(+ Thais) Seven years ago.

« C’est pas un défaut d’être naïve. Ça a même son charme »tentais-je d’amoindrir sa déception. Personnellement, je la trouvais véritablement craquante si bien que je n’hésitais pas une seule seconde à lui proposer de l’accompagner dans sa virée. « La soirée n’est pas encore fini, on peut encore danser Jen’ » soufflais-je avant de l’attirer à moi, pour mieux plonger mon regard dans le sien. « Sache que je ne fais jamais rien que je ne désire » murmurais-je avant de la relâcher. Fait étrange, je ne me sentais pas mal lorsque je la touchais…

« Son charme ?! On ne me l’avait jamais sortie celle-là ! » plaisanta-t-elle pour cacher son malaise et sa déception car Thaïs était fatiguée d’être ainsi. On la trouvait jolie cinq minutes pour mieux la lâcher à la sixième… cela devenait atrocement frustrant à la longue ! « Vrai, ta mère n’est pas au manoir, tu as bien une chaîne hi-fi qui tienne si tu veux qu’on fasse une fin de soirée improvisée ! » proposa-t-elle avant de frissonner et de rougir violemment lorsqu’il l’attira à lui. Pour le coup, elle fut plus troublée que jamais et même limite bégayante à cause du charisme se dégageant de lui. « C’est… c’est… c’est… c’est bon à savoir ! » déglutit-elle avec extrêmement de difficulté pour mieux tenter de marcher à côté de lui. « Ma moto est garée là ! Tu veux que je nous ramène ? »

« Tu n’as pas l’air de faire affaire avec les hommes très souvent, je me trompe ? » lui demandais-je tout de même surpris car cette femme était belle et en prime, possédait de la conversation. « Tu vois, il y a toujours une solution à tout donc je tiendrais parole concernant cette fameuse danse » la taquinais-je avant de l’attirer à moi pour répondre à sa question suivante, la trouvant véritable trop craquante. « ça marche. Je ne sais pas pourquoi, je te voyais pas en moto mais j’ai l’impression que tu caches pas mal de trésors non ? » plaisantais-je tout en la suivant.

« Ben je dois pas leur plaire, qu’est-ce que tu veux que je te dise ! Je suis pas douée, faut croire » haussa-t-elle les épaules comme si cela n’avait pas d’importance mais pour quelqu’un d’aussi tactile et avenant que Thaïs, cela en avait au contraire énormément. « Solution à tout hein… tu es le sauveur de ma danse de la soirée et moi, je suis peut-être un peu surprenante ! » fit-elle en lui tendant un casque, accrochant le sien tout en cachant ainsi ses rougissements et l’incita à prendre place sur une magnifique bécane sportive toute customisée par ses soins. Et le moins que l’on puisse dire… c’est qu’elle géra la conduite à merveille jusqu’au manoir Weyss.

« Ils sont peut-être trop timide pour te le montrer » haussais-je les épaules. Je n’avais pas la science infuse en matière de relations sociales, c’était même tout le contraire. Je ne touchais pas une bille. « Ouep solution à tout et tu es très surprenante dans ton genre miss » lui souriais-je avant d’enfiler le casque et de me laisser conduire jusqu’au manoir. Elle conduisait vraiment bien, la conduite était sportive mais fluide comme je l’aimais. « Avoue que tu pilotes plus que tu ne conduis »lui demandais-je à peine le casqué enlevé tout en marchant à reculons vers le manoir désert à cette heure-là.

« Pas faute d’essayer d’aller souvent vers eux mais je me prends toujours des vents » avoua-t-elle avant de se lancer corps et âme dans la deuxième chose qu’elle aimait le plus au monde : la conduite. Thaïs aurait pu piloter sa belle toute la nuit durant mais hélas, le manoir était bien plus proche qu’il n’y paraissait. « Je faisais des courses avant » avoua-t-elle en enlevant son casque, secouant sa longue chevelure d’un noir de geai, l’ébouriffant légèrement au passage. « Si je pouvais parcourir le monde cheveux au vent sur ma belle, je le ferai. Rien d’autre comme bruit que son ronronnement et une route à perte de vue… j’achète direct. » L’irlandaise lui lança un sourire radieux avant de rentrer et d’ôter son manteau.

« Pourquoi as-tu arrêté ? »lui demandais-je, vieux réflexe que j’avais, de toujours vouloir tout savoir, tout comprendre. Dès fois, je me disais que j’avais du rater ma vocation mais comme on dit, il n’est jamais trop tard pour changer de route. « Tu sais, rien ne te retiens, tu pourrais réaliser ton rêve » embrayais-je dessus tout en ôtant également mon manteau et mes chaussures. « J’aime pas ce manoir » me confiais-je subitement pour je ne sais quelle raison. « Il est toujours affreusement vide et synonyme de trop de choses » marmonnais-je. Solitude, dépression, cauchemar, la liste était longue.

« J’ai quitté l’Irlande » avoua-t-elle même si cela pouvait ne rien avoir à voir aux yeux de Caleb, c’était lourd de sens pour Thaïs. Loin d’elle cependant l’envie de s’appesantir là-dessus. « Oh si, il y a des tonnes de choses qui me retiennent au contraire » ajouta-t-elle en haussant les épaules, signe qu’elle acceptait cette fatalité pour mieux s’emparer du poignet de Caleb, allumant des tonnes de lumières ainsi que la musique. « Rien ne nous empêche de le combler, allez, moove ton body chou ! » s’exclama-t-elle en commençant à se déhancher joyeusement, tantôt de manière sexy, tantôt de manière fofolle, un savant mélange dont la blondinette avait le secret.

Cette femme était un véritable mystère et malgré moi, j’avais envie de le percer, de voir ce qui se cachait derrière cette tignasse brune et ses yeux bleus. Oui, je voulais la découvrir comme un but inévitable et inavouable. Je ressentais ce besoin dans mes triples, ce qui avait le don de me décontenancer. « Je vois que tu sais te déhancher » plaisantais-je avant de l’attraper par le poignet pour la ramener contre mon torse. « Tu m’as demandé une danse non ? Ce n’est pas en dansant à trois kilomètres de moi que je vais pouvoir te l’offrir » murmurais-je sur un ton séducteur avant de commencer à me déhancher avec elle, ne la quittant pas du regard.

Caleb également la décontenançait au-delà des mots. A peine venait-il de se saisir de son poignet que déjà Thaïs se calquait sur son rythme et ses pas, comme si elle le laissait la guider les yeux fermés de façon somme toute naturelle. Et d’ailleurs, elle se permit de clore ses yeux quelques instants, la musique l’emportant alors qu’un sourire franc et radieux prenait place sur ses yeux de porcelaine. « Vrai qu’à trois kilomètres ce sera chaud ne serait-ce que pour entendre la musique ! » plaisanta-t-elle de bon cœur mais dès lors qu’elle ouvrit les yeux, ses rougissements la reprirent et son sourire diminua légèrement. « C’est un peu troublant la façon dont tu me regardes… »