(+ Caleb) You're in trouble right now body ! ~ Flashforward

Thaïs finit ni plus ni moins par tomber d’épuisement dans leur lit, dans une position improbable non sans que de nombreux cauchemars ne la secouent. Elle mit un certain temps avant de comprendre que Caleb était à ses côtés et cherchait à la réveiller, ce qui la poussa à se redresser avec violence sous le coup de la surprise. Mais il l’empêcha d’en placer une, se lançant dans un long monologue pendant lequel elle s’interdit d’avoir la moindre expression en particulier. La seule réaction qu’elle eut fut de ramener ses genoux contre elle comme si elle cherchait à se protéger d’une nouvelle bravade qui ne vint pas. Heureusement ! « J’ai toujours pris la fuite parce que c’est mon seul moyen de me protéger. On m’a toujours mis la tête sous la flotte Caleb. Dès que je ne parviens plus à avoir des arguments pour contrer ceux qui m’attaquent, je me réfugie en fuyant. C’est peut-être con mais c’est grâce à ce réflexe que tout au long de ma vie je me suis empêchée de juste lâcher prise en me jetant du haut d’un pont. Techniquement parlant, notre mariage n’est pas censé te pousser à éviter de m’envoyer mes défauts dans la gueule ? » demanda-t-elle en soupirant comme si elle ne savait plus quoi faire, plus quoi dire, plus quoi penser. « Je suis venue à l’aéroport, j’ai sauté par-dessus la barrière de sécurité, je t’ai offert mon cœur sur un plateau et tout ce que tu as fait, c’est le piétiner. Pour une première fois où on m’a conduise en taule c’était réussi » ajouta-t-elle, légèrement sarcastique car de très loin, Thaïs ne s’était pas conduite ainsi envers lui. « Tu ne vas pas mourir Caleb. Même moi je le sais mais j’avais juste envie de prendre soin de toi, au même titre que tu l’as fait pour moi quand j’étais enceinte parce que pour moi, c’est ça aussi notre mariage, c’est se soutenir quoi qu’il advienne, c’est prendre soin de l’autre. Maintenant si même ce côté de ma personnalité te défrise alors je ne vois pas très bien ce que je peux faire. Apparemment si, c’est moi le boulet à trop vouloir jouer les mamans poules. Peut-être que ta frangine te comprends mieux que moi au bout du compte. »

« Le mariage ne préserve pas de la connerie sinon je deviendrais intelligent depuis le temps que nous sommes mariés ensemble » soupirais-je avant d’oser ne serait-ce que poser ma main sur la sienne, tant le besoin de la toucher se faisait fort en moi. « Je sais que tu as souffert par le passé Thais, je le sais crois-moi mais à chaque fois que tu partais, c’était mon cœur que tu broyais. Il y a peu, j’ai découvert que j’avais une sœur, que j’étais norvégien et américain, qu’on m’avait enlevé à ma naissance. J’ai toujours cru que savoir d’où je venais me rendrait plus fort, me donnerait de l’assurance mais en fait, je m’en tape complétement. Je me fiche de savoir d’où je viens tant que tu es à mes côtés. Tu es celle qui me comprends le mieux, qui sait m’apaiser, me faire comprendre d’un regard que je déraille complétement. Je ne sais pas ce qui m’a pris, je crois que j’étais désespéré au point de ne plus voir cette main que tu me tendais, de ne plus pouvoir supporter cet amour que tu me témoignais car je me supportais plus. Depuis mon viol, j’ai toujours fait en sorte de me construire et j’y suis arrivé à la force des bras, en me créant une putain de carapace, en me donnant l’illusion que j’étais un titan, que rien ne pouvait m’ébranler, que je n’étais plus ce petit être sans défense qu’on piétinait. Apprendre ma maladie a été comme un échec cuisant. Retour à la casse départ, je n’étais plus aussi fort qu’avant, j’étais un colosse aux pieds d’argile. Alors j’ai flambé ma vie des deux côtés pour me prouver que j’avais tort, que tu avais tort, que les médecins avaient tort, que rien ne changeait. Au final, tout a changé »murmurais-je. « Tout a changé parce que je t’ai à nouveau fait souffrir, je t’ai à nouveau éjecté de ma vie en prenant appui sur ta fuite comme pour me dédouaner. Je t’ai repoussé parce que j’avais peur de ne plus être en mesure de te protéger… C’est très bon, je le sais mais je t’aime… J’ai envie de prendre soin de toi et que tu prennes soin de moi, comme une équipe parce que tu es la seule à faire battre mon cœur… » avouais-je avant de retrousser ma manche où un nouveau pansement avait fait son apparition. « Je suis retourné voir le tatoueur pour qu’il grave sur ma peau toutes les fois où je t’ai fait souffrir pour que je puisse me les rappeler éternellement même si tu n’es plus là pour partager ma vie. »

