(+ Thais) Seven years ago.

« Madame est titrée en prime, une graine de championne » la complimentais-je à ma manière en même temps, pas étonnant que ma mère s’intéresse à elle, elle ne coachait que les meilleurs à se demander pourquoi elle avait toujours refusé de me prendre en charge. J’avais toujours fait un complexe débile par rapport à ma mère et je crois que ce n’était pas près de s’arrêter. « Cela me dérange pas, tu sais, je l’aime bien ma mère »blaguais-je avant d’hausser les épaules. Ce n’était pas tant le bruit qui me déconcentrait. « Il est grand temps de changer alors…Si tu veux, viens assister à un de mes entrainements, il y est souvent, je vous mettrai en contact »

« Tu dois avoir mille fois plus de titres que moi ! » s’exclama-t-elle aussitôt. « Tu danses comme si tu volais on dirait un ange » lâcha-t-elle et dieu sait combien de fois Thaïs l’avait observé en cachette, de peur d’être surprise et prise pour une dégénérée mentale. « Je plaisantais… juste pour te prévenir » avoua-t-elle avant d’hocher vivement la tête. « Vrai ? Bah écoute préviens-moi quand tu t’entraînes et je rapplique dare dare en espérant qu’il m’apprécie » reprit-elle d’un ton ravi avant d’enchaîner avec une chorégraphie légèrement plus… sensuelle. Thaïs tombait la veste en exécutant des pas particulièrement rapprochés et difficiles… mais avec brio. « T’es sûr que je te dérange pas ? »

« Je danse depuis que je sais marcher » haussais-je les épaules, n’étant pas du genre à fanfaronner, rougissant légèrement tout de même à son compliment. « Eh bien, dis-le à ma mère, pour elle, je ne serais jamais assez bon. C’est bien pour ça que lors des galas, je ne danse jamais avec elle, pas envie d’entendre ses critiques à tout bout de champ »soupirais-je mais c’était ça d’être le fils d’une des plus grandes danseuses. « Demain. 18h, au centre sportif, il y a une salle de danse, j’y serais avec Candice, ma partenaire » lui dis-je aussitôt avant de me masser la nuque. « Si tu continues comme ça, c’est pas le même genre de danse que je risque de pratiquer… Définitivement, j’arriverai pas à me concentrer avec toi dans les parages » lâchais-je avec un sourire amusé.

Thaïs éclata de rire. « C’est normal qu’elle te fasse pas de compliment, souvent elle parle pas comme si tu étais son fils mais bien un danseur professionnel. Elle me rabroue pas mal aussi… mais t’es le meilleur quand même, faut juste que tu en aies conscience » avoua-t-elle en toute sincérité, lui offrant une œillade des plus attendrissantes la seconde qui suivit. « Noté ! J’y serai, tu peux compter sur moi » lui promit-elle avant de cesser brusquement de danser. « Par contre heu… tu parles de quel type de danse ? » fit-elle le plus innocemment du monde en se rapprochant de lui, le regard chargé d’incompréhension.

« Des fois, j’aimerai simplement profiter d’une danse avec elle » soupirais-je car c’était ma mère que je voulais et non la juge internationale mais on a pas toujours ce que l’on désire dans la vie. Par contre, non, c’était impossible. Elle ne pouvait pas être aussi innocente à moins d’être vierge. « Rassure-moi, tu l’as déjà hein ? » fronçais-je les sourcils avant de l’attirer à moi non sans lui sourire. « Danse horizontale, qui se pratique à deux bien souvent dans un lit… je suis, je suis ?? » prononçais-je ma question tel un célèbre animateur de jeu d’une chaine française.

« Pourquoi tu ne lui demandes pas tout simplement ? » Pour Thaïs, cela paraissait simple mais à sa décharge elle ne connaissait pas Anita Weyss aussi bien que Caleb pouvait la connaître. Puis de toute manière, la discussion dévia bientôt sur tout à fait autre chose et fatalement, elle rougit. « Désolée je suis ridiculement innocente quand je m’y mets… bien sûr que je l’ai déjà fait, j’aurais dû y penser » secoua-t-elle la tête non sans s’approcher. « Et ce serait grave que tu en aies envie ? »

« Par peur de la réponse » bottais-je en touche n’ayant visiblement pas envie de coucher sur le sujet car c’était en quelque sorte, un des nombreux sujets tabous chez moi. J’adorais ma mère mais des fois, la danseuse me fatiguait. « Non ce ne serait pas grave mais ça fait très longtemps que je n’ai pas partagé ce genre d’intimité avec une femme comme tu t’en doutes » lui expliquais-je faisant ici référence à l’homme qu’elle avait aperçu il y a peu. « J’aime ton innocence, cela me fait du bien »

Thaïs esquissa une petite moue, comprenant sa réticence pour la simple et bonne raison qu’elle aurait sûrement la même à sa place. « Je ne sais pas très bien comment je dois prendre la chose… enfin je veux dire réagir plutôt. Tu es assez dur à déchiffrer » avoua-t-elle en s’arrêtant net, n’osant pas faire un pas supplémentaire de peur qu’il ne la repousse, même gentiment. « Tant mieux si tu l’aimes même si moi je la trouve parfois un peu inconfortable… » dût-elle admettre en rougissant, finissant finalement par ôter ses chaussures, jugeant l’entraînement terminé pour aujourd’hui, tournant quelques minutes le dos à Caleb.

Tu m’étonnes que je n’étais pas simple à déchiffrer, je m’étais enfermé derrière une muraille semblable à celle de Chine. Pourtant pour Jennelynn, j’essayais de faire l’effort de l’abaisser de sorte de la laisser entrer mais ce n’était pas une chose évidente à faire. « Je ressens vraiment du désir pour toi Jen’ »soufflais-je en me calant contre son dos, l’entourant de mes bras. « J’aimerai juste que nous prenions le temps tous les deux. Rien ne presse même si pour le coup, je risque d’avoir du mal à me concentrer avec toi dans les parages »plaisantais-je.

Thaïs ne lui en voulait pas, mais ce n’était pas une situation évidente pour elle non plus. Cela risquait vite de devenir fatiguant et blessant à la longue s’il s’amusait à faire du yoyo, un pas en avant et dix en arrière. Elle poussa donc un petit soupir d’aise lorsqu’il se cala contre elle, dans son dos, sans savoir quoi faire d’autre que de caresser doucement ses bras du bout de ses doigts. « Je n’ai pas dit que ça pressait, c’est toi qui en parlé, non ? Je ne sais pas quoi te dire, je ne sais pas vraiment quoi faire pour te mettre à l’aise… tu veux que j’aille dormir à la Cabot le temps que tu t’y fasses ? »