(+ Thais) Seven years ago.

Décidément, Wilhelmina n’apprendrait jamais à se tenir en public mais la brune prenait tout cela à la rigolade ce qui me permit de me détendre légèrement. « Oui, c’est tout ça de pris » rétorquais-je avant de froncer les sourcils. Pour le coup, là j’étais contrarié. « Mouais, si t’aime les coups foireux… Ce type ne vaut pas un clou au pieu… Tu vaux mieux que lui »haussais-je les épaules avant de la laisser se changer tranquillement, attendant dans le couloir. Lorsqu’elle sortit, je lâchais un sifflement admiratif. « Je crois qu’avec cette robe, tu risques d’avoir plus d’un ticket. Besoin d’un garde du corps ? »

« Les coups foireux ? Pourquoi tu as eu des échos ? » demanda-t-elle le plus innocemment du monde, littéralement intéressée. A vrai dire, Thaïs faisait un petit complexe d’infériorité et aurait donné n’importe quoi pour qu’on lui donne un peu de tendresse. Mais il valait mieux ne pas essayer le filon Caleb : il ne voulait appartenir à personne ! « Vrai, elle me va bien ? Heu… mais tu vas pas me protéger toute la soirée, t’as peut-être tes amis et tout… je vais me débrouiller puis tu sais si ça se trouve ça va avoir aucun effet ! »

« Bah le monde est petit à Harvard alors c’est rapide de savoir qui couche avec qui et surtout les personnes à éviter… Si tu veux une encyclopédie des bons coups, je te conseille d’appeler Mina, elle en connait un rayon » plaisantais-je avant de la laisser se changer. « Et si j’ai envie de rester avec toi ? » lui demandais-je plus tard, un charmant sourire aux lèvres. « Jennelynn, tu es très attirante dans cette robe et ton innocence n’aide pas à la chose. Les hommes vont fondre sur toi à la seconde mais si tu veux te débarrasser de moi, dis-le hein » la taquinais-je.

« Tu me donnerais son numéro ? » demanda-t-elle sans quitter une seconde son innocence, véritablement désireuse de savoir qui fréquenter et qui éviter. Thaïs n’y pouvait rien, sa solitude lui pesait depuis bien trop longtemps. « NON ! » s’exclama-t-elle pour lui faire comprendre qu’elle ne voulait surtout pas se débarrasser de lui. « Non bien sûr que non… j’adore ta présence t’es quelqu’un de génial mais… j’ai pas envie que tu m’envoies paître alors que tu as dis tout à l’heure que tu appartenais à personne, tout ça. Tu vois ? Ceci dit franchement, ça m’étonnerait que tout le monde se bouscule, tu dis des bêtises ! »

« Bien sûr »haussais-je les épaules tout en songeant qu’il me fallait briefer Mina pour qu’elle ne l’entraine pas dans ses combines sordides dont elle pouvait avoir le secret. Je fus néanmoins surpris quand elle lâcha un grand « NON ». Aussitôt, je la regardais avec un air intéressé, n’hésitant pas une seule seconde à me rapprocher d’elle. « J’ai mes raisons de vouloir garder certaines distances mais ça ne fait pas de moi un être inaccessible… Quant à tes chances de succès, voyons-voir »murmurais-je avant d’attraper sa main pour la ramener à la fiesta où je la laissais seule, l’observant et l’encourageant dans un coin. Un certain nombre de regards masculins convergèrent aussitôt vers elle.

« C’est adorable de ta part ! » fit-elle le regard pétillant, manifestement ravie, comme s’il venait lui offrir le cadeau du siècle. Ça ne l’empêchait pas de refuser qu’il s’éloigne, cependant… « Oh je n’ai jamais dit que tu n’avais pas tes raisons mais pour moi si, tu es quand même inaccessible » lui fit-elle remarquer avec une douceur extraordinaire pour mieux jouer le jeu de son test, sentant de nombreux regards masculins converger vers elle, et même certains de rapprocher physiquement au point de la coller littéralement. L’un d’eux eut même les mains baladeuses, celles-ci descendant contre ses reins puis son fessier musclé même si elle les faisait remonter à chaque fois.

« Si tu le dis… » soufflais-je. Je n’étais pas inaccessible. Je ne supportais tout simplement pas l’intimité avec les autres. C’était plus fort que moi, j’avais l’impression d’étouffer et dans ces moments-là, mes réactions étaient plus que violentes que ce soit verbalement ou physiquement. Le pire, c’est que j’en souffrais, crevant de solitude avec l’impression de subir une double punition : celle d’avoir été souillé et en prime, d’être condamné à errer seul. Je laissais donc la jeune femme comprendre qu’elle était désirable, n’intervenant pas le moins du monde tant qu’elle ne m’en ferait pas signe. Bien sûr, cela m’agaçait de voir ces mains baladeuses mais après tout, c’était ce qu’elle voulait, être courtisée non ?!

« Ce n’est pas une critique hein ! Tu as tes raisons et je le respecte » fit-elle remarquer avec douceur non sans oser lui caresser la joue une seconde à peine et ce du bout des doigts, pour mieux expérimenter le fait d’être courtisée… hélas, la façon graveleuse qu’avaient les étudiants de le faire la fit littéralement fuir, s’écartant brusquement du jeune homme avec qui elle dansait pour retrouver Caleb. « Je crois qu’on a pas la même perception des choses… tu m’en voudrais beaucoup si je m’éclipsais avant d’être prise pour un plan d’une nuit ?! »

Un léger sourire trôna sur mes lèvres quand je la vis revenir vers moi. « Tu croyais vraiment que tu allais trouver le prince charmant ici ? »lui demandais-je. Dans ce genre de soirée, il était rare que des couples survivent à la nuit. « Je veux bien ne pas t’en vouloir mais à une condition : je viens avec toi » répondis-je car il était tard et je ne voulais pas qu’il lui arrive une bricole. C’était une excuse comme une autre pour éviter de penser que la véritable raison était que je désirais tout simplement passer du temps auprès d’elle.

« Je suis trop naïve hein ? » avoua-t-elle en esquissant une large moue déçue pour mieux hausser les épaules. Nouvel échec à rajouter à sa liste ! Mais au moins, Caleb venait de lui arracher un franc sourire. « J’abdique, allez viens ! » lui fit-elle signe de la suivre sans même le toucher. Thaïs n’osait pas de peur de se prendre une gigantesque porte en pleine tronche. Mais dès qu’ils furent dehors, elle ne put s’empêcher de reprendre la parole : « c’est dommage tu m’as même pas donné ma danse ! Je veux bien te pardonner si tu me jures que ma présence ne te dérange pas. »