Au fur et à mesure que Thaïs écoutait Caleb, son visage se métamorphosait. Au départ, elle s’était promis de rester impassible, de devenir une pierre qui ne ressent rien mais elle n’en serait tout simplement jamais capable. L’émotion finit bien évidemment par la prendre aux tripes et sans pouvoir rien contrôler, la détresse de l’homme de son cœur lui arracha de longues larmes sans qu’elle ne prononce un mot, par peur sans doute de l’interrompre. Ce n’est qu’une fois qu’elle vit le pansement ainsi que le nouveau tatouage de son mari qu’elle montra son propre poignet droit, détachant son bracelet pour mieux dévoiler le tatouage suivant : Calis, six janvier 2014. « Moi je ne voulais me souvenir que de toute la béatitude, le bonheur que j’ai ressenti ce jour là » lui avoua-t-elle en esquissant un sourire timide pour mieux pencher son visage lentement, sa respiration augmentant au fil des secondes pour mieux lui offrir un premier baiser extrêmement intimidé, comme si elle caressait juste ses lèvres de peur de s’imposer. Au final, le baiser gagna autant en tendresse qu’en passion, car ils en avaient besoin autant l’un que l’autre. « Je te promets d’arrêter de partir si tu arrêtes de me repousser Caleb parce que je ne peux plus supporter ce genre de choses, hier je ne sais même pas comment j’ai fait pour ne pas faire une connerie alors ne m’abandonne pas, ne me laisse pas… je ne peux plus… » éclata-t-elle tout de même.

« Tu as toujours été l’optimiste de notre couple »murmurais-je en caressant du bout des doigts son tatouage avant de me sentir à nouveau respirer tandis que je sentais ses lèvres sur les miennes, laissant ce baiser se charger autant d’amour que de passion jusqu’à nous laisser sans le souffle. Je collais mon front contre le sien, refusant de briser ce contact tant je sentais que nous en avions besoin tous les deux. « Promis, je peux pas vivre sans toi mon amour » repris-je en prenant son visage entre mes mains déposant un millier de baisers sur ce dernier avant de tout simplement la serrer dans mes bras. « Je t’abandonnerai plus si tu me promets de ne plus le faire, je ne peux pas vivre sans toi, je ne plaisante pas mon cœur… Quand t’es loin, je vis plus, je respire plus, je meurs à petit feu… je t’aime tellement si tu savais combien je t’aime » ajoutais-je tandis que je la conservais dans mes bras en laissant échapper quelques larmes également. Les grands garçons ne pleurent pas ?! Je ne sais pas quel est le con qui avait inventé ça mais pour le coup, j’étais incapable de contenir mon émotion.

« Reste avec moi et je ne te quitterai plus jamais » murmura-t-elle avant de prendre son visage entre ses mains et d’essuyer ses larmes, embrassant ses joues pour mieux s’emparer de ses lèvres. Le restant de la nuit se passa de façon extraordinairement douce, contrastant avec la violence de leur bataille. Les jours suivants furent fabuleux même si Caleb était loin de s’imaginer que deux semaines plus tard, alors que Thaïs l’invitait lui et sa jumelle de façon totalement innocente à une fête pour qu’ils puissent tous se retrouver, il allait voir sa femme occuper la scène pour une rumba en compagnie d’Alistair, sur fond de « you can leave your hat on ». Au départ vêtue d’une veste, d’une jupe et d’un haut blanc, l’irlandaise se retrouva bientôt en nuisette blanche, s’adonnant à une rumba des plus sulfureuses sur scène, accompagnée d’un striptease mutuel. Il n’y avait pas de geste outrageux, c’était suggéré et d’une précision sans précédent, Thaïs ayant diablement bien briefé son meilleur ami en la matière. Finalement, le jeune homme se trouva torse nu et la blondinette en nuisette lorsqu’ils retrouvèrent chacun leur moitié. « Le spectacle t’a plu ? » esquissa-t-elle un petit sourire en l’embrassant avec passion.

