(+ Thais) Seven years ago.

« Je ne voyais pas grand monde ces derniers temps » confessais-je, trop perdu dans mes sentiments pour accorder réellement mon attention à quelqu’un en dehors de mon cercle privé. « Non…J’aimerai que tu restes près de moi cette nuit, s’il te plait » murmurais-je en caressant sa joue. C’était la première fois que je montrais si faible voire fragile devant quelqu’un. D’ordinaire, je camouflais mes émotions, essayant même de les oublier mais avec elle, je n’y arrivais pas ou plus. C’était à l’appréciation de chacun. « Je crois qu’il n’y a aucune raison de me remercier non plus. Tu viens de récolter d’un boulet dans ta vie, fais gaffe, quand je me donne, c’est pour la vie » la taquinais-je avant de la serrer dans mes bras.

« Tu n’es pas un boulet du tout et s’il faut te le prouver, compte sur moi pour le faire ! » lui murmura-t-elle en embrassant doucement son front pour mieux le serrer contre elle, le berçant en espérant qu’il n’ait pas de nouveau cauchemar. Une sorte de quotidien s’était ensuite glissé entre eux, mais Thaïs n’en n’était pas fâchée car dieu sait combien elle avait besoin de stabilité. Elle n’osait pas encore trop s’imposer dans le lit de Caleb, mais ce n’était pas le seul problème auquel ils allaient devoir faire face. « Okay… donc pour le final de la rumba, il faudrait que tes mains se glissent de ma chute de reins pendant que j’effectuerais le mouvement sensuel, tu visualises ? » fit-elle à son nouveau partenaire avec qui elle s’entendait très bien sauf qu’elle n’avait pas imaginé que pour l’esquisse du fameux enchaînement, il irait jusqu’à lui mettre une main sur le séant !

Cela faisait plus d’une heure que je trainais avec Nicolaï dans les rues de Cambridge quand il m’informa qu’il n’avait plus besoin de venir aussi souvent. Au départ, j’avais été blessé, vivant son départ comme un rejet, un abandon mais très vite il m’expliqua que désormais, il y a une charmante demoiselle dans ma vie et que je devais apprendre à couper le cordon, à vivre à nouveau et non à me terrer près de lui. Cela m’ennuyait autant que cela m’effrayait mais il avait raison, Jen’ méritait pleinement que je m’occupe d’elle, que je vive réellement notre relation. C’est d’ailleurs pour cette raison que je me décidais à aller la chercher à son entrainement. Il aurait peut-être mieux fallu que je m’abstienne. « Je vois que la chorégraphie est chargée en sensualité. Vous avez l’intention de coucher ensemble aussi histoire de renforcer le tout ? »marmonnais-je tout en fusillant le mec du regard.

La voix de Caleb avait enchanté Thaïs pendant… deux secondes avant de lui faire froncer les sourcils. « On continuera demain je crois que c’est mieux » lui fit-elle signe de s’éclipser avant qu’il n’y ait un bain de sang dans la salle de danse. Ce n’est qu’ensuite qu’elle s’approcha, le visage marqué par la colère. « Tu peux me traduire s’il te plaît ? Non parce que quitte à me faire passer pour une vulgaire Marie couche-toi là, autant que tu appelles un chat un chat ! » s’emporta-t-elle sans décroiser ses bras, n’ayant pas l’impression d’être en faute. « C’est mon partenaire de danse, c’est tout, et il ne se passe rien. Tu devrais savoir faire la différence, après tout tu as une partenaire qui est différente de moi et je ne te l’envoie pas dans les gencives ! »

Oui j’étais jaloux mais quel homme normalement constitué prendrait bien le fait de voir un autre homme lui foutre la main au cul ?! « Tu vas me reprocher peut-être ce que j’ai vu ? Non parce que je danse peut-être avec une autre femme mais je lui mets pas la main au cul maintenant si ce genre de chorégraphie te plait, dis le moi, je pourrais pourquoi pas faire de même. Tiens, tu as raison, c’est une excellente idée, je vais rajouter un bon pelotage en règle pour notre rumba » rétorquais-je en croisant les bras. Elle allait rapidement comprendre que j’étais foutrement possessif et jaloux.

