sentiments ne changeront jamais et que je serai là, avec toi, pour te soutenir après. Mais toi… tu continueras à m’aimer sachant que c’est à cause de moi que tu risques de briser ton intégrité ? »

Nous le savions tous les deux. Il irait tuer cet homme pour régler le souci à sa manière. Je ne savais pas ce que je devais faire. D’un côté, le flic en moi hurlait que ce n’était pas une solution, qu’il fallait laisser faire la justice mais de l’autre, l’homme, était à la limite de vouloir appuyer lui-même sur la gâchette. Je ne pouvais pas concevoir de faire justice moi-même mais à fermer les yeux sur les intentions de Declan, cela ne revenait-il pas au même ?! « Je t’aimerai toujours quoiqu’il arrive. J’ai envie qu’il paie mais je ne sais pas si je suis prêt à assumer une nouvelle mort sur ma conscience »

Thaïs incita Caleb à venir s’allonger tout contre elle et le serra aussitôt contre elle comme si c’était déjà une solution en soi. « Si tu savais comme j’aimerais que rien de ceci ne t’arrive mon ange… je voudrais prendre toute cette merde pour l’éjecter très loin, mais je ne sais même pas quoi te dire pour te soulager. Je sais que tu as déjà tellement de fois fermé les yeux… si tu veux agir selon ta conscience, je ne t’en voudrais jamais, tu m’entends ? Jamais. »

« Justement, ma conscience me pousse à réclamer justice » murmurais-je en la serrant dans mes bras. « Je ne sais pas comment l’expliquer. Il y a deux parties qui s’affrontent en moi : l’une veut que la justice gagne en faisant arrêter ce taré mais de l’autre, y a l’homme et le père de famille qui réclame sa tête sur un piquet… Je sais que Declan le tuera quoique je dise mais ce qui m’effraie, c’est que j’ai envie de lui faciliter la tâche » avouais-je.

Thaïs écouta Caleb avec une attention toute particulière car deux sentiments totalement opposés se jouaient actuellement dans son âme et qu’elle ne pouvait hélas rien faire d’autre pour le soulager que de l’écouter. « Tu as envie de lui faciliter la tâche parce qu’il s’en est pris à ta femme et à tes enfants à naître, c’est tout à fait normal comme sentiment. Mais si tu veux que la justice s’en occupe, si tu préfères que ça se passe ainsi, je peux faire en sorte que Declan m’écoute et l’empêcher. »

Justement, je n’étais pas certain de vouloir empêcher son cousin de régler le cas de manière expéditive. « Je suis fatigué qu’on te fasse du mal, fatigué que notre famille souffre. Qui me dit que la justice ne plaidera pas en sa faveur et qu’il s’en sortira ? J’en ai marre de devoir faire le dos rond même si je sais que je ne pourrais plus porter l’uniforme de flic après » soupirais-je avant de me redresser pour la regarder dans les yeux, caressant sa joue. « Qu’est-ce que tu veux toi… »

Thaïs était la première à fatiguer qu’on lui fasse du mal. Tout ce qu’elle désirait, c’était mener une vie paisible auprès de son mari et bientôt de leurs jumeaux… c’est tout ce qui lui importait et à ses yeux, ce désir ne semblait pas être des plus extravagants, bien au contraire. « Tu entends par là que tu voudras démissionner ? » osa-t-elle demander avec difficulté, car elle savait par avance combien cela risquait de lui peser mais à la question de Caleb, elle se mit à trembler légèrement et à éclater en sanglots. « Je suis tellement fatiguée d’être constamment dans la peur qu’il t’arrive quelque chose à cause de ce salopard et qu’il finisse par tuer les bébés… je voudrais tant que ça s'arrête enfin ! »

« Oui. Je ne pourrais pas porter cet uniforme, endosser les valeurs qu’il véhicule en sachant que j’ai peut-être participer de près ou de loin à un meurtre » avouais-je avant de lui demander ce qu’elle voulait. Je crois que cette décision se prenait à deux et je sus rapidement la réponse de Thais en la voyant éclater en sanglot. Aussitôt, je l’attirais dans mes bras, la berçant en murmurant des paroles réconfortantes. Lorsqu’elle fut calmée, je ramenais une mèche de cheveux derrière son oreille. « Je vais appeler ton cousin ». La messe était dite.

« Mais tu ne vas pas faire une connerie si jamais tu démissionnes hein ? Tu n’as pas le droit de me laisser seule ! » Thaïs était en proie à des films plus effrayants les uns que les autres. Voilà pourquoi elle ne tarda pas à exploser littéralement en larmes, relâchant la pression monstrueuse se jouant contre ses épaules depuis des jours en voyant son mari dans un état de stress permanent. « Qu’est-ce qu’il t’a dit ? » demanda l’irlandaise une fois qu’elle sentit Caleb revenir auprès d’elle après son coup de fil à Declan.