J’étais resté et il ne se passa pas un seul jour durant les deux semaines qui suivirent où je ne regrettais pas une seule seconde ma décision de revenir, de m’expliquer avec ma femme. Thais et moi avions longuement parlé, nous avions mis cartes sur table comme pour aplanir les dernières difficultés ou contrariété et c’est bien pour cela que je me rendis confiant à cette soirée… avant de déchanter en la voyant sur scène avec ce…. La bienséance m’empêchait d’aller plus loin dans ma pensée autant dire que je grognais, tempêtais tout bas avec ma jumelle. « Leçon retenue » marmonnais-je avant de tout simplement enlever mon T-shirt pour le lui faire enfiler de force, la retenant captive dans mes bras tout en fusillant Alistair et tous les autres hommes du regard. A moi. Pas touché. « On rentre à la maison tout de suite ! » m’écriais-je en voyant leurs regards libidineux, la soulevant pour mieux l’installer sur mon épaule et partir en courant vers ma moto. « Je veux plus que tu l’approches à moins de trois mètres !! »

Thaïs était à moitié hilare. En même temps, c’était de bonne guerre, cela permettait de mettre définitivement cartes sur table et que cet épisode ne soit plus mentionné avec amertume mais bien avec amusement. Ceci dit, connaissant son mari comme elle le connaissait, il devait bouillir de jalousie et de rage, le poussant à ôter son t-shirt pour mieux le lui enfiler sans lui demander son avis. « Tu ne veux pas profiter au moins un peu de la fête ? » demanda-t-elle avant qu’il ne la soulève pour la mettre sur son épaule. « Chéri tu ne crois pas que tu réagis un peu trop… ? C’est mon meilleur ami je te signale, je vais pas coucher avec c’est évident ! » plaisanta-t-elle.

« NA ! » m’écriais-je complétement parano pour le coup et ma jalousie presque maladive ne devait pas en être innocente. Je voulais absolument la tenir éloignée pour pas qu’on me la vole. C’était vital même ! « M’en fou, meilleur ami ou pas, il est hors de question qu’il s’approche de toi à moins de trois mètres quand tu portes simplement une nuisette ! Tous les mecs te reluquaient avec des yeux de pervers… Je te sauve de leurs griffes et après j’irais casser des nez » marmonnais-je en la reposant devant la moto pour mieux l’embrasser avec passion. Si je ne me retenais pas, je serais capable de lui faire l’amour-là, à la vue de tout le monde simplement pour m’assurer qu’elle était à moi.

Thaïs retint un rire face à son non on ne peut plus marqué. En même temps, elle avait un tout petit peu cherché sa jalousie, non ? C’était une façon de lui montrer que lors de son striptease à lui, elle avait diablement vu rouge. « Tu es toujours mon sauveur amour de ma vie, quelle chance j’ai… tu imagines le nombre d’yeux que j’avais envie de crever quand c’est toi qui était sur la scène ? Mais je sais que tu adores cette nuisette en plus… ceci dit on peut faire une rumba quand tu veux, je sais que tu adooores cette danse » le provoqua-t-elle un tantinet avant de lui rendre son baiser avec force, entourant son cou de ses bras, ne s’éloignant qu’une fois sans souffle. « Et toi, tu me reluques avec quels yeux ? »

« La rumba, on va la faire horizontalement » marmonnais-je car je ne pouvais même pas réellement lui en vouloir, ce serait l’hôpital qui se foutrait de la charité mais quand même, cela me faisait rager. « Tu as une manière de me faire retenir les leçons propre à toi hein… Je ne savais pas que ma femme était une adepte de la loi du talion » souriais-je malgré ma jalousie pour mieux l’embrasser à nouveau, l’asseyant sur ma moto sans la quitter une seule seconde. « Je te regarde de la même manière qu’eux sauf que c’est mon amour pour toi qui me fait te désirer diablement plus qu’eux »