(+ Thais) Seven years ago.

J’aurais aimé lui expliquer les raisons de mon comportement mais les mots restèrent coincés dans ma gorge alors que je la voyais s’éloigner de moi, à raison. Je l’avais blessé et j’ignorais quoi faire pour rattraper ma bévue si ce n’est entrer dans la douche, me tenant néanmoins assez éloigné de la cabine. « Dis-moi quoi faire pour me faire pardonner ? Je t’ai présenté mes excuses, j’ai fait amande honorable mais cela ne fonctionne pas. Ecoute, je te laisse tranquille et dans la soirée, nous pourrions nous retrouver pour aller au restaurant ? »

Thaïs ne savait pas comment réagir et pour cause, c’était la toute première fois qu’on lui faisait une crise de jalousie ou qu’on l’accusait d’aller voir ailleurs. Ce sentiment était odieux et elle rêverait d’oublier cette scène mais son cerveau matraquait cette même idée jusqu’à ce que la voix de Caleb ne s’élève dans l’atmosphère. A ses paroles, Thaïs se rua dans ses bras, sortant nue et trempée de la douche dont elle venait de couper l’eau. Elle se serra contre lui comme si sa vie en dépendait, bien que ses larmes s’écoulaient désormais contre ses joues. « Ne me laisse pas je t’en prie je t’assure que je m’en fous de mon partenaire… ! » s’exclama-t-elle car là était le cœur du problème. « Je ne suis pas en colère contre toi… je n’arrive pas à l’être… mais l’idée du restaurant est merveilleuse » murmura-t-elle sans pour autant se détacher.

Je m’apprêtais à quitter le vestiaire des femmes quand elle sortit de sa cabine, en trombe pour venir me serrer dans ses bras, me trempant au passage. Cela ne m’empêcha pas de refermer mes bras sur son corps nu, la berçant contre mon torse. « Je n’ai pas l’intention de te quitter, s’il te plait ne pleure pas, cela me brise le cœur quand tu pleures »murmurais-je en essuyant ses larmes avec tendresse. « Va pour le restaurant, je te ferais oublier que je suis un crétin jaloux mais je n’ai jamais osé penser que tu étais une Marie couche toi-là, je tiens à le préciser »

« Désolée, en général c’est mon réflexe quand j’ai un coup de stress… » avoua-t-elle en s’essuyant à son tour les joues, légèrement honteuse de s’être autant « donnée en spectacle » mais d’un autre côté elle n’avait décemment pu se retenir. L’impression de le perdre lui était diablement insupportable. « Je suis sûre qu’on va passer une très bonne soirée… et j’espère que je ne ferai jamais rien qui puisse te faire penser une chose pareille ! Tu veux bien… me donner la serviette qui est là ? Je me sens un peu trop nue… »

« Il ne faut pas te mettre dans ce état chaton » murmurais-je tout en lui caressant brièvement les cheveux, déposant de légers baiser sur son front. « Le jour où je penserai cela de toi, je crois que je serais bon à interner » blaguais-je avant de lui tendre à regret la serviette. « Cela me dérange pas que tu sois nue mais je dois filer, ce soir, tiens-toi prête devant le manoir, je te ferais livrer une robe » lui dis-je sur un ton énigmatique. Il me fallait y aller sans quoi j’allais être en retard à mon rendez-vous hebdomadaire chez ma psy.

« Si tu le dis que ça te dérange pas ! » Thaïs demeura un peu interdite en le regardant filer, pour mieux se sécher et attendre la fameuse livraison de robe. Celle-ci était magnifique, il n’y avait aucun doute là-dessus et autant dire qu’elle ne se fit pas prier pour l’enfiler mais sans savoir pourquoi, la jolie irlandaise attendit ensuite devant le Manoir avec une large appréhension. Elle ne savait pas comment Caleb allait arriver, quand il allait arriver exactement et elle faisait donc les cent pas dans sa sublime robe, le cœur battant. Si cela continuait, elle risquait de se taper une monumentale crise de tétanie.

Un véritable marathon, voilà comment je pouvais résumer les dernières heures me séparant de mes retrouvailles avec Jennelynn. Il me tardait de voir sa réaction tandis que j’approchais sur mon cheval. Cela faisait longtemps que je n’avais pas monté mais pour elle, je voulais bien faire un effort. « Tu es encore plus magnifique que je l’imaginais en choisissant la robe dans le book de Mina »murmurais-je tandis que je m’approchais d’elle pour lui tendre la main. « Prends ma main » lui demandais-je avant de la faire grimper en amazone sur la selle. « J’espère que tu aimes les surprises »lui demandais-je dans mon plus beau costume.

Quelle ne fut pas la surprise de Thaïs en voyant Caleb débarquer à cheval pour mieux lui tendre la main, qu’elle accepta bien évidemment. Elle n’avait pu faire de l’équitation qu’une fois dans sa vie mais elle se souvenait qu’il s’agissait d’une merveilleuse expérience. « C’est Mina qui l’a faite ? Elle est magnifique, merci beaucoup » fit-elle en lui embrassant doucement le coup histoire d’appuyer ses paroles à l’aide d’un geste. « J’adore les surprises et je sens que je ne suis pas au bout de mes peines ! »

« Oui, je voulais quelque chose d’unique alors elle a retravaillé un de ses modèles et me fait te dire, qu’elle te l’offre bien volontiers et que si jamais, un jour, tu as envie de faire un plan à trois, elle sera pas contre de te présenter à un copain » grognais-je car mon amie avait le don pour tout ramener au sexe. « Tu m’excuseras mais j’ai décliné pour toi hein »lui souriais-je tandis que je lançais le cheval dans un petit galop histoire de rejoindre une dépendance près d’un lac appartenant à ma famille. Mon refuge personnel. « Tu aimes les fruits de mer ? »m’inquiétais-je soudainement.

Thaïs éclata singulièrement de rire jusqu’à en toussoter légèrement. « C’est très flatteur qu’elle me considère suffisamment jolie pour me proposer un tel truc mais je ne suis pas partageuse de nature alors tu as bien fait de refuser » répondit-elle en toute sincérité même si Mina l’amusait. Il n’y en avait pas deux comme elle, c’était une certitude certaine ! Mais la blondinette oublia rapidement la chose en s’accrochant au-delà des mots à Caleb, cheveux au vent alors qu’il lançait son cheval au galop jusqu’à un endroit… splendide. « C’est… paradisiaque ici ! Et oui j’adore les fruits de mer pourquoi ? »