Thaïs soupira. « Je n’ai pas dit que j’ai aimé je lui avais précisé sur ma chute de reins, pas sur mon cul si tu veux tout savoir ! » répliqua-t-elle, ne s’estimant toujours pas en tort mais n’aimant décidément pas la tournure de la conversation. Et dire qu’elle était contente de le voir au départ ! « Mais oui, bien sûr, va peloter la première venue, fais-toi plaisir puisque tu trouves ça intelligent ! » coupa-t-elle court en se dirigeant vers ses affaires pour s’essuyer la sueur de son visage et quitter ses chaussures de danse.

« Oh arrête, tu sais très bien que je le ferais pas et jusqu’à preuve du contraire, j’ai envie de le massacrer lui et non toi. Je suis un homme jaloux il faudra t’y faire sinon, autant qu’on arrête là maintenant » attaquais-je tandis que je sentais venir le mal de crâne. Il fallait toujours que je gâche tout mais j’avais beau être en tort pour la scène, je n’allais quand même pas applaudir le fait qu’elle s’était fait peloter. « Cela t’aurait peut-être fait plaisir si tu m’avais surpris de la même manière ? »grommelais-je.

« Et bien je suis pas dans ta tête figure-toi, je sais pas qui t’as envie de massacrer ou pas, merde à la fin ! Et puis menace-moi de rompre, évidemment, encore mieux ! » soupira-t-elle une nouvelle fois pour mieux balancer sa serviette. « Non ça ne m’aurait pas plus je suis quelqu’un de jalouse mais je ne t’aurais pas menacée de rompre et encore moins accusé de coucher avec elle devant ta partenaire ! » C’est sûrement ça qui lui avait fait le plus mal. Thaïs ne couchait pas à tort et à travers, loin s’en faut. « Combien de fois il faut que je te répète que je n’aime que toi et que je ne vois que toi ? Je n’ose pas me proposer comme ta partenaire parce que je ne suis pas assez bonne mais c’est pas l’envie qui m’en manque parce qu’au moins, ça ferait moins mal ! »

« J’ai eu une réaction conne, je l’admets mais t’es la meilleure chose qui me soit arrivée dans ma chienne de vie alors j’ai eu une putain de réaction épidermique en le voyant sa main sur tes fesses. Je suis un sanguin, j’essaie de me calmer mais c’est un de mes pires défauts »soupirais-je tout en l’approchant, déposant mes mains sur ses hanches pour mieux la ramener vers moi. « Je t’aime aussi Jen’ et je suis désolé pour cette scène. Je ne voulais pas te blesser…C’est tout nouveau encore pour moi » ajoutais-je avant de déposer un baiser sur ses lèvres. « Ce n’est que de la danse petit cœur »

« Mais j’ai pas l’intention de partir ou de te poignarder Caleb, je n’ai aucune raison de faire ça à moins de vouloir me poignarder moi-même et je ne suis pas maso ! » lui fit-elle remarquer alors qu’il ramenait Thaïs contre lui, qui avait hélas bien du mal à se dérider pour le coup. « Parce que tu crois que je suis habituée ? Je n’ai jamais été en couple de ma vie et je n’avais rien fait avec un homme depuis plus de trois ans ! Je ne suis pas une Marie couche-toi là et ce n’est pas que de la danse si ça doit te mettre dans des états pareils… je vais aller prendre une douche, histoire de me calmer les nerfs » avoua-t-elle en soupirant pour mieux quitter la pièce. Oui, il l’avait blessée. Mais surtout, Thaïs ne savait plus quoi faire pour qu’il lui fasse réellement confiance, tant et si bien qu’elle laissa l’eau couler contre elle en fermant les yeux et en respirant profondément.