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Les bulles que Joan se mit à faire sous l’eau éclatèrent au visage de la Lowell lui laissant un goût salé sur les lèvres. Elle se mit à rire sur le débat existentiel de la Quincy sui refusait d’attendre trois jours pour aller chercher son bûcheron, elle trouvait ça raciste envers les autres nombres. Mais où est-ce qu’elle allait pêcher ces folles idées ? Barbe de deux jours. Ca fait trop de son de ! Barbe de qua-tre jours, ça fait une syllabe de plus. Et puis cinq.. j’en sais rien en fait pourquoi on dit trois. dit-elle en se grattant la tête. Deux jours changeaient vraiment la longue d’une barbe d’un homme ? Oui. Et trop long, c’était pas beau. Trois jours, c’était par-fait ! Ce qu’il se passe au Vermont reste au Vermont. dit-elle dans un éclat de rire. Elle repris son sérieux, brassant ses bras de part et d’autre de son corps pour continuer à flotter. C’est compliqué l’amour quand même. C’est pire que les maths ! Les mathématiques niveau maths sup’, c’était de la rigolade à côté de l’amour.
Battant ses jambes pour ne pas couler, Jackie écouta avec attention sa plaidoirie sur les nombres. Le trois, le quatre, le cinq et même le deux. Selon elles ils avaient tous une particularité.. C’était définitif, celle fille était folle et on ne pouvait rien faire pour elle. Elle avait une telle imagination qu’on avait du mal à croire qu’elle soit chez les Quincy, Joan aurait une parfaite petite violette. So true. Folle, et c’est pourtant pour ça que Jackie l’aimait autant. Si elle n’avait pas ce petit grain de folie elle ne serait plus la Joan qu’elle aime, elle serait différente et surement moins intéressante que celle qu’elle avait en face d’elle, sa Joan, son deuxième tiers, son essentiel. Oh Joan, je t’aime ! ria-t-elle n’ayant pas la force de répondre quoi que ce soit d’autre puisqu’elle n’arrivait pas à imaginer les fesses du trois, le ventre du cinq et la grosse tête du deux. Et le quatre, n’en parlons pas ! Les maths envahirent petit à petit la discussion sur l’amour, parce qu’en vrai c’était ni plus ni moins ça. Une équation à double inconnues. Sachant qu’on connait X puisque X c’est nous… le plus long est de trouver Y. Et là ça devient tout de suite plus compliqué. N’ayant pas plus d’informations sur Y, il pouvait être n’importe qui. Imaginez que le Y de Joan soit un chinois bouddhiste polygame ? Sérieux !
Mais, mais, mais.. Jackie n’eut pas vraiment le temps d’en dire plus puisque Joan lui planta son index tout salé sur la bouche. Si Joan demandait la Lowell en mariage un jour, pas certaine qu’elle accepterait. C’est vrai qu’elle aimait Joan, tout plein tout plein, mais elle préférait dire qu’elle était sa meilleure amie, son tiers plutôt que sa femme. Even si ça lui arrivait d’employer ce terme pour parler d’elle, mais ça faisait tout drôle. Alors non, disons qu’elles resteraient fiancées et ne passeraient pas le pas de la mairie. Prenons des chiffres. Imagine Y c’est cinq. Cinq c’est 4 +1, ou 3+2, ou 2,5+2,5 ou alors 5 tout seul… ça complique pas la chose ? Imagine que notre Y soit deux hommes à la fois ? Bah ça craint quoi. dit-elle en soupirant, ne comprenant plus grand-chose à ce qu’elle disait. Joan se mis à nager pour retourner sur le rivage, questionnant la Lowell sur son envie de retourner bronzer. Yup, on y va ! Le sable chaud et sec se colla sur ses pieds mouillés et froid. AAAH ! J’aime pas le sable sur mes pieds ! grogna-t-elle en secouant ses pieds, sans grand succès.
Si jamais les trois meilleures copines se retrouvaient à avoir un même mec dans le collimateur, c’était la troisième guerre mondiale assurée. En plus, dans ce genre de cas y’avait même pas de priorité à celle qui l’avait vu en premier, c’est que dans les films que c’est comme ça. Non non, c’était la guerre, la vraie ! Heureusement ce n’était pas le cas. Y’avait bien Cody qui reliait Joan et Jackie, mais ça n’avait rien à voir. Alors que Jackie essayait de faire rompre le sable et ses pieds mouillés d’une histoire d’amour fusionnelle, Joan se posa la question de, where the fuck elles s’étaient posés. Jackie laissa tomber ses pieds quelques instants, elle n’arriverait pas à luter contre le sable quoi qu’il en soit, et regarda elle aussi la plage inondée de monde. Ah bah oui, dans l’eau on a beau faire du sur place, le courant nous faire dériver. Y’avais des moches à côtés de nous. Les moches à se voit de loin non ? supposa la Lowell en s’enfonçant dans la marée humaine. On était plus haut en tout cas, si on monte on verra surement mieux. ça paraissait tellement logique. Là, Joan et Jackie, on dirait mon chéri et moi en train de galérer à chercher la voiture à la sortie de la foire expo, un samedi après-midi. On se sentait vraiment seul à ce moment là, vraiment !
Que Joan se rassure, Jackie – ou plutôt la nana derrière Jackie – avais compris toute la subtilité du minon en minon violet. Certes, les minions violets étaient un peu fou, perturbés avec d’étranges envies de meurtres en tout genre, mais c’était des minions quand même. Rassure toi, tu peux regarder les moches dans les yeux sans problème. On peut pas transformer quelqu’un qui est déjà moche. ria-t-elle en s’écartant d’un pas de sa meilleure amie pour éviter qu’elle ne lui donne une tape sur l’épaule. Un pas c’était rien, parce que si Joan avait décidé de botter les fesses de Jackie, elle y arriverait, quoi qu’il lui en coûte, c’est bien ce qui faisait peur à la minione violette qu’elle était. Alors voyons. Sérieusement, tu te souviens pas d’un détail de notre emplacement ? J’sais pas moi, un gros rocher, un poteau, une poubelle ? Jackie avait bien repéré un coquillage en forme de cœur, mais pas certaine qu’il se voit d’aussi loin.