(+ Thais) Seven years ago.

« J’avais cru comprendre que tu étais aussi partageuse que moi sur ce plan-là » lui souriais-je démontrant ainsi que j’avais retenu la leçon de cet après-midi. Il me tardait néanmoins de lui montrer mon refuge, véritable maison à la campagne se trouvant au bord du lac. J’avais bon espoir un jour, d’en faire véritablement une demeure à temps plein et travaillait sur un projet immobilier même si je n’étais pas le plus instruit dans ce domaine. « Je suis heureux que cela te plaise, cela fait des années que mes parents me l’ont légué et que je la transforme selon mes envies et besoins. Tu es la première femme que j’amène ici… pour ma question, c’est parce que je nous ai fait livrer tout un plateau pour dîner au bord du lac sur la petite terrasse »avouais-je en rougissant légèrement.

La fameuse "maison"

« Qui sait, je suis peut-être même pire… » laissa-t-elle planer le doute car Thaïs n’avait simplement pas eu d’occasion d’exprimer sa jalousie, voilà tout. Mais cela ne signifiait pas pour autant qu’elle ne ressentait pas cette dernière dès qu’une femme avait le malheur d’approcher Caleb… « Je suis la première ? » fit-elle, bouche bée, avant d’entourer son cou pour l’embrasser tendrement. Vraiment, elle était flattée et pour le coup, elle sautilla en s’approchant de la maison, tournant sur elle-même tant elle adorait la nature… et cette maison. « Ça me rappelle l’Irlande. Je restais des heures perchée dans un arbre, un bouquin à la main. Tu dois avoir envie de vivre ici, non ? Moi à ta place, je me priverais pas j’avoue ! Tu me fais visiter ? »

« Oui, je n’ai jamais ressenti l’envie d’amener quelqu’un avant aujourd’hui. En somme, j’ai envie que pour une fois, ma tanière de solitaire laisse entrer un peu de vie et d’amour » murmurais-je un peu gêné d’être aussi romantique en sa présence même si son baiser me combla au plus haut point. J’étais tout de même heureux qu’elle apprécie cet endroit. Je l’adorais réellement et qui sait, nous pourrions un jour y abriter notre amour. Je savais bien que je mettais la charrue avant les bœufs mais j’aimais réellement Jennelynn et je voulais songer à un avenir radieux avec elle. « Cette maison est trop grande pour moi seul »bottais-je en touche avant de lui faire visiter les divers pièces et recoin de ma maison. « J’ai fait la décoration et les travaux moi-même. Je me défends bien en bricolage, j’ai toujours aimé ça… La seule chose que je ne sais pas faire, c’est bien les gros travaux où j’aurais besoin d’un architecte pour les plans »

« Tu sais que tu es adorable quand tu es romantique ? On dirait un ourson en guimauve et on en mangerait ! » avoua-t-elle pour mieux embrasser sa joue, cherchant à lui faire comprendre qu’il n’avait aucune raison d’être gênée devant elle : Thaïs ne se moquerait jamais de son côté romantique, ou câlin, ou même de ses démons. Elle respectait tout ce qu’il lui offrait, le bon comme le mauvais. « Bah un jour tu peux y abriter ta famille ! A moins que t’aies pas envie d’avoir des enfants plus tard… » rougit-elle en se traitant d’idiote d’envoyer un tel message subliminal : il allait baliser maintenant, bravo Thaïs ! « Cette maison est encore plus magnifique à l’intérieur… franchement tu devrais faire appel à un architecte, ça serait encore plus ton petit cocon m’est avis ! »

« Si tu aimes ça, autant ne pas m’en priver » rétorquais-je non sans l’embrasser une nouvelle fois, plus longuement en la serrant dans mes bras. « Non, j’ai envie d’enfants, j’aimerai bien en avoir deux ou trois, un peu comme mes parents et toi ? » lui demandais-je même si cette conversation était surréaliste. Pas désagréable juste surréaliste. Nous n’avions que dix-huit et dix-neuf et pourtant, nous étions presque en train de planifier tout notre avenir commun, du moins c’est ainsi que je le ressentais. « Qui, sait, peut-être qu’un jour, je l’agrandirais pour y faire tenir une famille… ma famille » terminais-je par répondre sans la quitter du regard. J’ignorais que quelques années plus tard, ce même refuge serait laissé à l’abandon faute de cœur brisé.

« J’aime pas, j’adore tu veux dire ! » fit-elle en accueillant son baiser non sans une grande tendresse. « Moi ? J’adorerais une grande famille. Genre ouais au moins trois petits bouts qui courent et qui rient ! Je n’ai plus personne alors forcément, c’est mon rêve ! » avoua-t-elle sans aller jusqu’à rentrer dans les détails à ce sujet. Il ne valait mieux pas. Thaïs était comblée par cette discussion d’ailleurs, comme si elle espérait qu’en lui rendant son regard il comprenne que rien ne la comblerait plus que de lui offrir cette fameuse famille. « Je te le souhaite de tout mon cœur… » botta-t-elle maladroitement en touche.

« Viens, suis-moi »lui dis-je subitement en la prenant par la main pour mieux courir vers le centre de la maison, passant sur le pont en bois pour m’approcher du grand arbre. Je sortis mon couteau suisse pour commencer à graver l’écorce de mon initiale. « A ton tour » lui demandais-je en quelque sorte de terminer de marquer ce refuge comme le nôtre. C’était idiot mais c’était ma façon à moi de lui dire que je l’aimais pour toute une vie. « Un jour, nos enfants se tiendront ici avec nous » murmurais-je tandis que je l’enlaçais dans son dos.

Caleb venait de s’emparer de sa main pour mieux courir vers un grand arbre, à la plus grande surprise de Thaïs. Elle le regarda graver l’initiale de son prénom avant de lui tendre le couteau, l’incitant à faire de même. Elle marqua un « J » ressemblant presque à un T avant d’entourer leurs deux initiales dans un gigantesque cœur. « Nos enfants ? » demanda-t-elle avec une grande émotion, le cœur battant, alors qu’il se glissait dans son dos pour mieux l’enlacer. Elle s’empara de l’une de ses mains pour l’embrasser, avant de se retourner pour se blottir contre lui comme si sa vie en dépendait. « Si tu savais comme j’ai espéré que tu me dises ça un jour… »

« Oui, j’ai envie que plus tard, toi et moi, fondions une famille. Je sais que l’on vient juste de se mettre ensemble mais je parle dans un avenir proche ou lointain » bafouillais-je comme un crétin car sûrement allait-elle me prendre pour un psychopathe ou un meurt de faim mais à ma plus grande surprise, elle se retourna dans mes bras pour mieux se blottir tout contre moi. « C’est vrai ? Cela ne te fait pas baliser que je te poursuive de mes rêves de futur avec toi ? » lui demandais-je avec une pointe d’espoir au fond de la voix.

« Me faire baliser ? Tu plaisantes ! » avoua-t-elle en riant tendrement pour mieux lier ses lèvres aux siennes, afin qu’il comprenne combien Thaïs était sincère. « On a gravé nos initiales dans l’arbre, non ? Moi aussi j’ai envie de faire naître un jour ce rêve à la réalité… tu as illuminé ma vie Caleb, et ce n’est pas près de s’achever, j’en suis diablement certaine ! »